L'évolution du marketing du jambon de porc : l'exemple de la marque Géo

Le marketing du jambon de porc a connu une évolution significative au fil des décennies. Cet article se penche sur l'exemple de la marque Géo et de ses affiches publicitaires emblématiques pour illustrer cette transformation.

Affiche-partie haute-Géo-le Cochon Géant-surplombant les Etablissements Géo-Cl

Le premier visuel est un panneau lithographié d’un « Cochon Géant » de couleur franchement rose qui domine le quadrilatère principal de l’usine. Ce cochon n’a jamais porté le prénom de Géo. Il est grand. D’aucuns l’appelaient même le Cochon Géant quand on avait oublié son petit nom de Géo, pourtant facile à retenir. En réalité, il y a quelque audace de ma part, dont il faut bien que je vous parle. Le dirigeant s’appelait Georges Foucault.

Géant au point de de se tenir accoudé dans une attitude très dominante sur les rebords de sa gigantesque usine. Celle-ci forme un ou plusieurs parallélépipèdes rectangles de grandes longueurs avec en plus des bâtiments annexes bas en pleine ville. Sa taille perceptible de l’extérieur -du haut de sa tête jusqu’à ses bras accoudés - est visiblement plus élevé que les quatre hauteurs de fenêtres. Quant à sa largeur, bras écartés, il occupe toute la longueur du bâtiment. Il n’est pas spécialement souriant mais pas désagréable pour autant.

Il est attentif et sérieux. Il semblerait plutôt que c’est l’usine qui soit la ville, qui fait la ville. Il y avait plus de 1 500 personnes à travailler sur ce site industriel. Celui-ci à son apogée comportait une crèche pour les bébés, une garderie pour les petits enfants, des lavabos et des douches pour le personnel, une infirmerie, une assistante sociale…, des espaces de loisirs, des pavillons d’habitation ainsi que des espaces verts. Ce concept global connut son apogée vers 1936. La seconde guerre puis l’industrialisation de la conserverie et de la charcuterie mirent un terme à sa croissance. Une refonte complète eut lieu à partir des années 60. 300 personnes travaillaient alors au site.

Ce panonceau mesure 59,5 cm de largeur sur 72, 5 cm de hauteur. Sa composition ressort en trois bandes superposées, tels des étages dans un immeuble moderne. La composition est travaillée de façon à faire ressortir la marque ‘GEO’ tout en haut en lettres noires et or. Ces trois lettres forment comme une couronne au-dessus et autour de la tête du héros grâce à deux mots importants Jambons à gauche et Conserves à droite. Au milieu, en dessous on voit très bien représentée l’usine telle une ville claire, de belles couleurs jaunes avec même des voitures en signe de modernité et de prospérité.

Affiche-Géo-Je t'aime-Le-Gourmand-gourmet-Cl

Le second visuel est si différent dans sa conception qu’il ne peut être, à mon sens, que postérieur, parce qu’il est marqué par une avancée marketing certaine. Cette fois-ci le cochon est parti, l’usine aussi. Les conserves sont présentes pour attester de l’abondance du choix. Désormais c’est la marque qui est mise en avant pour du jambon, le produit le plus qualitatif de la gamme, avec le consommateur et le lien qui l’unit à la marque.

Ce « panonceau illustré d’un Gourmand devant un étal » mesure 70 cm en longueur par 53,5 cm en hauteur. Maintenant, la scène se passe dans une demeure bourgeoise où la femme n’a pas de présence. On dirait que ce monsieur est déjà à table, et non pas devant un étal. Il a sa fourchette à la main et pas d’assiette visible. Seul reste l’essentiel, à savoir du « Jambon Géo » qui se découpe si facilement en belles tranches, Il y en a quatre rien que pour lui qui subit en plus la souffrance de la tentation de devoir choisir entre du jambon déjà tranché et les 7, 8 ou 9 boîtes qu’il pourrait ouvrir uniquement pour lui.

Le résultat est franchement contemporain dans le lien fait visuellement entre le produit, le jambon... et le consommateur, avec la marque pour compléter ce trio. La seule différence avec aujourd’hui est que maintenant on mettrait une jolie jeune femme, très mince surtout, déguster des yeux ce jambon savoureux, sans prendre un gramme de plus surtout. Ce gourmet n'a plus besoin d'une cuisinière puisque tout est prêt! Aucune information n’est disponible sur l’auteur du dessin et sur la date. La seule certitude est que le dessin du Gourmand a été fait par un professionnel. C’est sûr mais sans nom d’auteur, contrairement à la première affiche. En effet celle au cochon rose a été faite « d’après Joe Bridge ». Il n’est pas dit que cet artiste l’ait réalisée, au contraire.

Après consultation du net, il y a bien eu un dessinateur nommé Joe Bridge…Et depuis, les choses se sont compliquées. La marque semblerait toujours exister pour du chorizo. Nous sommes entrés dans une époque où on appelle un gentil cochon un porc. Le porc relève clairement de l'indutrie de la viande. C'est un autre univers. Contrairement au porc, ce "Cochon Géant" bienveillant reste dans la mémoire visuelle de façon très positive. Il est le protecteur de sa ville-usine, contrairement au second personnage qui clairement veut tout pour lui, sans partage. C'est l'évidence de la force de cette composition publicitaire: c'est tellement bon que cet hédoniste bourgeois des temps passés veut tout lui, comme un enfant face à des bonbons. Pas de partage, quand c'est bon et comme Géo l'est....!.

Insight : La Vie et Buzzman réinventent la publicité pour le jambon végétal

La Vie, marque référente dans le secteur de la charcuterie végétale, signe son entrée sur les écrans avec un film choc. Buzzman signe le premier film à suspense de la marque veggie. Après avoir séduit les amateurs de lardons, de bacon et de jambon végétal, La Vie passe à la vitesse supérieure. Pour la première fois, la marque prend la parole à travers un film. L'occasion de rappeler sa promesse : offrir des alternatives végétales gourmandes qui réunissent les consommateurs autour du plaisir, tout en respectant la santé, la planète et nos amis les animaux.

Le film audacieux met en scène une situation qui fera trembler même les veggies les plus aguerris. Un duel épique se dessine : un homme savoure un sandwich généreusement garni de jambon, sous le regard intense... d'un cochon. La tension monte, les regards s'échangent, le suspense est à son comble accompagné par une musique savamment choisie. Un véritable face-à-face s'installe. Puis, le choc : tout est végétal.

Le processus de production du film a été particulièrement difficile en raison de la nécessité de travailler avec un vrai cochon. Cela a posé de nombreux défis en termes de gestion et de respect de la cause animale, nécessitant environ un an pour finaliser le film.

« Buzzman signe toutes les campagnes d'affichage de la Vie depuis des années. C'est la première prise de parole de la marque en télé et au cinéma. Très vite, il a fallu se rapprocher de L214, association qui défend le bien-être animal, pour être irréprochable. La propriétaire bretonne de Léon, cochon adopté, a bien voulu faire tourner son animal dans la publicité, les deux pieds sur la table, assis sur une chaise. Le message de la marque qui s'adresse aux mangeurs de charcuterie est de dire « regardez, on a quelque chose qui est quasiment identique à la charcuterie, qui n'en est pas, mais qui procure autant de plaisir », même si le noyau dur des consommateurs de La Vie reste végan.

Ce qui est intéressant dans le film, c'est de filmer la cruauté d'un mangeur de jambon devant un cochon, alors que c'est du végétal. Le consommateur est pris au piège et à la fin, on vient dégoupiller cette tension en disant, « Détendez-vous, c'est veggie !» On a voulu montrer à quel point on ne pense pas à la maltraitance des animaux quand on déguste un jambon, aux conséquences pour l'animal. Mais désormais, il y a des alternatives. Depuis le début, l'humour est dans l'ADN de La Vie. Le face-à-face entre l'homme et l'animal reste tendre, grâce à la touche du réalisateur, Nalle Sjöblad, qui met en scène un jeu de regard amusant ».

La scène est simple mais tendue : un homme s’apprête à savourer un sandwich bien garni de jambon, sous le regard pesant et insistant… d’un cochon. S’ensuit un échange de regards qui fait monter la tension. On se demande jusqu’au bout ce qui va se passer. Le suspense est palpable, et la surprise éclate quand l’on découvre que le sandwich est entièrement végétal.

Avec ce film, la marque cherche non seulement à divertir, mais surtout à rappeler son engagement : proposer des alternatives responsables et savoureuses qui rassemblent les consommateurs autour du plaisir alimentaire. Ce film n’est pas uniquement destiné au public français. La campagne a également traversé la Manche pour séduire le public britannique, un marché où les produits végétaux connaissent une croissance importante.

Vous allez voir la vie en rose. Et la ville en rose aussi, puisqu’on aura envahi votre abribus, votre station de métro, et peut être même la bâche que vous voyez tous les matins en allant au travail. C’est officiel ! Oui oui vous avez bien lu, vous allez nous voir partout ! Comme d’habitude, on a envie de vous faire passer des jolis messages tout en vous faisant rigoler un peu. On pense que nos petits lardons végétaux permettent ça, c’est pour ça que notre accroche préférée raconte une jolie histoire de rassemblement. On l’aime tellement qu’on l’a mise sur une jolie bâche géante à Clichy.

Ca n’a pas été une mince affaire d’ailleurs ! « C’est un juif, un viandard, un musulman et un vegan à la même table. Pour le reste de nos affiches, on voulait bien vous faire rigoler, mais aussi vous donner envie de papoter avec nous, et de rejoindre le mouvement. Le végétal fera de plus en plus partie de nos assiettes dans les années à venir (pour le plus grand plaisir de la planète et des cochons), prenez le train en marche avec nous ! Vous avez bien lu. « Vous avez essayé le porc sans nitrite ? Alors, vous en dites quoi ?

La Vie et Buzzman, c’est maintenant une histoire d’amour - campagne après campagne, par amour du gras… végétal. Qui ne reconnaitrait pas ce fond rose clair parmi tous ? Après le succès de ses lardons et de son bacon végétal, ce n’était qu’une question de temps avant que la marque n’apporte un nouveau produit sur la table - sans mauvais jeu de mot, puisque c’est plutôt à vous d’incorporer ces viandes végétales à vos plats. Cette fois-ci, nous avons droit au remake d’un des produits les plus consommés des Français : le jambon blanc. Sauf que comme le dit si bien la marque, le blanc - ou le rose pâle - ce n’est pas très inclusif.

Cette nouvelle campagne est à retrouver depuis le 14 novembre en affichage, en presse et sur les médias sociaux.

Tableau récapitulatif des campagnes publicitaires

Marque Agence Type de campagne Message clé
Géo Inconnu Affiches lithographiées Mise en avant du "Cochon Géant" et de l'usine, puis du lien entre le consommateur et le jambon
La Vie Buzzman Film publicitaire Promotion d'alternatives végétales gourmandes et respectueuses des animaux

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