Vendredi 20 janvier 2012, le site Internet de consommateurs musulmans Al-kanz.org, publie une révélation qui fait grand bruit concernant la probable contamination des pains du célèbre Filet-o-fish par du porc. Le site Al-Kanz a déclenché une polémique largement relayée sur les réseaux sociaux.
L'information révélée par le site Internet de consommateurs musulman al-kanz.org a été relayée massivement sur les réseaux sociaux : le Filet-O-Fish, célèbre hamburger au poisson de McDonald's pourrait contenir des traces de porc. Il a en effet révélé que les pains utilisés par McDonald’s pour confectionner ses sandwichs seraient susceptibles de contenir du porc, faisant ainsi souffler un vent de panique au sein de la communauté musulmane.
Car nombre de musulmans consommeraient en effet des sandwichs Filet-o-fish ou Royal-o-fish, à base de poisson et de fait respectueux de leur religion. Le site Al-Kanz avait révélé cette information en janvier 2011, s’attirant alors les foudres de nombreux lecteurs.
Les Faits Révélés par Al-Kanz
C’est là qu’est toute la nuance : les pains de McDonald’s ne contiennent normalement pas de porc, mais ils sont susceptibles d’en contenir. Si le fait est un peu exagéré, la réalité existe pourtant bel et bien. L’article a largement été relayé sur les réseaux sociaux ou sous la forme d’un SMS : « Qui n’a jamais rêvé d’un Filet-o-fish au bacon ? Mc Do l’a fait. Le pain des hamburgers McDo contient du porc, c’est marqué noir sur blanc sur l’emballage.
A l'origine de l'affaire, Fateh Kimouche de al-kanz.org nous explique comment il a découvert l'affaire : "Dès octobre 2011, un lecteur m'a contacté pour me parler de cette affaire. J'ai pris le temps de vérifier. Une seconde personne m'a fourni des photographies des étiquettes qui montraient que les pains utilisés pouvaient contenir des traces de porc, ainsi que l'additif E472E qui peut être d'origine animale". L'ensemble des photographies des étiquettes sont publiées sur le site Al-kanz.org.
Réaction des Parties Concernées
Contacté par nos soins, Michel Sailion, représentant du fabricant de petits pains, East Balt, répond aux accusations : "Nous n'avons jamais dit que nos pains étaient halal. Nous avons publié cette information sur nos ateliers de manière volontaire alors qu'aucune loi ne nous y oblige pour le porc. Effectivement, de façon exceptionnelle, nos usines produisent des petits pains parsemés de copeaux de lardon. Cependant, entre chacune de nos fabrications, l'ensemble de la ligne de production est nettoyée. Quant à la majorité de nos pains, ils ne comportent pas de porc, y compris en ce qui concerne l'additif E472E qui est d'origine végétale issu de l'huile de tournesol".
« « East Balt France s’étonne de la teneur de l’article, la concernant, publié par le site Al-Kanz, le 20 janvier 2012. Dans les faits, la très grande majorité de notre production ne contient pas d’ingrédients issus du porc. Même, l’additif alimentaire E472e est d’origine végétale (huile de tournesol). « Seules quelques références spécifiques et promotionnelles peuvent contenir du porc sous forme de « topping » incluant des lardons. « East Balt France procède, entre chaque production, à des opérations de nettoyage de sa chaîne.
De la même façon, l'entreprise McDonald's n'a jamais certifié que le Filet-O-Fish était halal. McDonald’s a également répondu à l’attaque dans un communiqué, en se targuant d’être « une marque universelle qui s’adresse au plus grand nombre en offrant à ses consommateurs une gamme de produits large et accessible » qui « n’a pas pour ambition de répondre aux souhaits d’une communauté ou d’une confession en particulier ».
Ce lundi 23 janvier, en fin d'après-midi, la chaîne de Fast Food a enfin réagi via un communiqué : "L’enseigne McDonald’s tient à rappeler qu’elle n’a jamais déclaré commercialiser des produits halal. […] Elle n’a pas pour ambition de répondre aux souhaits d’une communauté ou d’une confession en particulier. Concernant la question spécifique de la fabrication des pains utilisés pour la composition des sandwiches au poisson, McDonald’s soutient la position de son fournisseur East Balt.
Un constat partagé par Fateh Kimouche : "Heureusement, ils n'ont jamais prétendu que c'était halal. Cependant, ils savent que le Filet-O-Fish est consommé par ceux qui ne mangent pas de porc. Quick a choisi de faire des sandwichs halal car ils avaient repéré une surconsommation des burgers aux poissons. McDonald's ne pouvait pas ignorer cela".
Risques de Contamination Croisée
En janvier 2011, notre billet McDonald’s : du bacon dans ton filet-o-fish ? Nous pointions à l’époque toutes les contaminations - désolé, c’est le terme technique consacré, pas très joli concédons-le -, pas seulement possibles, mais effectives. Notre propos a été rapidement confirmé par d’anciens employés de McDonald’s. Rien d’étonnant puisque cela tombe sous le sens. En d’autres termes, quand East Balt, le fournisseur en question, fabrique ses pains, il arrive que du porc s’introduise dans la chaîne de production.
J’ai travaillé quelques années chez East Balt France ( Pour infos il y auna qu’un seul en France qui produits pour la Belgique, Luxembourg, Angleterre…) effectivement lorsque la production des pains contenant du bacon est faite il y a des morceau de viande qui peuvent rester sur les tapies de la chaîne. Et si on veut continuer en ce qui concerne la contamination, la « crepe » wrap est chauffée la ou sont chauffés les pains des filets.
Ce que Nadia dit ici vaut pour tous les restaurants où l’on trouve de la viande non halal à proximité de la viande prétendument halal. De même, ces contaminations sont inévitables chez Domino’s Pizza, Speed Rabbit Pizza ou évidemment Quick et dans tous les établissements de type snacks, boulangerie, point chaud, etc.
Transparence et Traçabilité Alimentaire
Ainsi, au-delà même de la question de l'interdit religieux, l'affaire soulève une nouvelle fois la question de la traçabilité alimentaire dans les restaurants. Par ailleurs, Fateh Kimouche craint que l'affaire soit détournée sur la question purement religieuse : "Il faut mettre de côté le halal et parler du consommateur. S'il a envie d'acheter un burger au poisson ou des saucisses à la volaille, il n'a pas envie forcément d'avoir à l'intérieur de la viande de porc ou de cheval par exemple. Je suis pour la transparence et qu'on nous dise ce qu'il y a vraiment dans les aliments. Les gens peuvent faire ce qu'ils veulent par la suite, en connaissance de cause".
Un argument que ne rejette pas Michel Sailion d'East Balt qui regrette cette polémique : "ce genre d'article est contre-productif et pourrait avoir l'effet inverse. Il incite les fabricants à ne pas jouer la transparence. Sur son site internet mcdonaldsmenu.info/nutrition, la firme américaine liste les principaux allergènes que l’on peut retrouver dans le sandwich au poisson. A l'intérieur, on y retrouve céréales, soja, lait, œuf, poisson et moutarde. Aucune indication d’éventuelle trace de porc.
Dans les faits, lorsque cette mention figure sur l’étiquette, la probabilité de trouver un des ingrédients mentionnés est possible. D’où les précautions, parfois vitales, que peuvent prendre les personnes allergiques au gluten, aux arachides, à l’aspirine, etc. Dans le cas de l’allergie, personne ne contestera qu’il faille dans ces conditions s’abstenir de manger un produit, car l’on sait au fond que l’ingrédient dangereux est très présent.
Profitons de cette remarque pour dépasser le cas McDonald’s et aller plus loin dans la réflexion : imaginez maintenant que des employés racontent ce qui se passent dans leur société. Imaginez un seul instant que tous ces industriels qui grugent sciemment les consommateurs musulmans - ce qui en l’espèce n’est pas le cas de McDonald’s, entendons-nous -, en prétendant vendre du halal tout en sachant que c’est faux, voient leurs pratiques misent sur la place publique.
La leçon que nous devons tous tirer, c’est qu’il faut toujours prendre soin de vérifier ce que l’on mange. Mais, c’est toute notre alimentation et nos habitudes de consommation qu’il faut repenser. S’il ne s’agit pas de se transformer en Sherlock Holmes ni de tomber dans une psychose dès lors qu’il s’agit d’avaler quelque chose, il faut bien garder en tête que ne pas vérifier, c’est presque toujours risquer de manger un produit dont on ignore la présence.
