Engraissement des Porcs sur Paille : Avantages et Inconvénients

En France, la très grande majorité de l’élevage de porcs se fait en bâtiment. Il s'agit d'un bâtiment dans lequel le bien-être des animaux serait pris en compte, mais aussi l’ergonomie au travail, le respect de l’environnement et les attentes sociétales.

Améliorer le bien-être des animaux

Dans le modèle actuel, le principal reproche porte souvent sur une remise en cause du bien-être des animaux à cause d’un sol uniforme et ajouré. Une des solutions pour améliorer cet aspect est de proposer une diversité de choix aux animaux. Par exemple, selon leur besoin, ils pourront disposer de différents types de sol (gisoir, paille, caillebotis). Un autre point important est de donner la possibilité aux animaux d’organiser leur espace de vie en trois zones : le couchage, les ressources (alimentation, abreuvement et enrichissement) et les déjections.

Gestion de l'espace et densité animale

Pour diversifier les types de sol et faciliter la spécialisation des zones de vie, il est souvent nécessaire de revoir la densité animale. Pour qu’un aménagement de ce type fonctionne, il faudra alors réduire les densités animales (1 m² par porc par exemple) afin de libérer de l’espace. L’installation d’un gisoir peut être une solution judicieuse pour matérialiser la zone de couchage. Mais il sera également préférable d’abaisser les densités animales afin de maximiser les chances qu’il reste propre et être très attentif aux conditions de réalisation (dimensionnement, position, aménagement de la case.)

Dans un contexte de forte inflation du coût des bâtiments et avec un objectif de zéro artificialisation des sols agricoles qui devient une réalité, la réduction des densités animales peut paraître compliquée. Une autre solution peut être d’augmenter la taille des groupes en engraissement. En effet, le comportement grégaire du porc ainsi que sa capacité à organiser ses zones de vie permettent de libérer des espaces lorsque la taille d’un groupe d’animaux dépasse un certain seuil. Le même phénomène est observé en engraissement géré en grand groupe (case de 100 porcs et plus).

Combinaison aire paillée et caillebotis

L’association d’une aire paillée (environ 1 m²/porc) en contrebas d’une zone en caillebotis (entre 0,2 et 0,4 m²/porc) semble offrir de multiples possibilités d’aménagement de cases. Sur les caillebotis on retrouve souvent le système d’alimentation et d’abreuvement. Cette zone doit également être identifiée comme l’espace de déjection. Pour l’évacuation des déjections sous les caillebotis, il est préférable de positionner un racleur car les effluents pailleux seront difficiles à sortir de manière gravitaire. Le principal risque avec ce type de concept est d’avoir une inversion des zones en été.

A retenir, sur caillebotis intégral et avec une densité standard, il est souvent nécessaire de regrouper l’alimentation, l’abreuvement et les enrichissements dans la même zone pour limiter l’activité dans la case. D’une manière générale, l’aménagement des zones de vie dans une case reste très théorique et divers évènements peuvent occasionner une modification de l’occupation de l’espace par les animaux. Malgré tout, on constate qu’en système d’alimentation à la soupe en auges longues, l’aménagement de la case est plus complexe qu’en système nourrisseurs ou DAC (distributeurs automatiques de concentrés).

Types de sols et leurs impacts

Les sols utilisés dans ces bâtiments peuvent varier en fonction du type d’élevage ou de la phase d’élevage (naissance, post sevrage, engraissement). Chaque type de sol présente des avantages et des inconvénients, que ce soit sur le plan économique ou pour le bien-être des porcs et des éleveurs. Les porcs élevés en bâtiment passent la majorité de leur temps couchés, puis, à s’alimenter.

Caillebotis intégral

Le caillebotis intégral est un sol entièrement composé de lattes pleines alternant avec des ouvertures qui permettent l’évacuation des déjections. En hiver, rend la thermorégulation des porcs moins efficace et peut entrainer un stress thermique.

Le manque d’enrichissement de ce type de sol, souvent combinés à une forte densité d’animaux constitue un risque élevé de comportements redirigés vers les congénères, dont la caudophagie. Les matériaux d’enrichissement (e.g litière et fourrage) permettant d’exprimer des comportements d’exploration et de nidification sont pour la plupart peu compatibles avec ce type de sol car ils peuvent se coincer dans les ouvertures et bloquer l’évacuation du lisier.

Augmente le risque de blessures aux pattes, de boiteries, de plaies aux queues et aux oreilles et de bursites (inflammations autour des articulations). Les émissions d’ammoniac provenant de la préfosse (fosse sous les animaux où tombent les déjections) peuvent aussi entraîner une mauvaise qualité de l’air et causer des problèmes respiratoires et oculaires pour les porcs et les humains.

Caillebotis partiel et sol plein

Le caillebotis partiel combine une partie en caillebotis (30 à 50 % de la surface) et une zone en sol plein, appelée gisoir. Le sol plein est souvent en béton, parfois avec de la litière. Le sol plein est une surface non perforée, qui est souvent en béton. Mauvais confort de couchage pour les animaux les plus lourds.

Si le nettoyage du sol plein n’est pas suffisant, les déjections peuvent s’accumuler et nuire à l’hygiène des porcs. Si la paille est distribuée en trop petite quantité : les risques de caudophagie et de boiteries persistent. Si la paille est humide : risques de développement de moisissures produisant des mycotoxines (toxines produites par certains champignons). Si les températures sont élevées, la litière fermente plus et produit de la chaleur qui peut provoquer des problèmes de thermorégulation chez les porcs.

La paille de mauvaise qualité, les copeaux ou la sciure de bois augmentent le nombre de particules en suspension dans l’air (e.g. poussières, moisissures, champignons) qui sont associées à des troubles respiratoires chez le porc et l’humain. Par rapport à la litière raclée, la litière profonde augmente les émissions de gaz dont l’ammoniac, le protoxyde d’azote et le méthane dans le bâtiment.

Recommandations et alternatives

Pour chaque type de sol, le CNR BEA propose, au vu de l’analyse bibliographique, une série de recommandations visant à améliorer le bien-être des porcs. Les sols alternatifs au caillebotis intégral améliorent le bien-être des porcs en favorisant leurs comportements naturels (exploration, nidification), en réduisant les risques de caudophagie et de blessures, et en offrant plus de confort et d’espace.

Les sols alternatifs au caillebotis intégral nécessitent une meilleure gestion de la ventilation du bâtiment et une plus grande surface pour garantir la propreté des animaux et des enclos, le confort thermique en période chaude et diminuer le risque de maladies infectieuses.

Considérations économiques et bien-être de l'éleveur

Au-delà du bien-être animal, il est important de considérer celui de l’éleveur. Pour les sols avec litière, la paille mise à disposition entraîne un travail à fournir plus conséquent, ainsi qu’un coût supplémentaire pour l’approvisionnement. Cependant, ces coûts supplémentaires peuvent être compensés par une amélioration de la santé générale des porcs, qui nécessiteraient moins de soins et dont les carcasses seraient mieux valorisées lors de l’abattage.

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