L'Indice de Consommation en Engraissement Porcin : Un Facteur Clé de Rentabilité

Dans la production porcine, comme dans d'autres espèces, les deux facteurs clés qui ont historiquement déterminé la rentabilité des élevages et des entreprises ont été le prix du porc et le coût des aliments, ce dernier étant le plus déterminant des coûts de production, représentant environ 60% du total.

L'indice de conversion alimentaire ou indice de consommation (IC) est le paramètre qui indique l'efficacité de l'animal dans la transformation des aliments en viande.

Il existe plusieurs situations dans lesquelles il est possible que l'indice de consommation augmente pendant les phases de croissance/engraissement. Naturellement, la première étape pour établir un diagnostic est de disposer d'une valeur de référence à laquelle se comparer. Cette valeur de référence de l'indice de consommation sera différente pour chaque situation, car elle dépendra de la génétique utilisée dans la lignée femelle et du verrat, de l'aliment utilisé, de la localisation des élevages, du type d'installation et surtout des poids d'entrée et de sortie. Ainsi, des poids de départ faibles ont tendance à réduire l'IC, de même que des poids de sortie faibles, tandis que le contraire se produit lorsque les poids augmentent.

Les facteurs qui influencent l'indice de consommation peuvent être divisés en deux catégories :

  • Facteurs Internes: Par facteurs internes, on entend ceux qui dépendent directement de l'animal et qui sont déterminés directement par la composition corporelle, elle-même déterminée par le sexe et le génotype, et par l'activité du système immunitaire, qui dépend naturellement de l'exposition aux agents pathogènes, mais aussi aux substances qui, via le tube digestif, peuvent exercer un effet inflammatoire, immunostimulant ou immunomodulateur.
  • Facteurs Externes: Les facteurs externes sont peut-être les plus connus et les plus discutés, mais ils n'ont pas cessé d'être importants, en effet, au niveau pratique, ce sont ceux sur lesquels nous pouvons agir plus ou moins facilement et qui nous permettront d'optimiser l'indice de consommation pour un génotype et un sexe spécifiques.

L’alimentation des porcs répond à des exigences qualitatives et sanitaires strictes. Les éleveurs de porcs assurent à leurs animaux une alimentation adaptée à leurs besoins. A la naissance, le porcelet tète le colostrum, très riche en anticorps, véritables défenses naturelles essentielles au début de sa vie. Au sevrage, un porcelet pèse déjà 8 kilos et consomme surtout de la poudre de lait mélangée avec du blé et des céréales en flocons. Cette phase dure 5 à 6 semaines. Pendant la phase d’engraissement, le porc absorbe tous les jours un kilo de nourriture. Grâce à une préparation essentiellement constituée de maïs, de blé et d’avoine, de pois et de soja, il grossit de 600 grammes par jour.

De plus, l’alimentation des porcs doit être techniquement performante, car elle constitue la part principale des coûts de production d’un élevage. Certains éleveurs ont fait le choix de fabriquer eux-mêmes leurs aliments. C'est le cas de plus de 35% des éleveurs, qui cultivent eux-mêmes ou achètent directement les matières premières, principalement des céréales et des graines oléoprotéagineuses.

Pratiques Gagnantes pour Améliorer l'Indice de Consommation

Pour aider les éleveurs à progresser sur l’indice de consommation, le groupement Evel’up a décortiqué les pratiques de 25 exploitations situées dans le tiers supérieur, selon un tri des données de GTE de 2020 réalisé en fonction du critère IC 30-115. Il en est ressorti dix pratiques gagnantes, présentées lors d’un forum technique, appuyé par plusieurs témoignages d’éleveurs.

Voici un bref résumé de ces pratiques, à relativiser en fonction du contexte :

  • Renforcer la cohérence de l’élevage en limitant les mélanges d’animaux au maximum.
  • Favoriser l’adaptation en post sevrage, éviter les surcharges à ce stade avec un accès à de l’eau « propre » facile pour tous les porcs et apporter un aliment régulièrement (2 fois par jour la 1ère semaine); Les pratiques sanitaires (vaccinations, soins) sont également primordiales à ce stade.
  • Stimuler la consommation en début d’engraissement, « Favoriser la consommation au démarrage est essentiel pour améliorer l’IC, car tous les kilos qui ne sont pas faits au début devront l’être en fin d’engraissement ».
  • Il faut renforcer cette mesure en maintenant une surface d’au moins 0,7 m² par porc dès l’entrée en engraissement, en contrôlant, nettoyant, réparant régulièrement les équipements de distribution d’aliments (bourrage, aliment non consommable…), en adaptant les formules utilisées et les quantités distribuées en fonction des poids d’entrée et des stades d’engraissement, en réalisant un tri successif en fin d’engraissement pour sortir les animaux au meilleur poids.
  • Elles veillent à un strict respect de la conduite en bandes, et ceci dès la maternité avec un nombre de truies à la mise bas équivalent à celui de places en maternité, ni plus ni moins.
  • Les mélanges d’animaux entre bandes et dans la bande sont limités au maximum.
  • Concernant la gestion des bâtiments, ils sont une majorité à préchauffer en toute saison les salles de post-sevrage et d’engraissement.

Alimentation de Précision

Si les coûts d'une alimentation de précision peuvent sembler inabordables, ce système est basé sur la fourniture d'une alimentation différenciée à des groupes spécifiques d'animaux. La demande croissante de produits d'origine animale nécessite une utilisation plus efficace des principales ressources. Pour cette raison, il est nécessaire de réévaluer constamment les besoins nutritionnels des animaux et d'améliorer les systèmes d'alimentation pour minimiser les pertes.

Ces dernières années, divers groupes de recherche ont travaillé sur des systèmes dits d'alimentation de précision. Ces systèmes visent à nourrir un groupe d'animaux ou l'individu avec une composition alimentaire spécifique afin d'améliorer l'efficacité, la rentabilité et la durabilité de la production animale (Pomar et Remus, 2019). Il est bien connu que les besoins nutritionnels des porcs d'engraissement dépendent essentiellement du potentiel de croissance de leur tissu maigre, ainsi que de leur capacité d'ingestion alimentaire (van Milgen et al., 2008). Pour cette raison, l'alimentation différenciée de groupes d'animaux avec un potentiel différent de dépôt maigre ou d'ingestion est une option réalisable entre l'alimentation en phase conventionnelle et les systèmes de précision électroniques.

Le tableau 1 montre les différences de capacité d'ingestion et de croissance chez les porcs classés en trois catégories en fonction de leur poids corporel.

Tableau 1. Effet de la catégorie de poids sur la productivité des 28 à 63 kg de poids vif moyen (Aymerich et al., 2020).
Catégorie de poids GMQ (g/jour) CMQ (kg/jour) IC
Petit 684a 1.78b 2.61b
Moyen 786b 2.04a 2.60b
Grand 883c 2.26a 2.57a

Des lettres différentes indiquent des différences significatives. GMQ = gain moyen quotidien, CMQ = consommation moyenne quotidienne, IC = Indice de consommation.

La même étude a montré une réponse différenciée principalement entre petits et grands porcs à l'augmentation de la lysine alimentaire (Lys DIS). A titre d'exemple, les petits porcs ont montré une plus grande augmentation de la croissance (GMQ) et une diminution de l'indice de consommation (IC) en augmentant le rapport Lys DIS - énergie nette (Lys DIS: EN).

En résumé, une alimentation différenciée des petits porcs au sein d'un lot d'engraissement nous permet de maximiser les revenus de la vente des petits porcs, en réduisant les différences de PV entre ceux-ci et les plus gros. De plus, nous pouvons maximiser le revenu des plus gros porcs en réduisant le coût de l'aliment en utilisant des régimes avec une concentration plus faible de Lys DIS car ils répondent de manière plus limitée à l'augmentation du rapport lysine-énergie.

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