La diversification alimentaire est définie comme l’introduction d’aliments autres que le lait maternel ou infantile chez un nourrisson. Actuellement, la diversification est débutée chez un nourrisson en bonne santé au plus tôt après l'âge de 4 mois révolus et au plus tard à l'âge de 6 mois.
L'Organisation Mondiale de la Santé préconise l’allaitement maternel exclusif pendant 6 mois, puis la diversification alimentaire tout en poursuivant l’allaitement jusqu’à 24 mois et plus. Il n’y a pas d’ordre particulier à respecter pour introduire les différents groupes d’aliments entre 4 et 6 mois : légumes, fruits, volaille, poisson, viande, œufs, légumes secs (lentilles, haricots, pois chiches…), féculents (pâtes, riz, semoule, pain même complets), produits laitiers. Les groupes alimentaires peuvent être introduits de façon concomitante en proposant quotidiennement des aliments différents.
Une fois la diversification commencée, il est recommandé d’introduire sans tarder les allergènes alimentaires majeurs tels que les produits laitiers, l’œuf et l’arachide, que l’enfant soit à risque d’allergie (personnes allergiques dans la famille) ou non. L’introduction précoce des aliments réputés allergéniques, dès les premiers mois de la diversification semble limiter le risque d’allergie à ces derniers.
Il est déconseillé de :
- commencer la diversification avant l'âge de 4 mois révolus ;
- la retarder au-delà de 6 mois, même chez les enfants à risque d'allergie alimentaire (père, mère, frère ou sœur allergique).
Le lait doit rester la base de l'alimentation de votre enfant. Donnez-lui au moins 500 ml de lait par jour (le vôtre ou un lait infantile 1er âge). Puis, progressivement, supprimez un biberon ou une tétée, puis deux. Lorsque votre bébé fait au moins un repas complet sans lait par jour, vous pouvez passer à un lait 2e âge plus riche en fer (utilisable de 4-6 mois à 1 an) ou continuer l'allaitement.
Lorsque votre petit a huit mois, donnez-lui quatre repas par jour, dont deux repas diversifiés (et pas plus) et deux tétées ou deux biberons de lait.
Méthodes de diversification alimentaire
De manière classique, la diversification alimentaire se fait à la petite cuillère, en commençant avec des aliments réduits en purée lisse (céréales, légumes, fruits, puis viandes, œuf, poisson, etc…). Petit à petit, les textures des recettes proposées deviennent plus granuleuses et les aliments ne nécessitent plus forcément d’être mixés mais seulement écrasés (fourchette, presse-purée, etc.). Les premiers morceaux doivent être proposés dans une petite assiette séparée de l’assiette d’aliments mixés donnés à la cuillère, afin que le bébé s’y habitue progressivement et les prenne avec ses doigts de manière autonome.
À cet âge, l’enfant n’a pas encore ses molaires et il mâche avec ses gencives. Il faut éviter de retarder cette proposition de morceaux au-delà de 10 mois sous peine de rendre l’alimentation plus difficile secondairement, de limiter le répertoire alimentaire, de voir l’enfant refuser de nouveaux aliments en particulier des légumes plusieurs années plus tard, sans oublier le risque de problèmes orthodontiques.
La proposition d’un biscuit et/ou d’une croute de pain dans la main du bébé peut se faire dès l’âge de 6 mois, sous la surveillance d’un adulte, mais le plus souvent vers 8 à 9 mois. L’enfant commence progressivement à manger seul avec ses mains certains aliments portionnés, mous, puis avec des couverts pour une autonomie acquise vers 24 mois.
La diversification menée par l'enfant (DME)
Depuis les années 2000, une nouvelle mode est apparue, celle de la DME. Le bébé se nourrit de manière autonome, avec ses mains, sans l’introduction de purées : la cuillère n’est jamais utilisée, du moins dans la description initiale de la DME. On met devant le nourrisson les mêmes aliments que ceux du repas familial, en portions de la taille d’un doigt (en anglais « finger food »). Il choisit ce qu’il veut manger et en quelles quantités.
Cette méthode a débuté dans des pays anglo-saxons sous le terme « Baby-Led Weaning » ou BLV (Royaume Uni, Nouvelle Zélande, USA) ou sevrage induit par le bébé (SIB) au Canada. La DME est apparue en Angleterre au début des années 2000 avec un essor important lors de la publication, en 2008, du livre de Gill Rapley, infirmière de formation, qui s’est intéressée à l’alimentation des nourrissons. Elle est considérée comme pionnière dans la DME.
Les bases de la DME sont donc décrites par G. Rapley dans son livre, dont le titre est explicite de l’état d’esprit : « BLW : helping your baby to love good food » (DME : aider votre bébé à aimer la bonne nourriture). L’enfant est mis à table avec sa famille et les aliments proposés sont les mêmes que ceux du reste de la famille (à condition que ce soit une alimentation « saine » selon G.
Avec la DME, l'enfant devra alors se saisir du ou des morceaux par lui-même (de la taille de son poing fermé), à son rythme (pastèque, poire, fromage hollandais, asperge, artichaut, aubergine, brocoli, haricot, potiron, couscous, boeuf haché, poisson, pâtes, etc.). Peu importe qu’il en mette partout, le sol de votre cuisine en a vu d’autres. Cela nécessite plus de temps.
Cette étape de la diversification est essentielle et impactera positivement sa vie future, il n’est qu’à voir les troubles alimentaires chez l’adulte (obésité, goût prononcé pour le sucré, dégoût pour certains aliments, etc.).
Votre pédiatre vous dira si vous pouvez démarrer avec votre enfant. A ne faire qu’une fois que votre enfant tient assis par lui-même avec appui. Et qu’il ne bascule pas en avant.
Ainsi votre enfant va prendre en bouche, observer l’aliment, le tourner dans tous les sens, trouver la manière de mettre en petits morceaux la nourriture, apprendre à avaler et à digérer. Voilà une méthode qui sera nettement plus efficace chez lui que de se voir proposer du tout moulu à la cuiller, de manière stéréotypée avec exhausteurs de goût.
La cuiller, c’est certes plus rapide. Mais avec la DME, votre enfant se responsabilisera plus tôt, il développera son amour-propre de manière équilibrée, il prendra la main sur les couleurs, les odeurs, les goûts, il se servira de ses mains, sera plus débrouillard et plus habile. Rien n’empêche d’utiliser les deux méthodes selon ses aptitudes et ses désirs.
Exemples d'aliments en DME
Structure ni trop molle, ni trop dure.
Exemples d’aliments:
- Artichaut
- Asperge
- Aubergine
- Bette
- Betterave rouge
- Céleri en branche
- Chou de Bruxelles
- Potiron
- Pousse de navet
- Rhubarbe
- Concombre mûr
- Laitue
- Avocat mûr
- Tomate
- Poivron doux
- Abricot mûr
- Banane mûre
- Mangue
- Pastèque
- Pêche
- Poire mûre
- Pomme mûre
- Mandarine
- Orange
- Ananas
- Figue
- Framboise
- Fromage hollandais
- Agneau
- Boeuf haché qui se tient
- Foie gras
- Pâté
- Galette de riz
- Baby-muesli
- Pain complet grillé
- Pain complet riche en fibre
- Pain d’épices
- Couscous
- Quinoa
- Macaroni
- Nouilles
- Riz qui se tient
- Spaghetti bien cuit
- Haricot rouge
- Biscuit
- Glaces
Évitez bien sûr les aliments petits de type petits pois ou grains de maïs.
Règles à respecter pour la DME
- C’est le pédiatre qui vous donnera le feu vert en fonction des acquisitions posturales de votre nourrisson.
- C’est toujours vous qui faites, jamais la crèche, ni les grands parents (au début en tous les cas).
- À faire au calme: évitez qu’il y ait un autre enfant qui tourne autour de la table: soyez seul(e) avec votre enfant pour démarrer.
- Évitez de faire dans une ambiance bruyante.
- Expliquez-lui ce que vous faites.
- Ne cherchez pas à lui mettre dans la bouche, c’est lui qui prend, se sert, approche de sa bouche (il analyse avec ses yeux) et met en bouche.
- Prenez votre repas en même temps que lui et prenez votre temps.
- De temps à autre, chipez-lui un morceau dans son assiette et mangez-le, calmement après lui avoir demandé la permission,(ça lui fait comprendre que c’est à lui, excellent pour son autonomisation et sa socialisation: ainsi il vous imitera).
- Après les légumes, vous poursuivrez avec les fruits de saison.
- Ne vous posez pas la question de savoir s’il a eu assez: il vous le dira. S’il le faut, vous complétez avec un laitage ou le sein.
- Faites à son rythme; certains bébés n’aiment pas la DME (environ 15%).
- Commencez quand vous êtes prêts, soit à midi soit le soir.
- Il se peut très bien qu’il fasse partie de 85% d’enfants qui adoptent très vite la DME. Rien n’empêche alors qu’il poursuivre par la suite à la crèche, à voir avec la structure.
Avantages de la DME
- Il va découvrir les goûts et les saveurs séparément.
- Il apprend à mastiquer plus tôt (un nourrisson commence à mastiquer à 6 mois).
- Ceci va favoriser un meilleur développement de son palais, en largeur et en profondeur: ainsi il aura nettement moins besoin de travaux orthodontistes (bagues, tractions) quand il sera plus grand ou à la préadolescence.
- Meilleur apprentissage du langage.
- Meilleure respiration nasale.
- Il fera moins de refus alimentaire à 2/3 ans, moins de néophobie alimentaire.
- Il est pro actif, se sent valorisé sur le choix des aliments.
- Vous serez moins dépendants des industries de l’agro alimentaire (purées et compotes toutes faites).
- Moins de risque de surcharge pondérale plus tard grâce à l’apprentissage précoce de la satiété.
Conseils généraux
- Les légumes peuvent être introduits dès les 4 mois révolus de l'enfant.
- Choisissez des légumes bien tolérés par l'estomac de votre bébé : les haricots verts, les épinards, les courgettes sans pépins et sans peau, les blancs de poireaux, les carottes.
- Évitez les légumes riches en fibres, comme la partie verte des poireaux, les salsifis... plus difficiles à digérer.
- Côté préparation, les légumes doivent être mixés finement, cuits à l'eau ou à la vapeur, sans ajout de sel.
- N'hésitez pas à les introduire au repas du midi, en complément du lait.
- Une fois par jour, vous pouvez lui mixer des compotes de fruits cuits ou crus bien mûrs.
- La viande et le poisson sont introduits entre 4 et 6 mois, le plus souvent un peu après les légumes et les fruits. Ils sont des sources de fer utile pour prévenir l'anémie par carence en fer fréquente chez le nourrisson.
- Les viandes, dont le jambon cuit, sans gras ni couenne, sont bonnes pour votre petit. Toutefois, limitez les abats et la charcuterie.
- En revanche, tous les poissons conviennent qu'ils soient gras ou maigres, frais ou surgelés (les poissons panés sont exclus de l'alimentation de votre enfant à cet âge).
- Quant aux œufs, votre bébé doit les manger durs à cet âge.
- Donnez-lui de la viande, du poisson ou de l'œuf une seule fois par jour. Donnez du poisson à votre nourrisson 2 fois par semaine en variant les espèces.
- Ne dépassez pas 10 g de viande ou poisson (soit 2 cuillères à café) ou 1/4 d'œuf dur, une fois par jour.
- Cuisez bien la viande, le poisson et les œufs pour éviter un risque de toxi-infection alimentaire et de toxoplasmose. Au début, mixez ou écrasez finement tous ces aliments.
- Si votre enfant est un petit mangeur, vous pouvez commencer à lui en proposer entre quatre et six mois (farines 1er âge).
- À partir de six mois, les farines peuvent être mélangées à un laitage ou à une soupe de légumes, en petites quantités. Elles lui fournissent de l'énergie.
- Proposez de temps en temps des légumes secs (lentilles, pois chiches, haricots secs…) en purée lisse dès 4 à 6 mois, en veillant à ce que l’enfant les digère bien.
- Privilégiez les matières grasses d'origine végétale (huile olive, colza) et évitez les fritures.
- De 4 à 8 mois, proposez à votre bébé des aliments mixés (préparation lisse), puis moulinée de 8 à 10 mois (préparation moins lisse). Les morceaux ne sont introduits qu'à partir de l'âge de 10 mois.
- Si votre enfant refuse un aliment, n'insistez pas et proposez-lui à nouveau le lendemain ou quelques jours après. Ses goûts évoluent.
- Variez les aliments et apprenez-lui à découvrir de nouvelles saveurs.
- Évitez tout conflit pendant le repas qui doit rester un moment d'échange et de plaisir.
- Respectez les horaires des repas et évitez le grignotage entre les repas.
- Faites manger votre bébé avec une cuillère souple qu'il pourra « téter ».
- Pour apprendre à votre bébé à apprécier les aliments dans leur diversité, changez les goûts et les textures.
- De six à huit mois, votre bébé a besoin de 10 g par jour de viande, poisson ou œuf soit l'équivalent de deux cuillères à café de viande ou de poisson ou 1/4 d'œuf dur.
- S'ils ne contiennent pas de matière grasse, ajoutez-en une cuillère à café.
- C'est la seule boisson nécessaire quand votre enfant a soif. En cas de chaleur ou de fièvre, proposez-lui fréquemment de l'eau pour éviter une déshydratation.
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