On les utilise régulièrement mais on ne se pose jamais vraiment la question de leur fin de vie. À partir de quand nos vieilles boîtes alimentaires en plastique deviennent-elles vraiment dangereuses pour notre santé ? C’est la « question pas si bête » à laquelle répond l’édition du soir aujourd’hui.
Les risques liés aux plastiques alimentaires
Le plastique, même neuf, n’est jamais totalement inoffensif pour notre santé. Dès sa fabrication, les contenants alimentaires en plastique peuvent contenir des substances chimiques comme le bisphénol A (BPA) ou des phtalates. Ces composants, appelés perturbateurs endocriniens, peuvent migrer dans les aliments qu’ils contiennent, surtout s’ils sont en contact avec de la chaleur, des aliments gras ou acides.
Le vieillissement du plastique augmente les risques
Mais là où les choses deviennent encore plus préoccupantes, c’est quand ces contenants commencent à vieillir. Avec le temps, le plastique s’abîme : les lavages répétés, surtout au lave-vaisselle, l’exposition au micro-ondes ou même des rayures créées par les ustensiles finissent par fragiliser le matériau. Résultat ? Le plastique peut libérer encore plus de substances nocives dans la nourriture. Et si, en plus, il est fondu ou déformé, comme cela arrive parfois après un passage mal géré au micro-ondes, les risques explosent.
Quand faut-il s'inquiéter ?
Très simplement : si une boîte présente des fissures, des rayures, ou une vieille odeur de plastique malgré plusieurs lavages, c’est un signal d’alarme. Elle est trop usagée pour continuer à être utilisée en toute sécurité. Selon Bryan Quoc Le, consultant en sciences alimentaires interrogé par le Huffington Post, « les récipients en plastique de qualité alimentaire ont un nombre estimé de lavages au lave-vaisselle ou à l’eau chaude de 100 fois ».
Réglementation et contrôle des risques
Pour réduire les risques, certains plastiques sont aujourd’hui garantis « sans BPA » ou étiquetés comme « adaptés au micro-ondes ». Mais attention : cela ne signifie pas qu’ils sont inoffensifs, juste qu’ils respectent les normes actuelles. Et même dans ce cas, leur durée de vie reste limitée. Les plastiques peuvent être sources de contaminants (perturbateurs endocriniens, polluants organiques persistants) par le biais des substances chimiques qu’ils contiennent (leurs plastifiants et additifs en particulier) susceptibles de migrer dans les aliments.
Il existe des réglementations européennes et françaises pour contrôler l'utilisation de certaines substances chimiques dans les matériaux en contact avec les denrées alimentaires. « Les contenants alimentaires sont soumis à une réglementation stricte qui impose de vérifier la migration globale et la migration spécifique des matériaux en contact avec les denrées alimentaires. Dans ce cadre-là il ne peut pas y avoir de risque pour la santé », informe Hélène Gayon, cheffe de l’unité d’évaluation des risques liés aux aliments à l’Anses.
« Ces matériaux doivent respecter un principe d’inertie, ce qui veut dire que quand ils sont en contact avec les aliments de façon directe ou indirecte, ils ne doivent pas transmettre de substances susceptibles de présenter un danger pour la santé humaine, d’entraîner une modification de la composition des aliments ou d’altérer la qualité organoleptique (goût, odeur, aspect des aliments) de ceux-ci. La quantité de matières qui a migré doit respecter un certain seuil à la fois sur la quantité totale de substances qui est cédée, mais aussi sur les types de substances », explique-t-elle.
Ces tests de migration respectent un protocole analytique précis, suivant une durée et une température précises, et au contact de stimulants précis en fonction du type d’emballage. Cependant, il peut arriver que l’usage que le consommateur en fait ne corresponde pas aux conditions prévues par le fabricant.
Un risque lié aux usages
« L’innocuité est garantie dans les cas d’usage identifiés. Lorsqu’un contenant alimentaire en plastique est chauffé ce ne sont pas les mêmes conditions d’utilisation que ce qui est prévu par la fabrication », informe Hélène Gayon. Lorsqu’un contenant alimentaire est réchauffé au four à micro-ondes alors qu’il n’est pas prévu pour cet usage, la chaleur favorise la migration des molécules du plastique dans les aliments. La nature de l’aliment (liquide ou solide, grasse, acide, salé...) influence les éventuelles migrations.
Autre mésusage des contenants en plastique, la réutilisation des bouteilles en plastique à usage unique, notamment celles à base de polytéréphtalate d'éthylène (PET). La qualité du plastique s’altère rapidement et il peut libérer plus facilement certains de ces composants. En plus du vieillissement, la bouteille peut être exposée à des conditions d’emploi pour lesquelles elle n’a pas été conçue (laissée dans un endroit chaud, utilisée pour stocker un liquide gras ou acide). Cela entraîne alors une diffusion nettement accrue de perturbateurs endocriniens issus du plastique.
Les perturbateurs endocriniens : un danger majeur
Les risques liés aux perturbateurs endocriniens dans le plastique Les perturbateurs endocriniens - substance ou mélange de substances qui altèrent les fonctions du système endocrinien- jouent un rôle prépondérant dans la hausse des cancers hormono-dépendants (sein, prostate, testicule), dans l’infertilité chez les hommes et les femmes, dans les maladies thyroïdiennes, et dans l’évolution rapide des cas de diabète et/ou d’obésité.
Les femmes enceintes, ou ayant un projet de grossesse, et les enfants sont particulièrement sensibles aux effets néfastes des perturbateurs endocriniens sur la santé, et ceci dès le développement du fœtus, avec notamment un risque plus élevé d’obésité, de diabète de type 2 et d’altération du développement neurologique (par exemple, un QI plus faible, un trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité, un autisme).
Comment limiter les risques ?
Pour limiter les risques de migration de substances chimiques, notamment des perturbateurs endocriniens, dans les aliments ou les boissons, il ne faut jamais réchauffer des aliments dans des récipients en plastique ni mettre des aliments chauds au contact de plastique puis fermer immédiatement le couvercle en plastique au-dessus. Il est aussi recommandé de ne pas exposer le plastique à la chaleur/lumière directe ou indirecte (par exemple ne pas laisser des bouteilles d’eau ou de soda en plein soleil l’été).
Il faut également éviter de réutiliser des contenants plastiques destinés à un usage unique et de conserver des aliments dans du film étirable en plastique en particulier s’il s’agit d’aliments gras (fromage, charcuteries par exemple), celui-ci augmentant la migration des polluants. Le mieux pour éviter les éventuels dangers de l’exposition aux plastiques est encore de privilégier des contenants alimentaires les plus inertes possibles, fabriqués en verre, en pyrex ou encore en acier inoxydable. Il est également préférable de faire des achats en vrac plutôt que d’acheter des produits emballés dans du plastique.
Plastiques et plastiques alimentaires
Il existe sept principaux types de plastique : PET (Polytéréphtalate d’éthylène), PEHD (Polyéthylène à Haute Densité), PVC (Polychlorure de vinyle), PEBD (Polyéthylène basse densité), PP (Polypropylène), le PS (Polystyrène) et les autres. Tous se distinguent les uns des autres par leur composition et leur utilisation finale. Bien que des avancées aient vu le jour concernant les matières premières des plastiques, la source première de fabrication reste le pétrole.
Par exemple, pour fabriquer 1 kg de PET, il faut 1.9 kg de pétrole brut. L’ensemble des plastiques alimentaires génère une production colossale de déchets : 40% est destiné à un usage unique. En France, ce pourcentage augmente jusqu’à 45,5 % selon Muryel Jacque (Journaliste au service Marchés, Les Echos, 2020). Dans le secteur de l’agroalimentaire, le plastique le plus utilisé est le PP. Il sert pour la fabrication de barquettes réutilisables, de gobelets ou de bouchons de bouteille. Ce plastique présente des avantages comme sa rigidité et sa souplesse.
Il est considéré comme le plastique le moins dangereux, mais il présente également des inconvénients, comme tous les autres plastiques. Avec l’avancée de la recherche sur les risques de contamination, les précautions d’utilisation des plastiques alimentaire se sont multipliées. Par exemple : « jeter les emballages de plastiques présentant des signes d’usure », « ne jamais réchauffer un plastique au micro-ondes ». Une complexité difficile à appliquer au quotidien, une ignorance des risques qui perdure… et des effets sur la santé humaine qui ne feront que s’amplifier si on y change rien.
Les principaux risques des différents plastiques
Type de plastique | Utilisation | Problèmes |
---|---|---|
PP (polypropylène) | Barquettes réutilisables, gobelets, bouchons de bouteille, tasses… | Pas considéré comme dangereux mais des additifs lui sont ajoutés pour lui rajouter des propriétés. Ces additifs pourraient migrer dans les aliments. |
PET (polyéthylène téréphtalate) | Bouteilles d’eau, sacs plastiques de cuisson, barquettes… | Migration de traces de trioxyde d’antimoine : cancérigène si exposition à la chaleur. |
PEHD (polyéthylène haute densité) | Bouteilles de lait, boîtes alimentaires rigides… | Migration de substances chimiques vers les aliments non égale à zéro. |
PVC (polychlorure de vinyle) | Film étirable | Peut contenir des phtalates et du Bisphénol A, migration de substances chimiques toxiques. |
PEbd (polyéthylène basse densité) | Sacs de congélation, sacs de grandes surfaces, bols jetables… | Migration de substances chimiques vers les aliments non égale à zéro. |
PS (polystyrène) | Gobelets, couverts jetables, emballages yaourts… | Contient du styrène qui migre lors du chauffage, cancérigène pour l’humain. |
Divers autres (polycarbonate…) | Biberons | Migration de Bisphénol A dans les aliments. |
Une étude Atlas du plastique 2020 montre les dangers invisibles du plastique pour la santé humaine.
Zoom sur… l’usage du PET dans les sachets de thé
Un thé infuse à 95°C. Une étude canadienne publiée dans ACS Environmental Science & technology en 2019 a prouvé qu’à cette température, il y avait un relargage de plus de 2 millions de particules de plastique d’une taille comprise entre 1 et 150 micromètres et près de 15 milliards de particules mesurant moins d’1 micromètre. L’article affirme “qu’au bout du compte, ce sont 13 à 16 microgrammes de plastique qui finissent dans l’eau d’un simple tasse de thé.”
Le PCV, utilisé dans la fabrication de certains sacs de conservation alimentaire
Le PVC quant à lui peut relarguer des phtalates dans les aliments, ce qui provoque l’apparition de certaines tumeurs du foie et du testicule (Inserm. Expertise Collective : Cancer et environnement. 2008). Lors d’une soudure thermique sur un sac en plastique contenant des aliments, le risque est probablement multiplié. De plus en plus de plastique sont controversés, voire interdits, à cause de leurs effets sur la santé humaine et des dégâts qu’ils causent sur l’environnement. Les industriels se sont donc mis à chercher des alternatives. Sont-elles toutes plus saines ?
L’alternative saine au plastique : le verre
A la maison, dans nos placards et nos frigos, nos aliments sont traditionnellement conservés dans des boîtes en plastique. • il est inerte : aucune migration de molécule ne s’opère entre une boite et son couvercle en verre (les deux doivent être en verre) et vos aliments.* Souvenez-vous : le Polycarbonate était par exemple utilisé dans la fabrication de biberons. Des études menées par L’EFSA (European Food Safety Authority) ont été faites en 2015, réévaluées en 2019 puis de nouveau en 2022. À forte dose, le BPA nuirait aux reins, au foie, mais également au système reproducteur. L’usage de ce plastique est dorénavant interdit dans la fabrication de biberons dans l’Union Européenne.
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