La viande chevaline, aliment consommé par l’homme depuis la préhistoire, connaît une consommation de plus en plus marginale en France. Comme en témoignent les scènes de chasse des peintures rupestres. Dans l’Antiquité, la plupart des nations (les Perses, les Grecs, les Chinois, les Romains) étaient hippophages.
Évolution de la consommation
En France, depuis une cinquantaine d’années, la consommation de viande chevaline et le nombre de chevaux abattus ont fortement diminué. Depuis 1970, la consommation de viande chevaline a nettement régressé. Le volume consommé a été quasiment divisé par 5 en dépit de quelques périodes plus favorables liées à des crises sanitaires affectant d’autres produits carnés (crises de l’ESB en viande bovine en 1996 et 2000, crise de la fièvre aphteuse en viande ovine en 2001).
L’effet inattendu de la communication autour du scandale des lasagnes à base de viande chevaline en 2014 a joué un rôle dans cette baisse. La viande chevaline est la seule viande de boucherie dont les volumes consommés ont baissé l'année passée. La consommation de viande a connu une légère hausse en France en 2022, selon un rapport du ministère de l’Agriculture. Certes, comme beaucoup de viandes, le cheval a également été touché par l'inflation : en un an, son prix a augmenté de 5,8 %.
Mais la hausse des prix de cette dernière année n'explique pas tout, et le désamour pour la viande de cheval est une dynamique persistante depuis des décennies. En dix ans, entre 2012 et 2022, c'est une diminution de 10 % qui a été enregistrée, relève l'Agreste. Et selon des données de l'Observatoire économique et social du cheval, relayées par La Dépêche, entre 1998 et 2018, la consommation de viande de cheval s'est tout simplement effondrée, enregistrant une chute de 75 %.
Chiffres clés de la consommation
- En 2021, 7% des foyers ont acheté de la viande chevaline en France, contre plus de 20% en 2011.
- En 2021, la France a consommé environ 6 100 tonnes équivalent carcasse (TEC), contre 18 000 tonnes dix ans plus tôt.
- Environ 2 kg de viande sont achetés par an et par foyer.
- En 2021, les achats de viande de cheval représentent moins de 1% des volumes de viandes de boucheries fraîches achetés, contre 23% pour le porc et 22% pour le bœuf.
Les achats se font en grandes surfaces (42%) ou surtout en circuits spécialisés, comme les boucheries (58%). Les consommateurs de viande chevaline sont relativement âgés, issus d’un foyer de deux ou trois personnes appartenant à des classes sociales variables. En France, le consommateur préfère la viande rouge, c’est-à-dire une viande issue d’un animal d’âge adulte.
Production et Importation
La France connaît un déséquilibre production/consommation de viande de cheval. Plus de 27 000 tonnes de viande chevaline ont ainsi été importées, principalement du Canada. La viande de cheval consommée en France vient en grande partie d'Europe avec 5500 animaux exportés (Pologne, Belgique, Espagne, Allemagne et Suisse). La France exporte également des chevaux pour la viande.
Les deux tiers de la viande consommée en France proviennent donc de chevaux de réforme et seulement un tiers de ceux-ci, dans l’hexagone, sont dirigés vers l’abattoir. Le reste de la viande consommée provient d’importations, nécessaires pour répondre à la demande. En 2022, la France a importé 7 090 tonnes de viande chevaline, afin de combler son manque de production, dont 40 % sont issues d’Amérique du Sud.
Origine de la viande importée
- 45 % proviennent de l’Amérique du Sud (32 % de l’Uruguay et 13 % de l’Argentine).
- Le reste provient de la Roumanie (18 %) et de la Belgique (14 %).
Élevage des chevaux de trait
En France, le cheptel s'élève à environ 77 000 chevaux de trait. Les races majoritaires sont le cheval de trait Comtois et le cheval de trait Breton, avec plus de 10 000 poulinières. Chaque année, la production s’élève à environ 9 500 poulains (y compris hors livre généalogique), dont plus de 80% seront destinés à la filière viande.
On distingue deux types de production de chevaux de trait. Dans les berceaux de race, qui sont les zones de production originelles des races de trait, comme en Bretagne ou en Franche-Comté, la production repose principalement sur des éleveurs ayant des cheptels de poulinières réduits. À l’opposé, dans les régions du sud-ouest (Aquitaine, Midi-Pyrénées et Auvergne), que l’on appelle bassins de production ou bassins de multiplication, les cheptels de poulinières sont plus importants et valorisent les zones de montagne en semi-liberté.
Très peu de poulains de trait destinés à la boucherie sont engraissés en France. Près de 55% de cette production française de chevaux de trait est vendue très tôt, entre 6 et 18 mois, à l’export. Ces poulains destinés à la filière bouchère sont commercialisés lors de tournées d’acheteurs dans les élevages ou lors de foires aux chevaux.
Bien-être animal et réglementation
La durée du transport est particulièrement règlementée. Elle ne doit pas excéder 8 heures d’affilée pour les chevaux adultes. Si la durée dépasse 8 heures (ce qui est exceptionnel), les camions doivent être aménagés pour abreuver et nourrir les bêtes toutes les 8 heures. Tout transporteur doit, par ailleurs, être agréé. À l’abattoir, les chevaux sont regroupés en parcs ou logettes individuelles où ils sont abreuvés et conservés au calme et au repos. La maltraitance n’a pas et ne peut pas avoir sa place dans l’élevage des chevaux à vocation bouchère.
Cependant, des préoccupations subsistent concernant les conditions d'élevage et d'abattage dans certains pays d'Amérique du Sud. « Les conditions de détention et d’abattage des équins dans les pays d’Amérique du Sud sont loin des standards européens en matière de protection animale, même lorsque les abattoirs dont proviennent les carcasses sont agréés par l’Union européenne », souligne l’ONG Welfarm, qui a relayé en France ces enquêtes. Welfarm dénonce « des conditions déplorables » et signale de nombreux cas de maltraitance, notamment dans l’abattoir Clay en Uruguay.
Débats et perspectives
Le débat autour de la viande de cheval ressurgit régulièrement en France. Car dans les faits, de la même manière que le lapin, le cheval joue à la fois le rôle d'animal de compagnie et d'animal de production. S'il est inimaginable pour certains Français de manger du cheval, pour d'autres cela ne pose aucun problème de le retrouver dans leurs assiettes - bien que la consommation de viande chevaline n'ait jamais été largement répandue dans l'Hexagone.
Récemment, le député souverainiste Nicolas Dupont-Aignan a présenté une proposition de loi pour en interdire la production et la commercialisation. Le 4 juillet 2023, l’ancien candidat à l’élection présidentielle et actuel député « Debout la France » Nicolas Dupont-Aignan a présenté une proposition de loi « visant à modifier le statut juridique du cheval, à en interdire l’abattage, le commerce et la consommation de viande sur l’ensemble du territoire français ».
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