L’alimentation des Français évolue et un changement majeur se profile : la baisse de la consommation de viande. Selon une récente étude du ministère de l’Agriculture, les Français mangent moins de viande. Cette tendance, observée sur plusieurs années, s’accélère en raison de multiples facteurs, dont l’inflation, les préoccupations environnementales et les changements dans les habitudes alimentaires. Si la viande a longtemps été un pilier de la cuisine française, la prise de conscience sur ses impacts environnementaux, économiques et sanitaires pousse de plus en plus de Français à réduire leur consommation.
La Consommation de Viande en France : Un Aperçu Historique
Historiquement, la France est perçue comme un pays de « bons vivants », avec une culture culinaire riche en viande. Des plats traditionnels comme le bœuf bourguignon, le cassoulet ou encore le traditionnel steak-frites sont emblématiques de la gastronomie française. Cependant, selon l’étude du ministère de l’Agriculture, cette image commence à s’éroder. La consommation annuelle de viande par habitant en France a diminué au cours des deux dernières décennies. En 2023, les Français consommaient en moyenne environ 85 kg de viande par personne par an, un chiffre en baisse par rapport aux années 1990, où ce chiffre approchait les 100 kg par an.
Si la consommation de viande est en baisse en France, elle reste tout de même relativement élevée par rapport à d’autres pays européens. L’Europe présente des disparités significatives en matière de consommation de viande. L’Espagne est souvent citée comme l’un des pays européens où la consommation de viande par habitant est la plus élevée. Selon les données, un espagnol consomme en moyenne 100 kg de viande par an, soit bien au-dessus de la moyenne européenne.
À l’autre extrémité du spectre, certains pays européens se distinguent par une consommation de viande particulièrement faible. Les raisons derrière ces différences sont multiples : elles tiennent à des traditions culinaires différentes, au pouvoir d’achat, mais aussi à une sensibilité accrue aux enjeux environnementaux et de santé publique.
Tendances Actuelles et Facteurs d'Influence
L’étude du ministère de l’Agriculture est claire : la consommation de viande en France diminue progressivement. Toutefois, elle concerne principalement la viande bovine. Rappelons que la production de viande bovine est source de problèmes écologiques graves à travers le monde. Depuis plusieurs années, une tendance à la baisse est observée, particulièrement chez les jeunes générations, qui se tournent davantage vers des régimes alimentaires flexitariens, végétariens ou végétaliens. Les consommateurs cherchent des alternatives plus éthiques et durables, favorisant les protéines végétales, les légumineuses ou encore les produits à base de soja et de pois chiche.
Cette tendance est également renforcée par une prise de conscience sur les effets de la surconsommation de viande rouge, notamment en ce qui concerne les risques pour la santé. La baisse de la consommation de viande en France ne peut être attribuée à une seule cause. Depuis quelques années, le prix de la viande a considérablement augmenté, rendant cet aliment moins accessible pour une partie de la population. En période de crise économique et d’inflation, les ménages cherchent à réduire leurs dépenses, notamment sur les produits alimentaires plus coûteux comme la viande.
L'Impact de l'Écologie et de la Santé
L’écologie joue également un rôle clé dans cette baisse de consommation. La production de viande, en particulier la viande bovine, est associée à des émissions de gaz à effet de serre, à une déforestation massive pour la culture de soja destiné à l’alimentation animale et à une consommation excessive d’eau. Les Français, particulièrement sensibles aux enjeux écologiques, sont de plus en plus nombreux à adopter des comportements alimentaires en phase avec leurs préoccupations environnementales. Au-delà des questions économiques et écologiques, les préoccupations de santé publique et de bien-être animal occupent également une place importante.
De nombreuses études soulignent les risques d’une surconsommation de viande, notamment rouge, sur la santé. En parallèle, le bien-être animal est devenu une préoccupation centrale pour de nombreux consommateurs. Cette baisse de la consommation de viande en France pourrait s’inscrire dans une tendance plus large vers une alimentation plus durable et respectueuse de l’environnement. Les alternatives à la viande, comme les substituts végétaux, gagnent en popularité et en accessibilité.
Comparaison Internationale et Projections Futures
La consommation mondiale de viande a doublé depuis les années 1990, bien plus rapidement que l’augmentation de la population. Les Américains (du Nord et du Sud), les Australiens ou les Européens ont doublé leur consommation de produits animaux depuis 50 ans et mangent 2 fois plus de protéines d’origine animale que la moyenne mondiale. En Chine, la consommation de viande par habitant (65 kg en 2022) a quadruplé en 40 ans. La population indienne en revanche reste très faible consommatrice de viande (environ 5 kg/habitant/an), pour partie pour des raisons culturelles ou religieuses.
Selon les projections de la FAO, la consommation mondiale de protéines carnées aura augmenté de 9 % en 2032 par rapport à 2022 (+43 millions de tonnes). Cette augmentation devrait être principalement le fait des pays asiatiques (+26 millions de tonnes), notamment la Chine, et des pays du continent américain (10 millions de tonnes). Une partie de cette évolution tient à la transformation des régimes alimentaires, laquelle est influencée par l’amélioration des revenus et l’urbanisation.
Dans les pays d’Afrique qui se heurtent encore à une faible disponibilité des produits d’élevage, la consommation de viande est faible (20 kg/habitant/an en moyenne sur le continent). Elle fait partie pourtant des aliments qui aident à lutter contre l’anémie ferriprive qui touche 52 % des femmes de 15 à 49 ans en Afrique de l’Ouest. Dans les pays à revenus élevés, la consommation de viande atteint un plafond : elle est suffisante sur le plan nutritionnel, voire excessive, et se stabilise sous l’effet des changements de comportements alimentaires.
L’augmentation globale constatée concerne majoritairement la consommation de volailles, d’une part car c’est une des viandes les moins coûteuses et d’autre part car les volailles sont considérées par les consommateurs comme des produits sains, faciles à cuisiner et peu émetteurs de gaz à effet de serre. Enfin, la viande de volaille n’est pas soumise à des interdits religieux, contrairement au porc ou au bœuf.
Évolution de la Consommation en France
En France, après une baisse au début des années 2010, la consommation individuelle de viande connaît une très légère hausse depuis quelques années. C’est le résultat de la hausse de consommation des populations jeunes, en particulier de viande hachée, qui contrebalance le changement de régime de certaines populations pour des motivations diverses (par ex., environnement, bien-être animal) et l’augmentation d’une population âgée moins consommatrice. La proportion des différentes viandes, elle, se modifie, « en faveur des viandes de volaille ; celles de bœuf et des « autres viandes » (abats, équidés, lapins, gibiers) diminuent depuis le début des années 80 », comme le souligne le service de la statistique et de la prospective du ministère de l’Agriculture.
Recommandations et Consommation Actuelle
La consommation de viande en France est en baisse régulière depuis une dizaine d'année. Le Programme National Nutrition Santé recommande de limiter sa consommation de viande, toutes en dehors de celle de volaille (bœuf, veau, agneau, porc, viande chevaline...) à 500 g/semaine. Cette quantité de 500 g correspond à la viande consommée, donc cuite. La majorité des Français sont des petits consommateurs de viandes de boucherie (bœuf, veau, agneau, porc frais et viande chevaline). Bien sûr, la consommation moyenne cache de grandes disparités : 23 % en mangent moins de 100 g par semaine, alors que 20 % en mangent plus de 500 g par semaine.
Quantité Consommée par Semaine | Pourcentage de la Population |
---|---|
Moins de 100g | 23% |
Plus de 500g | 20% |
Depuis les années 2000, la consommation totale de viande en France continue d'augmenter, portée par la croissance démographique. En 2000, la France consommait 5 290 milliers de tonnes équivalent-carcasse (TEC), une unité qui permet de prendre en compte le poids de viande des animaux abattus et des produits transformés contenant de la viande. Néanmoins, mis à part quelques variations, dues aux effets de prix ou aux scandales sanitaires, la consommation de viande par habitant s'est, elle, stabilisée autour de 84 kgec (kilogrammes équivalent-carcasse) depuis 2010. L'année 2023 marque toutefois une légère baisse.
Cette relative stabilité s'est néanmoins accompagnée de certains changements d'habitudes : si les Français ont ralenti leur consommation de viande à domicile, celle-ci a été compensée par une consommation en dehors du domicile. Parmi les facteurs évoqués pour expliquer ce léger recul de la consommation en 2023 : l'inflation, mais aussi les questions de bien-être animal.
Cette évolution constitue un progrès si l'on se concentre uniquement sur les enjeux d'émissions de gaz à effet de serre, constate la chercheuse. Mais cette avancée doit être remise dans le contexte de l'urgence climatique actuelle. De plus, pour aborder la question du changement climatique dans sa globalité, d'autres facteurs doivent être pris en compte. L'élevage de granivores, comme les porcins et les volailles, nécessite ainsi de dédier des parcelles à l'alimentation de ces animaux, alors même que ces terrains agricoles pourraient être utiles directement pour l'alimentation humaine. De plus, les volailles d'élevage sont nourries essentiellement avec du soja, dont la culture favorise la déforestation, notamment en dehors de l'Europe.
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