Compléments alimentaires pour personnes anorexiques : Stratégies et recommandations

Les troubles des conduites alimentaires (TCA) se manifestent par une perturbation de l'alimentation ou du comportement lié à l'alimentation. On observe alors une modification de la manière de s'alimenter, ou du régime alimentaire, ou bien la mise en place de stratégies pour que les aliments ne soient pas absorbés (par des vomissements par exemple ou la prise d'un laxatif).

Les stratégies thérapeutiques des troubles des conduites alimentaires sont adaptées à chaque situation clinique. Elles tiennent compte de la symptomatologie alimentaire prédominante, des restrictions pures, des accès boulimiques avec ou sans vomissements en utilisant d’autres procédés de contrôle du poids, mais aussi du statut somatique et nutritionnel et d’une éventuelle comorbidité psychiatrique.

La prise en charge des troubles du comportement alimentaire doit être la plus précoce possible pour une meilleure efficacité des traitements et pour éviter des conséquences graves sur la santé. La prise en charge est d'emblée pluridisciplinaire : médicale, psychologique, nutritionnelle, sociale et familiale. Elle est adaptée à l'âge du patient et à l'intensité de ses troubles.

Les différents troubles alimentaires

  • Le trouble d'évitement / de restriction de la consommation alimentaire : il se traduit par un évitement systématique de certains aliments sans avoir d'enjeu de poids ou de silhouette.
  • L'hyperphagie boulimique, il consiste à ingurgiter une quantité de nourriture anormale (par rapport à celle que pourraient consommer d'autres personnes dans un contexte similaire), accompagnée d'un sentiment de perte de contrôle pendant et après la frénésie alimentaire.
  • La restriction alimentaire, chez un individu en bonne santé initiale, est longtemps compensée par les mécanismes de régulation homéostasique.

Objectifs de la renutrition

Choisir le poids cible n’est pas simple. Pour la plupart des patients, un arrêt de la perte de poids est d’ailleurs un premier objectif avant d’envisager un gain de poids. En pratique, il est recommandé de réintroduire ou d’améliorer les repas par étapes, avec précaution, afin d’assurer les apports suffisants.

L’établissement de "contrats" (de poids, de visite, de sortie, etc.) avec le patient est une étape décisive. La demande peut être formulée par le patient et le médecin adresseur. La durée d'hospitalisation peut être très variable. Elle est surtout déterminée par le poids de sortie décidé lors du contrat thérapeutique.

Une renutrition orale avec reprise d’un régime alimentaire adapté est recommandée. La nutrition entérale se discute en cas de dénutrition extrême mettant en jeu le pronostic vital ou en cas de dénutrition sévère associée à une stagnation pondérale prolongée. Le patient doit être pesé régulièrement puis de façon hebdomadaire.

Le syndrome de renutrition, lié à une correction trop rapide, peut induire une insuffisance respiratoire, voire une décompensation cardiaque. Il est nécessaire de conjuguer autant que possible les approches nutritionnelles à des approches psychologiques. Ce n'est que lorsque la régularité des apports est obtenue qu'un véritable programme (plutôt que régime) de perte pondérale peut être lancé.

À l’opposé, de nombreux sujets boulimiques ne présentent pas de surcharge pondérale et il est donc, non seulement inutile de mettre en place un régime restrictif, mais encore celui-ci peut être vécu comme une sanction. En effet, la plupart des boulimiques présentent une symptomatologie dépressive. La prise en charge psychologique est donc la pierre angulaire du traitement.

Règles spécifiques pour la renutrition

Ces règles n’ont rien à voir avec celles données aux patients obèses. Dans l’anorexie mentale, le risque est chez tous les malades, et pendant longtemps, qu’ils perdent du poids, pas qu’ils continuent à grossir. Il faut surtout ne pas oublier que beaucoup de ces malades ont développé, par peur de grossir ou de devenir gras, une intense activité physique (hyperactivité) et que l’angoisse augmente les dépenses énergétiques. Ces patientes ont donc souvent des besoins en féculents et en matières grasses nettement plus élevés que les sujets de poids normal, ou a fortiori les gens obèses.

L’approche comportementale : il faut expliquer aux malades quels sont les besoins énergétiques et nutritifs nécessaires au renouvellement des cellules et au fonctionnement de l’organisme. L’approche nutritionnelle est essentielle, ce n’est pas parce que l’anorexie est « mentale » qu’il faut négliger l’aspect nutritionnel. L’anorexie tue par dénutrition.

La suppression des repas favorise la prochaine crise de boulimie et un mauvais équilibre alimentaire conduit à la compulsion.

Pour une prise de poids saine, il est généralement conseillé de conserver une alimentation équilibrée en augmentant raisonnablement les portions. Parallèlement, il est indispensable d’adopter une bonne hygiène de vie et d’entretenir sa masse musculaire en misant sur des exercices de renforcement musculaire.

Objectifs clés de la renutrition

  1. Un poids normal : Retrouver et / ou maintenir un poids normal pour sa taille. C’est essentiel : il n’y a pas de guérison sans un poids normal. Si certaines malades vous disent le contraire, c’est qu’elles laissent encore parler leur anorexie ou boulimie. Ce poids est connu : il correspond à un indice de masse corporelle de 18,5 kg/(m)2 (IMC = Poids (kg)/Taille (m) 2). La probabilité de rechute, en cas d’anorexie mentale ou de boulimie, s’accroît nettement au fur et à mesure qu’on descend sous cet IMC.
  2. Des apports énergétiques normaux : Il est aussi absurde de peser un poids normal en ne mangeant que des carottes ou du chocolat. Un équilibre nutritionnel est indispensable pour interrompre le cercle vicieux -carences d’apport, carences nutritionnelles, accroissement du besoin incontrôlé de manger, peur de manger par peur de grossir ou de ne pouvoir s’arrêter, restrictions et évictions-. Avoir des apports nutritionnels équilibrés ne se limite pas à manger suivant ses besoins caloriques. Il faut au corps également des apports satisfaisants en acides aminés, en acides gras essentiels, en glucides, en vitamines, minéraux et oligo-éléments. Pour maintenir une composition corporelle stable et normale, il faut que les protides, lipides et glucides qui sont dépensés chaque jour soient remplacés, gramme pour gramme, par un apport équivalent grâce à l’alimentation.
  3. Une alimentation normale : Retrouver ou maintenir des apports alimentaires compatibles avec le maintien de ce poids est incontournable. Car on ne mange pas de nutriments, mais bien des aliments. Et ces aliments ont des vertus que les compléments alimentaires n’ont pas. Il y a le volume adéquat pour régler la faim, les associations subtiles (le calcium du lait ou des laitages est mieux absorbé que celui d’un comprimé ; le fer de la viande aussi).
  4. Un comportement normal : Travailler sur le comportement alimentaire est indispensable. Il ne suffit pas de grossir pour guérir, en cas d’anorexie mentale. Il faut manger et accepter de le faire en fonction de ses besoins. Manger aux repas, pour ne pas faire une crise de boulimie ou de compulsion. Manger avec variété et pas de façon figée. Pouvoir accepter le maximum de plats, d’aliments, de variété, pour n’être pas handicapé lorsqu’on est invité au restaurant ou chez les autres. Manger sans peur et sans angoisse de grossir à chaque bouchée, sans avoir le regard rivé sur l’assiette des autres, pour vérifier qu’ils mangent plus que vous !

Compléments nutritionnels oraux (CNO)

Les compléments nutritionnels oraux ont vocation d'apporter une supplémentation en nutriments essentiels à la bonne santé de l'organisme. Les compléments nutritionnels oraux sont prescrits par un médecin pour les patients souffrant de dénutrition ou à risque de dénutrition, notamment lors de cancers, après une chirurgie lourde ou chez les personnes âgées fragilisées.

La posologie standard se situe entre 1 et 3 unités par jour selon l'avis du professionnel de santé, à adapter aux besoins individuels du patient. Un apport quotidien supplémentaire de 400 kcal et 30g de protéines représente l'objectif nutritionnel habituel. La prescription par un professionnel de santé permet d'identifier les produits à fins médicales spéciales correspondant à vos attentes. Différentes textures existent (crèmes, boissons, soupes) avec des saveurs variées pour s'adapter à vos préférences.

Les CNO non ouverts se conservent à température ambiante dans un endroit sec. Une fois entamés, placez-les au réfrigérateur et consommez-les dans les 24 heures. Pour une meilleure dégustation, servez-les frais et prenez votre temps pour les savourer. Les compléments nutritionnels oraux peuvent être pris en charge par l'Assurance Maladie sur ordonnance médicale en cas de dénutrition avérée. La base de remboursement varie selon les produits, qui doivent être inscrits sur la Liste des Produits et Prestations Remboursables (LPPR).

Pourquoi prendre des CNO ?

L’idée est bien de rajouter des apports qu’on n’arrive pas à atteindre via l’alimentation classique. Donc bien sûr, hors de question de faire la moindre concession sur les repas. Faites avant tout confiance au personnel soignant qui connaît votre profil et qui saura vous aider, vous orienter et vous conseiller dans votre prise de CNO en fonction de votre santé et situation.

Quels compléments alimentaires pour favoriser la prise de poids ?

Pour prendre du poids de façon saine, il est indispensable de conserver une alimentation équilibrée et de privilégier des exercices de renforcement musculaire. Certaines personnes font aussi le choix de miser sur des compléments alimentaires pour ouvrir leur appétit, augmenter leurs apports caloriques et favoriser la prise de poids.

En théorie, un régime alimentaire varié et équilibré apporte tous les nutriments nécessaires au bon fonctionnement du corps humain, mais certains modes de vie et régimes alimentaires, ou certaines conditions médicales (grossesse, chirurgie de l’obésité, maladies diverses, perte de poids involontaire suite à un cancer, etc.), ne garantissent pas forcément des apports suffisants. C’est donc là que les compléments alimentaires peuvent intervenir « à condition d’être utilisés dans de bonnes conditions et sur recommandation d’un(e) professionnel(le) de santé ».

Un(e) diététicien(ne) ou un(e) nutritionniste sera en mesure d'évaluer vos besoins nutritionnels, de diagnostiquer d'éventuelles carences, de mettre en place un plan nutritionnel adapté et de vous recommander, si besoin, les compléments les plus appropriés, leur dosages et leur durée d'utilisation.

Pour certaines personnes, il ne suffit pas de manger plus pour voir leur poids grimper en flèche. « Les patient(e)s en proie à une maigreur constitutionnelle (IMC trop bas), à une pathologie limitant l’absorption des nutriments, à une pathologie impliquant une perte de poids involontaire ou à un trouble du comportement alimentaire (anorexie mentale, par exemple) n’ont malheureusement pas toujours le choix ».

Pour prendre du poids sans mettre en danger sa santé, il faut notamment veiller à ses apports en vitamines et en minéraux, en glucides, en lipides, en acides aminés et en protéines. Le « simple » fait de se goinfrer en privilégiant des aliments hypercaloriques en grande quantité n’est donc pas la bonne solution.

« L’objectif est d’augmenter équitablement tous les apports nutritionnels. Nul besoin de se nourrir exclusivement de junkfood ou de suivre des régimes qui suppriment certaines catégories d’aliments, comme le régime hyperprotéiné qui fait la part belle aux protéines et limite les apports en lipides et en glucides ».

Certains complexes peuvent effectivement être intéressants pour stimuler l’appétit ou aider l’organisme à mieux assimiler les éléments nutritifs. Mais réponse unanime de nos experts, les compléments alimentaires à eux seuls ne sont évidemment pas suffisants pour prendre de la masse musculaire ou de la masse grasse. Autrement dit, l’alimentation et le sport (qui accroît la sensation de faim et favorise la prise de muscle) restent indispensables !

Pour prendre du poids sans risque, mieux vaut privilégier les compléments alimentaires à base de plantes apéritives et nutritives, comme le fenugrec, la gentiane, la spiruline, le gingembre ou l’harpagophytum

Plantes et compléments alimentaires pour stimuler l'appétit

  • La gentiane : La consommation de gentiane peut ouvrir l’appétit et favoriser la digestion, ce qui peut indirectement contribuer à une prise de poids saine : lorsque le système digestif fonctionne correctement et que l’appétit est stimulé, on est plus susceptible de manger davantage, ce qui peut contribuer à une augmentation de poids.
  • Le fenugrec : Très riche en nutriments, il est considéré depuis de nombreuses années comme un remède traditionnel pour favoriser la prise de poids. Non seulement, il stimule la sensation de faim, mais il améliore aussi l’absorption des nutriments et stimule la production d’insuline, ce qui favorise le stockage des graisses. Autant de propriétés qui peuvent favoriser, à long terme, la prise de poids.
  • L’harpagophytum : Elle est surtout connue pour ses propriétés anti-inflammatoires, analgésiques et antioxydantes, qui permettent de favoriser la mobilité articulaire, mais elle est également utilisée depuis des années pour stimuler l’appétit - et donc potentiellement la prise de poids.
  • La spiruline : Dans le détail, elle renferme 60 % de protéines, 10 % de graisses et 7 % de glucides. Elle peut donc être très utile pour limiter les carences, en complément d’une hygiène de vie appropriée et favoriser la prise de poids, surtout pour les personnes au métabolisme rapide, ou qui souffrent de malabsorption.
  • Le gingembre : Consommé quelques minutes avant un repas, il permettrait de stimuler la production d’enzymes digestives et d’ouvrir l’appétit. Concrètement, les compléments alimentaires à base de gingembre n’induisent donc pas de prise de poids, mais attisent la sensation de faim.

Conseils importants

  • Vérifiez l'origine et la composition des compléments que vous ingérez et n'hésitez pas à demander conseil à un(e) professionnel(le) de santé.
  • N'oubliez pas que les compléments alimentaires ont pour but de compléter le régime alimentaire « normal ».
  • En cas de dénutrition, de maladie chronique, de trouble du comportement alimentaire ou de cancer, il existe aussi de véritables médicaments, les compléments nutritionnels oraux (CNO).
  • Corriger la dénutrition est d’autant plus facile qu’on s’y prend tôt.
  • La dénutrition étant quasiment toujours associée à une maladie ou à un trouble psychologique, il faut consulter sans tarder son médecin.

Conseils pour une bonne santé bucco-dentaire

  • Se brosser les dents deux fois par jour avec une brosse à dents à poils souples.
  • Remplacer la brosse à dents tous les trois ou quatre mois.
  • Utiliser un dentifrice fluoré.
  • Utiliser un fil dentaire une fois par jour.
  • Nettoyer ses prothèses dentaires chaque jour avec de l’eau et du savon de Marseille.
  • Réaliser un examen dentaire au moins une fois par an.

Activité physique adaptée

L'activité physique adaptée et la diminution des temps de sédentarité stimulent l’appétit et entretiennent la force musculaire. Même si vous vous dépensez seulement un peu plus que d’habitude, cela sera bénéfique pour votre santé. Démarrez en douceur et augmentez progressivement la durée et/ou l’intensité de votre effort.

Conseils nutritionnels supplémentaires

  • Prenez vos repas dans un environnement agréable et si possible sans être seul.
  • Choisissez des textures d’aliments adaptées à vos capacités de mastication.
  • Variez le choix, le goût et les couleurs des préparations.
  • Stimulez votre appétit en parfumant vos plats, selon vos goûts, avec des épices ou des herbes aromatiques.
  • Ne supprimez pas le sel de votre alimentation sauf si votre médecin vous l’a prescrit.
  • Faites-vous aider pour les courses, si besoin, et gardez un œil sur le contenu de votre réfrigérateur et de vos placards pour vous assurer qu’ils sont toujours bien remplis.

Pour assurer un apport suffisant, il est nécessaire de répartir les apports nutritionnels tout au long de la journée : 3 repas réguliers par jour et des collations structurées, à distance des repas. Continuez de prendre 3 repas par jour, même s’ils sont plus légers. La prise en charge nutritionnelle a pour objectif une augmentation des apports alimentaires en protéines et en énergie chez une personne qui a peu d’appétit.

Lorsque la personne dénutrie mange encore un peu, le premier des traitements à envisager est l’enrichissement des repas, complété par des collations. Privilégiez les protéines pour entretenir vos muscles. Mangez, deux fois par jour des protéines : de la viande, des œufs, du poisson, des légumineuses ou des produits laitiers. Pour grossir, bannissez les produits allégés et choisissez des aliments riches en énergie.

Comment enrichir son alimentation ?

L’alimentation enrichie a pour objectif d’augmenter l’apport en énergie (sucres et matières grasses) et en protéines d’un repas sans en augmenter le volume. Elle s’applique aux adultes et aux enfants. Elle consiste à enrichir l’alimentation traditionnelle avec différents produits, tels que :

  • de la poudre de lait entier ou du lait concentré entier ;
  • des petits suisses, du mascarpone, de la ricotta ou du fromage râpé ;
  • des œufs ou du jambon ;
  • de la crème fraîche épaisse (non allégée) ;
  • du beurre fondu ou de l’huile ;
  • des poudres de protéines industrielles ;
  • du sucre, du miel, de la confiture, des glaces, de la pâte à tartiner, du chocolat.

Par exemple, pour enrichir votre repas, ajoutez du fromage râpé dans vos pâtes ou sur vos légumes.

Quand recourir aux compléments nutritionnels oraux (CNO) ?

Si la prise en charge diététique ne suffit pas (la personne ne commence pas à reprendre du poids après 15 jours) ou si la personne a une dénutrition sévère d’emblée, le médecin a recours aux compléments nutritionnels oraux. Ils ont montré leur efficacité pour améliorer les apports alimentaires et le poids, réduire les complications et limiter les hospitalisations.

Les CNO sont des mélanges nutritifs complets à prendre par la bouche, riches en protéines et en énergie. Ils servent donc à apporter des calories supplémentaires aux repas normalement pris ainsi que des protéines. Ils font partie du traitement et ils sont pris transitoirement jusqu’à la reprise de poids. Ils ne doivent pas remplacer les repas, mais au contraire être consommés entre les repas, avant d’aller se coucher par exemple.

Comment bien prendre les CNO ?

  • Privilégiez les goûts qui correspondent à ce que vous préférez (salés, sucrés, lactés ou non).
  • Variez les arômes et les textures pour éviter la lassitude (CNO mixé, crème, flans, compotes, gâteaux, potages, jus de fruits, barres solides).
  • Si vous avez du mal à avaler, parlez-en à votre médecin ; il adaptera le type de CNO (plus liquide par exemple).
  • Prenez les CNO en dehors des repas (2 h avant ou après les repas, sous forme de collations) et non à la place des repas.
  • Prenez les CNO à la bonne température : les produits sucrés sont plus souvent appréciés s’ils sont frais.

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