Compléments Alimentaires Américains : Composition et Bienfaits

Aux États-Unis, le Dietary Supplement Health and Education Act (DSHEA) de 1994 définit les suppléments alimentaires comme des produits destinés à compléter l’alimentation. Ces produits contiennent des vitamines, des minéraux, des herbes, des plantes, des acides aminés, ainsi que diverses substances telles que des enzymes, des tissus organiques et hormonaux, et d’autres métabolites.

La plupart des substances naturelles sont vendues comme suppléments alimentaires aux USA, offrant une variété presque infinie d’ingrédients, allant des plantes ésotériques à des substances chimiques non approuvées. Des molécules considérées comme médicaments dans d’autres pays, comme la mélatonine, sont vendues légalement comme compléments alimentaires aux USA. Des milliers de produits jamais testés sont ainsi disponibles pour les consommateurs américains, et leurs allégations marketing peuvent induire une confusion.

Des phrases comme « améliore l’énergie », « contribue à l’augmentation du volume musculaire », « renforce le système immunitaire », « accroît les capacités mentales » sont légales, même sans preuve scientifique. Souvent, il n’y a pas de preuve que ces mélanges d’ingrédients sont bénéfiques pour la santé, et certains peuvent même être frelatés, comme illustré par la présence de N, α-diethyl-phenylethylamine (N,α-DEPEA) dans certains produits.

Il est donc prouvé que les suppléments alimentaires peuvent être contaminés et poser des risques divers. Ils peuvent également être associés à des effets indésirables, difficiles à prévoir sans un système solide de répertoration.

Consommation de Compléments Alimentaires : Focus sur les Militaires

Certaines populations sont plus enclines à utiliser des compléments alimentaires que d’autres, en particulier les étudiants et les militaires. Environ 50% des Américains en consomment régulièrement, un chiffre qui atteint 70% dans l’armée selon des études récentes.

Selon les données du ministère de la défense, 74% des militaires en activité en prennent au moins une fois par mois, et près de 50% au moins une fois par jour. Les militaires privilégient les compléments censés accroître les performances physiques, à base de stimulants naturels, de protéines, d’acides aminés, de multivitamines et minéraux (vitamine C ou D, calcium), et de divers produits associés. Les compléments contenant des huiles de poisson, du lycopène et de la mélatonine sont également très populaires.

Bien que « favoriser une bonne santé » soit l’argument avancé par 64% des militaires, 31% en prennent pour avoir plus d’énergie, 25% pour une plus forte puissance musculaire, et 17% pour améliorer leurs performances. En dépit d’un certain scepticisme des autorités sur leur sécurité et leur efficacité, ces produits continuent d’être vendus sur les bases militaires.

Des suppléments à base d’éphédrine et de 1,3-diméthylamine (DMMA) sont considérés à risque potentiel pour la santé. De plus, la DMMA n’a jamais été extraite d’une plante. Récemment, un nouveau supplément - le BMPEA (ß-methylphenylethylamine) - doté de « propriétés stimulantes » est apparu sur le marché et peut poser un risque. La prise simultanée de compléments alimentaires multiples, dont les interactions n’ont jamais été étudiées, augmente sans aucun doute les risques pour la santé, particulièrement en matière de body building et de produits destinés à perdre du poids.

En 6 ans (2005-2011), la prise quotidienne de compléments alimentaires pour le body building a augmenté de 23,5% chez les Marines américains, tandis que les suppléments pour perdre du poids sont restés stables à 11%. Environ 50% des militaires en service combinent les deux.

Mesures Prises par le Département de la Défense (DoD)

Devant l’ampleur du phénomène, le département de la défense DoD a pris diverses mesures. En 2002, il a interdit la vente de tous produits contenant de l’éphédrine. Différentes recherches ont été menées pour démontrer, par exemple, que la DMMA n’était en rien l’inoffensif extrait de Géranium présenté par le fabricant.

Une liste de suppléments à haut risque a été établie dans le cadre du projet OPSS (OPeration Supplement Safety), permettant de déclarer « en ligne » des effets indésirables observés, d’informer les militaires, leur famille, les professionnels de santé et de sélectionner les suppléments les plus sûrs. Lancé en 2012, sans promotion marketing, le projet OPSS a initialement reçu moins de 5000 visites par mois. Depuis, ce chiffre est passé à 35000 !

Bien qu'il soit difficile de quantifier précisément les risques pour la santé liés aux compléments alimentaires en raison de nombreuses inconnues, il est crucial d'améliorer l'information destinée aux utilisateurs et aux distributeurs concernant ces substances. Le DoD dispose désormais de son propre programme de pharmacovigilance, tout comme la FDA.

Le Rôle des Vitamines et Minéraux dans l'Énergie et la Santé

Les aliments que nous consommons nous fournissent des macronutriments. Au cours de la digestion, ils sont découpés par des enzymes en petites unités : les lipides en acides gras, les protéines en acides aminés et les glucides en glucose. Une fois à l’intérieur des cellules, ils vont servir à la production d’ATP, la forme d’énergie utilisée par l’organisme pour assurer certains mécanismes.

La première étape se déroule dans le milieu intérieur de la cellule, le cytoplasme. L’acétyl CoA pénètre ensuite dans un compartiment de la cellule, la mitochondrie, où il entre dans un cycle de huit réactions chimiques assistées par les vitamines B1, B2, B3, B5, B6, B8, B12, le fer et le magnésium : c’est le cycle de Krebs.

La dernière étape se déroule au niveau de la membrane interne de la mitochondrie. Le NADH et FADH2 cèdent leurs électrons, pris en charge au sein d’une chaîne de transport d’électrons qui permet de fabriquer les précieuses molécules d’ATP. Un autre micronutriment, l’iode, contribue au métabolisme énergétique normal, mais d’une manière moins directe. Les vitamines C, B2, B3 et B5 contribuent à réduire la fatigue. Signe d’une déficience nutritionnelle, cette dernière se manifeste également quand le manque de vitamine B6, B9 ou B12, entraîne une anémie.

La Spiruline : Un Super-Aliment

La spiruline, nommée ainsi en raison de sa forme spiralée, est une cyanobactérie ou microalgue bleu-vert microscopique, qui pousse naturellement dans les lacs alcalins des régions chaudes du globe depuis plus de 3 milliards d’années. C’est une algue extraordinaire, source remarquable de macronutriments (protéines, glucides, lipides) et de micronutriments (vitamines, minéraux, oligo-éléments, acides aminés, acides gras polyinsaturés).

Définition de la Spiruline

La spiruline est une cyanobactérie de type "procaryote vrai" souvent considérée comme une microalgue de couleur bleu-vert qui peut se trouver sous forme unicellulaire ou multicellulaire et filamentaire. Son nom provient du latin « spira » qui signifie enroulement, du fait de la forme spiralée et hélicoïdale des filaments. Les filaments prennent cette forme hélicoïdale uniquement quand l’environnement est favorable (liquide ou milieu de culture).

La spiruline appartient aux cyanobactéries filamenteuses du genre Arthrospira, et non au genre Spirulina, très éloigné de la spiruline alimentaire. La confusion entre les deux noms de genre Arthrospira et Spirulina est basée sur leur observation microscopique et notamment la présence de filaments en forme de spirale. Il existe de nombreuses espèces mais les deux principales espèces actuellement présentes sur le marché et autorisées pour l’alimentation sont Spirulina (Arthrospira) maxima et Spirulina (Arthrospira) platensis.

Histoire de la Spiruline

L’utilisation de la spiruline remonte à l’antiquité. Elle est alors usuellement séchée et utilisée comme farine pour les tortillas, le pain et les gâteaux. Les Aztèques récoltaient une boue bleue verte qu’ils faisaient sécher au soleil, avant de découper des petites briques. Un peuple du Tchad, les Kanembous, au XVe siècle filtraient la spiruline du lac Tchad et la mélangeaient avec du mil pour former un gâteau qu’ils mangeaient lors des épisodes de famine.

Par la suite, au XVIe siècle, les conquistadors asséchèrent les lacs pour faire des terres cultivables et des pâturages, entraînant la disparition de l’algue bleue. La spiruline refait surface au XIXème siècle lorsque Turpin, un botaniste français, l’isole en 1827 à partir d’un échantillon d’eau douce. En 1844, deux chercheurs Wittrock et Nordstedt signalèrent la présence d’une microalgue bleu-vert près de Montevideo.

Durant la seconde guerre mondiale, plusieurs pays dont le Japon et l’Allemagne essayèrent de cultiver cette algue afin de nourrir les soldats. Dans les années 1960, un ingénieur français, Hubert Durand-Chastetchadl, et l’américain Riplex Fox, commencèrent la culture de la spiruline pour en faire un complément alimentaire nutritif pour lutter contre la famine dans le monde. En 1974, la FDA reconnaît les bienfaits de la spiruline et cette même année, the United Nations World Food Conference déclare la spiruline comme « le meilleur aliment pour le futur ».

Elle peut être légalement commercialisée comme nourriture ou complément alimentaire à condition qu’elle ne contienne pas de substances contaminées ou altérées. Elle peut est également utilisée comme colorant alimentaire. En France, le Conseil Supérieur d’Hygiène Publique donne un avis favorable à sa consommation en 1984. En 2013, 22 pays différents ont produit plus de 5 000 tonnes de spiruline avec 50 % de la production mondiale venant de Chine.

Contrairement à de nombreuses autres algues, la spiruline se développe naturellement dans des lacs alcalins riches en sels minéraux des régions chaudes et ensoleillées ou dans les zones tropico-équatoriales. Elle se reproduit dans une eau chaude (entre 35 et 40°C), riche en nutriments, en gaz carbonique, en oxygène, en bicarbonate de sodium et en sel, avec un pH et avec un fort rayonnement solaire. Par ailleurs, ce type de milieu est peu propice à la prolifération d’autres micro-organismes, garantissant une propreté microbiologique.

Apparence de la Spiruline

La spiruline est une cyanobactérie microscopique de 50 à 500 µm de long et 3 à 4 µm de large. Sous microscope optique, on peut observer des filaments bleu-vert. La spiruline se déplace à la vitesse de 5 µm/s, mais peut aussi coloniser d’autres endroits grâce aux migrations du flamant rose qui la transporte dans ses plumes ou son bec.

La spiruline croît de 25% par jour, sa quantité peut donc doubler en 4 jours. Sa reproduction est végétative (asexuée) et s’effectue par scission simple. La spiruline contient des vacuoles de gaz qui permettent de faire flotter les filaments. Si la température est trop élevée, la spiruline passe en état de repos et ne se reproduit plus. La spiruline a un goût sucré car les protéines se transforment en sucres sous l’effet de la chaleur.

La spiruline, comme toutes les cyanobactéries est photo-litho-autotrophe, c’est-à-dire qu’elle pratique la photosynthèse en absorbant le CO2 à la lumière, se nourrit de minéraux, et est capable de réduire l’azote atmosphérique en ammonium ou en nitrates ce qui lui permet de produire des acides aminés et des protéines.

Composition de la Spiruline

Sa composition varie selon les conditions de culture, la période et le procédé de récolte, l'origine géographique, les conditions de séchage, de broyage, de conditionnement, mais aussi par le taux d'ensoleillement. En général la spiruline est composée de 70% de protéines, 20% de glucides, 5% de lipides, 7% de minéraux et de 3 à 6 % d’eau. Cette composition est très complète et variée avec un excellent apport en protéines, une bonne répartition des lipides, des glucides, des vitamines, des minéraux et des oligo-éléments. Seul bémol, la spiruline ne contient ni vitamine C, ni iode, ni oméga 3.

Selon les modes d’extraction ou la souche de spiruline utilisée, les lipides totaux représentent de 5,6 à 11% du poids sec. Sa teneur en cholestérol est faible et elle contient peu d’acides gras saturés mais de nombreux acides gras polyinsaturés (AGPI) (25 à 60 % des lipides totaux). Elle est l’une des rares sources d’acide γ-linolénique (GLA) (30 - 35 % des AGPI) et d'acide linoléique, qui appartiennent à la famille des oméga 6.

Concernant les vitamines, le β-carotène représente 80 % des caroténoïdes contenu dans la spiruline, les 20 % restants sont de la phycoxanthine et de la cryptoxanthine. 4 g de spiruline apportent autant de β-carotène que 100 g de légumes de couleurs vives. La spiruline contient également deux principaux pigments : la chlorophylle et la phycocyanine. Cette dernière possède des propriétés antioxydantes. On peut également noter la présence de SOD (superoxyde dismutase), une puissante enzyme antioxydante et de nombreux minéraux et oligoéléments (calcium, phosphore, magnésium, potassium).

La spiruline est une bonne source de fer, celui-ci est 2 à 3 fois mieux assimilé que celui des légumes ou de la viande car celui-ci n’est pas à l’état libre mais chélaté à des acides aminés qui vont favoriser son absorption. Elle est également très riche en acides aminés essentiels et non essentiels (leucine, tryptophane, méthionine, phénylalanine, tyrosine etc.)

Bienfaits de la Spiruline

La spiruline possède de nombreux bienfaits : elle a des propriétés antioxydantes, elle participe au bon fonctionnement du système immunitaire et aide à la gestion du poids. Sa richesse en protéines fait de cette algue un « super-aliment ».

L’exceptionnelle composition de la spiruline lui confère de nombreuses vertus et des effets variés. Elle possède par exemple un effet hypolipémiant, permettant de diminuer les lipides circulants dans le sang. La phycocyanine, les caroténoïdes, l'acide γ-linolénique, les fibres et les stérols permettent de diminuer l'absorption du cholestérol. Les acides gras essentiels abaissent le taux de cholestérol, diminuent la formation de la plaque d’athérome et limitent le risque d’infarctus. Le GLA est un oméga 6 indispensable à la synthèse des leucotriènes et des prostaglandines, et va permettre de réguler la tension artérielle. De plus, la spiruline contient de la vitamine PP encore appelée acide nicotinique qui est une vitamine hypocholestérolémiante. Des études chez l’homme ont montré des effets bénéfiques sur le profil lipidique.

La consommation de spiruline est une aide précieuse pour lutter contre la malnutrition. Elle possède un intérêt nutritionnel majeur, notamment grâce à sa teneur en protéines et sa richesse en macro et micronutriments. L’organisation mondial de la santé (OMS) a d’ailleurs confirmé le potentiel de cette microalgue dans les pays avec un fort taux de malnutrition, particulièrement dans la population pédiatrique. Par ces mêmes propriétés, la spiruline peut être intéressante pour les sportifs.

Elle est un bon atout pour lutter contre l’anémie ferriprive, particulièrement chez les femmes enceintes ou chez les personnes âgées. Son fer hautement assimilable est un avantage pendant la grossesse. Des études cliniques ont montré une correction de l’anémie après complémentation en spiruline, notamment chez les enfants.

La spiruline va participer au bon fonctionnement du système immunitaire et est un formidable antioxydant. 1 kg de spiruline contient autant d'antioxydants qu'une tonne de fruits ! La phycocyanine est un puissant inhibiteur de la NADPH oxydase, elle va permettre d’inhiber la peroxydation lipidique et de piéger les radicaux libres. La SOD, une enzyme antioxydante ainsi que les vitamines et minéraux contenus dans la spiruline participent aux défenses antioxydantes de l’organisme.

Concernant l’immunité, la spiruline combat l’asthénie en apportant tous les nutriments pour permettre au système immunitaire de se reconstituer lors de convalescence, elle stimule le système immunitaire et augmente la production de nouvelles cellules sanguines, améliore l'activité phagocytaire des macrophages et accélère la production d’anticorps et de cytokines.

Enfin, chez les populations obèses en particulier, des études ont montré l’intérêt de la spiruline dans la perte de poids. Celle-ci va avoir un effet coupe faim et va stimuler le métabolisme. En apportant à l’organisme tous les nutriments nécessaires, la spiruline limite aussi naturellement les envies de grignotages et d'aliments peu nutritifs.

La spiruline, riche en protéines, vitamines et minéraux, est souvent recommandée en cure pour compléter les besoins nutritionnels des végétariens et végétaliens.

Effets Indésirables et Précautions

La spiruline a une forte capacité à fixer certains métaux lourds, parmi lesquels le cadmium, le plomb, le chrome et le cuivre. D’un point de vue toxicologique, cette propriété pourrait s’avérer dangereuse mais les fortes teneurs en métaux lourds n'ont été observées que pour les spirulines récoltées à l'état sauvage. A l'inverse, les spirulines élevées en milieu artificiel présentent des valeurs en métaux lourds très faibles. Ainsi, la toxicité des spirulines d'élevage semble inexistante.

Globalement, la spiruline ne présente aucun danger et peu de contre-indications. Du fait de sa forte teneur en fer et en protéines, il est recommandé pour les personnes souffrant d’hémochromatose (excès de fer dans le sang) ou d’insuffisance rénale de ne pas consommer de spiruline en trop grande quantité. Par mesure de précaution, il est conseillé pour les femmes enceintes et allaitantes de demander un avis médical avant une complémentation en spiruline.

TAG:

En savoir plus sur le sujet: