C'est pas du gâteau : Origine et Signification de l'Expression

L'expression "c'est du gâteau" est utilisée pour signifier que quelque chose est facile à faire. Pourtant, au premier abord, faire un gâteau n'est pas forcément aisé : casser les œufs, ajouter le sucre, la farine, mélanger le tout, mettre au four, gérer le temps de cuisson, etc.

L'origine de cette expression est toutefois incertaine. Elle est attestée depuis 1952 par l'Académie Française, mais est apparue aux Etats-Unis en 1936 sous la plume du poète Ogden Nash sous la forme "piece of cake" ("Her picture's in the papers now, And life's a piece of cake.") qui est son équivalent anglophone. L'expression est une extension de l'expression du XVIIIe siècle c'est du nanan, qui désigne la réussite gustative d'une friandise.

Dans un sens, on peut se dire que « la vie c’est pas de la tarte », dans l’autre que « c’est du gâteau ». Peut-on en conclure que le sens de la vie repose tout entier dans ces deux desserts ? Rien ne permet de l’affirmer, mais il est certain que le langage a fait ce choix gourmand pour exprimer la notion de simplicité, d’absence d’obstacle.

Expressions similaires et leur origine

Il existe en américain plusieurs expressions où il est question de gâteau ou de tarte pour dire que quelque chose est facile : as easy as pie - « facile comme une tarte », a cake-walk - « une promenade-gâteau », to take the cake - « prendre le gâteau ». Pourquoi ? Dans les États esclavagistes américains, des gâteaux étaient souvent donnés en récompense.

Voici d'autres expressions françaises populaires liées à la cuisine :

  • Salade de ragots : Ici, on compare une salade (un mélange de plusieurs ingrédients) à un ensemble de ragots qui peuvent passer pour vrais. Cette métaphore date du 19ème siècle.
  • Manger des haricots : Au siècle dernier, les écoliers avaient la (mal)chance de manger trèèèès souvent des haricots qui étaient considérés comme l’aliment de base par excellence mais aussi le plus médiocre.
  • Avoir du pain sur la planche : Aujourd’hui cela signifie avoir beaucoup de tâches à accomplir, être débordé. Au XIXe siècle, cependant cela signifiait littéralement avoir assez de pain pour affronter l’avenir.
  • Va te faire cuire un oeuf : La cuisine était auparavant un domaine réservé à la femme au foyer. Le mari avait tendance à critiquer la cuisine de son épouse et cette dernière pouvait alors lui rétorquer d’aller se faire cuire un oeuf, lui rappelant ainsi qu'il ne savait pas cuisiner. Aujourd’hui, on utilise cette expression dans toutes sortes de situations pour signifier à l’autre de nous laisser tranquille et de s’occuper de ses affaires.
  • Avoir le cœur d’artichaut : Ici, le cœur humain est comparé au cœur du légume. Pour le déguster on doit détacher ses feuilles une par une.
  • Faire tout un fromage : Cette expression remonte au XXe siècle. Cela signifie que l’on transforme volontairement quelque chose de simple à la base, en quelque chose de compliqué.
  • Pleurer comme une madeleine : Cette expression vient de l'histoire de Marie-Madeleine, une ancienne prostituée, qui se présenta en pleur devant Jésus et arrosa ses pieds de ses larmes.
  • La cerise sur le gâteau : Cette expression vient de l’anglais « The cherry on the cake ». À l’époque, une jolie cerise rouge était posée au-dessus d’un gâteau, comme touche finale de décoration pour le rendre encore plus appétissant.
  • Courir sur le haricot : En argot, les "oignons" désignent les fesses. "Courir quelqu'un" signifiait au XVIe siècle "importuner". Aujourd’hui elle a gardé tout sont sens puisqu’elle désigne le fait qu’une personne nous agace énormément !
  • Avoir un bon coup de fourchette : Ah ! Ici chez Couteauxduchef nous aimons bien manger (beaucoup !). En d’autres termes, nous avons bon appétit !
  • Mettre de l’huile sur le feu : Qui n’a jamais mis littéralement de l’huile sur le feu en faisant frire ses frites ou revenir ses oignons ? Vous avez vu les dégâts … et bien dans la vie c’est la même chose !
  • Il y en a pour tous les goûts : Elle est tirée d’un extrait de la bible où Jésus aurait nourri toute une foule grâce à seulement 5 petits pains qui se seraient par miracle multipliés afin de nourrir tout le monde à sa faim.
  • Mettre du beurre dans les épinards : Variante de "gagner son pain" qui est le symbole du travail. C’est améliorer ses conditions de vie, en général dans le domaine financier. Le beurre symbolise la richesse et la facilité, il est gras et riche en calories et à l’époque seuls les plus riches pouvaient se permettre d’en acheter.
  • Être dans les pommes : L'origine la plus probable viendrait d'une locution que George Sand employa dans une lettre destinée à Mme Dupin, dans laquelle elle écrivit "être dans les pommes cuites" pour dire qu'elle était dans un état de fatigue important.

Expressions sucrées et interrogations

Faut-il être tout miel ou, au contraire, casser du sucre sur le dos pour obtenir une part de gâteau, se refaire la cerise ou se fendre la poire ? Les expressions forgées autour du sucre et du sucré peuvent soulever bien des interrogations.

« La vie, c’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. » C’est à Forrest Gump, personnage du film éponyme de Robert Zemekis, que l’on doit cette sentence existentielle. Derrière l’allusion à la douceur du chocolat, elle peut tout autant inspirer une vision inquiète ou optimiste de ce que l’avenir nous réserve.

Il est vrai que le sucre et, plus largement, les aliments sucrés ont tendance à ramener leur fraise dans les expressions idiomatiques de la langue française. Noblesse oblige. Dans une version plus populaire, le mot fraise désigne le visage en argot. Visage que l’importun approche donc sans y être convié. Rien à voir avec le fait de sucrer les fraises, qui utilise le geste mécanique et saccadé du saupoudrage pour évoquer les tremblements incontrôlables liés au grand âge ou à des atteintes neurologiques.

À l’inverse, une personne en bonne santé pourra se targuer d’avoir la pêche, de tenir la dragée haute à la maladie ou encore, pour les plus sportifs, d’avoir des tablettes de chocolat. Dans le troisième cas, l’analogie entre des rangées de carrés de chocolat et des muscles abdominaux bien dessinés est évidente. Les deux précédents sont plus symboliques. Quant à la dragée haute, il s’agit d’un jeu de l’ancien temps, consistant à brandir au-dessus des enfants une confiserie attachée à un fil de canne à pêche pour les faire bondir… et patienter avant d’obtenir la récompense attendue.

Faux amis et expressions trompeuses

En matière d’expressions, il faut aussi se méfier des faux amis. Par exemple, pleurer comme une madeleine ne doit rien au gâteau fétiche de Marcel Proust, mais à Marie-Madeleine qui pleurait abondamment en confessant ses péchés à Jésus Christ. De même, être baba n’invoque pas le gâteau au rhum : c’est une onomatopée issue du Latin batare qui signifie « bouche bée ». Enfin, l’expression ce n’est pas du flan, qui garantit la robustesse d’un objet ou d’une affirmation, n’a rien à voir avec le dessert moelleux mais avec le métal dont était faite la fausse monnaie.

Parmi les faux amis, il y a aussi ceux qui cherchent à vous casser du sucre sur le dos. L’origine de cette image est incertaine. Elle viendrait de l’époque où l’on devait débiter les pains de sucre pour obtenir des morceaux, tâche solitaire et fastidieuse, et où « casser le morceau » était synonyme de dénonciation assortie d’une intention de nuire.

Il est vrai que les expressions péjoratives autour du sucre ne manquent pas, mais on ignore pourquoi le verbe sucrer a pris le deuxième sens de supprimer (sucrer le permis de conduire) et pourquoi la forme pronominale se sucrer signifie s’octroyer quelque chose au détriment de quelqu’un…

Par contre, on sait que « donner de la confiture aux cochons » vient d’une sentence du Christ : « ne donnez pas vos perles aux porcs », disait-il pour inviter à ne pas dilapider la parole sacrée.

Heureusement, le langage sait également être doux et bienveillant à l’égard des plaisirs sucrés. Les expressions « être tout sucre » ou « tout miel » coulent de source. On retrouve d’ailleurs cette idée au Moyen-Orient où on dit que le thé non sucré est « amer comme la mort » ; légèrement sucré, il est « doux comme la vie » ; fortement sucré, il est « bon comme l'amour ».

Fruits et expressions : Un mélange savoureux

On notera également que les fruits sont beaucoup mis à contribution. Par analogie : on a la banane quand on esquisse un sourire, on attrape le melon quand on a la grosse tête. Par dérision : les caricatures du roi Louis-Philippe avec une tête en forme de poire ont tellement fait rire qu’on leur doit encore aujourd’hui de « se fendre la poire ».

Par consolation : après une « période de guigne » (malchance, maladie), on est bien content de se refaire la cerise. Et c’est précisément ce merveilleux fruit rouge et sucré qui se taille la plus belle part du gâteau avec l’expression la cerise sur le gâteau.

TAG: #Gateau

En savoir plus sur le sujet: