Quel goût a la chair humaine ? Exploration d'un tabou culinaire

La question de savoir quel goût a la chair humaine fascine et répugne à la fois. Bien que le cannibalisme soit un tabou dans la plupart des sociétés modernes, des témoignages historiques et des expériences scientifiques tentent de percer le mystère de cette saveur interdite.

Témoignages de cannibales et d'explorateurs

Bien que les exemples d’anthropophagie soient nombreux, les informations précises sur la saveur de la viande taboue ne courent ni les rues ni les articles scientifiques. Pour se renseigner, Martin Robbins a fouillé dans les récits de tueurs en série véritables.

L’Allemand Armin Meiwes, connu sous le surnom de “Cannibale de Rotenburg”, expliqua comment il avait préparé son steak d’ingénieur, qu’il l’avait trouvé un peu dur et que la viande “avait un goût de porc, en un peu plus amer, plus fort”.

Le rapprochement avec la viande de porc prend un peu plus de consistance avec les histoires, tout aussi réelles et horribles, du Polonais Karl Denke et de l’Allemand Fritz Haarmann, deux personnages qui revendaient la viande au marché en la faisant passer pour du porc.

Il y aurait de bonnes raisons, scientifiquement parlant, pour que l’homme ait un goût de porc… Le cochon est en effet considéré comme un bon analogue, sur le plan physique et physiologique, d’Homo sapiens : un mammifère pas trop gros qui mange de tout. Les organes internes des deux espèces font à peu près la même taille.

Autre témoignage discordant, celui de Nicolas Cocaign, surnommé le “Cannibale de Rouen”, condamné en juin 2010 à 30 ans de réclusion criminelle pour avoir tué un codétenu, dont il a ensuite mangé un morceau de poumon : “Ce qui est terrible, c’est que c’est bon. Ça a le goût de cerf. C’est tendre”, avait-il déclaré à un psychologue en 2007.

William Buehler Seabrook, journaliste au New York Times, voyagea de par le monde, et notamment en Afrique, où il s’interrogea sur le cannibalisme au point de vouloir tenter lui-même l’expérience. Revenu en France, il réussit à se procurer un morceau de chair auprès d’un interne de la Sorbonne et goûta : “Cela ressemblait à de la bonne viande de veau bien développé, pas trop jeune mais pas encore un bœuf. C’était indubitablement comme cela, et cela ne ressemblait à aucune autre viande que j’aie déjà goûtée. C’était si proche d’une bonne viande de veau bien développé que je pense que personne qui soit doté d’un palais ordinaire et d’une sensibilité normale n’aurait pu le distinguer du veau. C’était une viande bonne et douce, sans le goût marqué ou fort que peuvent avoir, par exemple, la chèvre, le gibier ou le porc. (…) Et pour ce qui est de la légende du goût de porc, répétée dans un millier d’histoires et recopiée dans une centaine de livres, elle était totalement, complètement fausse.”

Expériences scientifiques et culinaires

En 2014, un journaliste scientifique de la BBC, Greg Foot, a mené une drôle d'expérience pour déterminer le goût de la chair humaine. Étant donné que le cannibalisme est interdit au Royaume-Uni, les chercheurs ont tenté de recréer la saveur exacte des muscles en fonction de l'arôme qu'ils dégageaient pendant la cuisson. Selon eux, la précision du goût s'élevait à 80%. Ils ont ensuite préparé un burger à base de porc et d'agneau que Greg Foot a dégusté. Le journaliste a déclaré que le steak avait des airs de bœuf.

Dans le cadre d’ une émission scientifique, Greg Foot s’est fait extraire un morceau de muscle dans le mollet par un chirurgien pour analyser sa propre "viande". En Grande-Bretagne, manger de la chair humaine, y compris la sienne, est interdit par loi. Le journaliste a trouvé une autre combine pour se délecter de son propre muscle.

"L’analyse de ma jambe a révélé que les même fibres de muscles étaient présents dans la poitrine de poulet mais aussi dans la côte de bœuf", explique Greg Foot. Muni de son échantillon, il s’est ensuite rendu dans un laboratoire pour examiner les arômes de son bout de muscle. 80% des saveurs passent par ces arômes, confirme l’expert. L’odeur de cette viande atypique devrait donc révéler son goût.

En humant son extrait d’humain, une fois cuit, le journaliste, surpris, atteste : "Ça sent plutôt bon. Ca sent vraiment la viande, beaucoup plus riche que le porc ou le poulet". Pour l’analyste, la viande d’humain s’approcherait davantage d’un mélange d’agneau et de porc.

Le voilà donc en cuisine, armé de porc et d’agneau, pour préparer un authentique burger au goût d’humain. Une fois son dîner peu ragoutant malgré les apparences prêt, le verdict est tombé : "Je vais vous dire, c’est vraiment bon".

Ce mardi, les Londoniens ont pu manger pour la première fois un hamburger au goût de chair humaine. Sa recette a été concoctée par le chef cuisinier James Thomlison. Pour concevoir une viande au goût de chair humain, l’homme a fait de nombreuses recherches. Pour reproduire une telle sensation, James Thomlison a utilisé du porc, du foie de poulet et de l’os à moelle.

Si vous êtes tenté par ces hamburgers au goût de chair humaine, il faudra vous rendre à la Terminus Tavern, à Londres.

Facteurs influençant le goût

Des variations pourraient s'expliquer par différents modes d’accommodement. La grillade et le ragoût sont visiblement les modes de cuisson les plus répandus et beaucoup de tribus assaisonnent le tout avec des piments ou d'autres épices.

Lors du deuxième voyage de Christophe Colomb en Amérique (1493-96), le médecin de l’expédition, Diego Alvarez Chanca, rédige ce qui est le premier récit ethnographique consacré aux peuples du Nouveau Monde. Chez ces Indiens Caraïbes, on trouve quantité d’ossements humains.

Cannibalisme de survie

« Le cannibalisme est extrêmement répandu dans le règne animal », dit Schutt, et les humains ne font pas exception. « Ce qui nous différencie, ce sont les rituels, la culture, les tabous », dit-il. « Nous avons été amenés à croire que le cannibalisme était la pire chose que nous puissions faire.

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