Quantité de Viande Produite par un Bovin à 18 Mois: Optimisation de l'Engraissement

L’engraissement de bovins nécessite une alimentation riche en énergie et en protéines pour assurer un gain de croît et un état de finition suffisants. L’utilisation de concentrés répond à cet objectif, mais rend les systèmes dépendants envers cette matière première achetée ou produite sur l’exploitation. Quand bien même les changements brutaux de régimes alimentaires ou des restrictions alimentaires sévères en cours d’engraissement sont à éviter, des marges de manœuvre existent néanmoins pour limiter le recours aux concentrés.

Maîtrise de la Qualité de l'Ensilage de Maïs

Le levier d’action prioritaire est de maîtriser au mieux la qualité de l’ensilage de maïs. Pour des rations à base d’ensilage de maïs complémentées entre 2,5 et 5 kg de concentré par jour, la réduction de 1 kg/j de blé économise entre 225 et 280 kg de blé/jeune bovin (JB) pour un poids de carcasse identique. En revanche, le bilan alimentaire augmentera de 280 à 370 kg MS/JB pour l’ensilage de maïs et de 17 à 60 kg/JB de tourteau de soja pour équilibrer la ration en protéines.

Apports Nutritionnels Recommandés Pendant l'Engraissement

Pendant l’engraissement, il est recommandé d’apporter entre 90 et 95 PDI/UF pour les jeunes bovins de races laitières, entre 100 et 105 g de PDI/UF pour les JB de races allaitantes et entre 90 et 100 g de PDI/UF pour les femelles en finition. Le remplacement du blé par d’autres concentrés énergétiques et du tourteau de soja ou colza par d’autres concentrés protéiques est possible.

Équivalences Alimentaires Énergétiques

Voici un tableau présentant des équivalences entre différents aliments énergétiques et le blé:

Aliments (kg brut) Remplace (en kg brut) Intérêts et limites
1 kg de triticale 1 kg de blé Equivalent au blé
1 kg d'orge 0,91 kg de blé Moins acidogène, seule en complément de l’ensilage possible mais indice de consommation détérioré de 10 à 15 %
1 kg de maïs grain 1,04 kg de blé Riche en énergie, en sec : distribuer aplati, en humide à 65 % MS et moins : broyer à la récolte et ensiler, en humide à 70 % MS : stocker entier et inerter (absence d’air : big-bags,…), indice de consommation amélioré
1 kg de betteraves fourragères 0,15 kg de blé Appétent, riche en énergie, 3 à 4 kg de MS/j en complément de l’ensilage de maïs, entières ou coupées, performances équivalentes
1 kg de pulpe surpressée 0,22 kg de blé Appétent, riche en énergie, utilisable en plat unique avec apport de fourrages. Riche en Ca, pauvre en P, adapter l’AMV, bonnes performances
1 kg de pulpe déshydratée 0,85 kg de blé
1 kg de pommes de terre 0,24 kg de blé Appétent, riche en énergie, riche en amidon, limiter l’apport à 15-20 kg bruts/JB et apport indispensable de fibres. Co-produits intéressants.

Source: INRA, 2007

Équivalences Alimentaires Azotés

Voici un tableau présentant des équivalences entre différents aliments azotés et le tourteau de soja:

Aliments (brut) Remplace le tourteau de soja 48 (brut) Remplace le tourteau de colza (brut) Intérêts et limites
Tourteau de colza 1,5 kg _ Peut remplacer en totalité le soja, entraine une légère baisse énergétique de la ration, mais les performances zootechniques sont très proches.
Tourteau tournesol non décortiqué* 1,9 kg 1,2 kg Peut remplacer en totalité le soja et le colza, mais pauvre en énergie. Entraîne une dilution énergétique de la ration et une baisse des performances. Riche en cellulose.
Tourteau de lin expeller 1,5 kg 1,0 kg Peut remplacer en totalité le soja et le colza, plus riche en énergie que le tourteau de colza. Améliore les performances et l’efficacité alimentaire.
Pois, féverole crue 2,9-3,1 kg pour le pois
2,3 kg pour la féverole
1,9-2 kg pour le pois
1,5 kg pour la féverole
Peuvent remplacer en totalité le soja et le colza, teneur en UFV proche du tourteau de soja mais supérieure au colza. Distribuer aplati, avec un fourrage grossier (paille). Maintien des performances et de l’efficacité alimentaire. S’assurer de la valeur alimentaire des graines toastées (écart valeurs INRA 2007). A privilégier sur des rations à base d’herbe.
Pois, féverole toastée 2,6-2,8 kg pour le pois
2,0 kg pour la féverole
1,7-1,8 kg pour le pois
1,3 kg pour la féverole
Graine de lin 2,3 kg 1,5 kg Remplacement partiel du soja mais total du colza car forte teneur en matière grasse qui limite les quantités distribuées à 1,5 kg. Riche en énergie. A distribuer aplatie.
Tourteau gras de colza 1,5 kg (si 20 % MG) 1,0 kg (si 20 % MG) Valeur dépendant de sa teneur en matière grasse. Peut-être utilisé seul pour remplacer le soja jusqu’à 15-20 % de MG (apport de 2,5 à 3 kg maxi). Plus riche en énergie que le tourteau de soja. Permet de maintenir une bonne densité énergétique de la ration et les performances.
Corn gluten feed 2,6 kg 1,7 kg Riche en énergie, riche en amidon, apport complémentaire de fibres. Performances équivalentes
Drèches de blé (< 7 % d’amidon) 1,45 kg 0,96 kg Riche en protéines, appétent. Permet de remplacer les ¾ du soja et totalement le colza. Drèches de brasserie moins riches en protéines et énergie
Luzerne déshydratée (18 % MAT) 3,0 kg 2,0 kg Déficitaire en protéines et énergie. Remplace partiellement le soja. A privilégier sur bovins à faibles besoins. Riche en fibres et Ca. Adapter l’AMV.

Impact du Sevrage et du Pâturage

Pour les veaux nés à l’automne, un sevrage en juin plutôt qu’en mars permet au veau de profiter du lait de sa mère plus longtemps, notamment du second pic de lactation lié à la mise à l’herbe, mais aussi de la pousse de l’herbe printanière quantitative et qualitative. Les croissances sont légèrement moindres au pâturage, mais les veaux bénéficient après le sevrage d’une croissance compensatrice qui permet de les abattre au même poids et âge que les veaux sevrés en mars.

Une récolte d’herbe à un stade précoce assure une bonne valeur alimentaire, mais pénalise le rendement. Un compromis entre qualité et quantité est situé au stade début épiaison pour les graminées et début bourgeonnement pour les légumineuses. Au-delà, le rendement est peu amélioré, tandis que la valeur alimentaire chute. Pour assurer une bonne conservation des ensilages, il faudra viser entre 35 et 40 % de matière sèche.

Utilisation de l'Herbe Conservée dans l'Engraissement

Dans une ration d’engraissement, l’utilisation d’herbe conservée peut nécessiter l’ajout d’un complément énergétique selon la valeur alimentaire de cette herbe, les objectifs de croissance et la catégorie animale. Pour des vaches de réforme, l’ajout d’herbe enrubannée, ensilée ou des méteils seuls ou associés à l’ensilage de maïs offre des croissances honorables (900 - 1300 g/j) dès lors que les rations contiennent plus de 0,8 UFV/kg de MS et entre 90 et 100 g de PDI/UF. Ce fourrage réduit voire supprime totalement la dépendance au concentré protéique, mais augmente le besoin en céréales par rapport à des rations à base d’ensilage de maïs.

La présence de légumineuses conservées comme l’enrubannage de luzerne permet de s’affranchir du tourteau comme le montrent les essais conduits à la ferme de Jalogny pour engraisser ses vaches de réforme. Chez des jeunes bovins alimentés avec des rations à base d’ensilage de maïs, les croissances sont réduites de 130 g/j avec l’ajout de 35 % d’herbe et de 50 g/j avec 20 % d’herbe. Dans les deux cas, l’atelier dépend davantage des céréales, mais moins du tourteau. Avec des rations sèches, l’ajout d’herbe jusqu’à 35 % est une solution avantageuse, car elle réduit le concentré énergétique (-200 kg) et protéique (-330 kg) sans affecter les croissances.

Quel que soit le système, l’ajout d’herbe nécessite d’augmenter sa sole dans l’élevage de 2 à 3 ha pour 30 JB engraissés/an au détriment d’une autre culture (maïs, céréales).

Conduite de l'Engraissement des Femelles en Plusieurs Phases

La finition des femelles peut être scindée en plusieurs phases:

  • Pré-engraissement, où les femelles reçoivent une ration fibreuse à base d’herbe pâturée ou conservée.
  • Engraissement (ou finition), avec une ration plus dense en concentrés, notamment en énergie.

Ce levier réduit la croissance pendant la 1ère phase, allongeant ainsi la durée de finition. La dépendance envers le correcteur azoté est réduite, mais le besoin en concentré énergétique est augmenté.

Rationnement des Vaches en Engraissement

En cas de stocks de fourrages et/ou de concentrés limités, une restriction peut être envisagée sur tout ou partie de la finition de vaches de réforme. Il faut cependant conserver des densités énergétiques et protéiques habituellement utilisées en finition (0,85 UFV/kg MS ; 90 à 95 g PDI/UF). Pour une ration à base d’ensilage de maïs, une réduction de 35 % en moyenne des quantités totales offertes allonge de 16 jours l’engraissement pour atteindre un même gain de poids vif. L’économie par vache est de l’ordre de 200 kg MS d’ensilage de maïs, 29 kg MS de tourteau de soja et 23 kg MS de blé.

Finir les Femelles au Pâturage: Utiliser l'Herbe comme Concentré

Pour atteindre et maintenir des croissances élevées au pâturage, il est nécessaire d’offrir une herbe de qualité. Un pâturage précoce au printemps jusqu’au stade « épi à 10 cm », puis de repousses feuillues de moins de 6 semaines assurent une croissance de 1000 g/j ou plus en vaches de réforme et génisses à l’engrais, sans ajout de concentré. Toutefois, selon la qualité et quantité d’herbe à disposition et les performances visées, un faible apport en concentrés ou en fourrages peut être envisagé.

Provenance et Élevage des Bovins

Les bovins destinés à la production de viande proviennent soit des troupeaux allaitants ou des troupeaux laitiers. Le plus souvent, la reproduction des vaches allaitantes se fait par monte naturelle par le taureau. Quatre-vingt quinze pourcents des troupeaux allaitants (vaches, veaux et taureaux) français passent généralement plus de 6 mois dans les pâtures, sans apport d'alimentation complémentaire lorsque les conditions météorologiques sont favorables. Les vaches allaitantes représentent 52% des vaches présentes en France. Les veaux restent avec leur mère jusqu'à l'âge d'au moins 6 mois. Deux veaux sur trois sont engraissés pour produire de la viande et seront abattus entre 1 et 3 ans.

Pratiques d'Élevage et Bien-Être Animal

La pratique dite « d'ébourgeonnage ou d'écornage » est généralement réalisée en élevage pour la sécurité des animaux - qui risquent de se blesser - comme celle des éleveurs. Pour cela, on peut cautériser la zone où pousse la corne chez les très jeunes veaux (le bourgeon). A l'âge adulte, la corne peut être coupée avec un matériel spécifique et obligatoirement sous anesthésie. Les douleurs engendrées par ces deux méthodes sont de mieux en mieux prises en compte par application d'un produit anesthésique, analgésique, anti-inflammatoire.

Processus d'Engraissement

C'est la période pendant laquelle le bovin dispose d'une nourriture riche en quantité et en qualité en vue de développer sa masse musculaire. L'engraissement est réalisé soit en prairie, soit en bâtiment, soit de façon mixte. En prairie, l'engraissement des bovins dure entre 18 mois et 2,5 ans.

Contrôles et Réglementation

Des contrôles des services vétérinaires sont réalisés pour vérifier les conditions d'hébergement des animaux, la qualité de l'identification, le bon état général des animaux, les soins vétérinaires éventuellement apportés. La réglementation s'applique à tous les élevages. Toutefois, certaines vaches sont élevées selon des cahiers des charges plus stricts afin de différencier les produits. Le Label rouge garantit une meilleure qualité organoleptique du produit, cela a un impact positif sur les conditions d'élevage.

Amélioration Continue de la Filière

Une montée en gamme des produits : la filière s'engage à ce que le Label Rouge représente au moins 40 % de l'offre d'ici 2022. La filière viande bovine s'engage à se concerter avec les ONG environnementales, de protection animale et de consommateurs pour prendre en compte les attentes et améliorer les pratiques. Afin d'encourager une meilleure prise en charge de la douleur lors de l'écornage, une campagne de formation et de sensibilisation à destination des éleveurs a été menée en 2016.

Le saviez-vous ? La France est le 1er producteur européen de viande bovine.

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