Pourquoi les Juifs ne mangent pas de porc : Explications et Origines

La question de savoir pourquoi les Juifs ne mangent pas de porc est complexe et trouve ses racines dans des considérations religieuses, historiques et culturelles. Dans la Torah, le porc est banni des assiettes. « Parmi les ruminants et parmi les animaux ayant des sabots, vous ne pourrez pas manger ceux-ci : […] le porc car, bien qu'ayant le sabot fourchu, fendu en deux ongles, il ne rumine pas, il est impur pour vous », est-il écrit.

Absence d'Explication Définitive dans les Textes Sacrés

Bien malin celui qui pourra vous livrer une explication définitive. Car les historiens sont partagés. Aucune explication n'est à trouver dans les textes religieux sacrés. Chez les juifs, comme chez les musulmans, le cochon ne doit pas être mangé et… c'est tout. Aucune explication n'est vraiment donnée dans le Coran ou la Torah, ce qui complique la tâche des historiens qui se sont penchés sur la question.

« En fait, on ne sait pas pourquoi les livres religieux posent cet interdit. Et on ne le saura probablement jamais », tranche d'emblée Youri Volokhine, maître d'enseignement et de recherche, unité d'histoire et d'anthropologie des religions de l'université de Genève. « La plupart des hypothèses […] sont basées sur les discours formulés a posteriori, dans les années et les siècles qui ont suivi », explique Youri Volokhine.

Hypothèses Historiques et Culturelles

L'Égypte Ancienne et le Tabou du Cochon

Remontons aux sources du tabou sur le cochon. Dès l'Égypte ancienne - donc bien avant l'apparition des trois grands monothéismes -, le cochon aurait eu une mauvaise image. Dans les Textes des sarcophages du Moyen Empire, le cochon est accusé d'un « crime cosmique » : il a blessé l'œil du dieu Horus, dieu de la Lune. Ses phases d'obscurcissement sont alors interprétées comme des blessures infligées par ses ennemis. Or, le porc est justement l'un des avatars de Seth, dieu du chaos et du désordre. Résultat ? L'animal aurait été jugé impur et banni des temples et des rituels.

Beaucoup soutiennent que c'est ici que l'interdiction du porc chez les juifs trouve sa source. « Mais à partir de cet épisode, on a bâti une aversion de toute l'Égypte antique pour cet animal. En réalité, il n'y avait pas d'interdiction de consommation. On peut dire que c'est un animal qui n'est pas valorisé et très rarement donné en offrande. Mais il était tout de même consommé », nuance Youri Volokhine, auteur de l'ouvrage Le Porc en Égypte ancienne. Mythes et histoire à l'origine des interdits alimentaires (Presses universitaires de Liège, 2020).

Motivations Sanitaires

L'hypothèse la plus répandue sur Internet - et que vous a sûrement déjà raconté votre oncle historien du dimanche - veut que cette interdiction soit liée à des préoccupations sanitaires. Dans son Guide des égarés, Moïse Maïmonide, l'un des plus grands philosophes juifs du Moyen Âge, explique qu'au XIIe siècle - bien après l'écriture de la Torah donc -, l'interdit juif se fonde sur le fait que la chair du porc serait mauvaise, corruptible, indigeste, car issue d'un animal sale et déplaisant.

Le porc mal cuit serait trop dangereux. Il s'agirait d'un conseil de bienveillance de Dieu lui-même. « En effet, les cochons, déjà dans le monde antique, sont des éboueurs : ils mangent tout et n'importe quoi, même des déjections. La domestication implique normalement de contrôler l'alimentation de l'animal, au risque d'être contaminé. Sauf qu'à cette époque, la connaissance en médecine ne permettait pas de savoir que cela est dangereux pour la santé. Encore une fois, ce sont des explications livrées après coup et qui ne peuvent pas suffire à expliquer ces inscriptions dans les textes sacrés. »

Revendication Identitaire

Pour beaucoup d'historiens ayant travaillé sur la question, le refus de consommer du porc est une façon, pour les juifs d'abord et les musulmans ensuite, de se distinguer des autres. Une sorte de revendication identitaire, même si le mot est anachronique. Le cochon serait un moyen de se distinguer, également pour les chrétiens. « La judaïté est pour les chrétiens la figure nécessaire de l'origine, pensable à l'échelle historique et collective (tant il est vrai que le Christ fut d'abord un juif et que le Nouveau Testament sort de l'Ancien Testament), comme à l'échelle individuelle : c'est à une sorte de judaïsme de nature que le baptême arrache les petits des chrétiens. Puisque les juifs refusent de manger du cochon, il faut donc que les chrétiens en mangent, manière de dire haut et fort (trop fort parfois) ce qu'ils sont et d'où ils viennent », écrit Jean-Claude Schmitt, historien français.

Difficulté d'Élevage

Une autre piste de recherche est souvent citée : la consommation du porc est évitée car ce sont des animaux trop difficiles à élever. Ces petits êtres aux courtes pattes ne sont pas adaptés aux conditions rudes du désert du Moyen-Orient. Là encore, Youri Volokhine est sceptique : « Si ce ne sont pas des animaux du désert, comment expliquer que, dans l'Égypte antique, on en consommait ? Beaucoup d'historiens américains sont attachés à cette explication fonctionnaliste », explique le chercheur, avant d'ajouter : « Moi, de mon côté, je pense au contraire que la culture nous montre que, parfois, les êtres humains font des choses parfaitement absurdes.

Distinction des Philistins

Pour la comprendre, il faut aller dans la région qui correspond aujourd’hui à Israël et aux territoires palestiniens, vers 1 200 avant J.-C. À cette époque, les Israélites, les ancêtres du peuple juif, cohabitent près d’un peuple ennemi : les Philistins. À un certain moment, des villages israélites auraient décrété qu’ils ne mangeraient plus de porc, pour se démarquer de leurs voisins philistins, mais aussi pour s’affirmer en tant que peuple, avec une identité et des habitudes alimentaires communes.

Dans les sites philistins, ils ont retrouvé beaucoup d’os de porc. Au contraire, les sites israélites de la même période et distants parfois de seulement quelques kilomètres n’en comportent quasiment pas. Pour Max Price, "cela suggère, qu’il y a là un changement de regard sur le porc, qu’il y a un choix conscient, ou au moins certaines différences culturelles qui existent entre ces deux peuples très proches géographiquement. Mais ils choisissent de manger une nourriture très différente. Et l’un de ces peuples finit par transcrire ce tabou dans un livre religieux."

Interdits Alimentaires et Interprétations

Les interdits alimentaires en islam - en fait proches mais moins rigoureux de ceux du judaïsme - sont considérés comme suffisamment importants pour être traités par plusieurs sourates coraniques. Un musulman mange « hallal » ou il n'est pas, assurent aujourd'hui les plus rigoristes, qui menacent même de l'enfer le pauvre affamé qui n'a pu résister à un morceau de jambon. Or, dans ce domaine (comme dans d'autres), rien n'est simple.

Quatre Catégories d'Aliments

Les juristes musulmans ont ainsi classé les aliments en quatre catégories : halal (licite), haram (interdit), mubah (permis), makruh (licite mais répugnant). La règle est que tout est licite, sauf ce qui est expressément interdit, sachant que les diverses écoles de droit islamique peuvent se montrer plus ou moins souples. Les animaux doivent être tués en prononçant le nom d'Allah.

Le Porc dans le Coran

L'interdiction de la consommation de porc est mentionnée dans plusieurs versets du Coran. L'un des versets principaux à ce sujet est le suivant:

"Vous sont interdits la bête trouvée morte, le sang, la chair de porc, ce sur quoi on a invoqué un autre nom que celui d'Allah, la bête étouffée, la bête assommée ou morte d'une chute ou morte d'un coup de corne, et celle qu'une bête féroce a dévorée - sauf celle que vous égorgez avant qu'elle ne soit morte - et celle qu'on a immolée sur les autels, et qu'il vous est aussi interdit de chercher à deviner par l'astrologie le sort des coupelles (destinées au partage des viandes) : voilà une iniquité. Aujourd'hui, ceux qui désespèrent de la religion se désespèrent de vous en avoir dégoûtés. Ne les craignez donc pas ; craignez-Moi." (Coran, sourate Al-Ma'idah, 5:3)

Ce verset, ainsi que d'autres dans le Coran, souligne l'interdiction de la consommation de porc pour les musulmans. La justification de cette interdiction est principalement basée sur les principes de pureté rituelle et de respect envers les commandements divins.

Aliments Halal et Haram

Les musulmans mangent de la viande de chèvre, de bœuf et de poulet parce que ce sont des produits halal. Ce terme signifie "autorisé", son opposition est la nourriture haram. Tout ce qui est "haram" est interdit et nuisible.

La nourriture halal se distingue par l’absence de la moindre présence de viande ou de graisse de porc et d’alcool. De plus, pour qu’un aliment soit halal, la traçabilité doit également être garantie tout au long du processus. La formation du personnel et le choix des matières premières sont également des facteurs à prendre en compte.

Viandes Interdites en Islam

En Islam, la consommation de certaines viandes est interdite. Les principes qui déterminent les viandes autorisées (halal) et interdites (haram) sont basés sur les enseignements du Coran et de la Sunna (tradition prophétique).

  • Porc (chair de porc): Comme mentionné précédemment, la consommation de porc est strictement interdite en Islam. Cela est énoncé à plusieurs reprises dans le Coran.
  • Viande d'animaux égorgés au nom d'un autre qu'Allah: Les animaux destinés à la consommation doivent être égorgés en mentionnant le nom d'Allah au moment de l'abattage. La viande d'un animal égorgé au nom d'une autre divinité ou sans mention d'aucun nom est interdite.
  • Bête morte (Maitah): La consommation d'une bête trouvée morte sans avoir été correctement abattue est interdite.
  • Sang: La consommation de sang est également interdite en Islam.
  • Animaux morts par des causes naturelles: La viande d'un animal mort de causes naturelles (sans être correctement abattu) est considérée comme impure et donc interdite.
  • Animaux étranglés, assommés ou morts d'une chute: Les animaux qui meurent d'une manière autre que l'abattage rituel (égorgement) sont également interdits.

Il est important de noter que la manière dont les animaux sont abattus pour la consommation doit être conforme aux principes de l'abattage rituel islamique, connu sous le nom de "dhabiha" ou "zabihah".

Raisons de l'Interdiction du Porc

La consommation de porc est interdite en Islam en raison des enseignements du Coran, qui est la principale source de la loi islamique, et des enseignements de la Sunna, qui se réfère aux traditions et aux pratiques du prophète Mahomet (que la paix soit sur lui). Plusieurs versets du Coran interdisent explicitement la consommation de porc.

L'un de ces versets se trouve dans la sourate Al-Baqara (2:173) : "Il vous est seulement interdit la bête trouvée morte, le sang, la chair de porc, et ce sur quoi on a invoqué un autre nom que celui d'Allah. Mais quiconque en mange sous contrainte, sans vouloir de péché ni transgresser, alors Allah est Pardonneur et Miséricordieux."

Les raisons exactes derrière l'interdiction de la consommation de porc ne sont pas explicitement données dans le Coran, mais les érudits islamiques ont proposé plusieurs explications possibles basées sur des principes islamiques fondamentaux.

  • Purification spirituelle: La consommation de porc est considérée comme impure du point de vue rituel. Éviter la consommation de porc est considéré comme une mesure de purification spirituelle pour les croyants.
  • Hygiène: Les porcs sont des animaux qui ont des habitudes alimentaires variées, y compris la consommation de déchets. La viande de porc peut être plus susceptible de transmettre des maladies et des parasites, ce qui peut constituer une préoccupation pour la santé.
  • Obéissance à Dieu: L'interdiction de la consommation de porc est vue comme un commandement divin dans l'Islam, et les musulmans sont censés obéir à ces commandements pour démontrer leur soumission à Allah.

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