La consommation de viande de cochon est proscrite dans plusieurs religions, notamment chez les musulmans, les juifs et les chrétiens d’Éthiopie. Mais pourquoi a-t-on à un moment de l’histoire décrété que cette viande était impure ?
Interdiction dans le Judaïsme
Pour les Juifs, cette interdiction est fondée sur deux passages de l’Ancien Testament :
- Livre du Lévitique 11:7-8 : « Vous ne mangerez pas le porc, qui a la corne fendue et le pied fourchu, mais qui ne rumine pas : vous le regarderez comme impur. Vous ne mangerez pas de leur chair, et vous ne toucherez pas leurs corps morts : vous les regarderez comme impurs. »
- Livre du Deutéronome 14:8 : « Vous ne mangerez pas le porc, qui a la corne fendue, mais qui ne rumine pas : vous le regarderez comme impur. »
Bien qu’il fasse partie d’une longue liste d’interdits alimentaires, les juifs semblent le considérer comme le plus impur des animaux impurs puisqu’il ne mérite même pas qu’on prononce son nom. “Une autre chose”. C’est ainsi que le Talmud désigne le porc, proscrit par la Torah (Lévitique, 11, 7 et Deutéronome, 14, 8).
Les lois alimentaires juives, appelées kashrut, sont détaillées dans la Torah et spécifient quels animaux peuvent être consommés et comment ils doivent être préparés. Les animaux terrestres doivent avoir des sabots fendus et ruminer pour être considérés comme casher. Les exemples d'animaux casher comprennent le bœuf, le mouton et le cerf. En ce qui concerne les animaux aquatiques, ils doivent avoir des nageoires et des écailles. Les poissons comme le saumon, la truite et le hareng sont généralement considérés comme casher. En revanche, les fruits de mer tels que les crustacés et les mollusques ne sont pas autorisés.
Non, le porc n'est pas considéré comme casher selon les lois alimentaires juives (kashrut). La Torah interdit la consommation de porc, et les règles alimentaires juives stipulent que les animaux terrestres doivent avoir des sabots fendus et ruminer pour être considérés comme casher. Le porc ne répond pas à ces critères, car il a un sabot non fendu et ne rumine pas. En conséquence, la viande de porc, ainsi que tous les produits dérivés du porc, ne sont pas autorisés dans l'alimentation casher. Les personnes qui observent les lois alimentaires juives s'abstiennent donc de consommer du porc et de ses sous-produits.
Interdiction dans l'Islam
Les musulmans ne mangent pas de porc parce que le Coran l’interdit à cinq reprises», explique Önder Günes, porte-parole de la Fédération d’organisations islamiques de Suisse (FOIS). Le verset 173 de la sourate 2 est particulièrement clair à ce sujet: « Certes, il vous est interdit la chair d’une bête morte, le sang, la viande de porc et ce sur quoi on a invoqué un autre qu’Allah ».
Pour les Musulmans l’interdit de manger du porc est selon Malek Chebel le plus massif et le plus ancien. « Les animaux morts, le sang, la chair du porc, tout ce qui a été tué sous l’invocation d’un autre nom que celui d ‘Allah, les animaux suffoqués, assommés, tués par quelque chute ou d’un coup de corne ; ceux qui ont été entamés par une bête féroce, à moins que vous ne les ayez purifiés par une saignée ; ce qui a été immolé aux autels des idoles ; tout cela vous est défendu. (…)» (Sourate 5 La table servie (Al-Maidah), verset 3).
Cependant un autre verset (XVI, 115) introduit une exception à cet interdit : « Il vous a été interdit la bête morte, le sang, la chair du porc et tout ce qui a été immolé à un autre Dieu qu’Allah.
Le même traitement de défaveur lui est réservé dans l’islam, où sa chair est la seule à être nommément désignée comme impropre à la consommation dans plusieurs sourates du Coran.
Dans la Torah et dans le Coran, écrit des siècles plus tard, le porc est banni des assiettes. « Dieu vous a seulement interdit la bête morte, le sang, la viande de porc », peut-on lire dans le Coran (sourate 2, verset 173). Mais pourquoi le rejet de cet animal rose ? Bien malin celui qui pourra vous livrer une explication définitive. Car les historiens sont partagés.
Hypothèses et Explications
Pendant longtemps, on a cru que les religions avaient interdit la consommation du cochon pour une raison sanitaire. Sa viande se conserve mal dans la chaleur et surtout, elle peut donner des parasites et des maladies lorsqu’elle est mal cuite. Mais en réalité, on n’en savait pas grand-chose dans l’Antiquité.
D’autres historiens ont une autre hypothèse. Pour la comprendre, il faut aller dans la région qui correspond aujourd’hui à Israël et aux territoires palestiniens, vers 1 200 avant J.-C. À cette époque, les Israélites, les ancêtres du peuple juif, cohabitent près d’un peuple ennemi : les Philistins. À un certain moment, des villages israélites auraient décrété qu’ils ne mangeraient plus de porc, pour se démarquer de leurs voisins philistins, mais aussi pour s’affirmer en tant que peuple, avec une identité et des habitudes alimentaires communes.
Pour Max Price, "cela suggère, qu’il y a là un changement de regard sur le porc, qu’il y a un choix conscient, ou au moins certaines différences culturelles qui existent entre ces deux peuples très proches géographiquement. Mais ils choisissent de manger une nourriture très différente. Et l’un de ces peuples finit par transcrire ce tabou dans un livre religieux."
L’interdiction prétendument divine de la consommation de porc chez les juifs aurait tout simplement sanctionné, sans susciter de critiques, une tendance agricole qui n’était plus productive et efficace.
Pour l’anthropologue nord-américain Marvin Harris, “les civilisations ont tendance à imposer des sanctions religieuses pour la consommation de viande lorsque le rapport entre les bénéfices communautaires et les coûts inhérents à l’usage d’une espèce particulière se détériore”. Concernant plus particulièrement le porc, il précise : “Les restrictions les plus sévères apparaissent habituellement lorsqu’une espèce précieuse sur le plan nutritionnel ne devient pas seulement plus coûteuse, mais risque de bouleverser l’écosystème.
Le Porc et l'Église Chrétienne
On sait que l'interdiction de manger du porc est un point commun entre le judaïsme et l'Islam, ce qui n'est pas le cas dans la religion chrétienne. La consommation du porc est même devenue, au fil du temps, une dimension importante de l’identité chrétienne par opposition aux autres religions.
Oui, les chrétiens, en général, ne sont pas soumis aux lois alimentaires spécifiques de l'Ancien Testament, y compris les restrictions alimentaires juives telles que l'interdiction de manger du porc. Les enseignements du Nouveau Testament, qui fait partie des Écritures chrétiennes, ne contiennent pas de restrictions alimentaires spécifiques comme celles trouvées dans le Lévitique de l'Ancien Testament. Selon le Nouveau Testament, les chrétiens ont la liberté de manger tous les types d'aliments. Par exemple, dans le livre de Marc (7:19), Jésus déclare que tous les aliments sont purs.
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