Barbecue: Une Comédie Française Témoin d'une Époque

Sorti le 30 avril, "Barbecue", la comédie d'Éric Lavaine, peut être considérée comme témoin d'une époque, susceptible d'intéresser les sociologues du futur. Le film met en scène une petite troupe de quadragénaires réunis le temps d’un week-end estival pour le traditionnel barbecue autour d’Antoine, qui vient de marquer avec un infarctus son entrée dans une nouvelle décennie.

Hypocondrie et Relations Humaines

La petite troupe de quadragénaires réunis le temps d’un week-end estival pour le traditionnel barbecue autour d’Antoine, qui vient de marquer avec un infarctus son entrée dans une nouvelle décennie est bien caractéristique de l’hypocondrie dominante, récemment évoquée par le film de Dany Boon. Antoine (Lambert Wilson) doit « se ménager », « faire attention», « devenir raisonnable », rompre avec les excès qui l’ont conduit là où il est. Alors, rien ne vaut la détente, l’amitié partagée autour du barbecue-symbole, surtout lorsqu’elle l’est dans un cadre aussi somptueux que la maison de campagne (située dans les Cévennes près du cirque de Navacelles, n’hésitez pas à partir à sa recherche !) dans laquelle se retrouve cette bande de « quadras ».

La Fragilité des Couples

Un autre phénomène caractéristique de notre époque sert de ressort comique à ce « Barbecue ». De la fragilité des couples d’aujourd’hui, des séparations, des divorces naît l’abondance des « ex » (y compris autour d’un barbecue), et elle suscite quantité de retrouvailles inattendues, les équivoques, les rencontres non souhaitées qui engendrent le malaise. La plupart des moments drôles, - pas si nombreux - dans cette comédie, naissent de ce genre de situation.

Analyse et Critique du Film

Certes pas du Bergman ! Mais, on l’a dit, ces aspects sociologiques constituent bien le seul intérêt de Barbecue, une comédie qui ne relève guère le niveau de nombre de récentes productions françaises fort décevantes. Elle est née selon son auteur d’une citation quelque peu galvaudée : « Il n’est de plus belle famille que celle qu’on se crée (les amis). Le problème c’est qu’au bout de vingt ans, les amis ça devient comme une famille. Avec ses conflits, ses jalousies, ses brouilles. » constate Eric Lavaine. Mais les débats évoqués ici relèvent d’une grande banalité, et les dialogues restent constamment à la surface des choses. Quelques considérations sur la vie, sur la maladie, sur les relations humaines ne vous transportent pas forcément dans le cinéma de Bergman !

Le Casting et les Performances

Et la présence d’un comédien aussi talentueux que Lambert Wilson ne doit hélas pas faire naître la moindre illusion. Dans la filmographie des meilleurs, il y a parfois quelques taches, quelques fautes de goût… On est moins surpris de retrouver là des habitués de la rigolade comme Franck Dubosc et Florence Foresti, ordinairement à l’aise de ce registre.

Ils se sont connus à Sup de Co Lyon, et cultivent une solide amitié depuis plus de 25 ans - toujours lyonnais (donc fans de l'OL, amateurs des "bouchons" et de bonne chère, et grands vins, en général, des bords de Saône..) : Antoine (Lambert Wilson - royal en "je me fous de tout", après un infarctus à la veille de ses 50 ans), Yves (Guillaume de Tonquédec - toujours savoureux en bourgeois digne et un rien largué, comme dans "Fais pas ci, fais pas ça), Baptiste (Franck Dubosc, pas mal du tout en presque divorcé de la décoiffante Olivia, ancienne aussi de l'école de commerce, alias Florence Foresti - très à son affaire) et Laurent (Lionel Abelanski, en promoteur guetté par la déprime). Ce quatuor (avec moitiés, et quelques enfants) est en fait un quintette - le célibattu "Jean-Mich" en complément (Jérôme Commandeur - l'interprète le moins convaincant), brave garçon connu aussi à Sup de Co (mais lui était employé au self !), qui fait carrière dans les enseignes type Midas - il est désarmant de bêtise, mais c'est LEUR idiot, et les potes savent le défendre (et sont indulgents à ses bévues)....

Eric Lavaine réussit une sorte de Sautet rigolard, nettement mieux construit que la plupart des "buddy movies" à la française (bien qu'avec personnages archétypaux, intrigue très convenue - heurs et malheurs conjugaux, amicaux et professionnels, et décors attendus, somptueuse maison dans le Luberon pour les vacances de la petite troupe de nantis et leur copain fauché, comprise). Et surtout, outre de bons interprètes, qui ont le plaisir de jouer ensemble communicatif, de très bons dialogues. Vifs, percutants, bien écrits.

Clichés et Réalité

Même si c’est par moments assez drôle, il n’y a pas de quoi s’extasier devant une comédie au scénario trop basique et caricatural. Ce scénario classique raconte l'histoire d'une bande de potes dont l'amitié remonte à l'école sup. Des personnages très variés, tous joués avec talent : Antoine, joué par L. Wilson : le psychologue moralisateur qui décide de changer de vie après son accident cardiaque. Baptiste : le "divorcé" interprété par un F. Dubosc très sobre. Lionel Abelanski excellent, est Laurent : investisseur immobilier déprimé. Yves, personnage irritant mais drôle, joué par Guillaume De Tonquédec et Jean-Michel le mécano, seul célibataire de la bande, simple mais sympa servi par un Jérôme Commandeur inspiré. Leurs femmes, Florence Foresti et Sophie Duez, sont également brillantes.

De beaux paysages des Cévennes : ambiance vacances ou l'on sourit plus que l'on ne rit en suivant cette histoire ou les protagonistes évoquent leurs souvenirs, le présent, tout en se racontant très peu. Très belle leçon d'humilité et de franchise entre adultes responsables et qui se respectent. Lorsque le quotidien devient trop ennuyeux, et surtout lorsque l'on a conscientisé que la vie ne tient qu'à un fil, la seule chose à faire est de se lâcher.

L'Humour et la Sincérité

Avec un titre comme Barbecue, on est en droit de s'attendre à une bonne comédie franchouillarde à l'humour potache et pantouflard. Surtout avec notre Francky officiel en tête d'affiche, fidèle à ce genre de rôle d'éternel vacancier romantique. Et bien non, en tout cas, bon nombre de clichés sont ici rompus. A croire que la comédie française refait surface. Le barbecue n'est qu'un prétexte pour les hommes de faire ce qu'ils ont à faire, et pour les femmes, de se plaindre de leur maries en pleine séance de flemmardise. Cette bande d'amis de longue date n'échappe pas à la règle, ni à la routine de service qui agace insciemment avec le temps. La répartition minutieuse des rôles aboutie à un film très humain, sincère et touchant.

Une fable contemporaine et accessible, clin d’œil à notre communauté où la fausseté entre congénères est un maitre mot. Au bout du compte, l'hypocrisie apporte la haine. Le message est fort. Sans doute plus adoucie que Deux Jours à Tuer avec Dupontel, mais on est sur la même longueur d'onde. Toutes ces choses qui nous irrite mais que l'on garde pour soit afin de préserver notre entourage, ne font que dégrader les relations avec le temps. L'alchimie entre les têtes d'affiche est assez tape à l’œil, mais le résultat est crédible. Pourtant les fortes personnalités sont en nette concurrence, entre Dubosc et Fresti par exemple. Lambert Wilson surclasse sans aucun doute le reste de la troupe par son jeu calme et corrosif à la fois. Une délicieuse création à ajouter au panel de Eric Lavaine.

Comparaison avec d'autres œuvres

« Barbecue » est l’exemple typique du film qui après une exploitation dans les salles de cinoches finira ses jours dans le grand océan de l’anonymat cinématographique. En voici les raisons: la première, c’est que le thème de base, c’est du réchauffé. On a déjà vu ça cent fois sur les écrans ou à la télé. Deuxièmement, ce film c’est un mixage entre « Vincent, Paul, François et les autres » de Claude Sautet sorti en 1974 et des « Petits Mouchoirs » de Guillaume Canet sorti en 2011, qui était au passage un film vraiment bidon. Troisième, découlant directement du deuxièmement, le vide scénaristique. Le scénario est aussi épais voire moins épais que du papier à cigarette. Avec la conséquence suivante: les vingt premières minutes, ça se regarde et puis après on s’emmerde et on en vient à lutter pour pas s’endormir.

De fait, Barbecue creuse un sillon déjà profondément labouré : celui des vacances, des retrouvailles entre potes, des familles décomposées mais, dans le fond, «Keskonsaime». Cf. les Petits Mouchoirs, de Guillaume Canet, le Cœur des zobs, de Marc Esposito, ou Camping 1, 2, 3… (fuyons), de Fabien Onteniente. C'est plutôt dans cette dernière veine que semble s'inscrire Barbecue.

Réception et Impact

« Barbecue » est l’exemple typique du film qui après une exploitation dans les salles de cinoches finira ses jours dans le grand océan de l’anonymat cinématographique. En voici les raisons: la première, c’est que le thème de base, c’est du réchauffé. On a déjà vu ça cent fois sur les écrans ou à la télé. Deuxièmement, ce film c’est un mixage entre « Vincent, Paul, François et les autres » de Claude Sautet sorti en 1974 et des « Petits Mouchoirs » de Guillaume Canet sorti en 2011, qui était au passage un film vraiment bidon. Troisième, découlant directement du deuxièmement, le vide scénaristique. Le scénario est aussi épais voire moins épais que du papier à cigarette. Avec la conséquence suivante: les vingt premières minutes, ça se regarde et puis après on s’emmerde et on en vient à lutter pour pas s’endormir.

Sorti en salles mercredi 30 avril sans avoir été montré à la presse, Barbecue est une nouvelle caricature du genre. Le film rassemble une bande de vieux potes, quadragénaires confits dans leurs habitudes bourgeoises, qui continuent de se fréquenter faute d'avoir le moindre début d'idée de ce qu'ils pourraient faire de mieux. Les forts en gueule sont interprétés par Lambert Wilson, Florence Foresti et Franck Dubosc ; les autres, dont le rôle n'excède pas celui de faire valoir, par des acteurs moins célèbres.

TAG: #Barbecu

En savoir plus sur le sujet: