Lors de son assemblée générale à Plérin, près de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor), ce jeudi 6 juin 2024, le Marché du porc breton a annoncé qu’il s’appellera désormais le Marché du porc français. « Nous actons le passage du Marché du porc breton (MPB) au Marché du porc français (MPF) ». « C’est une étape importante dans la vie du Marché. »
Un Changement de Nom Logique
Les abattoirs nouvellement arrivés étant « extérieurs à la Bretagne », il lui paraît « logique » de changer de nom. Interrogé à l’issue de l’assemblée générale, François Pot indique que ce changement de nom et l’invitation du marché aux éleveurs français « ne sont pas en lien » avec ces départs.
Rôle Central du Marché du Porc Breton
Depuis 52 ans, le marché du porc breton fixe le prix du porc pour toute la filière en France. Le Marché du porc breton (MPB) est emblématique, car c'est l'un des premiers « marchés au cadran » à avoir été créé en France, en 1972, pour réguler les transactions entre vendeurs et acheteurs. Alors le MPB franchit les frontières bretonnes. Et devient le marché du porc français.
« Quoi de plus normal, quand on sait que le prix affiché en fin de séance sert de référence à toute la filière française ? » a lancé son président, François Pot, président du Marché du porc breton. Une référence qui s’étend au-delà de la Bretagne « Quoi de plus normal me direz-vous quand on sait que le prix affiché en fin de séances de vente sert de référence à toute la filière française » ajoute François Pot. « Quoi de plus normal, quand on sait que le prix affiché en fin de séance sert de référence à toute la filière française » , ajoute-t-il, devant une salle comble.
Fonctionnement du Marché
Constitué sous forme d'association loi 1901, il a lieu deux fois par semaine, le lundi et le jeudi, à Plérin (Côtes-d'Armor). Le lundi, 10 000 à 15 000 porcs y sont vendus en moyenne. Le jeudi, ce chiffre grimpe à 50 000, voire à 60 000. Au total, ce volume représente 22 % de la production bretonne, une région qui fournit 60 % de la production nationale. Mais le prix qui est fixé à Plérin sert de référence nationale pour le porc standard et est utilisé pour les comparaisons internationales.
Aucun cochon n'est présent physiquement au MPB. Les lots de porcs sont présentés sur catalogue aux acheteurs, avec des fiches techniques spécifiant l'âge, le poids, l'éleveur, l'origine géographique, etc. Avant chaque séance, les acheteurs s'engagent sur un prix de retrait, c'est-à-dire un prix minimum auquel ils s'engagent à acheter les invendus. Ensuite, un prix maximum de vente est fixé, puis des enchères électroniques dégressives commencent, avec deux enchères possibles par lot. Les lots refusés sont reportés au marché suivant et les lots invendus sans enchères sont attribués, en fin de séance, au prix moyen des différents lots qui fixe la cotation du jour.
Le prix de Plérin, calculé en vif, est parfois inférieur au prix touché au final par l'éleveur, en raison des primes « de qualité » qui lui sont octroyées selon le type de produit.
Évolution et Défis du Marché
Le MPB a déjà vécu une crise assez similaire à celle d'aujourd'hui en 1988. Déjà un soubresaut en 2015 avec le boycott du marché du porc Breton par la Cooperl et Bigard. En 2023, l’offre au MPF a baissé de 1,5 % par rapport à 2022 (à 1,34 million de porcs charcutiers), « moins que le nombre de porcs abattus », fait remarquer Pascal Le Duot, directeur du MPF. L’été dernier, Bigard avait annoncé son retrait du marché, faisant craindre l’affaiblissement de sa cotation. Tout comme le groupe coopératif breton Cooperl, leader français du porc, à la fin de l’année dernière, qui y participait jusque-là en tant qu’acheteur, sur un faible volume.
Ces départs, « on ne peut que les regretter. Mais on s’en arrête là » , souligne François Pot. Quant aux arrivées : « on ne peut que s’en féliciter ». Ajoutant : « nous respectons leur choix. Et nous espérons qu’une chose : que la porte reste ouverte au Marché.
Interpellé au sujet de ces départs, François Pot a affirmé de son côté qu’ « en aucun moment, le MPB ne fait de la politique. Nous sommes un outil technique au service de la filière ». « Les abatteurs et négociants qui achètent au Marché du porc breton acceptent la Convention de mise en marché de porcs charcutiers », rappelle Pascal Le Duot, le directeur du MPB. Dans celle-ci figure une procédure formelle pour qui veut se désengager, procédure qui débute par la réception d’une lettre recommandée. À ce jour, nous n’avons reçu aucune lettre officielle de la Cooperl », affirment le directeur et son président François Pot. Si Cooperl n’achète effectivement plus de porc au Cadran, il demeure soumis à la procédure d’affectation des lots sans enchères, telle qu’elle est également définie par la Convention.
Ouverture Nationale
Le Marché, qui fonctionnait depuis toujours avec des industriels bretons, s’est entre-temps élargi au national en accueillant de nouveaux acheteurs : Vallégrain, Tradival et Holvia Porc. L’élargissement du marché fait suite à l’arrivée des trois premiers abattoirs hors Bretagne : Vallégrain (Sarthe) et Tradival (Loiret) à l’automne 2023, puis Holvia (Mayenne). « J’invite les éleveurs des autres régions de France à présenter leurs porcs sur le catalogue », a exhorté François Pot. Une invitation à laquelle a répondu favorablement Olivier Fagot, éleveur de porcs dans les Hauts-de-France.
Certains sont séduits par le modèle du MPF. Olivier Fagoo, éleveur de porcs originaire des Hauts-de-France et administrateur de la fédération nationale porcine, nous dit vouloir rejoindre la structure pour son « outillage collectif ». « On aimerait aussi participer avec vous au marché. Je fais du lobbying chez les groupements d’éleveurs de ma région ». Preuve en est de l’importance du moment, la présence d’Olivier Fagoo, éleveur de Verlinghem, dans les Hauts de France, membre de la fédération nationale porcine qui entend rallier ses collègues au nouveau marché français : « Il y a 1,7 million de porcs qui viennent des Hauts de France et je ferai tout pour qu’ils passent par le marché de Plérin ».
« L’heure est venue de nous ouvrir à tout le monde », clame le président du MPB François Pot en annonçant le changement de nom du MPB qui devient le marché du porc français.
Chiffres Clés et Perspectives
En 2023, environ 1 340 000 porcs ont été vendus au Marché, soit une baisse de 1,5 % par rapport à 2022. Par ailleurs, le prix moyen de l’année au Marché s’est élevé à 2,115 euros. En 2023, l’association de mise en marché des porcs charcutiers et des coches (truies de réforme) a été marquée par la présentation, pour la première fois,de « lot de porcs avec des porcs mâles entiers » .
« Tradivel, Vallegrain, Holvia porc, eux, nous ont rejoint. Ils ont compris l’intérêt du marché au cadran », qui a affiché un cours moyen à 2 115 € en 2023, soit 39 centimes de plus qu’en 2022 pour 1,340 million de porcs passés par le marché breton. « Un prix respecté par la filière, insiste Michel Bloch, président de l’UGPVB (union des groupements de producteurs de viande de Bretagne).
Le prix du porc est stable à 2 003 euros au marché du porc breton ce jeudi 6 juin 2024. Mais, « point de vigilance, l’inflation rattrape la viande de porc en 2023 même si son prix augmente moins vite que les autres viandes.
« La cotation du MPF permet d’éviter les prix maison, non tenables pour la pérennité de la filière », justifie-t-il.
TAG: #Porc