Le SIBO (Small Intestinal Bacterial Overgrowth), ou prolifération bactérienne dans l'intestin grêle, est une pathologie encore méconnue du public, mais qui handicape de nombreuses personnes au quotidien. Cette abréviation désigne le Small Intestinal Bacterial Overgrowth, c’est-à-dire la pullulation anormale de bactéries dans l’intestin grêle. En France, le SIBO reste largement méconnu, y compris du corps médical. On estime à 4 millions le nombre de personnes en France pensant être atteintes du syndrome de l’intestin irritable alors qu’elles pourraient être atteintes en fait du SIBO, pathologie encore trop méconnue. Et pour cause, les symptômes en sont très similaires.
Qu'est-ce que le SIBO ?
Le SIBO se définit comme une prolifération excessive de bactéries au niveau de l’intestin grêle. Cette partie de l’intestin située entre l’estomac et le côlon, est habituellement peu colonisée et héberge entre 100 000 à 1 million de fois moins de bactéries que le côlon. Elle se caractérise par des troubles digestifs pouvant altérer la qualité de vie : ballonnements, flatulences, douleurs abdominales, ventre gonflé, digestion douloureuse, fatigue intense…
Cette prolifération anormale y conduit à la fermentation des aliments, donc à la production de gaz. Cette colonisation bactérienne cause des troubles digestifs plus ou moins douloureux et incommodants car contrairement au côlon, l’intestin grêle héberge très peu de bactéries. La mission principale de cet organe étant d’absorber les nutriments issus de la dégradation des aliments, les bactéries qui y prolifèrent en cas de SIBO créent une fermentation des aliments non digérés, laquelle est à l’origine de gaz en quantité trop importante par rapport à la normale. Ce sont des bactéries à Gram négatif (Escherichia coli, ..) et Gram positif (Enterococcus spp, Streptococcus, ..).
Toutefois, on retrouve de plus en plus associé au SIBO, le terme IMO, pour Intestinal Methanogen Overgrowth, qui correspond également à une prolifération mais cette fois d’archées, qui sont d’autres micro-organismes du microbiote avec les bactéries et les champignons, et qui sont producteurs de méthane. On les appelle des méthanogènes et on les retrouve souvent dans les situations de spectre du syndrome de l’intestin irritable avec constipation, par ex. On peut aussi entendre parler de LIBO (Large Intestine Bacterial Overgrowth) et dans ce cas, on se réfère à une pullulation localisée dans le gros intestin (ou côlon) mais cette pullulation est surtout associée à un excès de méthane et dans ce cas, on parle donc aussi de IMO.
Symptômes du SIBO
Les symptômes sont globalement les mêmes que ceux du syndrome de l’intestin irritable (SII). Il est possible de ne présenter aucun symptôme, excepté une perte de poids ou des carences en nutriments, vitamines liposolubles (A et D) et glucides. D’autres symptômes comme des nausées, une perte ou prise de poids involontaire ou des allergies alimentaires peuvent être liés au SIBO.
Même si le SIBO peut parfois être asymptomatique, les principaux symptômes possibles que l’on va retrouver dans le SIBO sont :
- Des reflux gastro-œsophagiens
- Des flatulences
- Des douleurs abdominales
- Des douleurs articulaires
- Des spasmes digestifs
- Des nausées
- Des vomissements
- Des gaz et éructations
- Des glaires dans les selles
- Des diarrhées et/ou de la constipation
Dans certains cas, le SIBO peut s’accompagner de :
- Dépression
- Sensation d’angoisse
- Difficultés de concentration, brouillard ou flou mental
- Stress
- Souvent d’une perte de poids
Causes du SIBO
Les causes du SIBO sont multiples. Cette prolifération bactérienne est principalement déclenchée soit par une remontée anormale des bactéries présentes dans le côlon, soit par un dysfonctionnement de l’estomac dont les acides neutralisent habituellement les bactéries avant qu’elles ne parviennent à l’intestin grêle. En raison de symptômes très similaires, le SIBO est souvent confondu avec le syndrome de l’intestin irritable, la maladie cœliaque (intolérance au gluten) ou l’intolérance au lactose. Pourtant, il s’agit bien d’une maladie distincte.
« Il existe donc un grand nombre de facteurs prédisposant, détaille le spécialiste : chirurgie bariatrique, certaines anomalies anatomiques digestives, maladie de Crohn, opération du côlon, diabète… » Certains médicaments pris au long cours et/ou en grandes quantités peuvent aussi être incriminés : les IPP (inhibiteurs de pompe à protons) qui réduisent l’acidité dans l’estomac, et les ralentisseurs du transit (comme l’Imodium) qui peuvent conduire à une stase bactérienne inhabituelle dans le côlon.
En cas de SIBO, la muqueuse de l’intestin grêle est envahie par certaines bactéries qui ne devraient s’y trouver qu’en une certaine quantité. Créant ainsi une dysbiose, ces dernières déséquilibrent le microbiote, endommagent le mucus protecteur et génèrent une inflammation intestinale par cette production excessive de gaz pouvant être irritant et par la fermentation et putréfaction qu’elle entraîne dans les intestins.
Pour résumer les causes possibles d’un SIBO :
- Stress chronique et répété qui entraîne hypothyroïdie et/ou altération du complexe migrant moteur
- Mauvaise mastication
- Alimentation inadaptée trop riche en café, alcool, épices et entraînant une hypochlorhydrie
- Utilisation de médicaments comme les antibiotiques et les IPP
- Manque de sucs gastriques et d’enzymes digestives
- Manque d’activités physiques
- Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin
- Intoxication alimentaire
Diagnostic du SIBO
Là est la difficulté ! Le SIBO peut être détecté via des tests respiratoires à réaliser en laboratoire ou certains CHU. Ils consistent à mesurer chez le patient la présence et la quantité dans le souffle de certains gaz caractéristiques de la fermentation dans l’intestin grêle après ingestion de glucides. Les bactéries à l’origine du SIBO produisent de l’hydrogène et du méthane lorsqu’elles décomposent les glucides dans l’intestin grêle, il est donc facile de les identifier.
Pour pouvoir bénéficier de ce test, il y a 3 possibilités plus ou moins fiable, plus ou moins précise :
- Solution la moins onéreuse : demander une prescription à votre médecin traitant et prendre rdv avec un CHU qui pratique ce test avec la machine adéquate.
- Solution la plus rapide : pratiquer le test à la maison. Vous pouvez pour cela vous orientez vers un laboratoire privé équi...
Le spécialiste privilégie l’expertise clinique faite d’un examen physique, d’un questionnaire sur l’histoire médicale du patient et d’une analyse de sang et, en cas de diarrhées d’une analyse de selles. « La réponse aux probiotiques constitue aussi un test intéressant. Alors qu’ils ont tendance à améliorer le SII, ils amplifient le SIBO. »
Traitement du SIBO
Il n’existe pas de traitement du SIBO en tant que tel, mais il est possible de soigner la maladie du SIBO en combinant plusieurs méthodes. « La base du traitement du SIBO, ce sont les antibiotiques, assure le Dr Berrebi. Ils vont réduire de façon rapide et radicale la présence de ces bactéries indésirables. » Un médecin pourra vous prescrire un traitement antibiotique et/ou antiparasitaire. Le but n’est pas d’éradiquer la flore bactérienne, mais de la modifier afin d’obtenir une amélioration des symptômes. Comme la flore intestinale est remplie de bactéries variées, des antibiotiques à large spectre sont nécessaires. Cette prise d’antibiotiques s’étend sur une durée de 8 à 10 jours. Il est préconisé de suivre 1 à 3 cures en fonction des récidives, en alternant les antibiotiques et en les espaçant de 1 mois.
L’inconvénient des antibiotiques, c’est qu’ils traitent uniquement les symptômes. Et lorsque le problème n’est pas traité à sa source, le SIBO peut réapparaître facilement.
Autres approches thérapeutiques
- Restaurer la flore intestinale : Une fois que c’est fait, il est intéressant de booster le microbiote intestinal avec des probiotiques. Les bonnes bactéries présentes en grand nombre vont gagner du terrain et vaincre les bactéries pathogènes.
- Améliorer son hygiène de vie : La pratique d’une activité physique régulière permet d’agir sur la motilité du système gastro-intestinal et de faciliter la vidange de l’estomac. Une bonne gestion du stress (méditation, hypnose, yoga…) est également recommandée.
- Assainir le microbiote intestinal : Certaines plantes antimicrobiennes et antifongiques peuvent soulager les symptômes du SIBO. Pour apaiser les gaz et flatulences, des plantes carminatives telles que la mélisse, le basilic et la menthe poivrée sont conseillées.
Régime Alimentaire en cas de SIBO
Le régime alimentaire ne traite pas le SIBO mais il permet de soulager certains symptômes comme les douleurs abdominales et la diarrhée. En parallèle de ce traitement du SIBO à base d’antibiotiques pendant 7 à 14 jours, une modification de l’alimentation est indispensable. Pour éviter de nourrir les bactéries responsables du SIBO, il est intéressant d’adopter une alimentation peu fermentescible. En effet, le travail de fermentation doit se faire dans le côlon et non pas au niveau de l’intestin grêle. Les sucres fermentables (ou fermentescibles) sont des glucides très peu digestes que l’intestin grêle a du mal à absorber.
Une alimentation pauvre en FODMAP est donc recommandée pour réduire la prolifération des bactéries et champignons dans l’intestin grêle. Le régime FODMAP (Fermentable Oligo, Di, Monosaccharides And Polyols) créé par la nutritionniste Sue Sheperd vise à favoriser des repas sans glucides “fermentescibles”. Concrètement, il faut réduire les légumes riches en fibres, les féculents et le lactose.
Aliments recommandés et à éviter (régime pauvre en FODMAP)
- Fruits et légumes faibles en oligosaccharides : carotte, céleri, endive, haricots verts, laitue, tomate, courges, panais, courgettes, navets, banane, fruits rouges, kiwi, orange, pamplemousse, rhubarbe, melon.
- Produits laitiers : lait sans lactose, lait de riz, lait d’amande, fromage à pâte molle ou cuite.
- Féculents : sarrasin, riz, avoine, polenta, millet, tapioca, pomme de terre, maïs.
Autre alternative de traitement du SIBO : un régime dit « glucides spécifiques » qui consiste à éliminer tous les aliments riches en glucides (céréales, féculents, sucres, légumes secs…) à l’exception des fruits et des légumes. On ne consomme donc que des viandes, poissons, œufs, fruits et légumes, yaourts, huiles végétales et du miel.
Des compléments alimentaires peuvent être nécessaires en cas de carences qui doivent toutefois être confirmées par une prise de sang. Il s’agit le plus souvent de vitamines D, B9 et surtout B12, car celle-ci est absorbée uniquement dans l’intestin grêle. « La supplémentation peut alors être envisagée par le médecin », explique le Dr Berrebi.
TAG: