Le rouget du porc est une maladie infectieuse, inoculable et enzootique due à une bactérie nommée Erysipelothrix rhusiopathiae. Cette maladie est une zoonose.
L'Agent Causal : Erysipelothrix rhusiopathiae
L'agent du rouget, Erysipelothrix rhusiopathiae, est un fin bacille à Gram positif qui se décolore facilement, non sporulé et non capsulé, bien que des observations au microscope électronique révèlent une couche superficielle qui évoque une capsule. Sa culture est relativement aisée sur des milieux enrichis en sang ou en sérum, sous atmosphère enrichie en CO2, à une température optimale comprise entre 33 et 37 °C. Il peut néanmoins pousser entre 4 et 42 °C. C’est une bactérie intracellulaire qui comportait 22 sérovars (numérotés de 1 à 22) et un groupe N de non groupables suivant la classification de Wood (1978). Plus récemment Takahashi et coll. (1987, 1988) ont proposé 23 sérovars et la nomenclature d’Erysipelothrix tonsillarum pour les sérovars 3, 7, 10, 14, 20, 22, et 23, considérés comme non pathogènes pour le porc et d’Erysipelothrix rhusiopathiae pour les sérovars 1a, 1b, 2, 4, 5, 6, 8, 9, 11, 12, 13, 15, 16, 17, 19, 21 et N, pathogènes pour le porc. La nomenclature évolue encore actuellement. Ces sérovars sont pourvus d’une microcapsule liée à la virulence et impliquée dans la résistance à la phagocytose. Erysipelothrix rhusiopathiae ne produit pas de toxine mais excrète une hyaluronidase et une neuraminidase.
Réservoirs et Transmission
Le porc est considéré comme le principal réservoir d’Erysipelothrix rhusiopathiae. Trente à 50 % des animaux sont porteurs sains et hébergent la bactérie dans leurs amygdales, leurs nœuds lymphatiques et la valvule iléo-cæcale. D’autres espèces animales sont affectées par la maladie et jouent un rôle dans le portage et dans la contamination de l’environnement, particulièrement les oiseaux, les rongeurs, les lagomorphes (lièvres) et les suidés sauvages. Les bovins, les ovins et les caprins peuvent être porteurs, ainsi que les équins. Les carnivores domestiques et sauvages peuvent aussi être atteints, notamment les chiens de chasse et éventuellement les renards. Ils peuvent être porteurs et excréteurs sains ou présenter des signes cliniques après une phase d’hyperthermie suivie de bactériémie.
Les oiseaux jouent un rôle particulier. Les dindes, les pintades, les pigeons, les colombes, les canards, les oies, les perdreaux, les faisans, les cailles, etc. sont sensibles au rouget et les passages successifs de la bactérie dans ces espèces exacerbent la virulence des souches d’Erysipelothrix rhusopathiae.
Chez le porc, les lésions podales, fréquentes en élevage hors sol (caillebotis), sont autant de portes d’entrée pour la bactérie. Le porc peut présenter des signes cliniques suite à une exposition massive à l’agent causal, à des variations brusques des méthodes d’élevages ou à des conditions particulières d’environnement, telles que des maladies virales intercurrentes, des changements alimentaires ou de ration, des variations climatiques, des transports, une promiscuité avec d’autres espèces sensibles (volailles ou oiseaux en liberté), un épandage de fientes, etc.
La période d’incubation varie en théorie d’un à huit jours en fonction de l’intensité de l’exposition, de la virulence de la souche et du sérovar en cause.
Formes Cliniques du Rouget
Trois principales formes de rouget sont décrites. Elles surviennent plus souvent chez des sujets âgés de plus de douze semaines issus de mères vaccinées et qui ne sont plus protégés par leurs anticorps maternels.
- La forme aiguë, dite classique, débute par une forte hyperthermie chez tous les animaux atteints, accompagnée chez certains d’abattement, d’anorexie et parfois de vomissements. D’autres animaux ne présentent pas de symptômes. Vingt-quatre à 48 heures après les premiers signes, les lésions cutanées caractéristiques apparaissent chez quelques animaux, sous formes de plaques érythémateuses, rouges et géométriques au niveau des flancs, du ventre, des cuisses, du cou ou des oreilles. Cette éruption cutanée s’accompagne généralement d’une phase de diarrhée liquide pendant un à deux jours. Après cette phase de bactériémie, des localisations secondaires et des septicémies peuvent apparaître chez les animaux survivants. Les localisations secondaires sont essentiellement des arthrites, des néphrites, parfois des endocardites. Cette forme aiguë est généralement due aux sérovars 1 et 2.
- La forme subaiguë débute aussi par une hyperthermie accompagnée d’anorexie chez quelques sujets. Les signes cutanés sont plus discrets et la diarrhée peut être inexistante. Les localisations articulaires sont les plus fréquentes et peuvent affecter une ou plusieurs articulations, avec des boiteries marquées. L’animal atteint peut rester en décubitus et présenter des difficultés pour boire et se nourrir. L’amaigrissement est de règle.
- Dans la forme chronique, les signes généraux sont le plus souvent absents. Le rouget chronique peut aussi se manifester par des endocardites qui évoluent lentement et provoquent la mort subite de sujets adultes. Ces cas sont le plus souvent observés chez des truies élevées en parcours et en contact avec des oiseaux ou avec leurs fientes, qui meurent brutalement après la mise bas.
- Une forme plus rare est la forme suraiguë appelée aussi “rouget blanc” en raison de son évolution très rapide, de l’ordre de quelques heures. L’animal ne présente pas les signes cutanés caractéristiques et la mort survient brutalement.
Les lésions caractéristiques de la maladie, lorsqu’elles sont trouvées sur les carcasses à l’abattoir, entraînent la consigne puis la saisie de celles-ci après analyses.
Diagnostic du Rouget
La maladie est présente en France sous la forme de cas sporadiques dans les exploitations. Elle est détectée aussi bien dans des élevages fermiers de type traditionnel, hors sol ou de semi-plein-air, que dans des élevages intensifs ou semi-intensifs. Elle est toutefois plus souvent présente dans les fermes de type traditionnel où elle évolue sous une forme subaiguë.
Les prélèvements sont réalisés avec précaution car le rouget est une zoonose. Ils sont mis en culture sur des milieux riches (gélose trypticase-soja au sang de mouton ou gélose Columbia® au sang de cheval). Après 24 heures d’incubation, les colonies sont fines, translucides, en gouttes de rosée. Des milieux sélectifs contenant des antibiotiques et des antifongiques peuvent être utilisés afin de savoir si des lots de porcs sont porteurs ou non. La recherche peut être effectuée à partir de fèces ou de prélèvement sur la valvule iléo-cæcale. Les colonies apparaissent en deux à quatre jours. En France, les sérotypes rencontrés le plus fréquemment chez le porc sont les sérotypes 1 (1a et 1b) et 2 qui représentent environ 85 % des souches.
Le diagnostic sérologique est moins utilisé. Erysipelothrix rhusiopathiae est sensible à de nombreux antibiotiques.
Prévention et Traitement
Deux types de vaccins peuvent être utilisés : des vaccins vivants atténués et des vaccins inactivés. La prévention nécessite une vaccination bien conduite, dans des conditions correctes. Elle est essentiellement pratiquée sur les reproducteurs : les cochettes sont immunisées avant la mise à la reproduction. Les truies subissent ensuite un rappel après chaque mise bas. Il convient également d’éviter de placer des bandes de porcs ou des reproducteurs à l’extérieur près des zones d’épandage de lisiers ou de fientes d’oiseaux, ou à proximité de grands élevages d’oiseaux (dindes, pintades).
Le Rouget : Une Zoonose
Le rouget est une maladie transmissible à l’homme chez lequel elle provoque l’érysipéloïde de Rosenbach. Elle est contractée accidentellement par une blessure, une piqûre, une coupure ou une érosion. Le germe peut également pénétrer au travers de la peau détrempée. Il s’agit le plus souvent d’une affection cutanée bénigne, parfois douloureuse, localisée autour du point de pénétration, qui peut évoluer en lésion nécrotique. Elle peut s’étendre à l’articulation la plus proche et provoquer une arthrite. Une forme cutanée diffuse peut-être observée avec l’apparition de plaques violacées à centre plus clair sur différentes parties du corps.
L'érysipéloïde est une maladie d’inoculation due à la bactérie Erysipelothrix rhusiopathiae (bacille du rouget), qui provoque chez les animaux la maladie dénommée rouget du porc. La bactérie est transmise par l'intermédiaire d'une plaie lors de la manipulation d'un animal contaminé. Cette dermite se manifeste sous la forme d'un placard inflammatoire douloureux, de couleur rouge violacé, sur la main ou un doigt et remontant progressivement le long du bras, parfois associé à une fièvre, à des douleurs articulaires et à des réactions ganglionnaires. Le traitement est assuré par les antibiotiques (pénicillines, macrolides).
Les vaccins sont toujours fabriqués à partir du sérovar 2 (le sérovar 1 est parfois ajouté) ce qui confère la meilleure protection vis-à-vis de la grande majorité des sérotypes présents en France.
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