Nous sommes de plus en plus nombreux à réfléchir à notre alimentation puis décider de réduire la consommation de produits d’origine animale. Certains courants alimentaires existent depuis de nombreuses années, tels que le végétarisme ou le végétalisme. D’autres sont apparus plus récemment ; tel est le cas du flexitarisme.
Qu'est-ce que le Flexitarisme ?
Le mot flexitarien, de l’anglais flexitarian, a été intégré en 2018 dans le dictionnaire Robert en tant que mot-valise provenant de la contraction de « flexible » et « végétarien ». Dans cette façon de se nourrir, il n’y a pas d’interdit. Cette souplesse se retrouve également en ce qui concerne la manière d’instaurer le flexitarisme dans son quotidien. En effet, il n’y a pas de règles quant à la manière de devenir flexitarien.
Végétarien, végétalien, vegan, flexitarien : quelles différences ?
- Un végétarien ne consomme ni viande ni poisson, mais mange des œufs et des produits laitiers.
- Un végétalien ne consomme aucun aliment d’origine animale (viande, poisson, œufs, produits laitiers, miel…)
- Un vegan est une personne qui exclut de son mode de vie tout ce qui engendre une exploitation animale : au-delà de l’alimentation cela concerne également les vêtements, les loisirs, les cosmétiques…
- Enfin comme nous l’avons vu, un flexitarien essaye de diminuer la quantité de chair animale consommée.
Avantages de la Réduction de la Consommation de Viande
Bienfaits pour la santé
Du strict point de vue de votre santé, il n’est pas impossible que vous mangiez encore trop de viande. Selon les données de l’étude Inca3, publiée par l’Anses en 2017, un Français adulte consomme environ 530 g de bœuf et de porc par semaine, soit environ 3 steaks hachés et 1 belle côtelette. Une moyenne qui se situerait juste au-dessus du seuil fixé à 500 g/semaine par le quatrième Plan national Nutrition santé (PNNS4). Plus grave encore : nous dévorons plus de 350 g/semaine de viande transformée et de charcuterie, quand les autorités déconseillent de dépasser les 150 g, soit 4 tranches de jambon blanc environ.
« Au-delà de ces limites, les études montrent des augmentations des risques de maladies comme le cancer colorectal et le diabète de type 2 », rappelle Perrine Nadeau, adjointe au chef de l’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition à l’Anses. Autrement dit : les autorités ne considèrent pas qu’une consommation de viande réduite présente un risque pour la santé. Les études épidémiologiques semblent d’ailleurs plutôt confirmer la réduction des risques de maladies cardiovasculaires ou d’obésité dans le cas d’un régime végétarien « bien conduit ».
Réduire leur quantité peut donc permettre une meilleure santé métabolique en général et avoir pour conséquence de se délester de quelques kilos superflus.Surveiller les emballages, les labels, la provenance, se renseigner davantage de manière générale.Réduire sa consommation de viande diminue les risques de maladies cardiovasculaires, de diabète, d’hypertension et de cancers.
Impact environnemental positif
L’alimentation moderne engendre une forte pollution environnementale. L’industrie et l’élevage ont de réels impacts négatifs sur les ressources en eau, la déforestation, la pollution par les nitrates, la pollution des nappes phréatiques, l’émission de gaz à effet de serre et bien plus. En remplaçant la viande de ruminant par de la volaille, et en végétalisant les assiettes, on peut espérer des gains d’environ 30 % de gaz à effet de serre, et de 40 % d’utilisation des sols.
La consommation de viande avec excès participe au réchauffement climatique et à la pollution des eaux, de l’air et des sols.
Aspects économiques et éthiques
Devenir flexitarien c’est effectuer un premier pas vers une éthique en faveur des animaux. Par ailleurs, sur un aspect économique, la viande et le poisson coûtent de plus en plus cher. Réduire leur consommation permet donc d’économiser pour réserver son argent à d’autres priorités, comme celle de favoriser les aliments d’origine biologique par exemple.
Selon les calculs de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’assiette flexitarienne serait 21% moins chère que sa cousine carnivore. Néanmoins, réduire la part de viande dans votre alimentation vous permettra de faire des économies considérables !
Chaque année 65 millions d’animaux sont abattus en élevage pour satisfaire une demande de viande mondiale croissante.
Avantages sociaux
Socialement, on s’évite les éventuels désagréments et/ou conflits que pourrait faire naître un régime végétarien, par exemple lors des sorties au restaurant, en famille ou pendant des voyages.
Inconvénients et Précautions
Risques de carences
Si l’alimentation est déséquilibrée, il faut veiller à ne pas amplifier ou créer de carences (notamment en fer, zinc, vitamine B12 et EPA/DHA). Certains individus peuvent avoir du mal à digérer certains aliments qu’ils n’avaient pas l’habitude de consommer (les légumineuses notamment).
Aliments à privilégier
Tous les aliments peuvent être consommés dans le cadre d’un régime flexitarien. Le but est de limiter la consommation de viandes et de poissons et d’appliquer les principes que nous venons d’énoncer.Ne pas réduire en même temps viande et poisson. On peut arrêter de manger de la viande, mais si on arrête aussi le poisson, les choses deviennent très compliquées.Parmi les pistes intéressantes pour réduire sa consommation de bœuf, de porc ou d’agneau, les experts pointent tous la volaille. Une catégorie de viande que les recommandations officielles invitent à « privilégier » par rapport aux autres espèces.
Perte de poids
Perdre du poids n’est pas le but de ce courant alimentaire qui n’est pas un régime à proprement parler. Néanmoins, les produits carnés sont sources d’acides gras saturés qui ont tendance à avoir un effet négatif et être stockés para l’organisme lorsque consommés en excès.
Recommandations et Conseils
Repères nutritionnels
Voici un tableau comparatif des apports observés et recommandés en France :
Nutriment | Apports observés chez les hommes en France | Apports observés chez les femmes en France | Recommandations |
---|---|---|---|
Protéines (g/jour) | 103 | 76 | Au moins 0,83 g/j/kg poids corporel |
Acide gras saturés (% AEJ) | 14 | 15 | Max 12 % |
Oméga 3 (EPA-DHA, g/jour) | 0,33 | 0,22 | Au moins 0,50 g/jour |
Fibres (g/jour) | 23 | 19 | Au moins 30 g/jour |
Légende : rouge = apport excessifs / orange = apports insuffisants *AEJ : Apport énergétique journalier** L’EPA (acide eicosapentaénoïque) et le DHA (acide docosahexaénoïque) sont 2 des 3 types d’acides gras omégas 3, ils sont principalement de source marine.
Comment s’appuyer sur ces études pour faire ses courses ?
Publié en 2019, le rapport Eat-Lancet offre des pistes concrètes. En se basant sur la notion de limites planétaires, et en s’efforçant de conserver un régime équilibré du point de vue nutritionnel, cette équipe de chercheurs internationaux a fixé des repères plus ambitieux que ceux des autorités françaises (voir notre tableau), avec un plafond de viande de bœuf et de porc à 100 g/semaine. Les chercheurs recommandent par ailleurs de ne pas dépasser 200 g de volaille par semaine, soit environ 1 blanc de poulet, ainsi que 90 g d’ovoproduits, ou deux petits œufs.
Un repas végétarien par jour
Ces directives correspondent au régime le plus optimal qui se dessine au sein de la recherche française. Pour concilier santé et environnement dans le cas d’adultes en bonne santé, Nicolas Darmon propose un moyen mnémotechnique simple. Chaque jour, au moins un repas peut être végétarien. Pour les repas restants, les sources de protéines doivent être alternées : un jour de la viande de bœuf ou de porc, un jour de la volaille, un jour des œufs, deux jours avec du poisson (un maigre et un gras), et un dernier repas au choix.
Marges de progression
La consommation de viande rouge (bœuf, porc, agneau et autres) des Français est supérieure aux recommandations françaises pour la santé et plus encore aux recommandations internationales, qui prennent aussi en compte les répercussions environnementales. La remplacer par de la volaille et des légumineuses est la meilleure piste pour couvrir ses besoins en protéines et réduire son impact.
Consommation réelle moyenne en France (en g/semaine)
Type de viande | Consommation réelle moyenne en France | Recommandations françaises (PNNS4) | Régime planète et santé (Lancet-EAT) |
---|---|---|---|
Viandes rouges (boeuf, porc, agneau et autres) | 530 g/semaine | 500 g/semaine max | 0 à 200 g/semaine max ensemble |
Charcuterie | 350 g/semaine | 150 g/semaine | |
Volailles | 210 g/semaine | À privilégier | 0 à 400 g/semaine |
Oeufs | 30 g/semaine | Pas d’indication | 90 g/semaine |
Légumineuses | 90 g/semaine | Au moins 2 fois par semaine | 500 g/semaine |
Sources : Dussiot et al., Clinial Nutrition/Eat-Lancet
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