L'Impact Environnemental de la Consommation de Viande

Dans la vie quotidienne, la plupart de nos activités et de nos habitudes de consommation produisent des impacts sur l’environnement : prélèvements de ressources naturelles, pollutions, émissions de gaz à effet de serre, production de déchets… Nous n’y sommes pas toujours attentifs, car cela peut paraître négligeable à l’échelle individuelle. Mais collectivement, l’alimentation, la consommation en général, les transports et l’habitat ont de profondes répercussions sur l’état de la planète, qu’il s’agisse d’atteintes à la biodiversité, d’épuisement des ressources naturelles ou de dérèglement climatique.

La situation s’est dégradée au cours des dernières décennies. Les caractéristiques et les modes de consommation ont fortement évolué et accentué leurs impacts sur l’environnement. Ainsi, l’individualisation de l’habitat, l’agrandissement des surfaces occupées et l’amélioration du confort influent sur la consommation d’énergie et sur l’artificialisation des sols. La mobilité, très largement associée à l’usage de la voiture, induit des émissions de polluants dans l’air. L’alimentation, selon le type et l’origine des produits consommés, est également concernée, le gaspillage alimentaire pouvant aggraver la situation.

Impact de l'alimentation sur l'environnement

De la fourche à l’assiette, plusieurs pressions sur l’environnement peuvent être associées à l’alimentation : consommation d’eau et d’énergie, émissions de gaz à effet de serre, production de déchets liée aux emballages, gaspillage, etc. La phase de production agricole peut également engendrer un risque de pollution et de dégradation des milieux (sols, eaux souterraines, eaux superficielles, air) en lien avec l’utilisation d’intrants (pesticides, nitrates, phosphore, etc.).

Notre alimentation a des impacts très variables sur l’environnement selon les produits consommés. On estime ainsi qu’entre une alimentation « classique » et un régime moins carné, les émissions de gaz à effet de serre passent de 1,6 tonne à 1 tonne de CO2 équivalent par an et par habitant. Ceci est lié au fait que la production de viandes et laitages est plus émettrice de gaz à effet de serre que celle des fruits et légumes. Toutefois, selon les études, le niveau d’émissions varie selon le type de produits carnés : un kg de bœuf émet beaucoup plus de gaz à effet de serre qu’un kg de poulet, par exemple.

Le rôle de l'élevage

D’après l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), dans un rapport de 2013, le secteur de l’élevage serait à l’origine de 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), dont 9,3 % pour les bovins. Au-delà du réchauffement climatique, l’élevage est une source d’émissions de polluants atmosphériques (ammoniac, particules) et de pollution de l’eau (nitrates issus des effluents). Par ailleurs la production d’aliments pour les animaux mobilise non seulement des surfaces agricoles, mais aussi des ressources en eau. Elle peut également recourir aux pesticides, eux-mêmes à l’origine de pollutions de l’eau, du sol et de l’air.

La FAO estime que 70 % des terres agricoles dans le monde sont utilisées pour les besoins de l’élevage, dont l’essentiel sur des espaces non cultivables (prairies, montagnes, steppes, savane). "On a besoin de produire beaucoup de céréales, protéagineux, oléagineux, parce qu’on a beaucoup d’animaux à nourrir. Et la production animale provoque également d’autres dégâts sur l’environnement, comme la pollution de l’eau et des sols - liée aux déjections animales, aux engrais azotés et aux pesticides - ou la surconsommation d’eau. Mais aussi la déforestation. "Sur l’ensemble des surfaces agricoles en France et à l’étranger nécessaires à notre alimentation, les trois quarts sont dédiés à l’alimentation animale", explique Carine Barbier, économiste de l’environnement au Cired.

À l’inverse, certains bénéfices environnementaux de l’élevage doivent être mis en avant : le rôle des prairies dans le stockage du carbone et le maintien de la biodiversité ou encore l’intérêt des déjections animales dans le renouvellement des nutriments des sols, par exemple.

Consommation de viande en France

Près de 85 kg par an et par habitant. C’est le poids de la consommation de viande des Français, d’après des données publiées par FranceAgriMer en 2021. Une consommation qui, après avoir légèrement baissé depuis la fin des années 1990, a tendance à se stabiliser, voire à repartir à la hausse.

Dans un rapport publié en 2023, l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a estimé que ce secteur émettait environ 6,2 milliards de tonnes d’émissions d’équivalent CO2 (Gt éq-CO2) par an, soit 12 % du total des émissions liées aux activités humaines, et près de 40 % de l’ensemble des émissions liées aux activités agroalimentaires. Dans le détail, c’est la production bovine (viande et lait) qui génère le plus d’émissions : avec 3,8 Gt éq-CO2 par an, elle représente 62 % du total des émissions dues a la production animale.

Selon le rapport, 60 % des émissions totales du secteur proviennent d’émissions directes, notamment de méthane. Ce gaz, au pouvoir réchauffant près de 30 fois supérieur à celui du CO2, est principalement émis par les ruminants - boeufs, mais aussi agneaux, moutons et chèvres - en raison de leur système digestif particulier. Pour le porc et la volaille, c’est surtout leur alimentation qui a un impact, en raison de l’épandage d’engrais azotés et de pesticides sur les cultures.

Alternatives et solutions

Levier de réduction des pressions environnementales, la consommation de produits bio augmente depuis plusieurs années en France, avec une large part de dépenses orientées vers des produits élaborés en France. La consommation par les ménages de produits biologiques est passée de 500 M€ en 2010 à 1 376 M€ en 2020.

Pour des raisons liées à la fois à la santé et à l’environnement, beaucoup choisissent de se tourner vers des viandes issues d’agriculture biologique. Mais d’après une étude publiée dans Nature Communications en 2020, la production de viande bio n’émettrait pas moins de gaz à effet de serre que la production conventionnelle. Car les animaux d’élevages biologiques vivent plus longtemps et émettent donc davantage de gaz à effet de serre. "Un poulet industriel est élevé en 40 jours, un poulet bio, c’est le double, […] donc c’est mieux pour le bien-être animal, […] mais les émissions de gaz à effet de serre par kg de produit sont plus élevées pour le poulet bio", indique Michel Duru, directeur de recherche, chargé de mission à l’Inrae.

Réduire sa consommation de viande

Réduire sa consommation est justement l’une des solutions pour limiter l’empreinte carbone de la production de viande. D’autant que la France en consomme plus que nécessaire. "125 g de viande par jour" déclare Béatrice Morio, directrice de recherche à l’Inrae et vice-présidente de la Société Française de Nutrition (SFN). "Or, de nombreux scénarios et prospectives indiquent qu’une consommation de viande deux fois moins élevée pourrait contribuer à faciliter l’atteinte des objectifs climatiques et le respect des limites planétaires".

Une diminution qui peut être compensée par des apports protéiques végétaux issus de céréales, légumineuses et oléagineux, également source de fibres, de vitamines et de minéraux. Autre solution : se tourner vers les alternatives végétales à la viande, beaucoup moins polluantes. Selon une étude réalisée par HappyVore, un steak végétal émet 31 fois moins de CO2 qu’un steak de boeuf.

Pour les adultes, les recommandations actuelles émanant de diverses autorités sanitaires au sujet de la consommation de viande rouge se situent entre 98 g et 500 g par semaine, la fourchette basse étant la plus favorable. Ainsi, dans les pays ayant accès à une alimentation abondante et variée, une diminution de la consommation de viande rouge et transformée est souhaitable.

Recommandations nutritionnelles

Enfin, le Programme national nutrition santé 2019-2023 recommande au consommateur des régimes limitant la viande rouge (- de 500 g/semaine) , les produits laitiers (2/jour) et la charcuterie (- de 150g /semaine) et augmentant la part de légumineuses et légumes secs (au moins 2 fois par semaine) et de fruits et légumes (5 par jour), naturellement riches en fibres. Ces recommandations intègrent pour la première fois le développement durable et les modes de production en conseillant de privilégier des aliments de saison, provenant de producteurs locaux et si possible « bio ».

Gaspillage alimentaire

La production et la consommation alimentaires ont un poids conséquent sur l’environnement. Le secteur agricole représente 21% des émissions de gaz à effet de serre en France. Ce chiffre grimpe même à 36% si l’on prend en compte l’ensemble des activités agricoles et alimentaires (ex: la fabrication des emballages ou le transport de marchandises). A cet égard, le gaspillage alimentaire représente à lui seul 3% des émissions de gaz à effet de serre de l’activité nationale.

En France, on estime que 20% de la nourriture est jetée et que le poids annuel du gaspillage alimentaire s’élève à 10 millions de tonnes par an. Cela représente un tas d’aliments équivalant à 1000 fois le poids de la Tour Eiffel. Depuis le champ jusqu’à nos assiettes, le gaspillage alimentaire a lieu à tous les stades de la chaîne de production alimentaire.

En France, ce sont 10 millions de tonnes de nourriture qui sont gâchées chaque année, représentant 16 milliards d’euros de perte. 33% du gaspillage alimentaire a lieu lors de la consommation, dont 14% pour la restauration collective et commerciale.

Les astuces anti-gaspillage sont nombreuses et vous permettront de réduire votre empreinte écologique tout en réalisant des économies.

  1. Préférez l’achat en vrac pour contrôler les quantités… et limiter les emballages. Souvenez-vous que les fruits et légumes un peu tordus sont tout aussi bons que les autres !
  2. En cas de doute sur la péremption d’un produit, référez-vous à la Date Limite de Consommation (“à consommer jusqu’au”) sur les emballages. Ne jetez pas les restes ! Gardez les fanes de poireaux, de carottes ou encore de radis pour les mijoter et les incorporer à d’autres plats, ou les queues de fraises pour faire des sirops délicieux.
  3. La conservation des aliments est une des clefs pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Le produit qui génère le plus de gaspillage alimentaire est le pain ! Pensez à le transformer en croûtons, pain perdu ou chapelure lorsqu’il durcit.
  4. Pensez à la congélation, la salaison, la conservation dans l’huile (pour les olives, tomates séchées, aubergines ou champignons…).

Tableau Récapitulatif des Impacts et Solutions

Impact Environnemental Source Principale Solutions Possibles
Émissions de gaz à effet de serre Production de viande, en particulier bovine Réduction de la consommation de viande, alternatives végétales, agriculture biologique
Utilisation des terres Élevage, production d'aliments pour animaux Optimisation des pratiques agricoles, réduction du gaspillage alimentaire
Pollution de l'eau et des sols Utilisation d'engrais et de pesticides dans l'alimentation animale, déjections animales Agriculture biologique, gestion durable des effluents
Gaspillage alimentaire Toutes les étapes de la chaîne alimentaire Achat en vrac, conservation appropriée, réutilisation des restes

TAG: #Viand

En savoir plus sur le sujet: