Les bienfaits des compléments alimentaires à base de ferments lactiques

Découverts au début du XXe siècle par Ilya Ilitch Metchnikov, les ferments lactiques sont des micro-organismes unicellulaires, autrement dit des microbes. Depuis des générations, les ferments lactiques sont utilisés pour transformer la texture, le goût, les propriétés nutritionnelles et le temps de conservation d'un produit. Mais est-il pour autant nécessaire de faire une croix sur les produits laitiers ? Et bien non !

Qu'est-ce qu'un ferment lactique ?

Un ferment lactique est une bactérie qui produit de l’acide lactique suite à un processus appelé fermentation. Cette fermentation se produit en l'absence d’oxygène car l’oxygène est toxique pour ces bactéries. Pour réaliser cette fermentation, les ferments lactiques ont besoin de sucres (lactose, fibres solubles, etc.), qui sont transformés notamment en acide lactique.

Les probiotiques : définition et critères

Les probiotiques sont des micro-organismes, généralement des ferments lactiques, apportés par l’alimentation qui interagissent positivement avec l’organisme. Tous les ferments lactiques ne sont pas des probiotiques. En effet, afin d’être pleinement efficaces, les probiotiques doivent parvenir vivants dans l’intestin et interagir avec l’écosystème intestinal (muqueuse, microbiote et cellules immunitaires). Pour cela, les probiotiques doivent répondre à plusieurs critères :

  • Stabilité : avant d’être ingérés, les probiotiques sont stockés dans l’aliment ou le complément alimentaire plusieurs semaines ou mois. Les probiotiques doivent pouvoir rester vivants tout au long de la durée de conservation. Ce critère peut être mesuré par des études de stabilité.
  • Gastro-résistance : comme tout aliment ingéré, les probiotiques vont être soumis à l’acidité de l’estomac et à une dégradation par les sels biliaires et les sucs digestifs. Une bactérie probiotique doit être capable de survivre à ces étapes de digestion. Cette gastro-résistance peut être démontrée grâce à des études de survie.
  • Interaction avec l’intestin : les bénéfices des probiotiques passent nécessairement par une modification du fonctionnement de la muqueuse intestinale et/ou du microbiote qu’elle abrite. Des études in vitro et in vivo sont réalisées pour le démontrer.

Les bactéries probiotiques appartiennent à seulement quelques familles (appelées « genre ») dont les plus importantes portent les noms latins de Bifidobacterium, Lactobacillus, Lactococcus et Streptococcus. Au sein de ces grandes familles, à la suite des recherches réalisées, certaines souches ont été sélectionnées du fait de leur capacité de survie dans l’intestin et des interactions fortes qu’elles peuvent développer avec ce dernier. Parmi les plus étudiées, nous retrouvons :

  • Lactobacillus delbrueckii subsp. bulgaricus et Streptococcus thermophilus, les deux espèces de bactéries responsables de la transformation du lait en yaourt.
  • Lactobacillus acidophilus
  • Lactobacillus rhamnosus subsp. GG
  • Lactobacillus helveticus
  • Lactobacillus plantarum
  • Bifidobacterium animalis subsp. lactis
  • Bifidobacterium infantis, isolée pour la première fois chez les nouveau-nés
  • Bifidobacterium bifidum

L'histoire des probiotiques

Historiquement, les premiers documents suggérant des effets bénéfiques des probiotiques remontent entre le 16ème et le 12ème avant JC, associant une longévité augmentée à la consommation quotidienne de produits laitiers fermentés. Il s’avère toutefois que la découverte des bactéries elles-même est récente et celle de leurs bénéfices, encore plus récente. La notion de probiotiques (« bonnes bactéries ») a été introduite par Metchnikoff, un bactériologiste et immunologiste russe, prix Nobel en 1908 pour sa découverte de la défense immunitaire par les phagocytes. Selon lui, de « bonnes bactéries », notamment présentes dans le yaourt, empêcheraient les bactéries putréfiantes de se développer sur les aliments non digérés.

Il a fallu attendre 2001 pour que l’OMS donne une définition officielle des probiotiques : « des micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont ingérés en quantité suffisante, exercent des effets positifs sur la santé, au-delà des effets nutritionnels traditionnels ».

Où trouver les probiotiques ?

Les ferments lactiques se trouvent principalement dans deux types d’environnement : les aliments fermentés et le microbiote intestinal de l’Homme et de nombreux animaux. Les aliments fermentés les plus connus en France sont le yaourt, le kefir, la choucroute, les cornichons en saumure et le levain. Les ferments lactiques composent naturellement une partie significative du microbiote intestinal : on comptabilise généralement plusieurs milliers de milliards de ferments lactiques dans l’intestin de l’Homme.

Les lactobacilles (Lactobacillus)

Les lactobacilles (Lactobacillus) sont des bactéries en forme de bacille (bâtonnet), présentes dans la flore intestinale. Ces bactéries sont anaérobies facultatives, c’est-à-dire que la présence d'oxygène en petite quantité est préférable pour leur développement mais non obligatoire. Ces ferments lactiques possèdent également la capacité de se développer en l’absence totale d’oxygène. On retrouve donc ces ferments lactiques essentiellement au niveau de l’intestin grêle et du côlon.

Les bifidobactéries (Bifidobacterium)

Les bifidobactéries (Bifidobacterium) sont des bactéries à la morphologie variée : en forme de bacilles (bâtonnets) avec ou sans ramifications. Bifidobacterium bifidum et Bifidobacterium longum sont naturellement présentes dans la flore intestinale. Quant à la souche Bifidobacterium longum ssp. infantis, elle colonise naturellement le tube digestif des enfants. Ces bactéries sont anaérobies strictes, c’est-à-dire que la présence d'oxygène est létale pour ces bactéries. On les retrouve essentiellement au niveau du côlon.

Les souches Streptococcus thermophilusLactococcus lactis

Les souches Streptococcus thermophilusLactococcus lactis sont des bactéries appartenant à la famille des streptocoques. Elles se présentent sous forme de coques rondes formant des paires ou des chaînes courtes. On les retrouve, tout comme les lactobacilles, essentiellement au niveau de l’intestin grêle et du côlon.

Quels sont les bienfaits des probiotiques ?

Les ferments lactiques probiotiques possèdent plusieurs propriétés intéressantes :

  • Ils forment une barrière dans l’intestin vis-à-vis des micro-organismes indésirables.
  • Ils communiquent avec les cellules intestinales, ce qui permet d’activer les systèmes de défense de la muqueuse.
  • Ils participent, avec les autres bactéries du microbiote, à la digestion des résidus alimentaires que nous ne sommes pas capables de digérer.
  • Ils induisent une réaction immunitaire (c’est-à-dire limitée dans le temps) essentielle à la lutte contre les infections.
  • Ils peuvent aider à restaurer un microbiote intestinal altéré, suite à la prise d’antibiotiques par exemple.

Les probiotiques apportés par l’alimentation peuvent réduire les inconforts désagréables des intestins irrités. Il est important de consommer des aliments fermentés quand on a des désordres digestifs. Les ferments lactiques sont proposés sous différentes formes, notamment gélules et ampoules. Pour être bénéfiques, les probiotiques doivent être pris plusieurs fois par semaine. La posologie varie en général de 10 milliards à 30 milliards de probiotique par jour, ce qui correspond en général à une gélule à prendre avec un grand verre d’eau pour une durée d’un mois.

Bienfaits spécifiques des ferments lactiques

  • Diarrhées : D'après les études, la consommation d'au moins 10 UI de ferments lactiques (mélanges de lactobacilles et bifidobactéries) permet de prévenir et/ou traiter (réduire la durée) de ces diarrhées.
  • Infections vaginales : Les études ont montré que les traitements classiques étaient plus efficaces lorsqu'ils étaient accompagnés d'une supplémentation en ferments lactiques. La consommation de ferments lactiques réduit de 81% les risques d'infections vaginales chez la femme enceinte.
  • Allergies : Les probiotiques pourraient avoir un rôle protecteur dans la prévention et/ou la gestion de la dermatite atopique et de l'eczéma en raison de leurs actions proposées.
  • Infections respiratoires : Une étude clinique menée auprès d'enfants âgés de 3 à 6 ans fréquentant une garderie montre que la prise d'un produit laitier fermenté contenant du Lactobacillus casei à raison de 200 g par jour pendant 3 mois réduit le risque de développer un rhume, l'IVRS la plus fréquente chez ces enfants, d'environ 18,5 % par rapport à un produit laitier témoin.
  • Infection à Helicobacter pylori : Plusieurs méta-analyses montrent que la prise de probiotiques en conjonction avec le traitement standard d'éradication de H. pylori peut augmenter le taux d'éradication de 1,1 à 2 fois par rapport au traitement standard d'éradication seul.
  • Syndrome de l'intestin irritable (SII) : En général, la recherche clinique montre que les probiotiques améliorent modérément les symptômes du SII, en particulier les douleurs abdominales.
  • Coliques infantiles : La recherche clinique montre que L. reuteri DSM 17938 pourrait être bénéfique pour le TRAITEMENT des coliques chez les nourrissons allaités.
  • Constipation fonctionnelle : Une méta-analyse de la recherche clinique chez les adultes souffrant de constipation fonctionnelle montre que la prise de probiotiques augmente le nombre de selles par rapport au placebo.
  • Rhinite allergique : Certaines recherches cliniques montrent que le lait fermenté peut diminuer certains symptômes de la rhinite allergique chez les adultes.
  • Maladie de Crohn et colite ulcéreuse : Des méta-analyses de recherches cliniques montrent que la prise de probiotiques multiplie par 1,4 à 1,8 le taux de rémission par rapport au placebo.

Probiotiques : existe-t-il des effets indésirables ?

Les centaines d’études réalisées à ce jour chez l’Homme ont montré une excellente tolérance de la consommation de probiotiques, même à très hautes doses. Aucun effet secondaire sérieux n’a été identifié chez des personnes en bonne santé. Chez certains, la prise de probiotiques peut accentuer la production naturelle de gaz dans l’intestin, induisant des troubles digestifs, généralement des ballonnements ou un transit accéléré. Dans la très grande majorité des cas, ces symptômes bénins régressent après quelques jours (maximum 2 semaines). Par mesure de précaution, la prise de probiotiques nécessite un encadrement médical chez les personnes pouvant avoir des lésions intestinales (chirurgicales ou pathologiques), y compris chez les bébés prématurés. En effet, bien que certains probiotiques aient pu démontrer un intérêt, ils demeurent des micro-organismes vivants qui peuvent pénétrer dans l’organisme si l’intestin est lésé.

La prise de probiotiques est contre-indiquée chez les personnes immuno-déprimées, suite une maladie (lymphome, leucémie, etc.), à une anomalie congénitale ou à la suite d’un traitement (immunosuppresseurs, radiothérapie, etc.)

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