Faut-il Manger Moins de Viande : Arguments pour une Consommation Réduite

La question de la consommation de viande est au cœur de nombreux débats, opposant différentes visions sur notre alimentation et son impact. Faut-il manger moins de viande ? Cet article explore les arguments pour une consommation réduite, en abordant des aspects liés à la santé, à l'environnement et au bien-être animal.

Les Raisons de Réduire sa Consommation de Viande

Jugée supérieure à nos besoins nutritionnels, notre consommation de viande en excès aurait des conséquences néfastes sur notre santé, la planète, la biodiversité et l’humanité. Voici 10 bonnes raisons qui devraient vous convaincre de réduire votre consommation de viande.

1. Pour un Corps en Bonne Santé

En France, la consommation moyenne de produits animaux par une population adulte en bonne santé est supérieure aux besoins nutritionnels. Un-e Français-es consomme en moyenne 1,5kg de viande par semaine au lieu des 500g recommandés par les nutritionnistes. La viande est riche en graisses saturées et en toxines ce qui n’est vraiment pas bon pour notre organisme. L’INRAE préconise « une diminution de la consommation de produits animaux » et un « rééquilibrage entre produits animaux et végétaux. »

2. Pour Prévenir les Risques de Maladies

Consommée en excès, la protéine animale peut conduire à un déséquilibre de l’organisme favorisant la survenue de maladies telles que le surpoids, l’hypertension, des maladies cardiovasculaires ou encore des diabètes de type 2. La charcuterie et la viande rouge favoriseraient les cancers du côlon, du pancréas et de la prostate. De plus, les animaux d’élevages sont chargés de substances chimiques, 75% des antibiotiques administrés dans le monde le sont par les élevages. Il faut diminuer sa consommation de viande pour ne manger que de la viande de qualité et varier son alimentation en ajoutant davantage de protéines végétales !

3. Pour Sauver l’Eau Potable

L’élevage intensif a des répercussions sur l’eau. Les animaux d’élevage absorbent quantité d’antibiotiques qui sont rejetées dans l’environnement et notamment dans l’eau. « La surconsommation et le rejet d'antibiotiques dans les masses d'eau exacerbent la résistance aux antibiotiques », observe un récent rapport de l’OCDE, et pourraient augmenter le risque d’épidémies. De plus, 15 000 litres d’eau sont nécessaires pour produire un seul kilo de bœuf.

4. Pour Réduire la Pollution de l’Air

L’élevage est responsable de 14,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, dont la majorité est due à la digestion des ruminants. Les vaches s’alimentent aujourd’hui de soja, blé et maïs transformés, elles ruminent davantage. Et la rumination produit du méthane, un gaz à effet de serre 25 fois plus nocif pour l’environnement que le CO2. Il faut revenir à une agriculture plus écologique, extraire les vaches des hangars pour les ramener dans les près d’herbe verte. L'institut de l'élevage estime d’ailleurs que 30% des gaz à effet de serre émis par les vaches sont captés par l'herbe qu'elles broutent !

5. Pour Arrêter la Déforestation Massive

Pour nourrir tout ce petit monde, il faut des céréales, beaucoup de céréales. Il faudrait fournir 7 à 12 kilos de céréales pour produire 1 kilo de viande. Parce qu’il faut toujours plus de céréales et donc plus de terres agricoles pour les produire, la forêt est peu à peu grignotée. Ainsi, on estime que l’agriculture intensive est responsable de 70% de la déforestation. Vous pouvez choisir de manger moins de viande et de meilleure qualité. En achetant votre morceau de viande chez le boucher qui propose de la viande locale issue d’animaux nourris à l’herbe de pâturages voisins, vous avez l’assurance de ne pas participer à la déforestation.

6. Pour Diminuer la Demande Mondiale de Viande

La production de viande dans le monde a triplé entre 1970 et 2010. En 2013, la production de viande s’élevait à plus de 310 millions de tonnes et elle devrait atteindre les 460 millions de tonnes en 2050. Cette demande de viande toujours croissante conduit nos agriculteurs à employer tous les moyens pour atteindre de forts rendements. Résultat ? Les animaux sont boostés aux hormones, OGM, antibiotiques. Ils sont enfermés dans de petits espaces, stressés et souvent malades. Il est urgent de ralentir. Faire baisser cette demande insensée qui conduit à tous les excès…

7. Pour Parer à la Famine dans le Monde

S’il faut produire 460 millions de tonnes de viande, pour satisfaire les estomacs carnivores de 9 à 10 milliards d’êtres humains en 2050, combien de champs de céréales faudra-t-il pour nous nourrir ? Tout compte fait, les ressources agricoles ne seront pas suffisantes pour nourrir la planète. Si la production de viande augmente avec la densité humaine, la Terre sera frappée d’une importante famine. Réduire sa consommation de viande et adopter le régime flexitarien serait probablement une bonne option.

8. Pour le Bien-Être Animal

Entassés dans des espaces exigus, encagés, brutalisés, découpés vivants, la plupart des animaux destinés à nous nourrir sont victimes de mauvais traitements. Plus stressés et maltraités, 20% des animaux d’élevage meurent avant d’avoir atteint l’âge adulte. En cause ? Ni plus ni moins, une consommation excessive de viande. Pensons à diminuer notre consommation de viande…

9. Pour le Bien de Votre Porte-Monnaie

La viande et le poisson coûtent cher. Pourtant, manger de la viande de qualité (bio et locale) ne coûte pas plus cher. Il suffit d’en consommer en quantité raisonnable. Diminuer sa consommation de protéine animale aura donc un impact positif sur votre porte-monnaie. Selon les calculs de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’assiette flexitarienne serait 21% moins chère que sa cousine carnivore. Réduire la part de viande dans votre alimentation vous permettra de faire des économies considérables !

10. Pour Réduire Notre Consommation d’Énergies

La production de viande est extrêmement gourmande en énergie. En consommant d’importantes quantités de viande provenant d’élevages intensifs, nous soutenons ce gaspillage énergétique. Réduire sa consommation de viande pour se tourner vers des produits de meilleure qualité, issus d’élevages biologiques et locaux, vous permet de diminuer considérablement votre empreinte carbone.

Les Différents Types de Régimes Alimentaires

Il existe différentes approches pour réduire sa consommation de viande. Avez déjà entendu parler des flexitariens ? Non, ce ne sont pas les habitants d’une planète loufoque où l’on ne trouve pas de bovin. Il s’agit simplement des adeptes d’un régime alimentaire qui vise à diminuer sa consommation de viande et de poisson. Ni végétariens ni végans, ces partisans de la voie du milieu sont amateurs de bonne chair.

Les Recommandations et les Apports Nutritionnels

Du strict point de vue de votre santé, il n’est pas impossible que vous mangiez encore trop de viande. Une moyenne qui se situerait juste au-dessus du seuil fixé à 500 g/semaine par le quatrième Plan national Nutrition santé (PNNS4). Mais derrière cette moyenne se trouvent de grands consommateurs qui excèdent largement ce repère et d’autres qui sont clairement en deçà.

Plus grave encore : nous dévorons plus de 350 g/semaine de viande transformée et de charcuterie, quand les autorités déconseillent de dépasser les 150 g, soit 4 tranches de jambon blanc environ. « Au-delà de ces limites, les études montrent des augmentations des risques de maladies comme le cancer colorectal et le diabète de type 2 », rappelle Perrine Nadeau, adjointe au chef de l’unité d’évaluation des risques liés à la nutrition à l’Anses, l’agence sanitaire qui a participé à établir ces limites.

Les études épidémiologiques semblent d’ailleurs plutôt confirmer la réduction des risques de maladies cardiovasculaires ou d’obésité dans le cas d’un régime végétarien « bien conduit ». Les chercheurs conservent en revanche des interrogations sur le régime « végan », qui implique une suppression totale des produits animaux.

En matière de nutrition, la viande reste un aliment intéressant. Si c’est une bonne source de nutriments disponibles, elle n’a rien de spécifique. L’ensemble des apports de la viande peuvent ainsi être remplacés par d’autres aliments. Si le fromage est par exemple une bonne source de protéines et de zinc, le poisson contient presque autant de vitamines B12 que la viande.

En revanche, la viande apporte peu de nutriments pour lesquels la population française présente des déficits : les omégas 3 et les fibres, contenus respectivement dans les poissons et les fruits et légumes. « On peut arrêter de manger de la viande, mais si on arrête aussi le poisson, les choses deviennent très compliquées », résume Nicole Darmon.

Parmi les pistes intéressantes pour réduire sa consommation de bœuf, de porc ou d’agneau, les experts pointent tous la volaille. Une catégorie de viande que les recommandations officielles invitent à « privilégier » par rapport aux autres espèces. Au total, en jonglant entre la viande, les légumineuses, les céréales et le poisson, et sous réserve de respecter les consignes officielles, « il y a plein de façons d’arriver à une alimentation équilibrée en termes de nutriments », poursuit la chercheuse. Mais pour ceux qui veulent en plus améliorer leur empreinte sur la planète, « réduire les quantités de viande est vraiment un levier majeur ».

En remplaçant la viande de ruminant par de la volaille, et en végétalisant les assiettes, on peut espérer des gains d’environ 30 % de gaz à effet de serre, et de 40 % d’utilisation des sols. Seule limite : augmenter la part de légumes et de céréales augmente également les besoins en eau.

Chaque jour, au moins un repas peut être végétarien. Pour les repas restants, les sources de protéines doivent être alternées : un jour de la viande de bœuf ou de porc, un jour de la volaille, un jour des œufs, deux jours avec du poisson (un maigre et un gras), et un dernier repas au choix. Il faut avant tout arrêter de construire des plats autour d’une pièce de viande, dans l’idée qu’elle serait centrale.

Les gens qui veulent diminuer beaucoup et vite la viande peuvent aussi aller voir un médecin nutritionniste ou des professionnels de la diététique, parfois remboursés par votre mutuelle, qui vous conseilleront par rapport à votre âge, votre profession, votre niveau d’activité physique.

Tableau Récapitulatif des Recommandations

Consommation Consommation réelle moyenne en France (en g/semaine) Recommandations françaises (PNNS4) Régime planète et santé (Lancet-EAT)
Viandes rouges (boeuf, porc, agneau et autres) 530 g/semaine 500 g/semaine max 0 à 200 g/semaine max ensemble
Charcuterie 350 g/semaine 150 g/semaine -
Volailles 210 g/semaine À privilégier 0 à 400 g/semaine
Oeufs 30 g/semaine Pas d’indication 90 g/semaine
Légumineuses 90 g/semaine Au moins 2 fois par semaine 500 g/semaine

Les Impacts de l'Élevage sur l'Environnement et les Territoires

L’élevage a des impacts mais rend aussi des services pour l’environnement et les territoires. En France, la consommation moyenne de produits animaux par une population adulte en bonne santé est supérieure aux besoins nutritionnels. Une diminution de la consommation de produits animaux, notamment de viande rouge (bœuf, veau, mouton, agneau, porc) et de produits carnés transformés, ne présente pas de risque pour la santé. Toutefois, certains types d’élevage, conduits de façon agroécologique, apportent également des services environnementaux, en utilisant des surfaces en prairies impropres à la culture mais favorables à la biodiversité, au stockage du carbone, à la filtration de l’eau.

En effet, l’élevage permet d’entretenir des prairies permanentes qui sont propices à la biodiversité, qui filtrent l’eau et stockent du carbone. La suppression de l’élevage dans un pays comme la France nécessiterait la reconversion de plusieurs centaines de milliers de personnes et une réforme complète du secteur agricole en plus de celle du secteur de l’élevage. Il contribue à la sécurité alimentaire mondiale en valorisant des surfaces qui ne sont pas cultivables.

L’amélioration du bien-être animal est un enjeu majeur qui doit être au cœur de la conception des systèmes d’élevage du XXIe siècle. Le bien-être animal est défini comme « l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux ainsi que de ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal.

Conclusion

La réduction de la consommation de viande est un sujet complexe avec des implications variées. En adoptant une approche éclairée et en tenant compte des différents aspects, il est possible de faire des choix alimentaires plus responsables et durables.

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