Les enquêtes alimentaires sont un outil précieux pour comprendre les habitudes de consommation et évaluer l'impact de l'alimentation sur la santé des populations. Elles permettent de collecter des données sur les types d'aliments consommés, les quantités ingérées et les sources d'approvisionnement. Voici un exemple de questionnaire d'enquête alimentaire et les différentes étapes de sa mise en œuvre.
Identification des communes et sélection des familles
La première étape consiste à identifier les communes à retenir pour l'enquête. Par exemple, « Pour Gravelines (Nord), la zone d’étude s’étendait dans un rayon de 5 à 10 km autour du site nucléaire.
Vient ensuite la sélection des familles d'habitants pratiquant une autoconsommation importante, une étape pour laquelle l'IRSN s'appuie sur les mairies et communes.
« Au fil des enquêtes, nous avons amélioré notre protocole », reconnaît Vanessa Parache. « Nous passons désormais exclusivement par la commune et rencontrons les maires qui nous proposent des familles.
Des articles expliquant notre projet et le besoin de familles de volontaires paraissent dans la presse locale, les bulletins municipaux, sur le site internet de la mairie. A la liste de noms fournie par la collectivité, s'ajoutent des volontaires.
Au final, nous visons l'accord d'une centaine de familles et, parmi celles-ci, un taux de retour de 90 % pour diminuer les biais et disposer de résultats statistiquement robustes.
D'année en année, les progrès sont indéniables : non seulement le nombre de famille augmente - 25 familles suivies sur quatre saisons pour l'enquête du Tricastin (Drôme) en 2004-2005, 83 familles pour Marcoule (Gard) en 2010...
« En 2011 et 2012, les enquêtes menées sur les sites de Gravelines et du Blayais se sont faites en collaboration avec les commissions locales d'information (CLI) et l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), facilitant encore les accords des sondés », explique Vanessa Parache. « Quand l'enquête est faite en association avec un exploitant, certaines familles refusent ; quand on travaille avec une CLI, les choses sont plus simples.
Déroulement de l'enquête et collecte des données
Dans la pratique, une fois les familles sélectionnées, l’enquête proprement dite débute : la centaine de familles retenues renseigne un questionnaire sur leur consommation durant une semaine, questionnaire qui leur est remis par un enquêteur spécialisé, éventuellement accompagné de Vanessa Parache.
Une semaine durant, les familles y consigneront, pour chaque repas, la nature des aliments consommés - salade, fromage, veau, carottes… - et une estimation des quantités consommées par la famille, soit en masse ou volume (grammes ou litres), soit en nombre (par exemple, deux œufs, une poire…).
Une fois les carnets alimentaires collectés, l'IRSN dispose de la ration alimentaire des 100 familles sondées.
Analyse des données et estimation des doses
La première étape consiste à passer de la famille à l'individu. Au lieu de diviser par le nombre de membres de la famille, l'IRSN utilise un système "d'unités de consommation" (UC, qui peut être considéré comme l'équivalent d'une portion d'adulte).
« Cela permet de répartir un pot-au-feu entre les différents membres de la famille, en tenant compte de la différence de portion entre un adulte et un jeune enfant, des membres qui ont pris des repas à l’extérieur, ou encore des éventuels invités de la famille durant l'enquête », illustre Vanessa Parache, ingénieure chargée de ces enquêtes alimentaires à l'IRSN.
« Le fait d’affecter une UC égale à 0 pour les enfants de moins de 4 ans ne signifie pas que leur consommation est nulle mais qu’ils ne sont pas considérés dans cette enquête : leur participation à la consommation de la famille est répartie sur les autres membres, dont la consommation de pot-au-feu, pour poursuivre notre exemple, se trouve ainsi légèrement surestimée.
Puis, à partir de la ration alimentaire moyenne par unité de consommation de chaque foyer enquêté, sont calculées des moyennes.
Une fois la consommation alimentaire des riverains connue, il devient possible d'estimer la dose de radioactivité ingérée par ce groupe.
Parmi les logiciels pouvant se nourrir des résultats des enquêtes alimentaires : Symbiose, développé par l’IRSN. Il simule le transfert de radionucléides dans les écosystèmes, et donc, in fine, le calcul de l’impact dosimétrique sur l’homme.
A la suite de l’accident de Fukushima, Symbiose avait permis - avec prudence du fait du manque d'éléments sur le Japon - de simuler l'évolution sur trois ans de la contamination dans le sol, les légumes à feuilles et les produits animaux.
Amélioration et régionalisation des enquêtes
« Nous travaillons à rendre plus opérationnelles ces enquêtes alimentaires », témoigne Vanessa Parache.
L’autre chantier à venir concerne la régionalisation des enquêtes. « En fonction des productions, nous étudions la façon dont une enquête menée sur une zone pourrait être extrapolée à une autre. Par exemple, comment adapter les résultats du site de Tricastin, situé en limite de trois départements - Ardèche, Gard, Vaucluse -, à celui de Cruas-Meysse, situé en Ardèche.
Enfin, une enquête spécifiquement dédiée aux enfants est programmée pour 2013 ou 2014.
Exemple de questions abordées dans un questionnaire
L’enquête est ouverte du 8 au 30 septembre.
« Quels aliments consommez-vous ? Lorsque vous faites vos courses, quels sont vos principaux critères d’achat ? Quels sont les freins à changer vos habitudes alimentaires ? ».
Voici quelques exemples de questions abordées à travers le questionnaire disponible en ligne depuis début septembre.
Au travers de ses 15 questions, il balaie le sujet des courses alimentaires en tentant d’identifier au mieux les besoins et les habitudes de consommation des habitants.
Les réponses permettront aussi de mieux mesurer le degré d’implication des uns et des autres dans une démarche d’alimentation durable, ou leur volonté d’aller dans ce sens.
Les réponses seront traitées dans le cadre de la démarche alimentaire de Haute-Gironde, portée par les Communauté de Communes de Latitude Nord Gironde, du Grand Cubzaguais, de l’Estuaire et de Blaye.
Pour en savoir plus sur la démarche, rendez-vous sur le site internetwww.producteurs-haute-gironde.frdont le but est d’aider les consommateurs de la Haute-Gironde à adopter une consommation alimentaire plus durable en facilitant l’identification des producteurs locaux faisant de la vente directe et leurs distributeurs sur le territoire.
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