Bienvenue sur la commune de Sainte-Marie, située à l’Est de l’île de la Martinique au bord de l’Océan Atlantique. Cette commune est connue pour sa distillerie, l’Habitation Saint-James, et son église” Notre-Dame de l’Assomption” qui trône au sommet d’un escalier qui domine le bourg. Au sein de la commune, vous trouverez en termes de services un marché couvert (à côté du Passage Tombolo), banques, station-service et postes. Des restaurants de bord de mer sont également présents sur la commune afin de vous délecter des saveurs locales.
Localisation et Caractéristiques du Quartier Pain De Sucre
Le Pain De Sucre est l’un des premiers quartiers de Sainte Marie. Il est situé en altitude, entre les quartiers Fonds Saint Jacques et Reculée au Sud, et le quartier Dominante du Marigot. Le trou Grec est une zone très dénivelée qui se distinguait par la rudesse de ses habitants ,au travail comme dans la vie quotidienne. On y accédait à dos de mulet ou à pied. Rares sont ceux qui s’y aventuraient. Les limites du Pain De Sucre longtemps imprécises, intègrent le Charpentier qui donne à ce quartier, un espace côtier très important et une baie très profonde.
D’ailleurs , Pain De Sucre tire son nom de cet atout maritime. Le quartier est situé face au rocher dont il tire le nom (Certains parlent de l’ilet Pain De Sucre). Le Pain De Sucre est un quartier bien arrosé. On y trouve la rivière Charpentier et des sources qui se font de plus en plus rares. Les débits ont diminué ou se sont asséchés rapidement. La Pain De sucre est une zone agricole. On y trouve des habitations bananières mais surtout beaucoup de jardins créoles.
Sur le plan de la végétation, le Pain De Sucre propose une curiosité : ce fameux palmier séculaire qui domine la région et qui est visible à plusieurs kilomètres à la ronde. Ce palmier se trouve à Desroses et servait de repère aux marins pécheurs. Beaucoup d’histoires existaient autour de la présence de cet arbre géant.
Le rocher du Pain de Sucre qui forme un petit cap escarpé est une spectaculaire particularité géologique de la Martinique. Le Pain de Sucre est un morceau de sucre de forme conique que l’on fabriquait dans les habitations sucreries. Ce rocher a la forme d’un pain de sucre. Il existe aussi ce célèbre Pain De Sucre de Rio de Janeiro. Il faut dire que la ressemblance est frappante et l’on pourrait s’interroger sur le choix de ce nom.
L'Époque Coloniale et l'Établissement des Habitations
Nous sommes en 1658. Après avoir refoulé les kalinagos vers l’Est, le rythme d’occupation de la Capesterre par les français s’accentua. En partant à la conquête de l’ensemble du territoire, les colons avaient un objectif : faire de ces terres une colonie d’exploitation au profit du royaume de France.
La baie de Charpentier fut un lieu privilégié pour le débarquement des colons et devient au XVIIème, un espace où a eu lieu une importante activité maritime et commerciale. En 1993, une quinzaine d’ancre de bateaux fut localisée à environ 100 mètres de la cote ainsi que des formes à sucre. Des vestiges de maçonneries ainsi que des tessons de céramique et de faïence laissent à penser qu’il existait un débarcadère (quai) pour l’embarquement et le déchargement de marchandises liées aux activités des habitations notamment de l’habitation Pain de Sucre (à Ténos).
Une fois la région conquise, Il a fallu défricher toutes ces terres. L’opération débuta avec les dominicains et les premiers habitants. Le défrichement s’effectua de la mer vers l’intérieur des terres. Ainsi on vit apparaitre des habitations. Madame Duparquet incita les colons à s’installer dans la région en les exemptant de tous les droits. Les terres sont concédées aux habitants avec obligation de les planter dans les deux ans.
Au début, le gouverneur cédait gratuitement des terres d’une superficie de 200 pas de largeur sur 1000 pas de longueur. C’était des bandes de terres qui partaient du bord de mer pour l’intérieur des terres. Les habitants les plus influents avaient des concessions plus grandes. Les colons mettent en place de petites habitations et cultivent en particulier du pétun pour l’exportation mais aussi des vivres pour la consommation dans la colonie.
La Martinique est divisée en compagnie puis en quartiers. Les habitations qui composaient un quartier portaient le nom de leur propriétaire. Un recensement est réalisé 1664. Le quartier de Fort Sainte Marie est clairement défini même si la limite avec Trinité et le Marigot reste floue. Le quartier de Fort Sainte Marie fait partie de la Compagnie de La Garenne. Cette compagnie s’étend du Marigot jusqu’à la Pointe de La caravelle. Ces propriétés vont donner naissance aux premiers quartiers de Sainte Marie. Ils sont tous situés sur la côte et sont constitués d’habitations.
Les Premiers Habitants et Propriétés du Quartier
Le quartier de Pain de Sucre compte en 1664, 16 habitations. Ce sont des propriétés qui ont une superficie générale de 1000 pas de long sur 100 pas de large. Parmi les premiers habitants, on trouvait François Levassor, Pierre Birot, ou Adrien le Seigneur qui avait la plus grande propriété du quartier. Elle faisait 200 pas de large pour 2000 pas de long.
Sur la propriété de François Levassor, on trouvait un moulin à bœufs et la première sucrerie du quartier. Un recensement de 1671 nous apprend que François Samuel Levassor de Latouche possédait une habitation qui avait une superficie de 100 pas de large sur 1000 de long soit environ 12 hectares. Seuls quatre dixièmes étaient exploitées.
Cette habitation fut vendue à Pierre Birot qui possédait déjà une habitation dans le quartier. Pierre Birot était propriétaire terrien mais fut aussi substitut du procureur du roi, notaire et arpenteur royal. Les autres habitations sont plantées en tabac et en vivres.
A côté du Pain De Sucre, se trouve le sous quartier du Charpentier qui relie Sainte Marie à Marigot. On y trouve 4 propriétés dont celle d’Abraham Bueno. C’est un juif hollandais qui comme beaucoup d’autres a fui le Brésil après la conquête des portugais en 1654(il vivait à Rio de Janeiro). Il faisait partie de ces 300 juifs hollandais qui ont été accueillis à la Martinique et qui y apportèrent la culture de la canne à sucre. Abraham Bueno était un riche marchand qui possédait l’une des plus grandes propriétés du secteur Pain De Sucre/Charpentier. Elle avait une superficie de 400 pas de large pour 1500 de long. Ce personnage puissant plantait de la canne à sucre et des vivres.
Abraham Bueno avait 60 ans lorsqu’il est arrivé dans le quartier. Il était accompagné d’Abraham Baron (30 ans), de La Roulière (30 ans) son serviteur et de 5 esclaves. Ce nom serait devenu celui du quartier qui s’est développé dans les hauteurs.
Évolution du Domaine du XVIIème au XIXème Siècle
Du XVIIème au XIXème, le Pain De Sucre a connu des restructurations de propriétés, des mouvements de révoltes d’esclaves dans les habitations. Après l’abolition de l’esclavage on assiste à la lutte pour l’application des nouveaux droits ; L’affrontement entre bissetistes et scholchéristes est intense. Le 28 avril 1849 a lieu sur l’habitation Dessales une rencontre entre Pierre Dessales et Charles Bisette ; cette rencontre ne met pas fin aux tensions qui agitent Sainte Marie. Le gouverneur dénonce le conseil municipal. Au XIXème on trouve les habitations Charpentier et Pain De Sucre. Elles existeront jusqu’au XXème siècle. A côté de ces grosses unités existaient de petites structures artisanales.
L'Habitation Le Charpentier et l'Industrie Sucrière
L’habitation Le Charpentier est née du démantèlement de l’ancienne propriété de Louis Levassor, ami proche de Pierre Dessalles. L’habitation Le Charpentier devient la propriété de Mr De Ferbeaux. L’habitation Lagrange est située le long de la rivière du lorrain au Marigot. Elle avait une superficie de 136 hectares vers les années 1880/1890. Au départ, propriété de la famille Platet De Lagrange Buée, l’habitation fut achetée par les héritiers Assier De Pompignan.
Pour faire fonctionner son usine au maximum, en plus de la production de canne à sucre sur ses terres, les propriétaires firent l’acquisition d’habitations voisines comme celles du Charpentier et de Pain De Sucre (aux enchères). Les actionnaires devaient régler le problème de transport de la canne depuis les champs de Charpentier et de Pain De Sucre jusqu’à l’usine. Pour les régions escarpées, l’utilisation des mulets et cabrouets fut utilisée. Les paquets de canne à sucre étaient stockés dans des zones de regroupement appelées gares.
Une ligne de chemin de fer arrivait jusqu’à la zone basse de l’habitation Charpentier. Pour acheminer la production de canne à sucre de Pain De Sucre vers l’usine du Lorrain, un téléphérique, appelé « Oplane » ou câble, fut mis en place vers 1914 par G. Assier De Pompignan. Les piles de canne( environ 500 kilos) étaient chargées dans des paniers qui glissaient sur des câbles jusqu’à l’usine. Le téléphérique partait des hauteurs de Charpentier et la benne se dirigeait vers l’usine. c’était la station de départ comme le précise Philippe Bally.
Ce système de coulisse partait du lieu dit « Morne au Vent » pour amener la canne à sucre sur la rive droite de la rivière Charpentier où le chargement était transféré dans les wagons qui étaient en place sur la voie ferrée . De nombreuses grèves sont partis de cette région. Un groupe de travailleurs de l’habitation Fonds Saint Jacques en grève s’est rendu vers l’habitation Pain De Sucre pour les mobiliser. Ils réclamaient 2 francs la tâche. Le commandeur proposait 1.25 frs. Pour monsieur Bernus le gérant de l’habitation Pain De Sucre, une trentaine d’ouvriers agricole les ont rejoints. Des ouvriers agricoles de l’habitation Charpentier se mirent aussi en grève. Le gérant, monsieur Milon De Sainte Claire n’a pu empêcher cette mobilisation.
Le Pain De Sucre Aujourd'hui
Les habitants vivent surtout de l’agriculture sur de nombreuses petites parcelles qui sont en pente. On peut considérer aujourd’hui que l’Anse Charpentier reste le secteur le plus actif du quartier. Le long de la RN 1 se sont installées de petites industries comme cette fabrique de bétons et matériaux de construction ou ce centre d’empotage de la banane ou ce restaurant très touristique.
Jusqu’aux années 50, le quartier était formé de maisons en paille. On organisa très tôt des cours pour adultes qui étaient surtout assurés par des militants syndicaux et politiques. En Octobre 1955, on trouvait trois classes à Pain De Sucre qui accueillaient 98 élèves. Quelques années plus tard, la municipalité socialiste de Sainte Marie supprimait ces cours sous prétexte qu’on y faisait de la politique. Elle supprima ensuite les cours surveillées. Le quartier possède plusieurs chapelles dont une chapelle catholique, la plus ancienne, qui fut rénovée par le père N’Goma. Des fêtes étaient organisées régulièrement dans le quartier. A part le palmier, on trouve le seul moulin à vent encore visible à Sainte Marie.
Riffard Lordinot, directeur d’école et grand militant communiste et syndical. Emile Joli, danseur de Damyé.Il était considéré comme un des grands majors de la Martinique. Dédé Duguet, Homme de théâtre, conteur et comédien. Il est surnommé Misiè Dédé. Guy Lordinot ,Homme politique, leader du Renouveau de Sainte Marie.