L’histoire du domaine du Lys-Chantilly est intimement liée à celle des deux communes de Lamorlaye et Gouvieux ainsi qu’à l’Abbaye de Royaumont.
Les origines médiévales
L’origine remonte probablement à la fondation de la Ferté de la Villeneuve de Lamorlaye à la fin du XIIème siècle. Au XIIème siècle, le fief appartenait à des chevaliers dits « de Lis » vassaux du Comte Mathieu de Beaumont : Girard puis Guillaume de Lis.
Lamorlaye sera le siège d’une seigneurie dans le premier tiers du XIIIème siècle, possédée par Philippe Hurepel, comte de Danmartin. Gouvieux est une ancienne terre de l’état carolingien (an mille) devenu capétienne puis normande. En 1196, Philippe-Auguste échangea des biens d’île de France (dont Gouvieux) contre la seigneurie normande de Vernon.
Vers 1350, la terre du Lys appartient à Messire Jacques de Belloy suite à une alliance entre Robert du Lis et Blanche de Belloy. La seigneurie du Lys est ensuite propriété de la famille de Belloy du XIVème siècle jusqu’à la fin du XVIème siècle. Jeanne de Belloy l’avait apportée lors de son mariage avec François le Maire de Boullan.
Les propriétaires successifs
En novembre 1599, Dame Jeanne de Belloy et François Le Maire de Boullan cèdent les terres à leur gendre Charles de Marcq, écuyer, seigneur de Montcrépin, marié à leur fille Françoise demeurant au manoir du Lys. En 1599, Charles de Marc acquiert le domaine.
Vers l’an 1600, le village du Lys se compose d’un manoir seigneurial, d’une église et son cimetière, d’une vingtaine de maisons, et à l’ouest relevant de Royaumont la grande ferme située dans un enclos dite « ferme de Royaumont ».
Charles de Marcq mourut le 7 janvier 1632, et sa veuve, Françoise le Maire de Boullan, le 22 janvier 1638. Ils furent inhumés dans l’église Saint-Vaast. La seigneurie du Lys revint à leur troisième fils Henri de Marcq marié à damoiselle Louise de Boullan.
Vers 1650, Henri de Marcq décède. La seigneurie du Lys revint à Louise et Jeanne de Boullan. A sa mort, le 7 mai 1659, Jeanne de Boullan cède la terre du Lys à Louise de Boullan qui épouse en secondes noces Henry de Belloy. Louise de Boullan ne semble pas avoir eu d’enfants de ce second mariage car à son décès, Le Lys devint la propriété d’un membre de sa famille: René Le Maire de Boullan, seigneur de Parisis-Fontaines, Bercourt et Longueil.
Il mourut peu après, laissant trois enfants, Antoine, Benoît et Geneviève, dont le premier était majeur. Antoine Le Maire de Boullan reprit la seigneurie du Lys.
Le 30 septembre 1688, Antoine Le Maire de Boullan vendit la terre et seigneurie du Lys à Henri-Jules de Bourbon, prince de Condé, seigneur de Chantilly de 1686 à 1709, fils du Grand Condé (Louis II de Bourbon). En 1698, Louis III de Bourbon, 6ème Prince de Condé, achète le domaine.
En 1719, le Duc de Bourbon réalise le boisement du Lys.
La Révolution entraîne la confiscation du domaine. En 1819, Louis Henri Joseph de Bourbon, 9ème et dernier prince de Condé, rachète le domaine. En 1825, le hameau le Lys est rattaché à la commune de Lamorlaye.
L'ère du Duc d'Aumale et ses successeurs
En 1852, Monsieur de Parabère achète la « Ferme du Lys ». En 1876, Henri Eugène Philippe Louis d’Orléans, Duc d’Aumale, quatrième fils du dernier Roi de France, Louis-Philippe 1er, achète le domaine.
En 1830, à la mort de Louis VI Henri Joseph de Bourbon, le Duc d’Aumale Henri d’Orléans hérite de son immense fortune estimée à 66 millions de francs-or dont le Château de Chantilly et sa forêt.
Le château de Chantilly a été profondément marqué par un homme : Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897), qui n’a eu de cesse tout au long de sa vie de rendre hommage aux richesses du lieu ainsi qu’à ses illustres prédécesseurs, notamment les Montmorency et les princes de Condé.
Aumale, avec sagesse, a voulu que son domaine de Chantilly, le parc, le château, la fabuleuse collection de peintures et de livres, ne soit pas dispersé, et qu'il échappe aux avatars de l'actualité. Voulant conserver à la France le domaine de Chantilly dans son intégrité avec ses bois, ses pelouses, ses eaux, ses édifices et tout ce qu'ils contiennent, trophées, tableaux, livres, archives, objets d'art français dans toutes ses branches et de l'histoire de ma patrie à des époques de gloire, j'ai résolu d'en confier le dépôt à un corps illustre qui m'a fait l'honneur de m'appeler dans ses rangs à un double titre, et qui, sans se soustraire aux transformations inévitables des sociétés, échappe à l'esprit de faction comme aux secousses trop brusques, conservant son indépendance au milieu des fluctuations politiques.
En octobre 1886, le Duc d’Aumale fait donation à l’Institut de France, en en gardant l’usufruit, du domaine de Chantilly comprenant la forêt du Lys.
En février 1894, le Baron Henri James Nathaniel Charles de Rothschild achète à l’Institut de France l’usufruit du domaine au Duc d’Aumale. En août 1919, le Baron Charles de Rothschild cède la forêt du Lys à Monsieur Adolphe Bernard.
En février 1924, la Société du Lys-Chantilly achète le domaine, d’un seul tenant.
Le Duc d'Aumale, magicien de Chantilly
Cinquième fils de Louis-Philippe, roi des Français, le duc d'Aumale est en 1843, à vingt et un ans, un jeune général auquel la prise de la smala d'Abd el-Kader, en Algérie, laisse entrevoir un destin national. Cinq ans plus tard, son élan se brise net sur les barricades parisiennes. Contraint à l'exil avec sa famille et ses partisans, le duc fustige moins la République que Napoléon III. Assumant sans complexe l'héritage de l'Ancien Régime comme de 1789, il est alors un libéral qui combat l'Empire sans combattre la France, depuis sa demeure anglaise d'Orleans House.
Rentré d'exil, le duc a déçu les espoirs des monarchistes. L'expatriation, la mort de ses fils, sa radiation des cadres de l'armée ont pu décourager son "idée de la France": fière de son passé, confiante en l'avenir. Mais il savait qu'il lèguerait un trésor: le manuscrit enluminé des Très Riches Heures du duc de Berry, des toiles de Raphaël, de Poussin, de Watteau, des dessins de Clouet, entre autres œuvres passionnément amassées au château de Chantilly, et qui font du Musée Condé, la deuxième plus grande collection d'art français après celle du Louvre.
Le legs officiel à l'Institut de France, Aumale, avec sagesse, a voulu que son domaine de Chantilly, le parc, le château, la fabuleuse collection de peintures et de livres, ne soit pas dispersé, et qu'il échappe aux avatars de l'actualité. En lèguant à l'Institut de France en 1886, il a su protéger.
Le duc d'Aumale incarne les valeurs qui rendent les Français fiers de la France. Indépendance, autorité, loyauté, passion sont les traits saillants de son caractère. Dans un monde incertain, dans une Europe qui se cherche, dans une nation qui doute trop d'elle-même, la figure du duc d'Aumale est le reflet exact de la "permanence de la France".
La forêt de Chantilly
En l’an mille, le château de Chantilly n’existait pas et la forêt était réduite à de petits boqueteaux. Ce sont les princes successifs de Chantilly qui ont planté, créé, développé, entretenu la forêt, principalement pour y chasser : la forêt compte 700 Ha du temps des Orgemont. Anne de Montmorency double sa surface et le Grand Condé poursuit les acquisitions.
Lors de la venue de Louis XIV à Chantilly, en 1671, la forêt atteint 2 700 Ha. C’est alors le premier chantier d’André Le Nôtre : il crée des grands carrefours en étoile qui existent toujours ainsi que de belles et grandes allées. Quand éclate la Révolution, la forêt mesure 5 000 Ha. C’est dire que la forêt et les châteaux successifs s’édifient à l’unisson pour constituer un même ensemble patrimonial.
Puis vint le duc d’Aumale. A son tour, il s’attache, à la suite de ses prédécesseurs, à poursuivre les agrandissements. Mais il se préoccupe surtout de bien gérer sa forêt. Comme dans tous les domaines, il s’entoure des meilleurs conseils venus, notamment, de la nouvelle école forestière de Nancy, créée en 1824. C’est sous son impulsion qu’Aumale va modifier profondément la gestion de sa forêt.
Jusqu’à ce tournant, la pratique à Chantilly, comme dans la plupart des forêts françaises, était celle du « taillis sous futaie » : tous les 20 ans le taillis - la partie « basse » - était coupée pour fournir du bois de chauffage et du charbon de bois lequel faisait fonctionner les fonderies industrielles. En 1860, un tiers de la fonte était produite dans les hauts fourneaux fonctionnant au charbon de bois. Et la houille, provenant majoritairement de Grande Bretagne, remplace progressivement le charbon de bois. L’exploitation par « taillis sous futaie » est donc remise en cause même si elle avait le grand avantage de produire un revenu régulier.
Mais elle avait aussi l’inconvénient de ne pas privilégier le développement de belles futaies peuplées de grands et beaux arbres, notamment de beaux chênes et de belles pièces de bois pour la construction et la fabrication très exigeante de tonneaux. Dans les taillis subsistaient quelques rares et beaux sujets, les « réserves », souvent coupés et vendus autour de 80 ans, avant leur maturité complète.
Le duc d’Aumale prend bien conscience de l’évolution nécessaire. Il s’appuie sur des responsables de qualité formés aux pratiques modernes. Il allonge le cycle de coupe des taillis, augmente le nombre des « réserves » en sélectionnant beaucoup plus de jeunes arbres d’avenir qui feront de grands arbres destinés à la production de bois d’œuvre. Il crée une pépinière et implante des résineux là où le sol est trop pauvre et peu épais pour des arbres feuillus de qualité. Et il nous lègue une magnifique forêt de 6 300 Ha !
En bref Aumale fait pour la forêt ce qu’il fait dans tous les domaines : une gestion de grande qualité, faisant appel aux techniques les plus modernes et aux meilleurs spécialistes de son temps. Et il marque l’intérêt primordial qu’il attache à la forêt en demandant, dans son testament, qu’elle soit inaliénable c’est-à-dire indéfiniment attaché au Château comme un patrimoine unique, indissociable.
Les beaux grands arbres de notre forêt sont, pour la plupart, le fruit de cette bonne gestion.
Le réchauffement met, aujourd’hui, tout le massif forestier en danger. Il nous appartient de nous adapter et de suivre l’exemple du duc d’Aumale : faire appel aux meilleurs scientifiques et forestiers d’aujourd’hui pour sauver notre forêt et la conserver vivante au moins pour les 50 ans à venir. Le processus de sauvetage est bien engagé mais le succès dépend aussi de votre soutien.
Le château de Chantilly
Le château de Chantilly est un château reconstruit au XIXè siècle par le duc d’Aumale, Henri d’Orléans. A deux heures de Lille, un dépaysement total attend les quelques 500 000 visiteurs qui s’aventurent dans son domaine chaque année. Un premier château fort est construit sur un rocher parmi les marécages de la vallée de la Nonette. A l’époque, l’objectif de l’édifice est de contrôler la route allant de Paris à Senlis. Mais c’est en 1386, lorsque la famille d’Orgemont acquiert le domaine, que la première forteresse est construite. A partir de cette époque, le domaine de Chantilly restera dans la famille, en faisant l’un des châteaux les moins vendus de France.
Anne de Montmorency devient le propriétaire du château de Chantilly lorsqu’il est ministre de François 1er. Inspiré par les palais qu’il découvre au cours des guerres d’Italie, il décide de faire construire un château de plaisance dans le style de la Renaissance Italienne. En 1632, le château est confisqué par le roi suite à la décapitation de son propriétaire qui s’est révolté contre Richelieu. Il ne sera restitué à Charlotte de Montmorency que 11 ans plus tard.
Le château de Chantilly a été très affecté par la révolution. Le château est vidé de son mobilier qui sera vendu, le Petit Château est transformé en prison sous la terreur et le château principal finira par être détruit en 1799 pour récupérer les matériaux de construction. Seuls subsistent le Petit Château et les Grandes écuries. Le château est de nouveau possédé par Louis V Joseph de Bourbon-Condé à son retour d’émigration en 1814, mais ne il parvient pas à rénover le château avant sa mort. Son fils, Louis VI Henri de Bourbon-Condé n’apporte que des modifications mineures durant ses 15 ans en tant que propriétaire.
Le duc d’Aumale, Henri d’Orléans, est l’héritier de Louis VI Henri de Bourbon-Condé et donc le nouveau propriétaire du château de Chantilly à sa mort en 1830. A l’époque, le Grand Château a presque complètement disparu. En 1876, après un exil de plus de 22 ans suite à la monarchie de Juillet, le duc d’Aumale entreprend la reconstruction du château de Chantilly sur les anciennes fondations. En seulement 6 ans, le château était reconstruit.
Au fil des années, le duc d’Aumale avait accumulé de nombreux objets de collections : trophées, livres ou encore oeuvres d’art. A sa mort, n’ayant pas d’héritier, il légua son domaine à l’Institut de France en créant la fondation des Princes de Condés. Afin de préserver l’aspect extérieur du château, il ordonna dans son testament que nul ne pourra y habiter, et que le château ne deviendrait qu’un musée.
De nos jours, le château de Chantilly est un musée hors du commun abritant des oeuvres de tous types. Le duc d’Aumale étant un des plus grands collectionneurs de son époque, la collection de peintures du château de Chantilly est la seconde collection de peintures anciennes après le Louvre. La présentation des oeuvres exposées est restée inchangée depuis sa mort, conformément à son testament. Le cabinet des livres est également une des pièces maîtresses du château de Chantilly,fruit de la bibliophilie dévorante du duc d’Aumale.
Aujourd’hui haut lieu culturel et l’un des plus beaux édifices du sud de l’Oise, le château de Chantilly a vu passer huit siècles d’évènements historiques. L’histoire du château de Chantilly commence au Moyen-Âge. Au départ, il s’agit d’un bâtiment fortifié construit au XIème siècle sur un rocher, au cœur des marécages de la vallée de la Nonette. Quand on voit la douceur de la ville de Chantilly et de son château, difficile de s’imaginer qu’ils se tiennent sur d’anciens marécages ! Le premier propriétaire, Guy de Senlis, est très proche du roi Louis VI, dit Le Gros. Il est en effet son « Bouteiller » officier en charge d’approvisionner la Cour en vin.
Pendant presque 300 ans, le château reste entre les mains des Bouteiller de Senlis, jusqu’à la Guerre de Cent ans. Le château est pillé lors de la Grande Jacquerie, une révolte paysanne, en 1358. Le château est ensuite vendu par Guy de Laval, l’héritier des Bouteiller de Senlis, à la famille d’Orgemont en 1386. Pierre d’Orgemont, le nouveau propriétaire, va entamer des travaux de reconstruction du château. Durant trois générations, le château va rester entre les mains des Orgemont.
Du XV au XVIIème siècle, la famille de Montmorency va effectuer d’importants travaux de rénovation du château de Chantilly. Avec l’arrivée de la Renaissance en France, de nouveaux styles architecturaux s’imposent. Au début du XVIème siècle, le célèbre connétable de France et proche de François Ier, Anne de Montmorency hérite à son tour du château. Entre 1557 et 1558, Anne de Montmorency confie les rénovations à l’architecte Jean Bullant. Ce dernier fait construire au pied de la vieille forteresse l’actuel Petit Château, ainsi qu’une terrasse, une statue équestre et sept chapelles. Il dessine également les premiers jardins. Le fils d’Anne de Montmorency, Henri, continue l’œuvre de son père durant toute la seconde partie du XVIème siècle.
Henri II de Montmorency, le petit-fils d’Anne, et sa femme Marie des Ursins y abriteront le poète Théophile de Viau, condamné à mort. Mais Henri II se révolte contre le roi Louis XIII et il est exécuté tandis que sa femme entre au couvent. Finalement, la reine Anne d’Autriche restitue le château à la plus jeune sœur d’Henri II, Charlotte. En 1664, c’est au tour de Louis II de Bourbon-Codé, dit Le Grand Condé, d’investir le château. Avec lui, Chantilly devient un véritable bijou. Il fait appel à André Le Nôtre, le jardinier de Louis XIV, pour moderniser le parc de son château. Le Nôtre dessine un jardin à la française qui deviendra l’une de ses créations préférées.
La cour de Chantilly devient aussi brillante que celle de Versailles : Condé y reçoit de grands auteurs comme La Fontaine, Mesdames de La Fayette et de Sévigné, Bossuet, La Bruyère…Lors des nombreuses fêtes, Molière joue ses pièces comme Les Précieuses ridicules et Tartuffe. Jusque dans les cuisines, où le grand Vatel est maître d’hôtel, tout n’est que raffinement à Chantilly. Jusqu’à sa mort, Condé n’aura de cesse de vouloir améliorer son château. Son fils continuera dans la lignée de son père en modernisant l’édifice.
Durant le siècle des Lumières, le petit-fils du Grand Condé, dit « Monsieur le Duc » aménage les fameuses Grandes Ecuries. Il fait de nombreux embellissements dans le jardin, aujourd’hui disparus. Son fils fait construire dans les années 1770 un hameau qui inspirera Marie-Antoinette pour le sien, à Trianon.
Sous la Révolution, le château est pillé et devient une prison politique. Sans entretien, les jardins se dégradent. Le domaine est démantelé et en partie vendu. En 1830, le duc d’Aumale hérite du château. Entre 1876 et 1882, il fait reconstruire le Grand Château avec l’architecte Honoré Daumet et y installe son impressionnante collection de livres précieux, aujourd’hui encore conservée à Chantilly. A sa mort en 1897, le duc lègue le château à l’Institut de France.
Aujourd’hui, le château est un haut lieu de culture. En plus d’avoir ouvert ses portes au public sous le nom de Musée Condé, il abrite de nombreuses manifestations culturelles. De 1991 à 2011, il accueille le concours international « les Nuits de feu » qui récompense le plus beau feu d’artifice. C’est également en son sein que se déroule le concours d’élégance automobile Chantilly Arts & Elegance Richard Mille, une année sur deux.
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