Course de Chevaux à Chantilly : Un Héritage Équestre

Toutes celles et ceux qui sont déjà venus au château de Chantilly ne peuvent oublier cette silhouette gracieuse qui surgit au détour d’un virage, et qui semble flotter sur l’eau des douves qui l’entourent. Mais au-delà du château, le domaine de Chantilly est aussi réputé pour ses Grandes Écuries du 18e siècle, encore en activité aujourd’hui et situées à la jonction du parc du château, de la forêt et de la ville. C'est avec elles que la ville de Chantilly s’est développée à partir du 18e siècle. Ces écuries monumentales, qui n’ont que très peu changé depuis leur construction (du moins en extérieur), ont été bâties par l’architecte Jean Aubert entre 1719 et 1735 à la demande de Louis IV Henri de Bourbon-Condé (1692-1740), 7e Prince de Condé, propriétaire du domaine. Il est l’arrière-petit-fils du Grand Condé, Louis II de Bourbon-Condé (1621-1686), le cousin du roi Louis XIV qui fera de Chantilly un lieu somptueux et prisé de l’aristocratie du Grand Siècle.

Les Grandes Écuries : 300 Ans d'Histoire et d'Architecture

En 1719, Louis-Henri de Bourbon, passionné de chasse et héritier des princes de Condé, décide de construire des écuries monumentales pour abriter ses chevaux de chasse et de service. L’architecte Jean Aubert conçoit un projet ambitieux qui doit s’imposer comme un véritable palais dédié aux chevaux. Commencées en 1721, les Grandes Écuries impressionnent d’abord par leurs dimensions : 186 mètres de long, un dôme majestueux de 28 mètres de hauteur, et des nefs latérales (Est et Ouest) pouvant accueillir jusqu'à 240 chevaux.L’ensemble se divise en trois cours aux fonctions bien distinctes :

  • La cour du Manège, dédiée à l’entraînement des chevaux,
  • La cour des Remises, où étaient abritées les voitures hippomobiles,
  • La cour des Chenils, qui logeait près de 400 chiens de chasse.

Les étages étaient utilisés pour loger le personnel des écuries : cochers, palefreniers, écuyers… Sous la Révolution, les écuries réussissent à échapper à la destruction, et sont alors converties en caserne militaire. Une fonction qu’elles garderont sous le règne de Napoléon.

Renaissance et Modernisation au XIXe Siècle

A la Restauration en 1815, le Prince de Condé, Louis-Joseph de Bourbon (1736-1818), de retour d’exil, tente de rénover le château, en grande partie détruit après la Révolution. Il remeuble le château, réinstalle certaines œuvres d’art qu’il réussit à récupérer, et réaménage les jardins. Les écuries retrouvent leur fonction. Son fils Louis-Henri-Joseph (1756-1830), 9e prince de Condé, meurt sans héritier direct. Il lègue ses biens à son petit-neveu et filleul, Henri d’Orléans, duc d’Aumale, qui n’est autre que le fils du futur roi des Français, Louis-Philippe 1er (règne : 1830-1848). Au-delà des grands travaux de rénovation et de réaménagement du château et du domaine, Le duc d’Aumale, passionné de chasse, décide de moderniser les Grandes Écuries. Sans toucher aux extérieurs, il crée dans les nefs qui abritent les chevaux des boxes et des stalles plus spacieux pour accueillir ses chevaux et ceux de ses invités.

Le Musée Vivant du Cheval : Un Lieu Unique Ouvert À Tous

Lorsqu’il meurt en 1897, le duc d’Aumale lègue son domaine de Chantilly - le château, le parc, les bâtiments dont les écuries - à l’Institut de France. Après la Seconde Guerre Mondiale, les Grandes Écuries deviennent une école d’éducation équestre, et le lieu de dressage et d’entrainement du cercle hippique de Chantilly, sous la supervision du Colonel André Jousseaume, champion olympique de dressage, et d’Yves Bienaimé, écuyer-professeur. Ce dernier aura l’idée de créer, en 1982, le Musée Vivant du Cheval et d’ouvrir ainsi les écuries au public pour transmettre sa passion et les métiers du cheval. Inauguré en 1982 par l’écuyer Yves Bienaimé, le Musée Vivant du Cheval transforme les Grandes Écuries en un lieu vivant, où se tiennent expositions, animations pédagogiques et spectacles équestres. L'objectif premier est de sensibiliser le grand public à l’univers du cheval.

Les Collections du Musée

Le musée s’étend sur 15 salles thématiques qui présentent des œuvres (peintures, sculptures, photographies), objets, archives et documents illustrant :

  • L’histoire des Grandes Écuries, leur architecture et leur fonctionnement ;
  • Les origines du cheval tel que nous le connaissons aujourd’hui, fidèle compagnon de l’histoire humaine ;
  • Les métiers et objets du cheval - étriers, harnais, sellerie…
  • Ses usages comme moyen de transport, allié militaire, symbole de pouvoir ou partenaire de chasse ;
  • Son rôle sportif (courses hippiques, polo…) ;
  • Ses représentations artistiques (peintures, sculptures…) ou ludiques (jeux, manèges…) à travers les siècles.

Actualités et Rénovations Récentes (2022-2025)

Depuis 2022, et avec pour objectif de bénéficier de l’appellation ‘Musées de France’ (musées agréés par l'État), le Musée Vivant du Cheval et les Grandes Écuries ont engagé et réalisé une série de travaux et de réaménagements enrichis de nouvelles salles, de nouveaux objets exposés et d’une muséographie plus pédagogique. Voici les principales nouveautés récentes et à venir.

Les Rénovations de 2022 & 2024

  • La première salle historique: La salle dédiée aux ‘plus belles écuries d'Europe’, soit aux Grandes Écuries de Chantilly, a été réaménagée avec des plans et maquettes, mettant en lumière leur importance architecturale et leur histoire.
  • La Salle du sellier : Grâce au soutien d’Hermès Sellier, une nouvelle muséographie valorise le métier de sellier avec des outils et une selle éclatée, illustrant les différentes étapes de fabrication.
  • Les Collections de selles : Dans cette salle réorganisée et rénovée, on découvre une riche collection de modèles de selles rares, de France et d’ailleurs. Des selles pour monter en ‘amazone’ ; des des selles de parades originaires du Maghreb, des États-Unis ou d’Afghanistan ; des selles de voyage ; des selles de travail ; ou encore des selles militaires, de dressage ou de sport.
  • La salle dédiée à la vènerie : Cette salle préexistante a été actualisée et recentrée autour de l’histoire de Chantilly. On peut ainsi y admirer une tenue de chasseur aux couleurs de l’équipage Condé, une trompe de chasse, ou des tableaux représentant des scènes de chasse se déroulant au château.

Les Nouveautés de 2024

  • La Salle des harnais Condé : Ici sont exposés, sur des mannequins équestres, quatre harnais ayant appartenu au dernier prince de Condé, et utilisés pour le sacre de Charles X à Reims le 19 mai 1825. Conservés dans les archives du musée, ils ont été rénovés grâce au soutien des Amis des Grandes Écuries et de la DRAC. Ils sont sublimes de détails et de décors.
  • La Salle des courses : D'impressionnants dépôts de France Galop, dont des portraits de chevaux victorieux et des trophées prestigieux comme l'Ascot Gold Cup restaurée, offrent ici aux visiteurs une plongée dans l'univers des courses hippiques. On peut notamment observer une étonnante balance pour jockey de 1860.
  • L’Espace Polo : Cette nouvelle section rend hommage à ce sport millénaire, avec des objets et représentations liés aux traditions du polo, particulièrement important dans la région de Chantilly.
  • Le Squelette de Katko : Le musée expose désormais le squelette de ce célèbre sauteur du 20e siècle. Une présentation qui permet ainsi de découvrir et comprendre en détail l'anatomie du cheval.
  • L’Expérience d’équitation : ici, les visiteurs peuvent appréhender l’équitation en testant différentes selles dédiées à diverses utilisation - selle de dressage, d’amazone, de western… Une expérience ludique et pédagogique.

Les Projets pour 2025

En 2025, le musée et les Grandes Écuries poursuivront leur transformation avec, entre autres, la restauration des quatre derniers harnais du prince de Condé, un renforcement des médiations pédagogiques pour le jeune public, et l’ajout de vitrines interactives dans certaines salles.

L'Hippodrome de Chantilly : Un Haut Lieu des Courses Hippiques

En 1834, fin cavalier, le Duc d’Aumale, dernier héritier des princes, lance les courses hippiques à Chantilly. Très vite, l’hippodrome est devenu un haut lieu des courses hippiques. L'hippodrome sera créé un an plus tard, à quelques mètres du château et de ses écuries. « La création du Prix du Jockey club, en 1836, avait un but bien précis, mais surtout du sens. Mettre en avant l'élevage et les meilleurs chevaux par la vitesse », poursuit le directeur de l'établissement. L’hippodrome de Chantilly est inauguré le 15 mai 1834 mais le tracé des pistes actuelles date de 1879.A la suite de premières tribunes provisoires installées en 1835, le duc d’Aumale, propriétaire du terrain, fait construire deux nouvelles tribunes de style anglo-normand en 1847. Ces tribunes sont reconstruites, en 1881, par Honoré Daumet, architecte du château de Chantilly . Le bâtiment du pesage est pour sa part construit en 1891 par Charles Girault, élève de Daumet. La tribune du comité, ancienne tribune du prince, est reconstruite en 1911 par l’architecte Saint-Ange.

L'hippodrome de Chantilly accueille aujourd'hui 40 courses par an et 120 000 visiteurs annuels. Il dispose aussi du plus grand centre d'entraînement d'Europe, réparti entre Chantilly, Lamorlaye, Coye-la-Forêt et Avilly-Saint-Léonard. Propriété de l’Institut de France, l’hippodrome est spécialisé depuis sa création dans la course de galop. Il accueille tous les ans près de 200 courses - soit environ 40 jours de courses par an.

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