Consommation de Viande en Suisse: Analyse des Chiffres et Tendances

La consommation de viande est un sujet d'intérêt majeur en Suisse, influencé par des facteurs tels que les habitudes alimentaires, les préoccupations environnementales et les préférences pour les produits biologiques et locaux. L'Agence bio rappelle que la France n’est pas le seul pays à connaitre une baisse de son marché bio en 2022 : l’Allemagne, la Finlande ou la Suisse sont également en recul, par rapport à un marché de l’alimentaire en berne.

Le Marché Suisse: Particularités et Acteurs Clés

En Suisse, une particularité notable est la forte présence des marques de distributeur (MDD). C’est un record mondial. 52 % des produits vendus dans le commerce de détail en Suisse ne sont pas de marque. Ce chiffre montre à quel point les MDD font partie du quotidien de nos voisins. Dans les rayons des supermarchés, ces produits sont présents partout. Cette situation atypique résulte du quasi-duopole formé par les groupes Migros et Coop, qui contrôlent plus de 80 % du marché suisse de l’alimentation. Dans un secteur plutôt atone, ils continuent de croître.

Selon un classement réalisé par l’institut GfK, Migros et Coop sont les marques avec lesquelles les Helvètes entretiennent le lien le plus fort. « Pour la majorité, Migros est un ami ou un membre de la famille. Le leader du secteur, qui emploie 106 000 collaborateurs et qui appartient à ses 2,22 millions de membres organisés en dix coopératives régionales, propose plus de 250 marques propres dans ses 612 supermarchés. Les plus connues sont M-Budget, M-Classic, Migros Selection et Migros-Bio. D’autres jouent la carte locale, comme TerraSuisse et De la région. Certaines sont spécialisées sur des produits, comme Mister Rice pour le riz, Frey pour le chocolat ou Total pour la lessive. Les 170 articles étiquetés Aha ! ont été élaborés pour les personnes souffrant d’allergies ou d’intolérances. D’autres labels sont plus modestes, comme Cafino, avec ses 4 boissons chaudes et froides, ou Höhlengold et ses 6 fromages.

Coop a préféré limiter le nombre de ses MDD. Ses 2 313 magasins, dont les formats vont de la supérette de 30 m2 à l’hyper de 8 000 m2, contiennent 20 marques propres. Les amis de la nature privilégient les aliments bio de Naturaplan et les viandes Naturafarm provenant d’élevages soucieux des animaux. Les végétariens apprécient les 20 produits Délicorn censés remplacer la viande. Les « patriotes » croquent les 3 000 références de Ma région ou les fromages et les saucisses à rôtir de Pro Montagna. Pour les enfants, Coop a créé Jamadu, alors que le lait de foin est vendu sous le logo Heumilch.

Migros refuse de vendre du Nesquik afin de ne pas défavoriser sa marque propre Banago. Ces distributeurs savent toutefois se montrer pragmatiques. Face aux ventes décevantes de ses boissons Mivella, le leader suisse n’a pas hésité à les retirer de ses rayons pour les remplacer par la marque locale vedette, Rivella. Les experts s’accordent à dire que la part de marché des MDD dans la Confédération helvétique ne devrait pas chuter prochainement. Migros et Coop auraient bien tort de se priver de cette poule aux œufs d’or.

Évolution des Préférences des Consommateurs

« Mens sana in corpore sano » (esprit sain dans un corps sain). Nombreuses sont les personnes souhaitant faire le choix d’une alimentation de qualité, qui leur permettra d’être en bonne santé, et se tournent à cette fin vers les produits bio et diététiques. Ainsi, en 2020, pour les consommateurs français, le deuxième critère de choix lors des courses alimentaires était, après le prix, la qualité du produit. La définition de nourriture « de qualité » ou « bonne pour la santé » est subjective.

Pour presque 60 % des Français en 2020, « manger de manière saine et durable » signifiait manger plus de fruits et de légumes, pour 47 % des Français cela signifiait aussi manger des aliments contenant peu ou pas de pesticides. Cultiver sans pesticides, c’est ce que promet l’alimentation biologique. Il s’agit d’aliments produits en respectant certains standards qui varient selon le pays. En général, cela passe par une production de nourriture dans le respect de la biodiversité, de la faune et de la flore, sans pesticides ou engrais artificiels. En France, le label « issu de l’agriculture biologique » est utilisé.

Si pour certains, « sain » rime avec « bio », d’autres préfèrent prendre le temps de cuisiner plus, acheter davantage de produits locaux, ou encore suivre un régime flexitarien, végétarien ou végan. De plus en plus de produits labellisés « bio » sont consommés dans le monde. En effet, alors qu’en l’an 2000, les ventes mondiales d’aliments biologiques représentaient une valeur de 18 milliards de dollars, elles représentaient plus de 120 milliards de dollars en 2020, soit six fois plus. Notons que la consommation de produits bio n’a pas augmenté uniformément dans le monde entier. Il s’agit d’un changement de mode de consommation particulièrement visible dans le monde occidental.

Par ailleurs, c’est dans l’Ouest de l’Europe que la consommation de produits biologiques par habitant est la plus élevée. En effet, en 2020, la Suisse et le Danemark, suivis du Luxembourg et de l’Autriche, avaient la plus forte consommation d'aliments biologiques par habitant de tous les pays du monde. En revanche, l’Inde est de loin le plus important producteur d’aliments biologiques dans le monde. En 2020, l'Inde comptait près de 1,6 million de producteurs d'aliments biologiques.

Les produits bio sont en moyenne plus coûteux que les autres. D’ailleurs, les aliments sains ou diététiques sont généralement considérés comme ayant un prix plus élevé par les consommateurs. Ainsi, en 2017, 81 % des Français considéraient que les aliments bons pour la santé étaient plus chers que les autres aliments. 67 % des répondants étaient prêts à payer plus pour avoir accès à de la nourriture plus saine à condition que le goût leur plaise.

Pour de nombreux consommateurs, la santé de l’individu passe aussi par la protection de l’environnement et la garantie d’une bonne condition de vie des animaux, voire par le soutien des producteurs locaux. En 2015, 70 % des Français étaient incités à acheter des produits locaux plutôt que des produits venant d'autres régions. De plus, il est fréquent que les consommateurs se détournent d’un produit qu’ils pensent particulièrement nuisible pour l’environnement, comme l’huile de palme par exemple.

On peut aussi observer une augmentation du nombre de personnes qui décident d’arrêter de consommer une gamme plus large de produits, tels que les végétariens avec la viande et le poisson ou les végans avec tous les produits d’origine animale. Ainsi, en 2018, en moyenne, 6 % des Belges suivaient un régime végétarien. Et ce sont même 15 % des habitants du Royaume-Uni et de l’Irlande, 14 % des Allemands et 9 % des Français qui affirmaient suivre un régime végétarien, végan ou pescétarien en 2021.

Alors que le nombre de personnes suivant un régime particulier augmente, des produits alternatifs à la viande se développent. Ainsi, il est prévu que les recettes mondiales du marché de la viande d'origine végétale atteignent plus de 16 milliards de dollars en 2026. Consommer moins de viande est bénéfique pour la santé si on en croit le nombre important de décès dans le monde attribuables à des régimes alimentaires riches en viande transformée, mais cela entraîne également des conséquences bénéfiques pour l’environnement et le climat.

TAG: #Viand

En savoir plus sur le sujet: