Compléments Alimentaires : Composition et Utilisation

La popularité grandissante des compléments alimentaires a considérablement élargi l’offre disponible aujourd’hui en pharmacies, en parapharmacies, dans les magasins d’alimentation naturelle et dans les grandes surfaces. De nombreux produits sont parés d’effets parfois quasi miraculeux. Mais en réalité qu’en est-il ?

Efficacité des Compléments Alimentaires

Dans l’ensemble, il est raisonnable de dire que la plupart des ingrédients contenus dans les compléments alimentaires n’ont pas fait l’objet d’études d’efficacité convaincantes. De nombreux compléments alimentaires contiennent des ingrédients, et en particulier des plantes, qui sont utilisés depuis longtemps dans le cadre de la phytothérapie traditionnelle. Un usage ancestral d’une plante ne signifie pas qu’elle soit efficace. Cela arrive toutefois et de nombreux médicaments efficaces ont d’abord été extraits de plantes.

Parfois, il arrive que les informations disponibles sur un complément alimentaire mentionnent des études faites en laboratoire, sur des cellules en culture ou sur des animaux, qui sont le plus souvent le rat ou la souris. Bien menées, ces études peuvent apporter des informations intéressantes justifiant de mener des essais chez l’homme. Mais un résultat positif chez le rat ne prouve pas l’efficacité chez l’homme.

Les fabricants de compléments alimentaires mentionnent parfois les résultats d’études cliniques effectuées chez l’homme. Ce type d’étude est le seul moyen de prouver de manière certaine l’efficacité d’une substance dans un contexte particulier. Ce type d’étude clinique coûte très cher et la plupart des fabricants de compléments alimentaires n’ont pas les moyens d’investir dans de tels essais, d’autant plus que la plupart de leurs ingrédients ne sont pas brevetables.

Allégations de santé et autorités européennes

Les autorités de santé européennes (EFSA, European Food Safety Authority et la Commission européenne) se prononcent régulièrement sur certaines allégations santé des aliments et des compléments alimentaires, après examen de données scientifiques.

Parfois, il arrive que les autorités de santé décident d'enrichir un ou plusieurs aliments avec un nutriment particulier, en général pour prévenir une maladie ou un problème de santé publique. C'est le cas, par exemple, de l'enrichissement du sel en fluor ou de l'enrichissement des farines en vitamine B9 dans certains pays comme les États-Unis ou le Canada et dans certains pays d'Europe.

Les objectifs de l'enrichissement alimentaire visent à prévenir les effets négatifs d'apports insuffisants. Ils sont très différents de ceux de la prise de compléments alimentaires qui vise à prendre certains nutriments en quantité supérieure à celle recommandée dans le cadre d'une alimentation équilibrée. Les bénéfices de l'enrichissement de l'alimentation en une substance particulière ne justifient pas forcément son usage dans le contexte d'un complément alimentaire, dont la preuve de l'efficacité doit être faite.

Les Probiotiques : Un Exemple Spécifique

Les probiotiques sont des micro-organismes vivants qui peuvent coloniser temporairement notre intestin. Sous ce terme, on regroupe des bactéries (bifidobactéries, lactobacilles, lactocoques, etc.) et des levures (saccharomycètes). L’usage d’aliments fermentés contenant des probiotiques existe depuis des millénaires ; ils sont mentionnés dans la Bible et, en Inde, dans les écrits ayurvédiques sous différentes formes : kéfir, koumiss, leben, dahi, par exemple.

En 2012, les autorités de santé européennes (EFSA, European Food Safety Authority et la Commission européenne) se sont prononcées sur certaines allégations santé des aliments et des compléments alimentaires contenant une très grande variété de probiotiques (de toutes espèces). Ces revendications d’effet sont désormais interdites.

En colonisant l’intestin, les probiotiques modifient l’équilibre de la flore intestinale et l’acidité du contenu intestinal. Ce phénomène pourrait contribuer à soulager divers troubles intestinaux. Certains probiotiques, comme Saccharomyces boulardii ou Lactobacillus, sont prescrits pour soulager les diarrhées, que celles-ci soient d’origine infectieuse ou provoquées par la prise d’antibiotiques.

L’administration de probiotiques est utilisée, en association avec des prébiotiques, dans la prévention des pouchites (une inflammation de l’intestin chez les personnes ayant subi une ablation chirurgicale du côlon et du rectum). Certaines souches de probiotiques sont étudiées dans le cadre du traitement des allergies (en particulier alimentaires), de l’excès de cholestérol, de l’hypertension artérielle et des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. D’autres souches (Lactobacillus rhamnosus GC) sont étudiées chez les personnes souffrant d’eczéma.

Plusieurs études ont suggéré l’intérêt des probiotiques dans cette indication, en particulier dans le traitement des diarrhées infantiles dues à des rotavirus et dans celles liées à la prise d’antibiotiques. Mais les probiotiques semblent inefficaces dans le traitement de la diarrhée des voyageurs, ou turista.

L’efficacité d’un mélange spécifique de probiotiques, connu sous le nom de VSL#3, dans la prévention des rechutes de pouchite a été démontrée à plusieurs reprises et fait désormais partie de la pratique médicale. Une étude internationale a suggéré que le mélange VSL#3 était capable de soulager les symptômes de la rectocolite hémorragique avec une efficacité similaire à la mésalazine (un médicament contre cette maladie) et que l’administration d’un autre probiotique, E. coli Nissle 1917, serait efficace dans la prévention des rechutes de cette maladie.

En provenance de l'Empire ottoman, les yaourts ont été introduits en France au XVIe siècle et ont commencé à être produits industriellement dans les années 1930. Ce sont des produits laitiers fermentés simultanément par deux probiotiques, Lactophilus bulgaricus et Streptococcus thermophilus. On distingue d'une part les yaourts brassés, fermentés en cuve puis mis en pots, et d'autre part les yaourts solides pour lesquels la fermentation a lieu directement dans le pot. Pour pouvoir être appelé yaourt, le produit fini doit contenir au moins dix millions de probiotiques vivants par gramme, soit environ un milliard par pot.

Depuis quelques années, des yaourts contenant des bifidobactéries sont commercialisés.

Les probiotiques sont cultivés industriellement et ensemencés dans les aliments, ou lyophilisés pour être administrés directement, par exemple sous forme de gélules ou de solutions buvables. Pour être efficaces, ils doivent être administrés vivants, pouvoir résister à l’acidité de l’estomac et être capables de coloniser l’intestin en adhérant à ses parois.

Pour être bénéfiques, les probiotiques devraient être pris plusieurs fois par semaine. En effet, ils ne colonisent l'intestin que de manière temporaire. Attention, les produits laitiers spécifiquement enrichis en probiotiques sont souvent riches en sucre et en matières grasses.

Interactions et Précautions

Les compléments alimentaires contiennent des substances pouvant parfois interagir entre elles ou avec des médicaments. Les substances contenues dans les compléments alimentaires peuvent interagir entre elles. Les substances contenues dans les compléments peuvent interagir avec les médicaments, y compris ceux disponibles sans ordonnance. Parfois, les effets des compléments alimentaires s’additionnent à ceux des médicaments.

Lorsque l’on prend des compléments alimentaires autres qu’un mélange multivitaminique classique, il est essentiel de le mentionner à son médecin traitant et à son pharmacien. Il est particulièrement important d’informer son médecin lorsque l’on va subir une opération chirurgicale. Dans ce cas, il est préférable d’interrompre toute prise de complément alimentaire au moins trois semaines avant la date prévue pour l’intervention. En effet, de nombreuses substances peuvent perturber la coagulation sanguine.

Les personnes qui souffrent de maladie chronique ou qui prennent un traitement de longue durée devraient toujours demander conseil à leur médecin ou leur pharmacien avant d’utiliser ce type de produit.

Comment Utiliser les Compléments Alimentaires en Toute Sécurité

Comment ne pas mettre sa santé en danger lorsque l’on prend un complément alimentaire ? Si la question se pose de manière moins aiguë avec un complément multivitaminique classique, elle devient fondamentale lorsque l’on prend des doses élevées d’une substance, fût-elle aussi commune que la vitamine C. En choisissant et en utilisant votre complément, pensez avant tout à votre sécurité.

  • Ne succombez pas à la dernière mode concernant les compléments alimentaires. Obtenir des preuves d’efficacité nécessite du temps et du recul.
  • Évitez de prendre plusieurs compléments alimentaires en même temps.
  • Continuez à faire attention à votre équilibre alimentaire. Diversifiez et variez vos aliments.

Sites Internet et Compléments Alimentaires

De nombreux sites Internet proposent des compléments alimentaires, dont certains sont interdits en France ou en Europe. Ces sites poursuivent souvent des objectifs purement mercantiles. Qui s’occupe de ce site ? Qui le soutient financièrement ?

Certains sites, que l’on pourrait croire désintéressés, proposent de l’information sur une substance particulière. D’où vient l’information ? La source des affirmations présentées doit être précisée. Information objective ou opinions personnelles ? Comment l’information est-elle vérifiée ?

Prise simultanée de plusieurs compléments

Même lorsque deux compléments alimentaires ont des objectifs différents, ils peuvent avoir des ingrédients en commun. Ceci est particulièrement vrai pour les vitamines et les minéraux. Pour prévenir ce type de problème, il faut éviter de prendre plusieurs compléments alimentaires en même temps. Si cela est néanmoins votre cas, notez toutes les substances contenues dans ces produits et additionnez leurs dosages. Pensez à tenir compte également des quantités apportées par votre alimentation.

Des substances différentes peuvent avoir des effets similaires qui, en cas de prise simultanée, vont s’ajouter les uns aux autres. Par exemple, les acides gras oméga-3, la vitamine E et le ginkgo ont tous une action anticoagulante.

Définition et Réglementation

Depuis le 10 juin 2002, une directive européenne donne une définition précise des compléments alimentaires. Cette directive a été transposée en droit français en mars 2006. Les compléments alimentaires y sont définis comme « des denrées alimentaires dont le but est de compléter un régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique ».

À travers cette définition, les autorités placent ces produits dans le domaine des aliments et leur imposent les mêmes règles.

Contenu des Compléments Alimentaires

Les compléments alimentaires peuvent contenir des vitamines, des sels minéraux, des oligoéléments, des plantes ou extraits de plantes, des acides aminés, des protéines, des acides gras, des enzymes ou des hormones. L’Union européenne a autorisé l’usage de quinze minéraux, comprenant des sels minéraux et des oligoéléments, et de treize vitamines. Elle a défini leurs critères de pureté ainsi que les formes chimiques sous lesquelles ils peuvent être commercialisés. Elle a également précisé les dosages qui permettent de rester dans les limites de sécurité.

Les plantes autorisées dans la composition des compléments alimentaires sont définies selon divers critères. Elles doivent posséder des effets nutritionnels ou physiologiques qui ne les font pas entrer dans la catégorie des plantes ayant des propriétés thérapeutiques.

Les compléments alimentaires contiennent souvent des substances qui ne sont ni des vitamines, ni des minéraux, ni des plantes.

Contrôle et Vigilance

La DGCCRF a deux mois pour signifier son refus, mais celui-ci doit être motivé par un risque réel pour la santé publique, fondé sur des éléments scientifiques. Elle peut demander son avis à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).

La réglementation adoptée en 2006 a surtout été conçue pour que des compléments alimentaires disponibles dans d’autres pays de l’Union européenne puissent être commercialisés en France. Elle ne garantit en rien l’efficacité ou l’absence de toxicité des compléments alimentaires. D’ailleurs, lors de la préparation de ces textes réglementaires, l’Anses s’est inquiétée de ne pas avoir les moyens suffisants pour assurer la sécurité du consommateur dans le respect du calendrier défini par ces textes. La vigilance reste de mise.

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