Complément Alimentaire Iode : Bienfaits et Risques

L’iode est un oligo-élément essentiel à la vie. Solide bleu-noir à température ambiante, connu pour sa vapeur violette distinctive, l'iode est un élément chimique appartenant à la famille des halogènes, mais c’est aussi un oligo-élément essentiel à la santé humaine.

Définition de l'iode

L’iode est un oligo-élément essentiel à l’organisme, principalement impliqué dans la production des hormones thyroïdiennes, qui régulent le métabolisme énergétique et de nombreux autres processus vitaux.

Origine, Culture et Histoire de l’Iode

L'iode a été découvert en 1811 par le chimiste français Bernard Courtois, qui l’isola pour la première fois à partir de cendres d’algues marines lors de la fabrication de la poudre à canon. Ce nouvel élément, nommé en raison de sa couleur violette (« iode » vient du grec « iodes », signifiant « violet »), a rapidement suscité l’intérêt scientifique pour ses applications médicales.

En 1820, Jean-François Coindet, médecin suisse, observe que l'iode peut traiter efficacement le goitre, une hypertrophie de la glande thyroïde souvent causée par une carence en iode. À l’époque, le goitre était fréquent dans certaines régions où l’alimentation locale, influencée par des sols pauvres en iode, ne fournissait pas cet oligo-élément en quantités suffisantes.

Le lien entre carence en iode et troubles de la thyroïde a été un tournant dans la reconnaissance de l’importance de ce minéral. Des campagnes de santé publique ont ensuite été lancées dans de nombreux pays pour lutter contre ces carences, notamment par l’introduction du sel iodé, une mesure toujours encouragée aujourd’hui par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) en France.

L’OMS et l’ANSES soulignent encore l'importance de l'apport en iode, qui reste essentiel pour la santé de nombreuses populations, notamment dans les régions montagneuses et les zones continentales où les sols et les sources alimentaires locales contiennent naturellement peu d’iode. Ces organisations rappellent le rôle indispensable de l’iode dans la santé thyroïdienne, le développement cognitif et la croissance, et recommandent des mesures comme la supplémentation et l'enrichissement alimentaire dans les régions carencées.

Sources Alimentaires d’Iode

L’iode est présent dans de très nombreux aliments. L’iode est principalement présent dans les aliments marins comme le poisson et les crustacés. La langoustine est par exemple une excellente source d'iode : une portion de 100 g de langoustine apporte 141 microgrammes et couvre 94 % des besoins. L’iode est aussi présent dans les œufs, le lait et dans certains végétaux comme le manioc ou les algues.

Cependant, sa teneur dans les aliments peut varier en fonction de la teneur en iode du sol ou de l’eau où ils ont été produits. La consommation de sel iodé reste également un moyen courant de prévention de la carence en iode. En France, à l’exception de sels particuliers comme la fleur de sel, le sel de cuisine est quasi systématiquement enrichi en iode et cet apport suffit généralement à couvrir les besoins.

En cas de besoin accru, comme durant la grossesse et l’allaitement, une supplémentation peut être recommandée pour répondre aux apports nutritionnels spécifiques. Les personnes qui suivent un régime pauvre en sel doivent veiller à ingérer suffisamment d’iode, par exemple en mangeant du poisson.

On peut trouver de l’iode dans les aliments d’origine marine comme les crustacés, les poissons de mer ou les algues. L’iode est un oligoélément que l’on trouve dans les algues marines, les poissons de mer, les crustacés et les mollusques, mais aussi dans le jaune d’œuf et le lait provenant d’animaux élevés en zones côtières.

Les Bienfaits de l’Iode

L'iode est un oligo-élément essentiel, agissant principalement dans la biosynthèse des hormones thyroïdiennes, la thyroxine (T4) et la triiodothyronine (T3). Ces hormones sont synthétisées dans la glande thyroïde via un processus complexe : L’iode est transporté dans les cellules de la thyroïde, où il est transformé pour se lier à la thyroglobuline et produire les précurseurs des hormones thyroïdiennes T4 et T3.

Ces hormones, produites grâce à l’enzyme thyroperoxydase, régulent le métabolisme de base et influencent de nombreux tissus en modulant l'expression des gènes. Les T4 et T3 agissent sur le métabolisme énergétique, la production de chaleur, et à la régulation des lipides et glucides. Cela joue un rôle essentiel dans la régulation des fonctions corporelles, notamment dans le développement neuronal chez le fœtus et le jeune enfant.

Des apports suffisants en iode sont ainsi vitaux pour éviter le retard mental et la réduction du QI liée aux carences. Chez l’adolescent, l’iode est nécessaire pour une croissance optimale, influençant la maturation osseuse et musculaire.

Chez la femme enceinte et allaitante, l’iode est impliqué dans la synthèse hormonale thyroïdienne permettant la formation du système nerveux central du fœtus, indispensable au développement neuronal précoce et au fonctionnement cérébral. Chez l'adulte, les hormones thyroïdiennes régulées par l'iode influencent la production d’énergie et la thermorégulation, participant au bon fonctionnement des systèmes cardiovasculaire, nerveux et musculaire.

  • Maintien d’une fonction thyroïdienne saine: L'iode est essentiel à la production d'hormones thyroïdiennes, qui régulent le métabolisme de l'organisme.
  • Prévention du goitre: Un goitre est une hypertrophie de la glande thyroïde causée par une carence en iode.
  • Développement du cerveau: L'iode est également important pour le développement du cerveau des nourrissons et des jeunes enfants.
  • Prévient le déclin cognitif: Une carence en iode peut entraîner des troubles cognitifs, notamment chez les personnes âgées.

Les autorités de santé européennes (EFSA, European Food Safety Authority et la Commission européenne) se sont prononcées sur certaines allégations santé des aliments et des compléments alimentaires contenant de l’iode. L’iode est un expectorant efficace et soulage les douleurs liées aux kystes du sein.

Lors d'irradiation thérapeutique ou accidentelle, la prise de comprimés d'iodure de potassium permet de prévenir les atteintes thyroïdiennes causées par les radiations. En effet, cette substance sature la glande thyroïde en iode et évite la fixation de l'iode radioactif. Pour être efficace, elle doit être administrée dans les trois ou quatre heures suivant l'exposition. Pour cette raison, les personnes habitant à proximité d'une centrale nucléaire reçoivent, à titre préventif, des comprimés d'iodure de potassium à utiliser le cas échéant.

Les Besoins Journaliers en Iode

Chez un adulte, les besoins sont aux alentours de 150 microgrammes d’iode par jour. Les apports journaliers recommandés (AJR) en iode officiels sont de 150 µg/jour pour l’adulte, 120 µg/jour pour les enfants de 7 à 12 ans, 90 µg/jour pour les enfants de 1 à 6 ans et 50 µg/jour pour un enfant de moins de 1 an. Ces besoins sont normalement comblés par une alimentation équilibrée.

Les besoins quotidiens en iode varient selon l’âge, le sexe et les conditions spécifiques, comme la grossesse. Pour les adultes, l’OMS recommande environ 150 µg par jour, tandis que les enfants et les adolescents ont besoin de quantités légèrement inférieures. Pour les femmes enceintes, il est recommandé d’apporter par l’alimentation environ 200 à 250 µg d’iode par jour pour soutenir le développement fœtal.

Les apports nutritionnels recommandés varient aussi en fonction des recommandations de l’ANSES pour garantir que la population bénéficie d’une alimentation équilibrée en iode.

Conséquences d’un Manque ou d’un Excès d’Iode

Les carences en iode peuvent provoquer de graves maladies, dont le crétinisme : une insuffisance thyroïdienne chronique conduisant à des déficiences mentales et physiques. Puisque l’iode est d’origine marine, plus on s’éloigne de la mer, moins on consomme de produits marins, moins on respire l’air chargé en iode, et plus on risque d’avoir des carences.

Pour pallier les problèmes de santé engendrés par une carence prolongée en iode, la Suisse fut le premier pays à ajouter cet oligoélément dans le sel en 1922. C’est pourquoi il est impératif de rechercher les carences en iode pour toute personne présentant une hypothyroïdie fonctionnelle (appelée aussi hypothyroïdie fruste ou infraclinique).

Chez les enfants, une carence en iode peut provoquer des retards de croissance, un développement cognitif insuffisant et des troubles de l’attention. Les adultes peuvent ressentir une fatigue accrue, un ralentissement du métabolisme énergétique et des problèmes de fertilité. En cas de carence extrême, le risque d’hypothyroïdie augmente, ce qui peut perturber le fonctionnement de la thyroïde.

À l’inverse, un excès d’iode dans l’organisme peut également poser des risques. Bien que rare, une consommation excessive d’iode peut mener à une hyperthyroïdie, provoquant nervosité, perte de poids, et parfois des troubles cardiaques. La supplémentation doit donc être adaptée et surveillée pour éviter tout apport excessif, particulièrement chez les personnes sensibles ou celles qui consomment régulièrement des aliments riches en iode comme les algues.

Un apport excessif et régulier en iode peut entraîner des dysfonctionnements de la thyroïde mais également certains effets indésirables, notamment au niveau cardiaque ou rénal. Un excès d'iode est responsable dans la plupart des cas d'une hyperthyroïdie, dans des cas plus rares d'une hypothyroïdie. L'excès d'iode induit dans la majorité des cas une hyperthyroïdie - excès d'hormones thyroïdiennes dans l'organisme - mais peut aussi, plus rarement, être à l'origine d'une hypothyroïdie.

"L'iode en excès inhibe dans ce cas la synthèse des hormones thyroïdiennes. Le traitement consiste à modifier son régime alimentaire : sel de mer non-enrichi en iode, réduction de la consommation de fruits de mer, les algues, les yaourts...".

Les Risques Liés à la Consommation d'Algues

Dans un contexte où les produits à base d’algues sont de plus en plus proposés aux consommateurs, l’Anses a évalué le risque d’excès d’apport en iode liés à la consommation d’algues dans les aliments et les compléments alimentaires. L’expertise a porté sur les algues contenant de l’iode susceptibles d’être consommées en France.

Des espèces d’algues particulièrement riches en iode ont été identifiées, telles que les algues brunes laminaires Laminaria spp et Saccharina spp, ainsi que l’algue rouge Gracilaria verruqueuse. L’Agence souligne que les teneurs en iode dans les produits à base d’algues peuvent varier selon :

  • les conditions de production des algues ;
  • le procédé de transformation des ingrédients ou des aliments ;
  • le type de préparation à base d’algues (poudre, extrait) utilisé dans les compléments alimentaires.

L’évaluation de l’Anses s’appuie sur la valeur limite supérieure de sécurité pour l’iode établie par l’EFSA (autorité européenne de sécurité des aliments) à 600 µg par jour pour l’adulte et adaptée pour chaque tranche d’âge de consommateurs. Par ailleurs, la réglementation française a fixé la dose journalière maximale d’iode à 150 µg dans les compléments alimentaires.

La teneur en iode dans les différents produits à base d’algues pouvant être élevée, leur consommation présente un risque non négligeable de dépassement des limites supérieures de sécurité, et en particulier, en cas de consommation d’algues associée à des compléments alimentaires à base d’algues.

Recommandations et Précautions

Ainsi, l’Agence déconseille aux personnes à risque suivantes la consommation d’aliments et de compléments alimentaires contenant des algues :

  • les personnes présentant un dysfonctionnement thyroïdien, une maladie cardiaque ou une insuffisance rénale ;
  • les personnes suivant un traitement par un médicament contenant de l’iode ou du lithium ;
  • les femmes enceintes ou allaitantes, hors avis médical.

Aux parents, il est rappelé qu’il convient de rester prudent sur la consommation de produits à base d’algues de leurs enfants, les données étant insuffisantes pour mesurer le risque encouru. Aux personnes présentant une déficience en iode, il est rappelé qu’il n’est pas pertinent de consommer des produits contenant des algues dans le but de corriger cette déficience.

Certains aliments, comme le soja ou les légumes de la famille des choux, peuvent diminuer l'absorption de l'iode par l'intestin.

Quand Envisager une Supplémentation en Iode ?

Il peut être parfois nécessaire, sur avis médical, de devoir ingérer davantage d’iode quotidiennement, transitoirement, afin de combler une grosse carence. Certains professionnels de santé en appellent à une complémentation plus fréquente en iode des personnes, prenant acte des carences réelles trop souvent non détectées.

Iode et Allergies

L’iode étant un oligoélément essentiel à la vie, il n'est pas possible d’y être allergique au sens propre. S’il y a une réaction forte liée à un produit contenant de l’iode, celle-ci est généralement liée à d’autres molécules : par exemple la povidone, les conservateurs dans les antiseptiques type Bétadine ou un allergène non identifié pour le moment dans les produits de contraste iodés (notamment utilisés pour réaliser un scanner).

En revanche, l’iode contenu dans ces derniers (jusqu’à cinquante fois les AJR !) peut transitoirement perturber le fonctionnement de la thyroïde, en particulier chez les personnes âgées et surtout en cas de dysfonctionnement préexistant.

Attention, la prise d’iode ne protège que contre l’iode radioactif. Elle ne protège pas contre les autres éléments radioactifs qui peuvent être présents, en particulier lors d’attaque nucléaire, par exemple les césium 134 ou 137. Certaines armes nucléaires ne relâchent d’ailleurs pas du tout d’iode radioactif.

Iode et Médicaments

L’iode peut interagir avec des médicaments. Elle diminue l’efficacité de certains anticoagulants (fluidifiants du sang) et augmente celle des médicaments traitant l’hyperthyroïdie.

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