Les allergies aux fruits de mer, aux produits de contraste iodés, aux antiseptiques iodés existent. Pourtant, le terme "allergie à l'iode" est inexact, il s'agit à chaque fois d'une allergie à une protéine ou à une molécule contenue dans un produit iodé.
Qu'est-ce que l'allergie à l'iode ?
L’allergie à l’iode est une expression fréquemment employée, qui véhicule pourtant une fausse information, puisque cet oligo-élément ne peut pas être à l'origine d'une réaction allergique. En effet, ces produits contiennent bien d’autres substances qui sont, elles, potentiellement allergènes.
Comme expliqué plus haut, l'allergie à l'iode n'existe pas en tant que telle. On est allergique à un allergène donné : protéine ou une molécule contenue dans un produit iodé.
Dans ce cas, on est allergique à des produits qui contiennent de l'iode et non à l'iode lui-même. "On est en réalité allergique à une protéine ou une molécule chimique contenue dans les produits mis en cause mais pas à l'iode lui-même. Ainsi on peut être allergique aux fruits de mer, riches en iode, mais pas aux produits de contrastes iodés, ou allergiques aux antiseptiques iodés mais pas aux fruits de mer, etc...", explique Faïza Bossy, médecin généraliste à Paris.
L’allergie à l’iode est une expression très fréquemment utilisée dans la pratique médicale : elle véhicule pourtant une fausse information car l’allergie à l’iode n’existe pas. Les véritables allergies cachées derrière cet abus de langage sont les allergies aux poissons et crustacés, les allergies aux antiseptiques iodés ou aux produits de contraste iodés. Cette notion d’« allergie à l’iode » impliquerait que l’atome d’iode soit l’allergène, c’est-à-dire que l’iode serait responsable de la survenue de l’allergie.
Contrairement à une idée reçue, l'allergie à l'iode n'existe pas. On peut être allergique aux produits iodés mais l'iode n'y est pour rien ...
L'iode : un oligo-élément essentiel
L’iode est un élément naturellement présent dans notre environnement, et dans notre corps. Il est notamment essentiel pour le fonctionnement de la glande thyroïde. Il intervient également dans le métabolisme des glucides, des lipides et des protéines.
De plus, il faut savoir que l’iode est un élément naturel de notre environnement et est essentiel à la vie : en effet l’iode est indispensable à la synthèse des hormones thyroïdiennes. Nous en ingérons quotidiennement dans la nourriture, par exemple dans le sel iodé et il est nécessaire d’en absorber au moins 150 µg par jour.
Nous en ingérons quotidiennement au travers de notre alimentation :
- dans le sel de table iodé,
- dans les poissons (saumon, morue, etc),
- dans les crustacés (langoustines, crevettes)
- dans l’huile de foie de morue,
- dans les algues (kombu royal, dulse, wakamé, haricot de mer, etc),
- etc.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) recommande aux adultes de plus de 18 ans d'en absorber au moins 150 µg par jour.
Quels sont les allergènes en cause ?
Pour rappel, l'allergie est une réponse inadaptée du système immunitaire à une (ou plusieurs) substance(s), habituellement inoffensives. Ces substances, appelées allergènes, sont par exemple présentes dans l’air, dans l’alimentation ou dans les médicaments.
Dans le cas de "l'allergie à l'iode", cela supposerait que l'iode soit l'allergène responsable des symptômes allergiques. Or l’allergène en cause est différent dans chacune des allergies mentionnées ci-dessus :
- Dans le cas de l'allergie aux poissons et aux crustacés, l'allergène majoritairement impliqué est la tropomyosine musculaire (présente dans les muscles des poissons et des crustacés).
- Dans le cas de l'allergie aux antiseptiques iodés, l'allergène impliqué est la polyvinylpyrrolidone, aussi appelée povidone (une substance active contenue par exemple dans la Bétadine®), ou un conservateur.
- Enfin, l'allergie aux produits de contraste iodés (PCI) est liée à une molécule chimique constitutive du produit.
Autant d'allergènes distincts qui laissent très rarement la place aux allergies croisées.
Symptômes d'une réaction allergique
Les réactions allergiques sont des réponses inadaptées du système immunitaire à des substances habituellement inoffensives appelées allergènes qui peuvent se trouver par exemple dans l'alimentation ou dans les médicaments.
Toutes les allergies impliquent une réaction du corps à un ou plusieurs allergènes, ce qui libère de l’histamine dans les muqueuses, provoquant une dilatation des vaisseaux sanguins et un gonflement des muqueuses.
Dans le cas d'une allergie alimentaire, on est alors allergique à une protéine animale et non à l'iode.
Quels symptômes attestent d'une allergie à un produit qui contient de l'iode ?
Les symptômes allergiques sont désormais bien connus. On relève :
- des symptômes cutanés (rougeurs, urticaire, œdème, etc)
- des symptômes respiratoires (caractéristiques de la rhinite allergique ou de l'asthme) ,
- des symptômes digestifs et, dans certains cas graves, un choc anaphylactique, qui doit être pris en charge très rapidement.
Les réactions aux allergies alimentaires peuvent varier considérablement. Dans les cas légers, vous pouvez ressentir des éruptions cutanées temporaires et des démangeaisons. Vous pouvez également avoir des démangeaisons dans la bouche, un gonflement des lèvres ou des douleurs abdominales. Dans les cas graves, la respiration et la circulation sanguine peuvent être affectées, ce qui peut devenir une urgence vitale.
Les réactions allergiques aux aliments peuvent survenir immédiatement après avoir mangé ou bu un aliment déclencheur. Dans de rares cas, l’inhalation d’un allergène alimentaire tels que les vapeurs de cuisson de poisson, un œuf cassé ou la présence d’arachides dans une pièce peut provoquer une réaction immédiate.
Réactions courantes à l’allergie alimentaire :
- Bouche et lèvres : démangeaisons, rougeurs et gonflements ;
- Nez : écoulement clair et/ou congestion nasale ;
- Voies respiratoires : difficultés respiratoires, déclenchement d’une crise d’asthme, sensation de gorge gonflée ;
- Estomac et intestins : douleurs abdominales, diarrhée, constipation, nausées et vomissements ;
- Peau : démangeaisons, éruptions cutanées, urticaire ;
- Yeux : gonflement, rougeur et larmoiement accru.
Le choc anaphylactique, également appelé anaphylaxie, est une réaction potentiellement mortelle qui nécessite une intervention médicale immédiate. Il est souvent causé par des aliments. Chez les enfants, il s’agit généralement des œufs, des arachides et des noix, tandis que chez les adultes, les fruits de mer, les arachides et les noix sont les principaux déclencheurs. Les symptômes apparaissent rapidement, commençant généralement par des démangeaisons dans les paumes des mains et les plantes des pieds, suivies de palpitations, de difficultés respiratoires, de douleurs abdominales, d’une chute de la tension artérielle et d’une mauvaise circulation sanguine.
Diagnostic et traitement
Après avoir constaté une réaction de type allergique, il est très important de débuter des investigations : elles permettront d’identifier le composant et de vérifier qu’il s’agit bien d’un mécanisme d’allergie. La consultation d’un allergologue vous permettra de bénéficier d’un suivi adapté, avec réalisation d’un bilan.
Diagnostic : comment savoir à quelle substance on est allergique ?
L'allergie aux fruits de mer, aux poissons, aux antiseptiques iodés ou aux produits de contraste iodés est souvent découverte sur le tas. À moins que l'on connaisse des personnes allergiques dans la famille. En cas de suspicion d'allergie à un produit contenant de l'iode, le mieux est de consulter un médecin allergologue. Après échanges et examen clinique, il pourra prescrire des tests sanguins ou cutanés, qu'il analysera ensuite au regard des symptômes et de l'étiologie potentielle de chaque patient.
En cas de réaction suite à la consommation de poissons ou de crustacés, ou après l’application d’un antiseptique iodé, ou lors d’une injection de produit de contraste iodé, il est indispensable de réaliser un bilan allergologique afin de savoir si la réaction était liée à une allergie et quel produit est responsable de l’allergie.
Si vous ne savez pas à quoi vous êtes hypersensible ou allergique, vous pouvez effectuer un bilan allergique.
En cas de suspicion d’allergie alimentaire un bilan allergique peut vous être prescrit par votre médecin traitant ou un allergologue. Ce test sous cutané permet d’identifier instantanément si l’organisme réagit face à une liste d’allergènes courants.
Allergie aux aliments contenant de l'iode : que faire ?
Il s'agit ici d'une allergie alimentaire à une protéine animale produite par les poissons et les crustacés. La seule mesure qui s'impose est d'éviter totalement de consommer ces aliments. Faites vos adieux aux huîtres, aux crevettes et autres poissons riches en iode, mais aussi à leurs dérivés : les beurres de crabe, de homard, les farines de poisson, etc.
Allergie aux antiseptiques iodés : quelles solutions ?
Dans le cas d'une allergie aux antiseptiques iodés, comme la Bétadine®, notamment utilisée pendant les opérations chirurgicales, il existe des produits alternatifs qui ne contiennent pas de povidone iodée.
Allergie aux produits de contraste iodés : quelles solutions ?
Les produits de contraste iodés sont utilisées en imagerie médicale pour mieux observer une structure anatomique ou une pathologie (scanner, urographie intra-veineuse, etc).
S’il n’existe pas de traitement curatif pour l’allergie alimentaire, l’évitement et l’exclusion de votre régime des substances qui causent les symptômes d’allergie est la solution la plus fiable. Un diététicien ou nutritionniste peut vous aider pour vous apporter des conseils nutritionnels. Les symptômes peuvent parfois être atténués avec des médicaments antihistaminiques prescrits par votre médecin.
En cas d’allergie alimentaire sévère, une immunothérapie, souvent appelée désensibilisation, peut être envisagée et se poursuit généralement sur une longue période.
Dans le cas d’un choc anaphylactique, il est nécessaire d’obtenir des soins en urgence. Si vous avez déjà eu des réactions allergiques graves et que vous disposez d’un auto-injecteur d’adrénaline, utilisez-le en attendant l’arrivée des urgences.
Que puis-je faire moi-même ?
- Essayez d’éviter les aliments et les boissons qui provoquent des réactions allergiques.
- Soyez attentif aux étiquettes des produits alimentaires si vous achetez, notamment s’il s’agit de plats préparés et demandez la composition des plats lorsque vous mangez à l’extérieur.
En cas d’allergie aux œufs ou au lait chez un enfant, informez l’école ou la garderie, ainsi que les personnes dans l’entourage de l’enfant. N’oubliez pas que les allergies alimentaires chez les enfants peuvent disparaître avec le temps. Consultez régulièrement un médecin pendant la croissance de l’enfant pour vérifier si les symptômes persistent, afin d’éviter d’exclure inutilement certains aliments.
Quand consulter un médecin ?
Si vous pensez que vous ou votre enfant souffrez d’une allergie alimentaire, consultez un médecin pour identifier la cause des symptômes. En cas de démangeaisons dans la gorge, de lèvres gonflées ou d’éruptions cutanées, consultez un médecin.
En cas de symptômes de choc anaphylactique, appelez immédiatement les urgences - c’est une situation potentiellement mortelle.
Consultez immédiatement en cas de réaction allergique aiguë entraînant :
- Palpitations et oppression thoracique ;
- Difficultés respiratoires ;
- Douleurs abdominales ;
- Sensation de faiblesse et chute de la pression artérielle ;
- Mains et pieds froids dus à une mauvaise circulation sanguine.
En cas de choc anaphylactique, contactez immédiatement les urgences.
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