Balance ton porc : Origine et impact musical

Fin 2017, déferlait la vague #BalanceTonPorc, un mouvement né sur les réseaux sociaux qui consistait à dénoncer les situations de harcèlements et d'agressions sexuels. À l'origine de ce mouvement devenu viral : la journaliste Sandra Muller.

La naissance du hashtag #BalanceTonPorc

Le 13 octobre 2017, cette journaliste pour la Lettre de l'audiovisuel avait enjoint les femmes, dans un tweet, à raconter le harcèlement sexuel dont elles ont été victimes au travail, créant ainsi le hashtag #Balancetonporc.

#balancetonporc !! toi aussi raconte en donnant le nom et les détails un harcèlent sexuel que tu as connu dans ton boulot. Quelques heures plus tard, elle avait tweeté un autre message : « Tu as des gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit'Eric Brion ex-patron d'Equidia #balancetonporc ».

Ce hashtag est alors devenu la version française de #MeToo, utilisé par des milliers de femmes pour dénoncer le harcèlement dont elles estiment avoir été victimes au travail. En septembre 2018, le hashtag #Balancetonporc frôlait le million d'utilisation.

Le procès de Sandra Muller

Mercredi 25 septembre 2019, Sandra Muller a été condamnée pour diffamation. Elle devra payer 15 000 euros de dommages et intérêts et 5 000 euros de frais de justice au plaignant Eric Brion, qu'elle avait accusé de harcèlement sexuel dans un tweet en octobre 2017. Condamnée à payer 15 000 € de dommages et intérêts au titre du préjudice moral, elle a d'ores et déjà annoncé qu'elle ferait appel.

Lors de l'audience, le 29 mai dernier, au-delà de l'affaire personnelle entre les deux individus, s'était joué le procès de tout le mouvement #Balancetonporc. D'un côté, l'accusation dénonçait « la délation ». « Elle a bousillé sa vie pour une broutille. Elle lui plaisait. Il le lui a dit sans chichi, il a manqué un peu de poésie, avec une conception un peu prétentieuse… Mais n'est pas victime qui veut ! » avait notamment plaidé Me Marie Burguburu, avant de réclamer 50 000 € d'indemnisation pour son client.

« Si vous trouvez que de tels propos ne sont ni offensants ni dégradants, j'en suis désolé pour vous », lui avait rétorqué son confrère Me Francis Szpiner, l'avocat de Sandra Muller, axant sa plaidoirie sur la libération de la parole, salvatrice pour de nombreuses femmes.

Joint par téléphone, Eric Brion s'est dit mercredi « soulagé et ému », suite au verdict du tribunal de Paris. « C'est la décision de la vraie justice, contre le tribunal des réseaux sociaux ». Depuis le tweet de Sandra Muller, l'homme dit en effet avoir vécu « une petite mort sociale ». « Ma compagne est partie, certains amis m'ont laissé tomber, j'ai été mis au banc de mon secteur professionnel », raconte-t-il.

Du côté de la défense, Me Francis Szpiner a dénoncé une « décision hors-sol ». La prévenue s'est exprimée, à l'issue du verdict, lors d'une conférence de presse : « le message est clair, cela veut dire'taisez-vous !' ».

Alors qu'elle dénonçait elle même un prétendu harceleur, Éric Brion l'a fait condamner pour diffamation en première instance. Le harcèlement n'a pas été reconnu, il aurait fallu que les faits soient répétés.

Sandra Muller vit toujours aux États-Unis, c'est de là qu'elle avait lancé le hashtag #Balancetonporc sur les réseaux sociaux. Depuis, sa vie a changé. Le célèbre magazine Time la célèbre comme une des briseuses de silence de l'année.

Pourtant, l'initiatrice de #Balancetonporc affirme ne rien regretter : « Moi j'ai perdu aujourd'hui. ».

"#Balancetonporc ce n'est pas classe, mais ce comportement est encore moins classe", estime Sandra Muller. Cette dernière a lancé une association pour prévenir les comportements sexistes en entreprise.

Ce verdict pourrait-il entraver la libération de la parole des femmes, les dissuader de dénoncer les harceleurs ? Guillaume Erner reçoit Rébecca Amsellem, activiste, fondatrice de la newsletter "Les Glorieuses", co-signataire d'une tribune publiée sur France Info qui dénonce la condamnation de Sandra Muller.

L'impact musical : Balance ton quoi d'Angèle

C'est un succès qui n'a échappé à personne. La chanteuse Angèle a cartonné en 2018 avec son titre Balance ton quoi. Il y a des chansons qui deviennent parfois le symbole d’une époque. C’est le cas de Balance ton quoi, d’Angèle. La jeune Belge ignore, quand elle imagine son texte, qu’il va devenir bien plus aux yeux de toute la société.

Samedi 13 août 2022, c'est BFMTV qui s'est intéressé à la chanteuse. Pour sa série d'été sur les secrets des tubes, le média a souhaité revenir sur l'un des titres les plus connus d'Angèle : Balance ton quoi. Le tube est devenu une chanson symbolique à l'heure où le mouvement MeToo prenait de l'ampleur.

« J'ai écrit cette chanson dans le tram », explique-t-elle à BFMTV. « C'était quelques mois après Balance ton porc, après les débuts de cette révolution féministe. J'ai des images de moi dans mon petit appartement à Bruxelles, en train d'écrire cette chanson. Quelques mois plus tard encore, je voyais des gens manifester en chantant cette chanson », se remémore la jeune femme.

Angèle a été très flattée par l'appréciation qu'a porté le public sur ses deux albums, mais cela est tout aussi "flippant", est-il écrit dans l'article du Figaro.

La chanteuse belge, avec ses cheveux blonds et sa voix douce, Angèle a su conquérir le cœur des Français de manière presque immédiate. C'est en reprenant des titres qu'elle se fait connaître sur les réseaux sociaux. La sœur de Roméo Elvis y partage ses vidéos, attirant massivement les abonnés. En octobre 2018, elle sort son premier album intitulé Brol et il s'avère être un énorme succès. Il s'agit d'une première victoire pour la jeune femme qui obtient par la suite un disque de platine après avoir vendu plus de 500.000 albums.

Dans les colonnes du Figaro le 27 juin 2022, la chanteuse se confiait. Elle expliquait que son "premier album avait placé la barre très haut, les ventes, c'était indécent". Cette ascension ne va pas s'arrêter puisqu'en décembre 2021, Angèle sort un second album. "Mon retour avec Nonante-Cinq a été vu comme celui d'une grande artiste confirmée", confie-t-elle au Figaro, le 27 juin 2022.

Un clip engagé pour un message fort

Le titre est porteur, pour lui donner encore plus de visibilité, il faut un clip malin. L’idée, va être de mettre en place, un centre anti-sexisme. Et une sorte de cour de justice. Objectif: second degré. "Un tribunal quand même joyeux et bienveillant. A travers l'humour, à travers la musique, à travers quelque chose de léger, qui peut fédérer, on peut faire passer des messages et peut-être arriver à planter des petites graines dans la tête de chacun. Que chacun puisse se poser des questions".

Angèle ne compte pas s'arrêter là et pour frapper plus fort, elle accompagne son titre d'un clip. C'est donc dans un centre antisexiste qu'elle chante son tube, ainsi qu'au milieu d'une Cour de Justice. Sur le ton de l'humour, l'objectif d'Angèle est simple : faire passer le message. Angèle met l'accent sur l'éducation, meilleur moyen de lutter contre le sexisme ordinaire.

Capture Youtube / Angèle MUSIQUE - C’est un clip pour le moins engagé. La chanteuse Angèle a révélé le clip de “Balance ton quoi”, ce lundi 15 avril. Co-écrit avec la photographe Charlotte Abramow (à l’origine du clip “Les passantes” de Georges Brassens) et son amie Ophélie Secq, ce clip se dévoile comme une succession de scènes destinées à faire le procès du sexisme. On y aperçoit notamment l’acteur Pierre Niney.

Dans ce petit film résolument féministe, Angèle porte dès le début une robe haute-couture de la maison Viktor & Rolf au message explicite: “Go fuck yourself” (“Va te faire foutre”). L’artiste nous emporte ensuite dans un tribunal imaginaire dédié aux affaires de sexisme ordinaire. Objectif affiché, montrer que le “sexisme n’a pas de genre, d’âge, de milieu social ou de culture”, fait-on valoir dans un communiqué. Les coupables, parmi lesquels figurent notamment les acteurs Pierre Niney et Antoine Gouy, sont ensuite envoyés dans une académie imaginaire, “L’anti-Sexism Academy”. Un moyen pour l’artiste, ici présentée en éducatrice, de mettre l’accent sur l’éducation, “meilleure arme contre le sexisme et les oppressions”, deux ans après la vague #Metoo et #Balancetonporc.

Le clip en profite également pour dénoncer les préjugés encore persistants sur le consentement et les inégalités salariales, par exemple.

Outre la sortie de ce clip, Angèle s’est associée avec la marque Meuf Paris afin de réaliser une mini-collection, où les fans pourront dégoter les uniformes du clip. “Les bénéfices seront entièrement reversés à deux associations féministes: ‘Centre 320 rue Haute’ en Belgique et ‘La Maison des Femmes x Saint-Denis’ en France, qui agissent toutes les deux notamment en faveur des femmes victimes de violences”, indique-t-on dans le communiqué.

Un hymne pour les générations futures

"Porter un beau message". La chanson va fonctionner bien au-delà des espérances. Devenir un hymne dans les manifestations. Et grâce à elle, la question du sexisme va pouvoir aussi être abordée entre les générations.

"J'ai encore aujourd'hui des mamans et des papas qui me remercient. Et qui sont contents de la faire écouter à leurs enfants et de pouvoir l'expliquer avec leurs mots. Et de pouvoir un peu raconter ce que ça veut dire et ce que cette chanson raconte, et pourquoi il faut faire attention à ce sujet".

Quelques années plus tard, le titre a une place à part dans le cœur de la chanteuse. "Je suis fière de faire partie des gens qui peuvent porter le message. Parce que je suis connue et qu'on m'écoute.

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