Fausse Route : Causes, Symptômes et Solutions

Faire une fausse route, c’est « avaler de travers ». Il s’agit du passage de liquides ou d’aliments dans les voies respiratoires. Il arrive parfois qu’un aliment solide ou liquide passe dans les voies respiratoires de manière accidentelle : on parle alors de fausse-route alimentaire. Si elle ne fait pas attention, une personne peut facilement s’étouffer avec un petit objet du quotidien (une vis ou une cheville qu’elle tient entre ses dents pendant qu’elle bricole, par exemple).

Les fausses routes peuvent être à l’origine de troubles importants (infections pulmonaires, gêne respiratoire, etc.). Les fausses routes, nausées et vomissements, mais aussi l’évolution de la maladie et les douleurs peuvent provoquer chez la personne en fin de vie un refus de manger. Les troubles de la déglutition doivent être pris au sérieux. Si les fausses routes sont régulières, voire quotidiennes, on parle de « trouble de la déglutition » : la dysphagie.

Qu'est-ce qu'une fausse route ?

Au lieu de rejoindre l’œsophage et l’estomac, l’aliment se coince dans le pharynx, le larynx, la trachée ou l’une des deux bronches. Il bloque les voies respiratoires, et empêche l’air extérieur de rejoindre les poumons. La personne ne peut plus respirer : elle s’étouffe. Pourtant la fausse route peut aussi être silencieuse.

Causes des fausses routes

En fin de vie, les difficultés pour s’alimenter peuvent être dues à l’évolution de la maladie ou aux traitements. Un repas pris trop rapidement, des difficultés à mâcher et à avaler, un éclat de rire ou un mouvement de surprise en mangeant… et c’est la fausse-route alimentaire !

La dysphagie se définie par une gêne ou un blocage ressenti lors du trajet d’un aliment ou d’une boisson depuis la bouche jusqu’à l’estomac. Elle peut survenir à tous les âges de la vie, dans la petite enfance comme chez les personnes très âgées. Les jeunes enfants et les personnes qui ont des difficultés à communiquer ou des troubles cognitifs n’expriment pas toujours de façon précise ou ne ressentent pas forcément de façon typique leurs difficultés à avaler.

Parmi les causes possibles :

  • des infections comme l’angine et la pharyngite, sources de dysphagie temporaire,
  • les conséquences d’un traitement local (radiothérapie du cou, chirurgie…), d’une intubation ou d’un médicament (antihistaminique, anticholinergique, neuroleptique…),
  • un cancer de l’œsophage ou ORL (bouche, gorge…) avec dans ce cas une dysphagie qui s’aggrave de façon progressive parfois, associée à une douleur de l’oreille et/ou une modification de la voix,
  • un accident vasculaire cérébral,
  • une maladie de Parkinson ou d’Alzheimer,
  • un reflux gastro-œsophagien, une œsophagite,
  • un syndrome de Sjögren, aussi appelé « syndrome sec » car il se manifeste notamment par une sécheresse de la bouche et des yeux,
  • des spasmes de l’œsophage, une achalasie (pas de contraction des muscles de l’œsophage ni de relâchement de son sphincter inférieur),
  • une maladie neuromusculaire comme la myasthénie auto-immune, la dystrophie musculaire oculo-pharyngée, la myopathie oculo-pharyngo-distale, la myosite à inclusions, la sclérose en plaques, le syndrome de Guillain-Barré ou encore la sclérose latérale amyotrophique (SLA ou maladie de Charcot) dont la forme dite « bulbaire » débute par des troubles de la déglutition et de l’élocution.

Symptômes d'une fausse route

La fausse route se manifeste généralement par une toux pendant ou après déglutition. La personne a avalé de travers, on a l’impression qu’elle s’étrangle. Si l’aliment ne bloque pas totalement le passage de l’air vers les poumons (obstruction partielle), la personne peut continuer à respirer. Elle présente néanmoins une gêne respiratoire, tousse violemment et sa respiration est bruyante.

Si l’aliment bloque totalement les voies aériennes, la personne ne peut plus parler ni respirer. Elle tousse d’abord violemment, puis devient agitée et se tient la gorge avec les deux mains. Si le corps étranger n’est pas expulsé rapidement par la toux, la personne peut émettre des sons aigus et sifflants. Son rythme cardiaque s'accélère, elle s’asphyxie, devient bleue et perd connaissance.

Chez le nourrisson et le bébé, les symptômes de la fausse-route et de l’étouffement sont généralement moins faciles à reconnaître. En cas d’asphyxie totale, l’enfant ne tousse plus et ne respire plus. Il est pâle. Ses lèvres et les extrémités de ses mains et de ses pieds deviennent bleues. Il peut s’agiter ou, au contraire, rester immobile.

Que faire en cas de fausse route ?

Il est important de savoir comment réagir en cas de fausse-route alimentaire, pour pouvoir aider la personne à débloquer ses voies aériennes.Si un adulte ou un enfant de plus de deux ans est victime d’une fausse-route devant vous, vous devez d’abord utiliser la technique des claques. Placez-vous sur le côté de la personne, un peu en arrière. Penchez-la vers l’avant, et soutenez sa poitrine dans l’une de vos mains (cela évite au corps étranger de s’enfoncer encore plus dans la trachée). Avec le talon de votre autre main, donnez des claques fermes et vigoureuses entre ses deux omoplates (au milieu du haut du dos). Entre chaque claque, vérifiez l’état de la personne et si l’objet a été expulsé (par un mouvement de toux).

Si les claques dans le dos n’ont pas d’effet, il faut passer aux compressions abdominales. Réservée aux adultes et aux enfants à partir de deux ans, la manœuvre de Heimlich suppose d’abord de mettre la personne qui s’étouffe debout. Placez-vous derrière elle et entourez sa taille à l’aide de vos deux bras (au niveau de la partie supérieure de son abdomen). Faites en sorte que son buste s’incline légèrement vers l’avant. Avec l’une de vos mains, formez un poing : placez ce poing fermé au centre de l’abdomen de la personne, entre le nombril et l’extrémité inférieure de son sternum. Plaquez ce poing contre son ventre à l’aide de votre autre main, et enfoncez-le brusquement et fortement vers vous et vers le haut. Lorsque vous effectuez ce geste, vous devez avoir l'impression de soulever la personne. Si les compressions permettent de dégager les voies respiratoires, arrêtez la procédure.

Si les gestes de premiers secours ne suffisent pas à déloger l’aliment qui bloque la respiration, vous devez prévenir les services médicaux d’urgence. Vous pouvez joindre les secours au 15 (Samu) ou au 112 (numéro d’urgence européen), depuis un téléphone fixe ou mobile. Vous pouvez également appeler les pompiers, au 18. Pour faciliter l’intervention des secours, pensez à parler calmement. Les informations doivent être précises : transmettez votre nom et votre numéro de téléphone, le nom de la victime et l’adresse où elle se trouve (avec le code d’accès, le bâtiment, l’étage et la porte de l’appartement s’il s’agit d’une résidence ou d’un immeuble). En attendant les secours, n’allongez pas la personne qui s’étouffe (sauf si elle est inconsciente, et que vous devez commencer les gestes de réanimation cardio-pulmonaire). Laissez-la prendre la position qu’elle préfère, de manière instinctive (en général, la personne s’assoit et se penche vers l’avant). La personne est prise en charge dès l’arrivée des secours.

Chez les nourrissons et les enfants de moins de 2 ans, on utilise la manœuvre de Mofenson en cas de fausse-route alimentaire. Les secours doivent quant à eux être alertés dès les premiers signes d’étouffement et d’asphyxie (appel gratuit, depuis le 15 ou le 112). Les gestes de premiers secours ne doivent être effectués que si l’enfant ne peut plus du tout respirer, à cause d’une obstruction totale de ses voies respiratoires. S’il tousse, s’il pleure ou s’il crie, il faut attendre l’arrivée des secours.

Pour la technique des 5 claques, vous devez vous asseoir. Placez l’une de vos mains sur le ventre et le thorax de l’enfant, avec vos doigts de part et d’autre de sa mâchoire. Installez l’enfant sur l’une de vos cuisses, à plat ventre et la tête dirigée vers le bas, au-delà de votre genou. Avec votre autre main, tapez vigoureusement entre ses omoplates. Si cette première manœuvre ne fonctionne pas, vous devez passer aux compressions thoraciques. Prenez l’enfant et retournez-le sur le dos : placez-le sur votre avant-bras, appuyé sur votre cuisse. Soutenue dans l’une de vos mains, sa tête doit être plus basse que son corps (il faut se servir de la gravité). Vous devez ensuite réaliser des compressions au niveau de son sternum, à l’aide de deux doigts. Là encore, répétez ce geste 5 fois. Si l’obstruction persiste, continuez à alterner entre 5 claques et 5 compressions thoraciques, jusqu’à ce que les secours arrivent.

Prévention des fausses routes

Certaines mesures simples permettent d’éviter les fausse-routes alimentaires. Pour prévenir l’étouffement chez le bébé et le jeune enfant, il est par exemple recommandé de ne jamais donner d’aliments de petite taille à un bébé (cacahuètes, pistaches, petits bonbons ronds et durs…), et de toujours les garder hors de sa portée. L’enfant doit apprendre à manger assis (jamais en courant), dans le calme et sans parler.

Pour éviter les fausse-routes alimentaires chez les adultes et les personnes âgées, il faut aussi prendre ses repas dans le calme, assis, et à table. Si la personne âgée a du mal à mâcher ou à avaler, il faut découper ou mixer les aliments trop gros ou trop durs. Les médicaments doivent être avalés avec de l’eau, et les prothèses dentaires bien entretenues et régulièrement vérifiées.

Il est nécessaire de les signaler au médecin, afin qu’il puisse diagnostiquer l’origine du problème et proposer des moyens pour réduire les risques. Les personnes amenées à donner à manger ou à boire à la personne en fin de vie doivent être alertées (intervenants au domicile, visiteurs occasionnels, etc.). La multiplicité des causes possibles doit inciter à en parler avec le médecin, qui pourra faire une investigation poussée afin de proposer un traitement adapté, qui dans la plupart des cas atténuera, voire soulagera les symptômes.

Dans toutes ces situations, une bonne installation de la personne malade lors du repas est essentielle pour faciliter la déglutition. La personne ne doit pas manger allongée : le buste doit être relevé, en position assise. Il faut manger dans le calme, sans parler ou être sollicité, ni regarder la télévision.

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