Surproduction, surconsommation, dates de péremption trop courtes, défauts sur les fruits et légumes⊠les causes du gaspillage alimentaire sont multiples. 1/3 de la nourriture produite dans le monde est gaspillée, et, selon la FAO, ce gaspillage est responsable de 8 % des émissions globales de gaz à effet de serre.
Le gaspillage alimentaire : un enjeu majeur
Câest le combat de Merijn Corneel Koops. Merijn Corneel Koops est un jeune NĂ©erlandais de 29 ans qui dispose dĂ©jĂ dâune expĂ©rience dâune dizaine dâannĂ©es dans le domaine de lâalimentation. Il a commencĂ© ses Ă©tudes par une Ă©cole de cuisine en Belgique, avant de retourner aux Pays-Bas pour Ă©tudier le management hĂŽtelier. En parallĂšle, il a vĂ©cu plusieurs expĂ©riences internationales et travaillĂ© dans la restauration.
âCâest lĂ que jâai dĂ©couvert lâampleur du gaspillage alimentaire. Ă la fin de chaque service, on devait jeter des quantitĂ©s trĂšs importantes, alors que jâavais toujours Ă©tĂ© Ă©duquĂ© Ă prĂ©server la nourritureâ. Mais câest surtout lorsquâil a dĂ©couvert le Slow Food Youth Network que Merijn a eu un dĂ©clic, lâamenant Ă sâintĂ©resser au lien entre alimentation et dĂ©veloppement durable.
Too Good To Go : une solution innovante
Too Good To Go est une start-up Ă impact qui met en relation des particuliers avec des commerces (boulangeries, restaurants, supermarchĂ©s, etc.) qui possĂšdent des invendus. Les utilisateurs de lâapplication peuvent alors rĂ©cupĂ©rer des paniers de nourriture Ă bas prix, et Ă©viter que leur contenu ne soit jetĂ©. Si lâidĂ©e est nĂ©e au Danemark en 2015, lâapplication a ensuite Ă©tĂ© lancĂ©e en France en 2016.
CĂŽtĂ© clients, âil y a une grande diversitĂ© de personnes qui utilisent lâappli. Ceux qui le font parce quâils se soucient du dĂ©veloppement durable, et dâautres pour qui câest un moyen dâaccĂ©der Ă des aliments Ă prix cassĂ©.â Quant aux commerces, Merijn Corneel Koops explique quâils ont tendance Ă sâinscrire sur lâapplication car ils ne savent pas quoi faire de leurs surplus et se soucient de plus en plus de lâenvironnement.
Le jeune homme a rejoint lâantenne nĂ©erlandaise lancĂ©e il y a 3 ans, qui sâappuie dĂ©sormais sur une Ă©quipe de 60 personnes. âAu dĂ©but, on sâest focalisĂ©s sur les gros supermarchĂ©s, puis jâai Ă©tĂ© embauchĂ© pour mettre en place une nouvelle stratĂ©gie et convaincre le plus de restaurants possibles de travailler avec nous. Maintenant, je mâoccupe aussi des gros producteurs, un secteur oĂč il y a beaucoup de gaspillage.â
Ce qui lui plaĂźt le plus, ce sont ses missions trĂšs variĂ©es. âOn agit selon les surplus qui arrivent, en trouvant des solutions rapides pour sauver ces invendus. Les paniers vendus sur lâapplication comportent des produits qui arrivent bientĂŽt en date ou sont pĂ©rimĂ©s le jour mĂȘme. Mais, pour Merijn, âil y a beaucoup de produits avec une date de pĂ©remption qui nâa aucun sens. Certaines entreprises payent pour avancer la date de pĂ©remption ou en mettent sur des produits comme les bouteilles dâeau.â
Une autre source de gaspillage provient du fait que les producteurs doivent toujours ĂȘtre en mesure de fournir les quantitĂ©s dĂ©finies par leurs contrats avec les distributeurs, notamment les chaĂźnes de supermarchĂ©s. Il y a aussi le problĂšme des exigences trĂšs strictes des supermarchĂ©s. âSâil y a des petits changements ou dĂ©fauts dans un produit, les supermarchĂ©s nâen veulent pas. Et ce, mĂȘme si câest de la bonne nourriture qui peut ĂȘtre consommĂ©e.â
Enfin, le systĂšme alimentaire peut facilement ĂȘtre perturbĂ© par des changements saisonniers. Par exemple, âquand il fait beau, les produits liĂ©s au barbecue vont ĂȘtre plus demandĂ©s. Pour faire face Ă tous ces problĂšmes, la start-up a nouĂ© des partenariats qui permettent aux utilisateurs de rĂ©cupĂ©rer les invendus des producteurs directement dans les commerces.
De plus, quand ils anticipent une hausse des invendus, ou lorsquâun producteur les contacte directement, ils organisent des Ă©vĂ©nements ponctuels pour sauver les aliments. âEn juillet 2021, on a organisĂ© un grand marchĂ© Too Good To Go, avec 2 000 paniers de nourriture distribuĂ©s en un jour.
âToo Good To Go grandit vite, mais, rien quâaux Pays-Bas, il y a encore tellement de nourriture gaspillĂ©e.â Le pays, contrairement Ă la France, nâoblige pas encore les supermarchĂ©s Ă revaloriser leurs invendus, notamment en les donnant Ă des associations. Câest lĂ quâintervient Too Good To Go. âIci, on a la chance dâavoir 2 millions de personnes qui utilisent lâapplication, et 98 % de la nourriture prĂ©sente y est vendue. Au niveau mondial, ce sont 110 millions de repas qui ont Ă©tĂ© sauvĂ©s depuis le lancement de lâapplication. Et 52 millions de repas rien quâen 2021.
âOn sent que les choses avancent. Je pense que beaucoup dâentreprises sont dâaccord pour agir et veulent rĂ©duire leur impact environnemental. Mais, le jeune homme le souligne, les consommateurs doivent eux-aussi apprendre Ă rĂ©duire leur gaspillage alimentaire, particuliĂšrement en Europe. âOn agit Ă tous les niveaux : on a par exemple un compte Instagram oĂč on en parle beaucoup.â
La start-up a mĂȘme lancĂ© un magazine qui donne des conseils facilement applicables - comme faire une liste de courses et sây tenir, sans se laisser tenter par des offres promotionnelles - et des recettes pour apprendre Ă cuisiner avec les restes. âUne fois par semaine, on peut par exemple utiliser les restes du frigo pour cuisiner des soupes ; ou les restes de pain pour faire du pain perdu ou des croĂ»tons. Câest surtout une question de changement dâĂ©tat dâesprit.â
Slow Food Youth Network : un mouvement pour une alimentation durable
Merijn sâengage aussi depuis 8 ans au sein du Slow Food Youth Network. LancĂ©e en Italie, cette organisation est dĂ©sormais active dans 160 pays. âCâest gĂ©nial de faire partie de ce mouvement ouvert Ă tout le monde, avec des opinions diffĂ©rentes et des chefs qui viennent de tous les continents.â Pour le jeune NĂ©erlandais, âlâalimentation est un sujet central. Câest un bon point de dĂ©part pour parler de durabilitĂ© car il concerne tout le monde. Or, câest aussi un domaine qui a un trĂšs fort impact sur lâenvironnement.â
Le Slow Food Youth Network aborde des sujets variĂ©s comme le gaspillage alimentaire, la surconsommation de viande, la surpĂȘche, la baisse de la qualitĂ© de la nourriture et des sols ou encore la production de masse. Pour Ă©duquer Ă ces sujets, ils communiquent via les rĂ©seaux sociaux. Ils interviennent aussi dans des Ă©vĂšnements, des festivals ou des Ă©coles primaires.
âPar exemple, jâai participĂ© Ă une campagne de promotion des doggy bags. On avait quatre personnes dĂ©guisĂ©es en chien pour motiver les gens Ă y avoir recours. Nous travaillons aussi avec lâorganisation âDisco soupâ . Le rĂ©seau marque ainsi son opposition Ă la âFast Foodâ et Ă la grande consommation. âIl y a un manque de connaissance Ă©norme autour de la nourriture quâon consomme. On est tellement Ă©loignĂ©s des aliments quâon mange quâon ne sait pas dâoĂč ils viennent.
Par exemple, les personnes qui consomment de la viande de supermarchĂ© ne voient pas lâeffet sur la dĂ©forestation au BrĂ©sil. Au niveau politique, le mouvement tente de faire Ă©voluer la lĂ©gislation europĂ©enne. Un tiers du budget de lâUnion EuropĂ©enne est en effet dĂ©diĂ© aux subventions agricoles. Cela permet, certes, dâavoir accĂšs Ă de la nourriture Ă bas prix en grande surface. Mais, pour le jeune homme, ces subventions sont aussi responsables du rapport erronĂ© que nous avons Ă la nourriture, en raison de son prix si faible.
âLes subventions devraient ĂȘtre conditionnĂ©es aux efforts pour rendre lâagriculture plus durable. Le Green New Deal (Pacte vert pour lâEurope) inclut des changements qui vont dans ce sens. Mais ça ne va pas assez vite ni assez loin. Merijn souhaite continuer Ă travailler chez Too Good To Go Ă Amsterdam, oĂč il a de nouvelles responsabilitĂ©s sur les questions de diversitĂ©, dâĂ©quitĂ© et dâinclusion. âJe suis trĂšs heureux ici car je peux voir mon impact de maniĂšre concrĂšte avec la nourriture sauvĂ©e. Je pense que les start-ups accĂ©lĂšrent le changement et peuvent faire bouger les choses.
Les aliments les plus nocifs pour l'environnement
Si vous nous suivez depuis quelques temps, vous avez sans doute compris que votre alimentation a un impact trĂšs fort sur lâenvironnement. Lâagriculture reprĂ©sente prĂšs de 30% des Ă©missions de gaz Ă effet de serre mondiales, les pesticides et engrais utilisĂ©s pour faire pousser nos aliments sont responsables de nombreuses pollutions et affectent largement les Ă©cosystĂšmes. Mais au juste, quels sont les pires aliments en termes environnementaux ?
- Le sucre: Selon une Ă©tude du WWF, le sucre est lâune des cultures les plus nocives pour la planĂšte. En dĂ©truisant des habitats riches en vie animale, vĂ©gĂ©tale et en insectes, le sucre serait la plantation qui dĂ©truit le plus de biodiversitĂ© dans le monde. En plus de son utilisation intensive dâeau et de pesticide, la culture de la canne Ă sucre ou de la betterave Ă sucre provoque aussi une forte Ă©rosion des sols.
- Le chocolat: Le cacaoyer est une plante trĂšs compliquĂ©e, qui ne pousse que dans certaines zones autour des forĂȘts Ă©quatoriales. Elle nĂ©cessite beaucoup dâeau (il faut 2400 litres dâeau pour faire 100 g de chocolat), un soin trĂšs particulier⊠RĂ©sultat, aujourdâhui, la culture du cacao fait peser une forte pression sur les Ă©cosystĂšmes.
- Le cafĂ©: Le cafĂ©, câest un peu la mĂȘme histoire que le chocolat. Il est cultivĂ© dans des zones de forĂȘts trĂšs sensibles et trĂšs riches en biodiversitĂ©. Une Ă©tude menĂ©e en 2014 constatait quâaujourdâhui la production Ă©tait Ă son pire niveau en termes dâimpacts environnementaux.
- La viande: la viande est certainement lâaliment qui pĂšse le plus sur notre planĂšte. La viande industrielle en particulier est extrĂȘmement nocive pour lâenvironnement : avec une alimentation Ă base de grains et de soja, la production de viande contribue notamment Ă la dĂ©forestation, Ă la production de gaz Ă effet de serre (notamment le mĂ©thane).
- Lâhuile de palme: Il entre dans la composition de la majoritĂ© des produits sucrĂ©s industriels les plus vendus, notamment nos chĂšres pĂątes Ă tartiner, mais aussi les barres chocolatĂ©es, et un grand nombre de plats prĂ©parĂ©s. Or on sait que la production dâhuile de palme est particuliĂšrement dangereuse pour la planĂšte.
- Le soja: 330 millions de tonnes de graines de soja sont produites chaque annĂ©e dans le monde. Le problĂšme câest quâen plus de contribuer Ă la dĂ©forestation, le soja a de nombreux impacts environnementaux.
- Lâeau minĂ©rale: Il faut environ 3 litres dâeau pour produire une bouteille dâeau dâun demi-litre dâeau selon Ertug Ercin, ingĂ©nieur environnemental spĂ©cialisĂ© sur lâempreinte eau au Water Footprint Network⊠Mais aussi environ 33 cl de pĂ©trole !
- Les produits de la mer: Le poisson prĂ©fĂ©rĂ© des français (le saumon) fait partie des espĂšces de poisson les plus nocives pour lâenvironnement ! Le saumon dâĂ©levage en particulier est un mauvais Ă©lĂšve : il faut 3 kg de poissons sauvages ou de protĂ©ines animales pour faire 1 kg de saumon dâĂ©levage, les antibiotiques et produits chimiques utilisĂ©s dans la production se rĂ©pandent dans lâeau et contaminent la biodiversitĂ© alentour. Le thon rouge fait Ă©galement partie de la liste de noire des poissons Ă Ă©viter, car il est en voie de disparition.
- Certaines cĂ©rĂ©ales: Le riz nĂ©cessite de fortes quantitĂ©s dâeau pour pousser correctement (il faut 3400 litres dâeau pour faire pousser 1 kg de riz). Les cĂ©rĂ©ales comme le maĂŻs gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ© sont aussi considĂ©rĂ©s comme dangereuses car leurs effets sur la biodiversitĂ© vĂ©gĂ©tale et sur les pollinisateurs ne sont pas encore connus correctement.
- Les fruits exotiques et certains lĂ©gumes: La banane, les mangues ou les pĂȘches ? Ils sont dĂ©licieux, certes, mais ce sont aussi les fruits qui demandent le plus dâeau et de pesticides pour ĂȘtre produits en quantitĂ©s industrielles. Tomates, laitue ou choux sont plutĂŽt gourmands en eau et en intrants, en particulier lorsquâils sont produits sous des climats peu favorables.
Pour avoir une alimentation soutenable, il faut respecter quelques rÚgles. Privilégier les aliments les plus sobres et les plus nourrissants, éviter autant que possible les aliments trop polluants et garder ces petits plaisirs pour des occasions (le sucre, le chocolat ou la viande par exemple).
La majoritĂ© des problĂšmes environnementaux liĂ©s Ă notre alimentation viennent en effet du mode de culture industriel. La solution rĂ©side donc peut-ĂȘtre dans une transformation de notre modĂšle agricole, et le passage dâune agriculture agro-industrielle Ă une agriculture agro-Ă©cologique, constituĂ©e de petites fermes diversifiĂ©es.
La biodiversité en danger
Si la biodiversité disparaßt, nous disparaissons. Le rÎle de la biodiversité est trop souvent sous-estimé dans les questions du maintien de l'équilibre écologique et de la vie humaine sur Terre. La diversité est le carburant de l'évolution. Comment bien comprendre les enjeux de la biodiversité pour s'engager dans sa préservation ? C'est une des questions que pose le livre de Tatiana Giraud, directrice de recherche au CNRS et spécialiste de la biodiversité.
Il est inenvisageable d'imaginer un futur sans communautés d'insectes, de champignons et de toutes les chaßnes du vivant qui font la biodiversité sur Terre. La question de la préservation de la biodiversité se pose également dans la diversité des micro-organismes, comme celle de Penicillium camemberti, le champignon qui permet de composer la croûte du camembert. Sa couleur blanche est la résultant d'une forte sélection, d'une seule lignée et d'une seule souche faisant fi de la diversité des souches pourtant essentielle.
Des aliments emblématiques menacés
Pour rĂ©pondre aux goĂ»ts du grand public, produire Ă grande Ă©chelle sans prendre de risques sanitaires, les industriels du secteur laitier ont sĂ©lectionnĂ© pour lâensemencement des bactĂ©ries et champignons donnant des fromages Ă fermentation rapide, aux saveurs Ă©dulcorĂ©es, sans traces colorĂ©es dĂ©rangeantes liĂ©es aux moisissures. Dans le camembert, les industriels ont privilĂ©giĂ© une seule souche de Pencillium camemberti, la souche albinos, pour avoir des camemberts bien blancs, sans traces colorĂ©es « dĂ©rangeantes » liĂ©es aux moisissures.
La sortie de cette impasse sĂ©lective proviendra sans doute de la rĂ©introduction de souches bactĂ©riennes nouvelles. Les scientifiques sont trĂšs satisfaits dâavoir dĂ©couvert dans un fromage de Savoie dĂ©nommĂ© « bleu de Termignon », une nouvelle branche de Penicillium roqueforti, cette famille de champignons Ă lâorigine de variĂ©tĂ©s de bleus et roqueforts.
Le changement climatique : un facteur aggravant
Le changement climatique engendre des conséquences étendues et désastreuses à l'égard du monde animal et végétal, qui lutte pour s'adapter. Le rapport initié par le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) conclut que diverses formes de vie migrent vers le nord ou dans des eaux plus profondes afin de survivre à la mutation de leur habitat. Certaines sont également contraintes de modifier leurs habitudes. Par exemple, les oiseaux qui construisent leur nid élÚvent leurs petits et migrent plus tÎt étant donné l'arrivée prématurée du printemps.
Selon ce rapport publiĂ© en 2014, « les consĂ©quences du changement climatique sont plus importantes et plus Ă©tendues sur les systĂšmes naturels ». D'aprĂšs Peter Alpert, directeur du programme environnemental biologique de lâUS National Science Foundation Ă Arlington en Virginie, les recherches actuelles suggĂšrent que les survivants de cette mutation seront les espĂšces capables de s'adapter et de se rĂ©pandre, comme les mauvaises herbes, les insectes nuisibles, ainsi que celles sensibles au froid et invasives comme le Python birman en Floride.
Selon lui, les grands perdants seront les espĂšces dĂ©pendantes dâune alimentation trĂšs spĂ©cifique et dâun milieu trĂšs singulier, en particulier ceux dont lâhabitat naturel disparaĂźtra entiĂšrement. Comme les koalas, dont la survie dĂ©pend principalement des eucalyptus, ainsi que les nombreux animaux et plantes qui vivent dans des montagnes reculĂ©es.
Bob Scholes et Hans-Otto Pörtner, tous les deux auteurs au sein du GIEC, ont participĂ© aux chapitres du rapport concernant les Ă©cosystĂšmes. Ils ont dĂ©clarĂ© de concert Ă National Geographic que l'actuel changement climatique causĂ© par lâĂȘtre humain se dĂ©roulait plus rapidement qu'auparavant.
EspĂšces en voie de disparition Ă cause du changement climatique
Bob Scholes, spécialiste des écosystÚmes au Conseil de la recherche scientifique et industrielle (CSIR) à Pretoria, en Afrique du Sud, et Hans-Otto Pörtner, expert en physiologie animale et en biologie marine à l'Institut Alfred Wegener de Bremerhaven, en Allemagne, ont répertorié six espÚces en voie de disparition en raison du changement climatique :
- Le poisson lime Ă taches oranges (Oxymonacanthus longirostris): Sa survie repose sur la population de Monacanthidae dont il se nourrit. Or les deux espĂšces sont en voie de disparition en raison du changement climatique.
- Le faux dragonnier (Aloe dichotoma): C'est une espÚce trÚs étudiée. Il a été observé qu'elle était incapable de grandir et de se propager suffisamment vite pour palier le rapide changement climatique.
- L'ours polaire: La banquise arctique oĂč l'animal chasse disparaĂźt peu Ă peu durant l'Ă©tĂ©. La banquise se reforme de plus en plus tard l'automne et fond de plus en plus tĂŽt au printemps.
- Le manchot AdĂ©lie: Ces oiseaux vivant en Antarctique se sustentent majoritairement dâun petit crustacĂ© : le krill. Ce dernier vit en dessous de la calotte glaciaire, oĂč il s'abrite et se nourrit d'algues. Comme la banquise antarctique diminue, la population de krills subit le mĂȘme sort.
- La morue de l'Atlantique Nord: Leur population a pour habitude de rebondir mais ce nâest pas le cas sur la cĂŽte nord-est de l'AmĂ©rique du Nord, oĂč sa population ne s'est pas renflouĂ©e depuis sa chute dans les annĂ©es 1990.
- Acropora cervicornis et les coraux du monde entier: ce corail formateur de récif « est en voie de disparition presque partout en raison de plusieurs facteurs », notamment des eaux chaudes puisque les coraux sont sensibles aux changements de la température océanique.
Selon Scholes et Pörtner, l'Atelopus varius et le crapaud dorĂ©, tous deux originaires d'AmĂ©rique centrale, font partie du petit nombre d'espĂšces qui n'ont pas rĂ©sistĂ© au changement climatique. La derniĂšre fois quâun crapaud dorĂ© a Ă©tĂ© observĂ© remonte Ă 1989. Il vivait alors dans les forĂȘts montagneuses humides, qui ont Ă©galement succombĂ© aux affres du changement climatique, notamment la sĂ©cheresse.
Scholes et Pörtner pensent que ralentir lâintensitĂ© du changement climatique « est vital pour l'avenir de nombreuses espĂšces ». Parmi les solutions possibles au changement climatique figurent la fabrication de vĂ©hicules, de maisons et d'immeubles Ă faible consommation d'Ă©nergie ainsi que l'augmentation des Ă©nergies Ă©oliennes et solaires, de l'hydrogĂšne produit Ă partir d'Ă©nergies renouvelables et d'autres Ă©nergies alternatives.
Food for Change : une initiative pour sauver les aliments oubliés
Pour la premiĂšre fois dans lâhistoire de Relais & ChĂąteaux, lâassociation se mobilise pour ajouter des produits locaux en voie de disparition Ă lâArche du GoĂ»t de Slow Food. Les chefs ont en effet dĂ©cidĂ© de sauver des aliments menacĂ©s dâextinction dans leurs terroirs respectifs, afin dâassurer la prĂ©servation du patrimoine culinaire. Une initiative qui culminera avec la campagne Food for Change, cĂ©lĂ©brĂ©e en partenariat avec Slow Food du 7 au 10 octobre.
Durant ces quelques jours, les chefs Relais & ChĂąteaux sensibiliseront leurs clients aux aliments menacĂ©s dâextinction quâils ont nominĂ©s, qui ont Ă©tĂ© redĂ©couverts et remis sur les tables. GrĂące Ă Food for Change, Relais & ChĂąteaux et Slow Food espĂšrent inspirer les populations du monde entier Ă se soucier davantage de notre systĂšme alimentaire.
« La biodiversitĂ© nâest pas seulement gĂ©nĂ©tique, elle est aussi culturelle. Elle provient du patrimoine et des traditions de la planĂšte entiĂšre » a dĂ©clarĂ© le prĂ©sident de Slow Food, Carlo Petrini. « Avec lâindustrialisation de notre systĂšme alimentaire, nous risquons de perdre les centaines de variĂ©tĂ©s de maĂŻs existantes ou encore le savoir- faire du producteur de fromage dâun petit village.
Câest un catalogue en ligne créé en 1996, par Slow Food. Les membres de Relais & ChĂąteaux participent activement Ă la recherche de ces oubliĂ©s dignes de revenir sur le devant de la scĂšne gastronomique. Slow Food a dĂ©jĂ approuvĂ© 39 produits proposĂ©s par les membres Relais & ChĂąteaux dans 21 pays, avec lâobjectif dâatteindre 99 nouvelles nominations dâici octobre, une Ă©tape importante qui sera cĂ©lĂ©brĂ©e dans une campagne commune intitulĂ©e âFood for Changeâ.
« Le pois blond de la PlanĂšze est une variĂ©tĂ© rustique des plateaux du Cantal, que jâai dĂ©couverte grĂące Ă Henri Bouniol, qui continue de cultiver ses terres familiales depuis plus de 2 siĂšcles. Sa production dĂ©licate a laissĂ© place au fil des ans Ă des cultures Ă plus haut rendement. Une poignĂ©e dâhommes et de femmes se battent aujourdâhui pour perdurer cette culture. Les aider et les soutenir est notre devoir de cuisinier.
RĂ©sistante et dâune grande valeur nutritionnelle, son goĂ»t de noisette, une texture qui roule en bouche en fait un produit dĂ©licieux, aux mariages et possibilitĂ©s infiniesâ. Laissons la parole Ă Olivier Roellinger, vice-prĂ©sident de Relais & ChĂąteaux « Quel est lâintĂ©rĂȘt de manger la mĂȘme nourriture et de boire le mĂȘme vin dans tous les pays du monde ? Les domaines Relais & ChĂąteaux reprĂ©sentent la diversitĂ© des cuisines. Ils sont les gardiens de la biodiversitĂ©, partageant tout ce que ce monde a de bon et de beau.
Que faire face Ă cette situation ?
On a toutes et tous un petit plat qui nous fait rĂȘver. Un aliment que l'on pourrait manger Ă chaque repas, ou presque, sans se lasser. Imaginez la frustration si l'on vous disait que vous ne pourrez plus jamais manger cet aliment, qu'il n'existe mĂȘme plus sur terre. Non, il ne s'agit pas du pitch d'une nouvelle dystopie Ă la Hunger Games, mais bien de ce qui pourrait arriver d'ici quelques annĂ©es.
Ce n'est pas un secret, depuis maintenant plusieurs années, la situation climatique dégénÚre un peu partout dans le monde. La température globale de la planÚte augmente à cause de la pollution et de la déforestation. Fonte des glaces, montée des océans, sécheresse... Autant de facteurs qui nuisent à l'industrie agro-alimentaire.
- Selon les chercheurs de l'Académie américaine des sciences, la moitié des terrains exploitables pour la culture des haricots auront disparu d'ici 2050.
- Il en va de mĂȘme pour le blĂ© et le maĂŻs, deux cĂ©rĂ©ales essentielles notamment pour nourrir les animaux : toutes deux sont sensibles aux tempĂ©ratures trop Ă©levĂ©es et surtout au manque d'irrigation.
- D'ailleurs, l'orge et le houblon qui permettent de fabriquer la biĂšre subissent le mĂȘme sort.
- Les légumes du soleil tels que les tomates, les courgettes et les aubergines pourraient voir leur récolte chuter de plus de 30% dans les années à venir.
- Le gel et les fortes chaleurs détruisent en effet les plantations de café, qui sont amenées à disparaßtre.
- Il en va de mĂȘme pour le chocolat, puisque les cacaoyers ont besoin d'une chaleur et d'une humiditĂ© constante peu compatible avec le rĂ©chauffement climatique.
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