Additifs alimentaires : dangers et risques pour la santé

Dans une époque où les aliments transformés dominent nos assiettes, les additifs alimentaires sont devenus omniprésents. Ces substances, ajoutées intentionnellement aux aliments pour améliorer leur goût, leur texture ou leur durée de conservation, suscitent de plus en plus de préoccupations. Malgré leur utilité indéniable, des études récentes ont soulevé des doutes sur leur innocuité, pointant du doigt des risques potentiels pour la santé. Mais sont-ils réellement sans danger ? Des études scientifiques sèment régulièrement le doute sur certains d’entre eux. Une étude récente pointe notamment du doigt le lien entre ces additifs et les maladies cardiovasculaires.

Qu'est-ce qu'un additif alimentaire ?

Un additif alimentaire est une substance ajoutée aux aliments pour améliorer leur goût, leur texture, leur apparence ou leur durée de conservation. « Les additifs alimentaires sont des substances ajoutées intentionnellement aux aliments pour exercer certaines fonctions technologiques spécifiques », indique le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.

Chimiques ou naturelles, ces substances ne sont pas consommées comme aliments en tant que telles, mais ajoutées à certaines denrées pour prolonger leur durée de vie (conservateurs), pour les rendre plus appétissantes en jouant sur leur couleur (colorants, antioxydants), pour rehausser leur saveur (exhausteurs de goût), ou encore pour améliorer leur texture (émulsifiants, stabilisants, gélifiants…)

On trouve des additifs alimentaires dans presque tous les aliments industriels et transformés : gâteaux, biscuits sucrés ou salés, plats préparés, glaces, viennoiseries et pâtisseries industrielles, desserts surgelés, boissons sucrées, bonbons, chewing-gums, dentifrices, décorations de pâtisseries… En général, plus l’aliment est transformé ou préparé, plus il contient d’additifs.

Les additifs les plus fréquemment employés

Voici trois des additifs alimentaires les plus fréquemment employés dans l’industrie agroalimentaire :

  • L’acide citrique (E330), qui agit principalement comme régulateur d’acidité et se retrouve dans 23 % des produits.
  • Les amidons modifiés, qui servent principalement d’épaississants et sont présents dans 22 % des produits.

Risques potentiels pour la santé

Les additifs alimentaires, bien que réglementés, présentent divers risques pour la santé. Certaines études ont lié la consommation excessive de certains additifs à des problèmes de santé comme des réactions allergiques, des troubles digestifs, et même des impacts sur le comportement chez les enfants. Le glutamate monosodique, par exemple, a été associé à des maux de tête et des symptômes de faiblesse chez certaines personnes. Les édulcorants artificiels comme l’aspartame ont soulevé des préoccupations quant à leur possible lien avec des troubles métaboliques.

Colorants alimentaires

Les colorants alimentaires sont parmi les additifs les plus controversés. Des colorants artificiels comme le tartrazine (E102) et le rouge allura (E129) ont été associés à des effets indésirables tels que des réactions allergiques et des troubles de l’hyperactivité chez les enfants. Des études ont également suggéré un lien entre certains colorants et des problèmes de comportement, de l’asthme et des urticaires.

Nitrates et nitrites

Certains additifs servent à prolonger la durée de vie d’une denrée alimentaire. Les nitrates et les nitrites sont utilisés pour empêcher la production de toxines et le développement de bactéries pathogènes, comme les salmonelles et la listeria. Ces additifs à risque, connus sous la dénomination E249, E250, E251 et E252, sont associés à un risque accru de cancer du côlon entre autres.

Antioxydants

Certains additifs antioxydants comme le E300 entretiennent certains doutes. L’additif E300 est de l’acide ascorbique présent naturellement sous la forme de vitamine C. Cependant, il n’est pas extrait extrait d’aliments porteurs mais synthétisé en laboratoire.

Caramels

Certains caramels élaborés au moyen de sulfite d’ammonium ou d’ammoniac sont à éviter. Ils peuvent servir comme émulsifiants mais aussi comme colorants et agents de charge dans les boissons et les aliments. Rappelons que les agents de charge servent à augmenter le poids d’une denrée alimentaire sans impacter sa valeur nutritionnelle ni son goût. On les retrouve sous la dénomination E150c ou E150d.

Colorants azoïques

Les colorants azoïques sont à éviter. Ces additifs à risque pourraient contribuer à l’hyperactivité chez les enfant.

Carraghénanes

Les carraghénanes sont des polysaccharides naturels obtenus à partir d’algues rouges. Ce sont des agents de texture souvent présents dans les aliments industriels. Ils sont couramment utilisés comme épaississants et gélifiants par l’industrie alimentaire. Certaines études montrent que ces substances pourraient déclencher ou amplifier l’inflammation dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin et perturber le microbiote intestinal. Elles auraient également un lien possible avec le cancer du côlon.

Exemples spécifiques d'additifs préoccupants

Qui n’a jamais été surpris et perdu en lisant la liste des ingrédients sur les emballages des produits alimentaires ? On découvre un E509 sur un bocal de cornichons, un E224 sur un pot de moutarde, un E338 sur une canette de cola… Derrière ces codes mystérieux se cachent des additifs alimentaires.

Dioxyde de titane (E171)

Le dioxyde de titane (E171) est utilisé comme colorant blanchissant et opacifiant. On le trouve surtout dans les bonbons, les biscuits, les chewing-gums, les glaces, les produits transformés à base de pomme de terre, certaines charcuteries.

« En 2017, nous avons constaté chez les animaux une altération de la fonction immunitaire associée à l’intestin après une semaine d’exposition à des nanoparticules de E171 », indique Éric Houdeau, directeur de recherche INRAE à Toxalim (Centre de recherche en toxicologie alimentaire). Après 100 jours, des lésions précancéreuses, pouvant aboutir à la formation de tumeurs, se sont développées au niveau du côlon. En octobre 2020, une étude de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) a mis en évidence le passage des nanoparticules du E171, du placenta des femmes enceintes vers le fœtus.

Depuis 2022, l’utilisation du E171 dans les denrées alimentaires n’est plus autorisée dans l’Union européenne ; toutefois, la mesure européenne prévoit un écoulement des stocks. L’arrêté du 23 décembre 2022 maintient ainsi la suspension pour le marché français en 2023.

Émulsifiants (E466, E433)

Les émulsifiants améliorent la texture des produits transformés et allongent leur durée de conservation. Par exemple, les polysorbates donnent une texture onctueuse aux crèmes glacées et évitent qu’elles ne fondent trop rapidement une fois servies.

La carboxyméthylcellulose (CMC) - inscrits sous le nom E466 sur la liste des ingrédients - est un gel d’origine synthétique utilisé afin d’améliorer la texture de certains aliments. Il est, notamment, utilisé dans certains beurres alimentaires, les glaces, les chewing-gums, les boissons sucrées, les barres chocolatées, les sauces, les produits de boulangeries industrielles, les crèmes desserts, les vinaigrettes, etc.

Deux émulsifiants utilisés par l’industrie agroalimentaire - le carboxyméthyl cellulose (E466) et le polysorbate 80 (E433), pourraient favoriser les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), maladie de Crohn ou rectocolite hémorragique.

En novembre 2021, une nouvelle étude de l’équipe du Dr Benoît Chassaing a confirmé que la carboxyméthylcellulose perturbait les bactéries intestinales et les nutriments des personnes en bonne santé. Ces résultats ont été publiés dans Gastroenterology. Dans le cadre de cette étude, des participants ont consommé un régime sans additif et d’autres un régime complété par de la carboxyméthylcellulose. Les chercheurs ont constaté que la consommation de cet additif modifiait la composition des bactéries peuplant le côlon, réduisant ainsi certaines espèces.

Le E466 et le E433 sont interdits dans les produits labellisés bios.

Nitrates et nitrites (E249 à E252)

Les nitrates et les nitrites sont ajoutés aux viandes pour les conserver plus longtemps, préserver leur couleur rouge et limiter la prolifération de bactéries nuisibles.

Selon la Ligue nationale contre le cancer, le problème ne viendrait pas tant des nitrates et des nitrites que de leur réaction avec le fer héminique des charcuteries. Le résultat donne un complexe très stable (l’hème nitrosylé) à l’origine de la couleur rose des jambons traités, et suspecté de provoquer des mutations de l’ADN au contact de la muqueuse digestive.

Si ces additifs sont classés cancérogènes probables (catégorie 2A) par l’Organisation mondiale de la santé, les charcuteries sont classées cancérogènes avérées (catégorie 1) car 80 % d’entre elles sont traitées par les nitrates et les nitrites.

Une dose d’incorporation maximum de 150 mg de nitrites par kilogramme de charcuterie a toutefois été fixée par la réglementation européenne. Le nitrate n’est autorisé que dans les produits non cuits à la dose de 150 mg/kg (250 mg/kg pour quelques spécialités traditionnelles).

Ils sont indiqués de E249 à E252 sur les étiquettes.

Autres additifs à surveiller

Voici d’autres additifs alimentaires qui pourraient être dangereux pour notre santé :

  • E102, 104, 110, 112, E124, E129 : Ces colorants alimentaires peuvent avoir des effets indésirables sur la capacité d’attention des enfants. Selon la loi européenne, les produits contenant l’additif E110 doivent porter la mention : « E110 : peut avoir des effets indésirables sur l’activité et l’attention chez les enfants ».
  • E150d : Ce colorant alimentaire est suspecté d’être cancérogène.
  • E223 : Le disulfite de sodium (E223) présente un risque d’intolérance ou d’allergie.
  • E320 : Le E320 a été classé « cancérogène possible pour les humains » par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
  • Glutamate monosodique (E621) : Des études ont démontré que le glutamate agissait sur le cerveau en induisant une résistance à la leptine, une hormone qui régule le stockage des graisses, et qu'il perturberait également le pancréas, avec pour conséquences de favoriser l'apparition d'un diabète de type 2. Il créerait aussi une forte dépendance.

Additifs considérés comme inoffensifs

Heureusement, certains additifs alimentaires sont inoffensifs, à condition de respecter un dosage quotidien (AJR). C’est le cas d’antioxydants comme l’acide ascorbique : a priori E300, mais aussi E301, E302, ainsi que E306 (vitamine E) ou E322 (œuf, soja) qui évitent aux bactéries de proliférer.

L'étude de l'UFC-Que Choisir

Face aux inquiétudes qui apparaissent à propos de la consommation régulière d’aliments industriels ultra-transformés, l’UFC-Que Choisir met aujourd’hui à la disposition des consommateurs une base de données qui donne pour les 300 additifs autorisés dans les produits alimentaires, une appréciation indépendante de leur dangerosité basée sur une bibliographie intégrant les études scientifiques les plus récentes.

Sur cette base, l’Association a défini une grille d’appréciation des additifs alimentaires autorisés : des plus acceptables à ceux qu’il faudrait éviter.

Un quart des additifs à risque : sur les plus de 300 additifs autorisés, nos travaux montrent que 87 d’entre eux sont à éviter ou peu recommandables, soit plus du quart. Parmi ceux-ci on peut citer les nitrates et nitrites (E249, E250, E251, E252), ces conservateurs très présents dans les charcuteries, qui sont associés à un risque accru de cancer du côlon. Les caramels élaborés au moyen d’ammoniaque ou de sulfite d’ammonium (E150c, E150d), utilisés par l’industrie agro-alimentaire dans une grande variété d’aliments, peuvent contenir des substances immunotoxiques à forte dose et suspectées d’être cancérigènes. Quant aux colorants azoïques (E102, E104, E110, E122, E124, E129), souvent présents dans les confiseries, ils pourraient contribuer à l’hyperactivité chez l’enfant.

Autres additifs alimentaires à éviter

  • L'aspartame : Obtenu par synthèse chimique, l'aspartame fait partie des «édulcorant intenses» utilisés par l’industrie agroalimentaire pour leur pouvoir sucrant très élevé, sans apport de calories.
  • L'acésulfame K : Plusieurs études ont suggéré que ce type de substance pourrait avoir des effets délétères sur la santé et notamment perturber la flore intestinale (microbiote).
  • Le sirop de glucose-fructose : Utilisé pour sa saveur sucrée et sa capacité à bien se mélanger avec d'autres substances, le sirop de glucose-fructose peut favoriser la prise de poids et l’apparition du diabète.
  • Le jaune orangé S : Le jaune orangé S est un colorant de synthèse, qui, associé à d'autres additifs, comme par exemple le benzoate de sodium (un conservateur), peut avoir des effets indésirables sur l’activité et l’attention chez les enfants.
  • Les phosphates : Des études ont montré que des niveaux élevés de phosphates dans l'alimentation peuvent être associés à une détérioration de la santé des reins et à une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires.

En conclusion, bien que les additifs alimentaires jouent un rôle crucial dans la modernisation et la diversification de notre alimentation, leur impact et leur risque sur la santé humaine ne doivent pas être sous-estimé.

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