Consommation de Viande de Requin: Un Danger Caché

Les requins évoquent souvent des images de prédateurs redoutables, mais la consommation de leur chair est devenue une pratique de plus en plus préoccupante en raison des risques sanitaires qu'elle présente. Des études récentes ont mis en évidence l'augmentation des niveaux de poisons chimiques et de métaux toxiques dans la viande de requin, ce qui constitue une menace pour la santé humaine.

Les Requins: Prédateurs et Proies de la Pollution

Les top-prédateurs tels que les requins sont sujets aux poisons chimiques artificiels par bio-accumulation parce qu’ils sont au sommet de la chaîne alimentaire, surtout s’ils se nourrissent près des côtes proches de grandes villes et de zones agricoles. Certains de ces produits chimiques toxiques, y compris le DDT et les biphényles polychlorés (BPC), sont également transmis aux jeunes requins par les tissus graisseux de leurs mères.

Dans son discours d’ouverture, le Dr David Ebert du Centre de recherche Shark Pacifique en Californie, a déclaré que les requins continuent à évoquer des images de redoutables prédateurs avec un grand aileron dorsal glissant à la surface de la mer : « Cependant, la réalité est que les différentes espèces de requins [plus de 510 espèces répertoriées à ce jour] ont des tailles et des formes très diverses : de l’énorme requin baleine (le plus grand poisson du monde) aux requins pygmées nains. »

"Le Requin Peut Vous Tuer… Si Vous En Mangez"

Lors de la Conférence internationale « Sharks » de Durban, Jann Gilbert de l’Université Southern Cross en Australie a présenté une étude alarmante intitulée « le requin peut vous tuer … si vous en mangez». Jan Gilbert a indiqué que ses résultats étaient comparables à de ceux de nombreuses autres études de partout dans le monde, ce qui indique que la viande de requin est de plus en plus toxique et impropre à la consommation humaine. Dans cette présentation, elle a expliqué que des échantillons récents de viande provenant d’au moins trois espèces de requins, avaient des niveaux d’arsenic, de mercure et d’autres composés toxiques très au-dessus des niveaux recommandés pour la sécurité alimentaire.

Par exemple, les niveaux de mercure dans deux de ces espèces prédatrices étaient 10 fois plus élevés que les niveaux de sécurité recommandées par l’Autorité sur les normes alimentaires de l’Australie et la Nouvelle-Zélande. La pollution de l’arsenic était également élevé, avec des requins contenant des concentrations d’arsenic beaucoup plus élevés que les recommandations de sécurité. Des niveaux très élevés d’arsenic ont également été trouvés dans des requins marteaux dans la mer Méditerranée dans une étude distincte.

Daniel Fernando, un biologiste marin de l’Université Linnaeus en Suède, a déclaré à la conférence de Durban que l’étude des raies manta et autres espèces de requins comme au Sri Lanka et en Chine ont montré des concentrations élevées de mercure et d’autres substances toxiques au-dessus des recommandations internationales pour la consommation humaine. Les produits chimiques qu’ils ont trouvés provenaient d’un large éventail d’activités humaines, comme la conservation du bois, des agents anti-salissures marines ou des insecticides.

Tableau des Concentrations de Métaux Toxiques

Espèce de Requin Métal Toxique Niveau de Concentration Recommandation de Sécurité
Requin requiem de sable (Carcharhinus obscurus) Mercure 10 fois supérieur Normes de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande
Requin gris d’estuaire (Carcharhinus plumbeus) Mercure 10 fois supérieur Normes de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande
Grand requin blanc (Carcharodon carcharias) Arsenic Très élevé Recommandations de sécurité

Les Risques pour la Santé Humaine

Parce que des niveaux élevés de mercure peuvent endommager le cerveau en développement des bébés humains dans l’utérus, Jan Gilbert ne saurait conseiller aux femmes enceintes de manger de la viande de requin.

Selon l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail en France), les requins accumulent des métaux lourds comme le mercure dans leurs tissus. Par ailleurs, le site Food in Action, dédié aux professionnels de la santé et de la nutrition, rapporte que des chercheurs ont examiné les ailerons et les muscles de dix espèces de requins vivant dans les océans Atlantique et Pacifique. Ils ont décelé la présence de mercure ainsi que de b-N-méthylamino-alanine (BMAA), une toxine produite par des cyanobactéries, récemment liée à des maladies neurodégénératives comme l’Alzheimer et la sclérose latérale amyotrophique (maladie de Charcot).

L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (ANSES) a donc fait appel à un Comité d'experts spécialisé dans l'évaluation des risques physico-chimiques dans les aliments pour déterminer s'il était possible de consommer du requin. Ses conclusions viennent de tomber : cette consommation est interdite à La Réunion. On ne peut exclure la présence de requins contaminés Aucun des prélèvements effectués dans les eaux de l'île n'ont indiqué de présence de biotoxines marine, mais l'agence de l'alimentation estime qu'il n'est pas possible d'exclure le risque que les requins tigre et bouledogue pêchés à La Réunion puissent être contaminés par des ciguatoxines (ou des toxines similaires) venues d'autres eaux.

En agissant auprès des élus locaux, des écoles, des collectivités, des entreprises, des hôpitaux et des cliniques pour les informer et faire évoluer leurs pratiques. En limitant sa consommation de requins. Cela peut paraître évident, mais bien souvent le requin se cache là où on ne l’attend pas ! Il est en effet possible d’en retrouver dans les batons de surimi, les croquettes de poisson ou fishball vendues dans les restaurants asiatiques, …

Impact sur les Populations de Requins

Jan Gilbert a précisé que jusqu’à 273 millions de requins sont tués chaque année dans le monde. Alors qu’un grand pourcentage est destiné au marché de la soupe d’ailerons de requin, la viande de requin est également largement utilisée pour la consommation humaine directe ou indirecte dans la farine de poisson ou d’engrais.

Selon le WWF (Fonds mondial pour la nature), la surpêche aux requins a entraîné un déclin dramatique de leur population. Les requins subissent aujourd’hui un fort déclin mondial dû à des pêches excessives servant principalement à alimenter le commerce d’ailerons de requins, de l’huile et d’autres dérivés.

Commerce Mondial des Ailerons et de la Viande de Requin

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié l’an dernier un rapport sur les deux produits de chondrichtyens (poissons cartilagineux : requins, raies et chimères) les plus commercialisés dans le monde : la viande et les ailerons de requin. BLOOM a résumé et traduit pour vous une partie de cette analyse de 196 pages, réalisée par la FAO avec la participation de centaines de spécialistes du monde entier.

Les principaux consommateurs d’ailerons sont la Chine, Hong Kong, Taïwan, Singapour, la Malaisie et le Vietnam tandis que les plus gros consommateurs de viande de requin se trouvent en Europe (Italie, Espagne) et en Amérique Latine (Brésil, Uruguay). La Corée du Sud est quant elle la plus grande importatrice de viande de raie. Ce sont chaque année près de 17 000 tonnes d’ailerons qui sont importées dans le monde, pour une valeur de 380 millions de dollars (345 millions d’euros). En ce qui concerne la viande, près de 110 000 tonnes sont importées en moyenne chaque année, pour une valeur de 240 millions de dollars (218 millions d’euros).

Les principaux « producteurs » d’ailerons (ceux qui capturent les requins pour en exporter les ailerons) sont l’Espagne, l’Indonésie, Taïwan ainsi que le Japon. D’autres pays sont engagés dans ce commerce mais sous des formes différentes : les Émirats Arabes Unis sont des traders d’ailerons, c’est-à-dire qu’ils les achètent puis les revendent mais ne pêchent pas, tandis que la Chine les transforme avant de les revendre.

Les requins côtiers les plus petits sont particulièrement visés pour leur chair qui contient généralement moins de contaminants, tandis que les requins pélagiques (qui vivent au large) tels que le requin bleu ou « peau bleue » sont d’avantage capturés pour leurs ailerons ou transformés en boulettes de poisson et en bâtons de surimi de basse qualité. D’autres requins pélagiques comme les requins à pointes blanches océaniques (ou requins longimane) et les requins-marteaux sont également très appréciés pour leurs ailerons.

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