La Naissance des Porcs : Un Guide Complet

La conduite d'un élevage se compose de trois périodes principales : le naissage, le post-sevrage et l’engraissement. A chaque stade de développement des animaux correspond un espace adapté à leurs besoins spécifiques.

La Reproduction du Cochon

Mâles et femelles n’atteignent pas forcément leur maturité sexuelle au même âge car cela dépend de leur croissance. On observe que des truies peuvent avoir leurs premières chaleurs vers l’âge de 5 mois. Mais généralement, on part du principe que la maturité sexuelle est atteinte vers 6 mois.

  • Il est important pour éviter les accouplements consanguins de séparer les mâles des femelles assez tôt, ou stériliser les mâles ou les femelles, si vous ne souhaitez pas que les cochons se reproduisent.
  • Le fait qu’un cochon soit sexuellement mature ne signifie pas qu’il faille le laisser se reproduire.
  • Ce que la nature permet pour la survie de l’espèce n’est pas toujours cohérent avec le bien-être de l’animal.

En l’occurrence, si la truie fait des petits avant l’âge d’1 an, cela portera préjudice à sa croissance et sa santé futures. Si l’on prend le cas d’un cochon nain, celui-ci grandit jusqu’à l’âge de 3 ans. Par ailleurs, une truie trop grasse ou trop maigre influence négativement la taille de la portée.

Pour un particulier, cela a sans doute moins d’importance que pour un éleveur, mais cette donnée met en avant la nécessité que la truie soit en bonne santé et ait atteint un bon poids pour que la gestation se passe bien. Pour un cochon de ferme, le poids de la jeune truie ne devrait pas être inférieur à 60 kg, ce qui correspond généralement au poids atteint à l’âge de 12 mois.

À l’inverse, il n’est pas recommandé d’attendre trop longtemps pour la première saillie, car la truie est alors souvent trop grasse et on observe que, non seulement elle porte moins de porcelets, mais elle les élève moins bien.

La truie présente des chaleurs toutes les 3 semaines. Mais les jeunes truies ont des chaleurs un peu plus courtes. Comme tous les mammifères, le comportement de la femelle se modifie sensiblement sur cette période : l’animal se montre plus affectueux, envahissant, voire même agressif.

En groupe, la truie tente fréquemment de monter sur ses congénères, elle a aussi moins d’appétit et elle émet des grognements sur de longues périodes. Certaines truies dressent les oreilles ou lèvent la queue en présence d'un mâle. De son côté, le porc est fécond toute l’année lorsqu’il n’est pas castré.

L’animal est alors moins docile. Son comportement est plus difficile à maîtriser que celui d’un porc castré, avec une tendance à la fugue et à la destruction.

La Fécondation et la Gestation

La truie est fécondée par insémination artificielle ou saillie. On appelle verraterie la salle où est réalisée la fécondation. Pour s’assurer d’une bonne fécondation, le verrat (nom donné au porc mâle employé comme reproducteur), doit pouvoir mener la saillie à son terme, sans être dérangé ou chassé par la truie.

  • Dans le cas d’un élevage en groupe, au sein duquel le verrat évolue librement parmi les truies, il n’est pas besoin de se préoccuper du bon moment pour la saillie car le verrat se révèle infaillible pour le sentir.
  • Si la reproduction est étroitement contrôlée, il peut être nécessaire de “tester” la truie pour s’assurer que c‘est le bon moment : lorsqu’on lui présente un mâle, elle s'immobilise au moins pendant 10 secondes.

Il est connu qu’il faut organiser un contexte favorable à la reproduction. Le verrat doit être manipulé le moins possible, ne pas être exposé à toute agitation superflue. Il faut éviter de le transporter. Si cela s’avère inévitable, il faut alors lui donner du temps pour qu’il retrouve une sensation de calme et de sécurité. D’une manière générale, il faut partir de l’idée que ce sont les truies qui sont amenées au verrat, et pas l’inverse.

Pour éviter les accidents, vous devez aussi vous assurer que le sol du lieu de reproduction n’est pas glissant. L’acte de saillie doit se dérouler sans dérangement jusqu’à son terme.

La gestation de la truie dure 3 mois, 3 semaines et 3 jours, soit entre 114 et 116 jours. Chez le cochon, on a coutume de dire que la gestation dure 3 mois, 3 semaines, 3 jours. La plupart des truies mettent bas entre le 114e et le 118e jour.

Le premier mois de gestation est une période délicate : les truies en gestation sont donc séparées des autres et mises, par groupes de cinq ou six bêtes de même taille et de même âge, dans des salles ou des parcs de gestation.

Pendant toute cette période, la truie doit être nourrie de manière appropriée afin qu’elle n'engraisse pas avec excès. Pendant la gestation, la truie a besoin de manger davantage, absorbant jusqu’à trois kilos d’aliments par jour. À la veille de mettre bas, son poids a généralement augmenté de près de 40 %.

La Mise Bas

Au terme de la gestation, la truie met bas une portée moyenne d’une douzaine de porcelets. Une truie peut avoir un peu plus de deux portées d’une douzaine de porcelets chacune par an. Environ 48 heures avant la mise-bas, les truies construisent un nid, également appelé “chaudron”. C’est la seule espèce ongulée qui construit un nid.

  • Si la truie n’a pas de paille ou d’herbe à disposition, elle va tout de même faire semblant de construire son nid.
  • Rare sont les éleveurs qui leur fournissent ce peu de matériel qui pourrait pourtant considérablement améliorer leur bien-être.

La paille a de surcroît l’avantage de contribuer à la thermorégulation des porcelets. Quelques jours avant la mise bas, mamelles et vulve gonflent. Le bouchon muqueux se liquéfie et sort du vagin.

Les premières douleurs se produisent de 3 à 6 heures avant la mise bas. La truie s’agite de plus en plus. La présence du premier porcelet dans les voies génitales fait démarrer la mise bas proprement dite : cela va durer entre 2 et 6 heures. Les truies dont c’est la première fois auront souvent besoin d’un peu plus de temps.

Il est nécessaire de surveiller les truies pour pouvoir intervenir en cas de complications. Les porcelets se présentent à intervalles de 5 à 30 minutes. La mise-bas dure en moyenne 2 à 3 heures.

Une fois que la portée entière est née, on s’assure que les petits viennent à la tétée sans trop tarder. Le placenta doit être expulsé 1 heure après la naissance du dernier porcelet. 1 à 2 jours après, le canal de mise bas continue à se vider d’une sécrétion aqueuse et glaireuse de couleur blanchâtre, inodore.

Le Porcelet Nouveau-Né

Pendant 1 mois, elle reste avec ses porcelets et les allaite. Le porcelet va passer d’une alimentation lactée (lait maternel) à une alimentation solide. Il quitte la maternité pour continuer à grandir dans une autre salle chauffée, avec des porcelets du même âge.

Les porcelets tètent toutes les heures et absorbent entre 20 et 30 g de lait à chaque fois, soit un litre par jour. Heureusement, la truie est une bonne laitière, capable de produire jusqu’à 12 litres ou plus de lait par jour. C’est après 26 ou 28 jours de ce régime que les porcelets sont séparés de leur mère. C’est ce que l’on appelle le sevrage.

À la naissance, le porcelet pèse entre 1 et 1,5 kg. Au sevrage, à 4 semaines, il atteint 8 kg. À 12 semaines, son poids avoisine les 30 kg.

Chez tous les mammifères, la naissance est un moment critique où les capacités du nouveau-né à survivre est un véritable challenge, notamment dans les 24-48 premières heures. En élevage, une truie permet la naissance d’environ 14 porcelets.

La mortalité, elle, varie entre 10 à 20% avant sevrage : le problème est dû à un défaut de maturité. Au niveau du porcelet, son plein développement par une meilleure maturité de ses organes à la naissance est déterminant pour sa survie et pour ses performances.

Amélioration de la Qualité des Porcelets

La qualité des porcelets doit être au centre de tous les intérêts avec notamment une gestion de l’homogénéité et moins de porcelets « chétifs » que l’hyper prolificité a malheureusement laissé sur son chemin.

Des éleveurs ont adopté le FOLICO F, car ils remarquent des porcelets plus vigoureux à la naissance, et surtout moins d’écrasé car moins de porcelets chétifs. Sur des truies avec plus de 17 nés vifs, le FOLICO F a permis d’augmenter le poids de naissance de 70 g / porcelet.

Cecab coop de Broons propose de peser chaque portée à la naissance. En tenant compte de la parité de la truie et de sa prolificité, chaque truie se voit attribuer un indice correspondant au rapport entre le poids moyen des porcelets et l’objectif de poids à atteindre.

L’éleveur dispose ainsi d’un repère qui lui permet de savoir si le poids moyen de ses porcelets est satisfaisant, ou s’il doit mettre en place des actions correctives, essentiellement alimentaires, pour l’améliorer.

De son côté, Vitalac mise plutôt sur des micronutriments apportés aux truies en fin de gestation pour stimuler le fonctionnement de leur système immunitaire. Grâce à cela, la qualité de leur colostrum est améliorée. C’est pourquoi l’entreprise de nutrition propose de mesurer la quantité d’immunoglobulines dans le colostrum. Plus elle est importante, plus le porcelet peut développer une forte immunité passive qui va le protéger des agressions sanitaires.

Selon une étude de Nathalie Quiniou et d’Isabelle Corrégé, de l’Ifip, publiée aux Journées de la recherche porcine, un écart de poids de 100 grammes à la naissance se traduit par une différence de 1 kg à l’abattage.

Impact du Poids à la Naissance et de la Parité de la Truie

Une bonne conduite des truies et des porcelets est essentielle pour augmenter le bénéfice des élevages. La conduite doit être adaptée à chaque élevage en fonction de facteurs comme la génétique ou le statut sanitaire. L’information des cases de maternité est essentielle pour ajuster la conduite et il est important de savoir clairement quels sont les facteurs à considérer dans chaque cas.

La parité de la truie (1 à 6) n’affecte pas le poids à la naissance des porcelets (1,34 +/- 0,32 kg). Cependant, les truies primipares produisent des portées plus petites que les multipares (10,9 contre 13 nés-vivants). Au fur et à mesure que la taille de la portée augmente, le poids moyen des porcelets diminue et le nombre de porcelets à faible poids augmente.

Les porcelets nés de primipares ont montré une plus faible croissance pendant la lactation et sont arrivés en finition (60 kg) en étant plus légers de 2 kg que ceux des multipares. Dans cette étude, ces différences ont disparu à l’arrivée à l’abattoir. Dans tous les cas, les porcelets de primipares ont montré une mortalité plus importante pendant tout le cycle de production particulièrement pendant la lactation (18,5% contre 9,1%) et le double de cas de boiteries (21% contre 11%) à l’âge de l’abattoir.

Les porcs sont divisés en 4 groupes de poids à la naissance : < 1 kg, de 1 à 1,3 kg, de 1,3 à 1,7 kg et > 1,7 kg. La parité moyenne des 4 groupes a été similaire mais la taille moyenne de la portée d’origine a diminué de 14 à 11,2 porcelets au fur et à mesure que le poids du groupe a augmenté.

La variabilité des poids a été aussi plus importante dans les groupes plus légers rendant ainsi encore plus difficile la conduite de ces animaux. Par chance, les différences sur la variabilité ont été minimisées à l’âge à l’abattage.

En résumé, les animaux retardés de plusieurs semaines provenaient de truies à moindre parité moyenne, leurs portées ont été d’environ 10 kg plus légères et ont présenté une variabilité plus importante.

Voici un tableau illustrant l'évolution des groupes de poids à la naissance :

Groupe de Poids à la Naissance Taille Moyenne de la Portée
< 1 kg 14 porcelets
de 1 à 1,3 kg Moins que 14 porcelets
de 1,3 à 1,7 kg Moins que groupe précédent
> 1,7 kg 11,2 porcelets

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