Régime Alimentaire en Cas de Colique Néphrétique

Un calcul rénal ou urinaire est une petite formation dure, due à l’accumulation de sels minéraux dans les reins ou la vessie. De taille variable, il peut être responsable de symptômes plus ou moins intenses. Les calculs sont les principaux responsables des coliques néphrétiques, qui surviennent sous forme de crises très douloureuses.

Qu'est-ce qu'un Calcul Rénal ?

Aussi désigné sous le terme de « lithiase », un calcul est une petite pierre dure plus ou moins volumineuse, due à l’accumulation de sels minéraux dans les voies urinaires. Il est responsable de symptômes plus ou moins douloureux, pouvant aller jusqu’à déclencher une crise de colique néphrétique.

Causes de la Formation des Calculs Rénaux

La formation d’un calcul dans les reins ou la vessie est due à l’accumulation de différents types de sels minéraux dans les urines. Dans la grande majorité des cas, c’est l’oxalate de calcium qui est en cause, alors responsable d’une lithiase calcique (ou d'un calcul rénal oxalocalcique). Mais il arrive aussi que le calcul soit dû à l’accumulation de microcristaux d’acide urique (aussi responsable des symptômes de la goutte).

Certaines personnes sont plus sensibles à ce type de trouble : celles qui sont prédisposées aux crises de goutte (avec des taux élevés d’acide urique dans le sang), celles qui souffrent d’obésité ou d’hypertension artérielle, les hommes qui souffrent d’hyperplasie bénigne de la prostate (qui empêche la vessie de se vider complètement à la miction), les personnes équipées d’une sonde vésicale, celles qui souffrent de déshydratation… Un dérèglement hormonal et la prise de certains médicaments peuvent aussi favoriser la formation de cristaux et d’une lithiase.

Le calcul peut commencer à se former dans l’un des reins. Il se déplace ensuite dans un uretère et dans la vessie, et peut progressivement augmenter de volume. De taille variable, cette petite formation est parfois microscopique et invisible à l’œil nu : le calcul peut alors être évacué naturellement et spontanément dans les urines, au moment de la miction (sans provoquer aucun symptôme particulier). Mais le calcul rénal peut aussi être plus volumineux (jusqu’à plus de 2,5 centimètres de diamètre), et rester coincé dans les voies urinaires (dans un rein, un uretère, la vessie ou l’urètre). Il gêne alors le passage de l’urine, ce qui provoque l’apparition de symptômes douloureux.

Symptômes de la Crise de Colique Néphrétique

Lorsque le calcul bloque l’évacuation de l’urine, cela engendre une augmentation de pression dans les voies urinaires et dans le rein. La crise de colique néphrétique est alors responsable de symptômes très intenses :

  • Une douleur insupportable dans la région lombaire et abdominale : la douleur survient de manière intermittente (douleur lancinante, par vagues), d’un seul côté, et souvent dans la zone située entre les côtes et les hanches. Elle part généralement du milieu du dos et peut atteindre la région génitale, jusqu’à l’aine, les testicules et la vulve. Elle augmente et devient de plus en plus intense, avant de diminuer progressivement. Entre deux épisodes douloureux, une douleur sourde a tendance à persister ;
  • Des nausées et des vomissements, un gonflement abdominal et des ballonnements, des sueurs, le besoin de bouger (agitation pour trouver une position confortable) ;
  • Une envie pressante et fréquente d’uriner (sans forcément évacuer d’urine), des douleurs à la miction, une urine trouble ou malodorante, parfois la présence de sang dans les urines, l’évacuation d’un fragment du calcul ou du calcul entier dans les urines.

La crise de colique néphrétique peut durer quelques minutes ou plusieurs heures. Si le calcul est finalement évacué de manière spontanée au moment de la miction, les douleurs cessent.

Comment Soulager la Douleur ?

Certaines mesures peuvent aider à soulager les douleurs de la crise de colique néphrétique. Mais il est aussi indispensable de consulter en présence de certains symptômes, ou si le calcul rénal n’est pas évacué naturellement. La lithiase peut en effet être responsable de certaines complications.

Il est d’abord important de prendre sa température dès l’apparition des premiers symptômes d’une colique néphrétique (pour vérifier l’absence de fièvre, et d’infection).

Il est ensuite conseillé de continuer à boire normalement, tout au long de la journée. Si le calcul bloque le passage des urines, trop boire pourrait avoir tendance à augmenter la production d’urine, et donc la pression dans les voies urinaires et les douleurs associées. Si cela est possible, il est aussi conseillé de recueillir les urines dans un bocal, pour récupérer les calculs et les faire analyser.

Pendant la crise, certains gestes simples peuvent aider à diminuer la douleur : il est par exemple possible d’appliquer du chaud sur la zone douloureuse (en prenant un bain ou une douche), et de prendre des médicaments antalgiques (du paracétamol ou des AINS - anti-inflammatoires non stéroïdiens, en l’absence de contre-indication).

Après la crise, il est toujours recommandé de contacter son médecin traitant. Ce dernier peut prescrire des examens pour identifier la cause de la colique néphrétique, et prévenir les récidives.

Quand Consulter en Urgence ?

Si le calcul n’est pas évacué dans les urines, il peut provoquer une infection du rein (pyélonéphrite) ou d’autres troubles graves (une insuffisance rénale ou une septicémie).

Il est donc indispensable d’appeler les services d’aide médicale urgente (15 ou 112) lorsque :

  • Les douleurs de la colique néphrétique s’accompagnent d’autres symptômes : de la fièvre, des frissons, un état général dégradé, un malaise, des vomissements ;
  • Les urines n’ont pas été évacuées depuis 24 heures (la présence du calcul empêche la miction) ;
  • Il y a du sang dans les urines ;
  • La douleur devient encore plus intense, ou atteint d’autres régions du corps.

Il faut aussi consulter en urgence si la crise de colique néphrétique ne passe pas après la prise du traitement prescrit, ou si les douleurs reprennent juste après. Certaines personnes doivent également consulter en urgence dès l’apparition des symptômes : les femmes enceintes, les personnes qui souffrent d’une insuffisance rénale ou d’une maladie rénale chronique, et les personnes qui n’ont qu’un seul rein ou qui ont subi une transplantation.

Diagnostic et Examens

Après avoir interrogé son patient sur ses symptômes, le médecin a recours à plusieurs examens. Ils lui permettent de détecter la présence d’un calcul rénal et de confirmer le diagnostic de colique néphrétique (tout en écartant d’autres pathologies : appendicite, cholécystite aiguë, grossesse ectopique, occlusion intestinale, pancréatite…).

Le médecin réalise d’abord un test urinaire à l’aide d’une bandelette, pour détecter l’éventuelle présence de sang dans les urines. Lorsqu’il se déplace, le calcul a en effet tendance à frotter et à irriter les parois des voies urinaires. Ce test permet aussi de vérifier l’absence de leucocytes et de nitrites, pour écarter une infection urinaire (en cas de doutes, il demande un ECBU - examen cytobactériologique des urines). Le test urinaire est complété par un bilan sanguin, pour vérifier le fonctionnement des reins.

Une échographie abdomino-pelvienne est ensuite réalisée : cet examen permet de localiser le calcul rénal, et de contrôler l’état des voies urinaires et des reins. Si le médecin a besoin de vérifier la présence d’obstacles dans les voies urinaires de manière plus précise, il demande un uroscanner sans produit de contraste (ou TDM spiralée). Une simple radio de l’abdomen peut aussi être réalisée pour localiser un calcul rénal calcique.

Traitements Médicaux

En cas de crise, le médecin prescrit des anti-inflammatoires non stéroïdiens par voie injectable, pour soulager rapidement la douleur. En cas de contre-indication aux AINS ou de douleurs insoutenables, un puissant antalgique peut être injecté par voie intraveineuse (de la morphine).

Si le calcul rénal ou urinaire n’est pas évacué spontanément, plusieurs traitements urologiques permettent de l’éliminer :

  • La fragmentation du calcul par laser, via une endoscopie des voies urinaires ou une urétéroscopie (par les voies naturelles) ;
  • La fragmentation du calcul par lithotritie extra-corporelle, grâce à des ondes de choc (LEC) ;
  • Une néphrolithotomie percutanée, généralement pour les très gros calculs (extraction du calcul via une incision).

Une fois le calcul récupéré, il est analysé.

Alimentation et Prévention des Récidives

Avec environ 110 000 épisodes survenant chaque année en France, la colique néphrétique est un problème médical fréquent qui touche aussi bien les femmes que les hommes. En cause ? L’alimentation, qui intervient de façon prépondérante dans la genèse de ces calculs, mais également des causes plus rares d’ordre médical (rénales, génétiques, endocriniennes...).

Suivant le type de calcul rénal, certaines mesures diététiques permettent de diminuer le risque de rechutes. Un mois après la crise de colique néphrétique, il est souhaitable de consulter un urologue ou un néphrologue pour faire un bilan plus complet. Il est également conseillé de se faire aider par un.e diététicien.ne pour mettre en œuvre des conseils alimentaires salvateurs. En effet, pour prévenir les coliques néphrétiques, il convient d'adapter son hygiène de vie.

Conseils Généraux pour Prévenir les Coliques Néphrétiques

Les mauvaises habitudes alimentaires représentent une cause majeure dans la formation des calculs calciques, oxaliques et uriques. En l'occurrence, "il ne s’agit pas d’un régime mais d’un ajustement de vos habitudes alimentaires", indique l'Association française d'urologie sur son site internet.

Quelques conseils:

  • Boire beaucoup : au moins deux litres par jour, voire plus s’il fait chaud ou en cas d’intense activité physique. Ainsi, vous éviterez la concentration de cristaux dans les urines. En cas de calcul d’oxalate de calcium, préférer des eaux à faible teneur en calcium (eau du robinet ou Volvic). Si c’est un calcul d’acide urique, choisir plutôt une eau alcaline (comme Vichy St-Yorre). Idéalement, les urines devraient être les plus pâles possible.
  • Bien répartir sa consommation d’eau : il est essentiel de s’hydrater régulièrement dans la journée et de boire au moins un demi-litre entre le repas du soir et le coucher. N'hésitez pas non plus à boire la nuit, si vous vous réveillez. En effet, on ne consomme pas d’eau la nuit et les urines se concentrent, favorisant la formation des calculs. Le matin, pour surveiller si les urines sont assez diluées, on peut utiliser des bandelettes urinaires pour mesurer la densité. On peut aussi en utiliser en cas de calcul d’acide urique, pour vérifier si les urines sont suffisamment alcalines (mesure du pH urinaire).
  • Pratiquer une activité physique régulière et éviter l'excès de calories.

Aliments à Privilégier

De manière générale, il est conseillé de manger plus de fruits et légumes, en particulier ceux riches en fibres et en potassium, qui favorisent l’élimination du calcium.

Optez pour les eaux minérales riches en bicarbonates (Vichy Célestins, Vichy Saint-Yorre, par exemple).

Aliments à Éviter

Pour les calculs d’oxalate de calcium

  • Limiter les aliments riches en oxalate : chocolat, épinards, poivre, rhubarbe, thé...
  • Eviter les excès de protides : ne pas consommer de viande ou de poisson plus d’une fois par jour. Ne pas manger trop de fromage et de légumes secs.
  • Ne buvez pas trop de thé : plus il est infusé longtemps, plus il apporte de grandes quantités d’oxalate.
  • Faire attention au sel : pas plus de 6 à 8 g par jour. Pour savoir si sa consommation est trop importante, il est possible de mesurer en laboratoire la quantité de sodium présente dans les urines de vingt-quatre heures. Évitez également les eaux minérales trop riches en sels minéraux (en particulier en calcium comme Contrex, Hépar ou Vittel).
  • Eviter aussi les eaux trop chargées en calcium, type Contrex ou Hépar. A contrario, il est inutile de suivre un régime trop restreint en calcium, car il y a un risque de déminéralisation osseuse.

« L’analyse du calcul permet d’adapter le régime : s’il s’agit d’acide urique (situation moins fréquente), il faut alcaliniser les urines en buvant des eaux minérales riches en bicarbonates telles que Saint-YorreⓇ, Vichy CélestinsⓇ, ArvieⓇ , et réduire les apports en abats, protéines animales, haricots secs et poissons en boîtes. Boire deux à trois litres d’eau par jour afin d’atteindre au moins deux litres d’urine. Le choix de l’eau est important : le patient doit sélectionner des eaux faiblement minéralisées et éviter, par ailleurs, tout excès de calcium.

« Ils doivent privilégier les fromages à pâte molle aux fromages à pâte dure, gros pourvoyeurs de calcium », souligne le Dr Hoffmann. Buvez au moins deux litres d'eau par jour pour éviter la concentration des urines et éliminer les cristaux avant qu'ils ne deviennent volumineux. Lorsqu’il fait chaud, ou lors d’activité sportive, il est nécessaire de boire davantage, au moins trois litres dans la journée. Idéalement, les urines devraient rester pâles en toute circonstance. Réduisez votre consommation de protéines. Si vous avez tendance à souffrir de calculs oxalocalciques, n'abusez pas des protéines (viandes et produits laitiers). Réduisez votre consommation de sel. Attention à certains aliments.

Traitements Médicamenteux

Au-delà de ces mesures diététiques, le médecin organise un suivi médical pour évaluer la croissance ou la formation de nouveaux calculs. Certains diurétiques (notamment l’hydrochlorothiazide et l’indapamide) ont une efficacité démontrée dans la prévention des calculs oxalocalciques récidivants.

L’allopurinol (ZYLORIC et ses génériques) est un traitement de fond des lithiases urinaires chez les personnes qui ont tendance à avoir trop d’acide urique dans le sang. Il expose à des éruptions cutanées, parfois graves.

Le fébuxostat (ADENURIC et ses génériques) qui diminue les taux d’acide urique dans le sang peut également être utilisé dans certains cas. Les effets indésirables les plus fréquents sont digestifs (nausées, vomissements, diarrhées), cutanés, des maux de tête. Des réactions cutanées toxiques, rares mais potentiellement graves, ont également été rapportées. En cas d’apparition d’une éruption cutanée progressive, accompagnée de bulles ou de lésions des muqueuses, et une irritation oculaire ou d’un gonflement du visage, il faut arrêter le traitement et consulter un médecin en urgence (voir Actualités, 07/2012). Une récente étude montre que le traitement par fébuxostat expose à un risque accru de mortalité chez les patients ayant des antécédents de maladies cardiovasculaires majeures (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral ou angor instable).

Le citrate de potassium (FONCITRIL) est un alcalinisant urinaire utilisé pour diminuer l’acidité des urines dans le cas de calculs d’urate ou oxalocalciques.

Le trométamol (ALPHACOR) est un autre alcalinisant urinaire utilisé pour prévenir les lithiases uriques.

Les personnes qui souffrent de calculs composés de cystine peuvent bénéficier d'un traitement spécifique, la D-pénicillamine (TROLOVOL) ; il s’agit d’un médicament qui, en se fixant à la cystine, permet de faire baisser sa concentration dans les urines.

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