Le sumotori fascine, et ces (très) gros hommes font la fierté du Japon, et même désormais au-delà. La chaîne de sport française L’Équipe diffuse par exemple le grand tournoi Nagoya Grand Sumo qui a débuté la semaine dernière au Japon. Découvrez le quotidien de ceux qui pratiquent ce sport ancestral.
Les Rites et Traditions Autour du Sumo
Au VIIIe siècle, les premiers combats de sumos étaient des cérémonies traditionnelles accompagnées de prières et de danses sacrées. Pour nettoyer son esprit et son corps, les sumos rincent leur bouche avec de l’eau et essuient leurs corps avec une serviette en papier. Aujourd’hui, les grands combats de sumo sont un événement sportif et divertissant pour les Japonais. Le festival de lutte a toujours été très attendu et cette année, dans la ville de Nagoya au Japon, le tournoi est à guichet fermé jusqu’à dimanche, dernier jour de la compétition.
Appelé « Dohyo », le ring de combat de Sumo mesure 6 m2 et 1 mètre de haut, et est souvent délimité par des sacs de pailles de riz. Pour se protéger contre les blessures, certains jettent une poignée de sel sur le ring. Le combat doit avoir lieu à l’intérieur du cercle de 4 mètres de dimension, le but étant de pousser l’adversaire hors de ce cercle.
Bien que respecté au Japon, ce sport est devenu « démodé » pour la jeunesse japonaise. D’ailleurs, dans les compétitions, il y a beaucoup plus d’hommes originaires de la Mongolie ou d’Europe de l’Est. Ces sumos étrangers se plient aux règles japonaises ainsi qu’aux habitudes des sumos locaux. Lorsqu’ils intègrent le temple de sumotori, cette ceinture devient leur seule et unique tenue. Un sumo se reconnaît dans la rue par ses vêtements… ou plutôt par son manque de vêtements ! Les sportifs n’ont qu’un seul élément dans leur garde de robe : un pagne de soie qu’ils placent autour de la taille, le « Mawashii ».
Le Régime Alimentaire Spécifique des Sumos
Un minimum de 8 000 calories par jour, c’est le régime alimentaire du sumo professionnel. Pas de régime minceur pour les lutteurs de sumotori ! La journée commence très tôt le matin par un exercice musculaire de lutte qui dure au minimum trois heures. Il est interdit de manger avant la séance ! Une fois l’exercice terminé, les sumos les moins gradés vont préparer le repas. Tous ensemble, les sumos s’enfilent un repas très copieux constitué essentiellement de grosses portions de riz, de pieds de porc, de frites et de sardines grillées… Pour un minimum de 8 000 calories par jour !
Le sumo n’a qu’un seul but : prendre du poids ! Il remplit son estomac au maximum pour pouvoir l’agrandir de jour en jour. Le sommeil est un rite sacré des sumos. C’est sa période de prise de masse. Stocker les graisses permet de prendre du poids, et dans les combats de sumotori, plus on est lourd, plus on a de chance de gagner. Il n’y a pas de catégories de poids comme à la boxe, seule la notoriété des plus forts permet d’établir les duels durant les tournois.
La santé des lutteurs est très fragile. Atteints d’obésité, ils ont parfois du mal à respirer. L'assistance respiratoire est parfois nécessaire pour des sumos qui souffrent de surpoids. Le masque à oxygène n’est pas indispensable mais vivement conseillé. S’ajoutent à cela les problèmes de diabète liés à leur suralimentation.
Le Chanko Nabe: Plat de Base des Sumos
Ryogoku est un quartier de Tokyo se trouvant le long de la rivière Sumida. Une grande partie des équipes de sumo y habitent. C’est pourquoi il est considéré comme le quartier du sumo professionnel. Vous y trouverez l’arène Ryogoku Kokugikan (« hall du sport national ») construite en 1909. Très grande, elle peut accueillir jusqu’à 11000 spectateurs. C’est dans cette arène que se tiennent les tournois de sumo de Tokyo en janvier, mai et septembre.
Par ailleurs, Ryogoku est aussi un lieu de découverte culinaire, avec le fameux chanko nabe. C’est le plat de base des lutteurs de sumo afin de gagner en masse corporelle. Il s’agit d’un nabe dans lequel mijotent des légumes, du tofu et de la viande mais aussi du poisson, des fruits de mer, des udons (nouilles japonaises). Beaucoup des restaurants de Ryogoku sont d’ailleurs tenus par des lutteurs à la retraite !
Satoshi Kitayama nous apprend qu’il n’existe pas « un » goût de chanko nabe, car finalement, chacun le prépare un peu à sa sauce. Pour les gourmands, voici une recette simple à suivre.
Recette simplifiée du Chanko Nabe
- Coupez les légumes: carotte en lamelles, poireau en tranches biseautées, daikon en petits morceaux, shiitake en deux sans les pieds, le chou en petites feuilles.
- Portez le bouillon à ébullition. Ajoutez le poulet.
- Lorsque l’ébullition reprend, laissez mijoter quelques minutes à feu doux.
- Puis ajoutez les ingrédients un à un en commençant par ceux dont la cuisson est longue (radis, carotte).
- Laissez mijoter jusqu’à ce que les légumes soient attendris.
La recette traditionnelle comporte du tofu frit, mais aussi beaucoup plus de viande, vous l’aurez compris !
Aspects Économiques et Reconnaissance
Le sumotori, bien que fortement reconnu au Japon, ne paye pas très bien ses pratiquants. Sur 700 lutteurs professionnels, seuls un quart d’entre eux se payent. Pour s’entretenir, les lutteurs professionnels peuvent compter sur des primes de leurs écoles de sumotori, pour les autres, il reste les sponsors et les aides de la famille.
Entre les séances photos, les autographes et l’admiration des plus jeunes, les sportifs du tournoi de Nagoya Grand Sumo sont devenus des véritables célébrités. Tomozuna Oyakata n’hésite pas à signer des autographes pour les fans après une séance de formation à Ganjoji. Le lutteur de Sumo Kainoryu joue avec des enfants de maternelle au temple de Nagoya, où le tournoi a commencé la semaine dernière.
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