Vous avez mangé un aliment possiblement périmé et vous vous demandez que faire ? Vous craignez d’avoir une intoxication alimentaire ? L’intoxication alimentaire, souvent liée à la consommation d’aliments contaminés, touche des millions de personnes chaque année. Selon Santé Publique France, en 2022, ce sont près de 1 309 intoxications alimentaires collectives qui ont été recensées.
Qu'est-ce qu'une intoxication alimentaire ?
L’intoxication alimentaire, aussi appelée toxi-infection ou infection alimentaire, apparaît lorsque je consomme un aliment contaminé ou plusieurs aliments contaminés. Ce trouble infectieux est provoqué par un agent pathogène, comme des germes, des virus ou des bactéries, notamment les salmonelles.
L’intoxication alimentaire est principalement définie par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par des agents infectieux (bactéries, virus, parasites) ou par une substance toxique produite par un agent infectieux. Il existe toutefois des intoxications alimentaires, non infectieuses, de nature allergique ou encore secondaire à l'ingestion de produits chimiques comme les métaux lourds.
L’intoxication alimentaire se manifeste principalement par des symptômes digestifs (diarrhées, nausées, vomissements, douleurs abdominales). Certains agents infectieux et produits chimiques entraînent également des troubles neurologiques.
Lorsqu’il s’agit d’une intoxication alimentaire, la quantité de micro-organismes vivants ou de leurs toxines est suffisante pour engendrer une réaction de l’organisme. N’importe quel aliment, qu’il soit d’origine animale ou végétale, peut être contaminé par un micro-organisme pathogène et provoquer des intoxications alimentaires.
Les aliments d’origine animale, comme les viandes, poissons, coquillages, lait non pasteurisé et œufs, ne sont jamais stériles et peuvent être infectés par des bactéries comme la salmonella ou Escherichia coli. Côté végétal, les fruits et légumes en contact avec la terre peuvent également être contaminés par des agents pathogènes.
Comment différencier une intoxication alimentaire et une gastro-entérite ?
Il est facile de confondre une gastro et une intoxication alimentaire, puisque l’une et l’autre présentent plus ou moins les mêmes symptômes. Si, à la suite d’un repas, au moins deux personnes présentent quasi simultanément des symptômes tels que vomissements, diarrhée ou nausées, alors une intoxication alimentaire est fortement à suspecter. La gastro-entérite aura quant à elle des symptômes plus disséminés dans le temps. S’ils apparaissent au-delà de 24 heures après le repas « suspect », alors il est bien probable qu’il s’agisse d’une gastro. Les effets indésirables de la gastro-entérite sont également plus persistants que dans le cas d’une intoxication alimentaire.
Bien qu’il s’agisse de deux infections digestives, la gastro-entérite diffère de l’intoxication alimentaire notamment par une survenue des symptômes en général plus tardive (24 à 72h) après la contamination. En général, l’intoxication alimentaire dure de quelques heures à trois jours. Elle fait suite à la consommation d’aliments contaminés. Les symptômes de la gastro-entérite durent plus longtemps, et sont légèrement plus persistants.
Il existe cependant des signes permettant de différencier les deux. La différence majeure concerne la période d’incubation. Si vos symptômes apparaissent plus de 24h après un repas, il y a plus de chance pour que cela soit une gastro-entérite. En effet, la période d'incubation est beaucoup plus courte dans le cas d'une intoxication alimentaire. De plus, la gastro dure plus longtemps qu’une intoxication alimentaire. Si vos symptômes perdurent plus de 48h, il s’agit là aussi sans doute d’une gastro-entérite.
Symptômes d'une intoxication alimentaire
Les symptômes de l’intoxication alimentaire ressemblent fortement à ceux de la gastro-entérite. Ces symptômes se manifestent en général quelques heures (mais parfois quelques jours) après l’ingestion de l’aliment selon le temps d’incubation.
Les symptômes de l’intoxication alimentaire se manifestent peu de temps après l’ingestion de l’aliment contaminé et peuvent durer de quelques heures à 2 ou 3 jours (voire une semaine en cas de salmonellose). Ils disparaissent spontanément et nécessitent simplement une vigilance quant à la perte de liquides en cas de diarrhées et de vomissements.
Les symptômes de l’intoxication alimentaire durent le plus souvent un à deux jours, mais peuvent persister jusqu’à une semaine. Si les symptômes de mon intoxication alimentaire limitent mes activités, un médecin peut me prescrire de quoi les soulager. En revanche, si mes symptômes se prolongent ou s’aggravent, il est nécessaire de consulter un médecin. Ces symptômes peuvent indiquer une intoxication alimentaire plus grave.
Voici une liste non exhaustive des symptômes associés aux agents responsables d'intoxication alimentaire :
- Campylobacter : Diarrhées souvent sanglantes, douleurs abdominales et fièvre, apparaissant généralement 2 à 5 jours après l’ingestion de l’aliment contaminé.
- Salmonelles : Diarrhée aiguë et fièvre. La durée d'incubation est de 12 à 24h.
- Norovirus : Vomissements, douleurs abdominales, diarrhées avec peu ou pas de fièvre. Les symptômes apparaissent 24 à 48h après son ingestion.
- Staphylocoques : Vomissements, douleurs abdominales et diarrhées sans fièvre. Les symptômes surviennent 2 à 4 heures après leur ingestion.
- Clostridium perfringens : Diarrhée isolée sans fièvre. La durée d’incubation est de 8 à 24h.
Que faire en cas d'intoxication alimentaire ?
La plupart du temps, nul traitement médicamenteux n’est requis pour soigner une intoxication alimentaire. Les symptômes devraient disparaître d’eux-mêmes dans des délais de l’ordre de quelques heures au mieux, et n’excédant pas deux-trois jours.
Dès qu’il vous semble envisageable d’avaler de nouveau quelque chose de solide, nous vous recommandons de le faire, car votre système digestif a besoin de se remettre à fonctionner pour guérir plus rapidement.
Au fur et à mesure, si vous vous sentez mieux, vous pouvez rediversifier votre alimentation et augmenter les portions. Ayez à l’esprit que plus un plat est transformé et complexe, et plus il demandera d’énergie pour être digéré.
Si vous manifestez diarrhée, vomissements et éventuellement fièvre de façon persistante, la consultation d’un médecin est préconisée.
Hydratation
Il est important de boire en cas d’intoxication alimentaire. Les vomissements et diarrhées provoquent en effet une déshydratation qu’il est nécessaire de compenser. La priorité est de maintenir une hydratation adéquate pour compenser les pertes en eau dues aux vomissements et à la diarrhée. Il est recommandé de boire régulièrement de petites quantités d'eau, de bouillons de légumes ou de tisanes. Un apport en eau suffisant (au moins 2 litres par jour), afin d’éviter la déshydratation liée aux diarrhées et vomissements. Privilégiez l’eau, l’eau sucré ou les bouillons de légumes. Chez l'enfant ou les personnes agées, donner un soluté de réhydratation orale (SRO) dès que possible.
Alimentation
En cas d'intoxication alimentaire, il est essentiel d'adopter une alimentation adaptée pour favoriser la guérison, soutenir le système digestif et assurer une bonne réhydratation de l'organisme.
De manière générale, on recommande de manger des plats simples et peu assaisonnés afin de faciliter la digestion. Pour faciliter la lutte contre une toxi-infection dangereuse, il est important d'adopter une alimentation comprenant des aliments faciles à digérer, afin de soulager le corps.
Mangez en plus petite quantité et de manière plus fréquente. Privilégiez riz, pâtes, semoules, carottes cuites, viande blanche, banane, compote de poire. Évitez les fruits et légumes crus (à l’exception de la banane), les aliments riches en fibres (céréales complètes, lentilles, pois chiche et autres légumineuses), les plats épicés, les plats ou boissons glacés, le lait.
Traitements médicamenteux
S’il n’existe pas de remède spécifique à l’intoxication alimentaire, ses désagréments peuvent toutefois être amoindris. La prise d’un anti-douleur - en prenant garde à sa posologie et en suivant les conseils de votre médecin - soulagera les éventuels maux de tête ou abdominaux, et jugulera la fièvre si vous en avez.
En ce qui concerne les traitements médicamenteux, l'objectif principal est de soulager les symptômes en utilisant des médicaments appropriés pour atténuer les maux de ventre ou les maux de tête. Comme dit auparavant, la maladie est généralement de courte durée et ne nécessite pas de traitement spécifique. Cependant, il est encore une fois essentiel de maintenir une bonne hydratation.
Il doit s’adapter au type et à l’intensité des symptômes. Il comprend :
- Un médicament anti-diarrhéique, le racécadotril (un antisécrétoire intestinal).
- Les médicaments antispasmodiques, type phloroglucinol, en cas de douleurs abdominales.
- Les médicaments contre les vomissements qui sont à réserver aux formes avec vomissements abondants.
- Du paracétamol en cas de fièvre modérée.
- Un traitement antibiotique adapté, uniquement en cas de diarrhée sévère avec fièvre et après mise en culture des selles.
En cas de déshydratation sévère, l'hospitalisation s'impose pour assurer une réhydratation par voie veineuse.
Prévention des intoxications alimentaires
Un aliment qui vous rend malade - nous n’évoquons pas ici le cas des allergies alimentaires - a bien souvent été contaminé, à un moment donné, par des « mauvaises » bactéries. Lavez-vous précautionneusement les mains avant de cuisiner, après chaque passage aux toilettes, etc.
Voici quelques conseils qui devraient vous permettre d’éviter les intoxications alimentaires:
- Lavez-vous les mains régulièrement lorsque vous manipulez la nourriture; avant et après vous être rendu aux toilettes et avant de passer à table.
- Nettoyez soigneusement les fruits et les légumes avant de les préparer ou de les manger.
- Évitez de manger certains aliments crus (œufs, volaille et viande) ou non pasteurisés (ex. fromage de lait cru).
- Utilisez des planches à découper distinctes entre les légumes et la viande lorsque vous faites la cuisine.
- Conservez et touchez la viande crue séparément des autres aliments.
- Faites cuire suffisamment les viandes.
- Mettez bien au frais tous les produits susceptibles de devenir « dangereux » rapidement, tels que la mayonnaise, la viande crue ou le lait par exemple.
- Nettoyez et séchez soigneusement les planches à découper après chaque utilisation.
- Ne pas réutiliser les ustensiles ou plats ayant touché à de la viande crue (éviter la contamination croisée).
- Lavez le plan de travail de la cuisine avec de l'eau savonneuse après y avoir préparé les repas.
- Conservez à la bonne température vos aliments en tout temps. (réfrigérateur 4 °C ou moins, congélateur -18 °C ou moins).
- Décongelez et marinez vos aliments au frigo jusqu'au moment de les cuire.
- Ne pas cuisiner en cas d’infection cutanée au niveau des mains.
Quand consulter un médecin ?
Si les symptômes persistent plus d’une journée après l’ingestion de l’aliment suspecté, il y a de fortes chances pour qu’il s’agisse d’une gastro-entérite virale.
Heureusement les intoxications alimentaires sont le plus souvent bénignes, de courte durée et se passent de traitement médicamenteux. Certaines situations nécessitent cependant de consulter un médecin :
Nous vous conseillons de consulter rapidement en cas de :
- Sang et glaires dans les selles.
- Diarrhées fébriles.
- Diarrhées persistantes plus de 3 à 4 jours.
- Troubles neurologiques.
Vous devez consulter en urgence en cas de signes de déshydratation :
- Soif.
- Langue ou bouche sèche.
- Yeux anormalement cernés.
- Diminution voir arrêt des urines.
- Perte de poids.
- Troubles de la vigilance, somnolence.
- Fièvre supérieure à 39°.
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