Les habitudes alimentaires désignent par principe les choix récurrents que nous faisons concernant notre alimentation, incluant les types d’aliments consommés, la fréquence et les quantités ingérées. Ces habitudes sont influencées par une multitude de facteurs sensoriels, socioculturels, psychologiques, socio-économiques, environnementaux et politiques.
Évolution Historique des Habitudes Alimentaires
L’histoire des habitudes alimentaires montre une évolution constante influencée par divers facteurs externes. Avant le XVIème siècle, des aliments aujourd’hui courants en France, comme la pomme de terre ou la tomate, étaient inconnus. À d’autres époques, des aliments aujourd’hui rares ou disparus, tels que le cygne ou le paon, étaient socialement valorisés.
Le Moyen Âge
Au Moyen Âge, le pain constituait l’aliment de base de la majorité de la population européenne. Le blé, cependant, était souvent réservé aux plus riches, tandis que les classes populaires consommaient des pains faits à partir de seigle, d’orge ou d’avoine. Le développement des moulins à eau et à vent a permis de raffiner davantage les grains, modifiant la texture et la qualité des pains consommés.
Les Grandes Découvertes
Avec l’arrivée des produits exotiques lors des Grandes Découvertes, le sucre, les épices, le cacao et le café ont progressivement intégré les régimes alimentaires européens. Le sucre, autrefois rare et précieux, est devenu un produit de consommation courante grâce à l’essor des plantations coloniales de canne à sucre. De même, les épices, jadis des luxes coûteux, ont vu leur prix baisser, ce qui a permis à un plus grand nombre de personnes d’enrichir leurs plats avec des saveurs variées.
L'Industrialisation du 19ème Siècle
L’industrialisation du 19ème siècle a introduit des changements majeurs dans les habitudes alimentaires. La production en masse et la conservation des aliments grâce à des techniques comme la mise en conserve et le réfrigération ont radicalement transformé l’accès à la nourriture. Les aliments ultra-transformés, tels que les conserves et les plats préparés, ont fait leur apparition, rendant l’alimentation plus pratique mais aussi introduisant des produits souvent riches en sel, en sucre et en graisses.
Le XXème et XXIème Siècles
Au XXème siècle, l’urbanisation croissante a conduit à une alimentation de plus en plus influencée par les modes de vie modernes. Les supermarchés ont remplacé les marchés traditionnels, offrant une variété sans précédent d’aliments. Les chaînes de restauration rapide se sont multipliées, introduisant des habitudes alimentaires basées sur la commodité et la rapidité. Plus récemment, le XXIème siècle a vu l’essor de tendances alimentaires globales telles que le véganisme, le végétarisme, et la consommation d’aliments sans gluten. Ces tendances sont souvent motivées par des préoccupations de santé, d’éthique animale et d’impact environnemental. Par ailleurs, les avancées technologiques, comme la culture de viande in vitro et la production d’insectes comestibles, promettent de révolutionner encore davantage nos habitudes alimentaires dans le futur.
Facteurs Influant sur les Habitudes Alimentaires
Les habitudes alimentaires sont façonnées par des évolutions sociétales majeures et l’urbanisation, déjà évoquée plus haut, a transformé la manière dont les gens s’approvisionnent en nourriture. En milieu urbain, le rythme de vie plus rapide et l’accessibilité accrue à une plus grande diversité de produits alimentaires ont modifié les habitudes de consommation. Les supermarchés, les épiceries fines, et les marchés couverts offrent un large éventail de choix, de produits locaux à des aliments exotiques, répondant ainsi aux diverses préférences et besoins des citadins.
L’augmentation du salariat et l’émergence d’une classe moyenne mondiale ont également joué un rôle clé dans l’évolution des habitudes alimentaires. Avec des revenus plus stables et plus élevés, cette classe moyenne a accès à une plus grande variété d’aliments, y compris des produits transformés et pratiques pour un mode de vie rapide. Les plats préparés, les snacks emballés et les boissons sucrées sont devenus des éléments courants dans les régimes alimentaires modernes.
La diversification des identités culturelles due aux migrations a enrichi les habitudes alimentaires mondiales. Les cuisines du monde entier se mélangent et s’adaptent aux nouvelles cultures, créant ainsi des fusions culinaires innovantes. Par exemple, la cuisine Tex-Mex, issue de la fusion des traditions culinaires texanes et mexicaines, est un exemple de cette hybridation culturelle. En parallèle, les migrations internes et internationales exposent les populations à de nouvelles pratiques alimentaires, modifiant ainsi les préférences et les habitudes.
Les préoccupations environnementales et éthiques croissantes influencent de plus en plus les choix alimentaires. Avec une prise de conscience accrue des impacts de l’agriculture intensive sur l’environnement, de nombreux consommateurs se tournent vers des produits biologiques, locaux et de saison. De plus, les préoccupations concernant le bien-être animal ont conduit à une augmentation de la demande pour des produits issus d’élevages respectueux des animaux. Les mouvements végétarien et végan, motivés par des considérations éthiques et environnementales, gagnent en popularité.
L'importance d'une Alimentation Équilibrée
Bien se nourrir, c’est privilégier une alimentation diversifiée et équilibrée. L’équilibre alimentaire repose sur des repas suffisamment variés. Il s’agit donc d’adopter de bonnes habitudes. L’équilibre alimentaire ne se construit pas sur un repas, mais veillez à ce que la journée alimentaire soit proche des repères autant que possible. Optez pour une nourriture de saison, peu riche en graisse, sel et sucre.
Choisir les Bons Aliments
Choisissez les fruits et légumes, la viande et le poisson selon la saison et leur provenance. Pour manger plus frais, apprenez à composer des menus en fonction des aliments disponibles au fil des saisons, en particulier les fruits et légumes. Cela vous permettra aussi de réaliser des économies. Privilégiez l'utilisation de produits bruts, non transformés, les lieux de production proches de chez vous et les modes de production respectueux de l'environnement. Évitez d'acheter des produits ultra-transformés. Diversifiez les produits consommés, leur origine et lieu de production : ainsi, l'équilibre nutritionnel est assuré et vous limitez l'exposition aux contaminants présents dans l'environnement. Si vous le pouvez, introduisez dans votre alimentation des aliments bio.
Aliments Ultra-Transformés (AUT)
Les aliments ultratransformés sont des produits industriels caractérisés par la présence d’additifs alimentaires, colorants, émulsifiants et conservateurs. Les aliments d’origine subissent de nombreuses transformations chimiques, physiques ou biologiques par des procédés industriels. Le produit final devient alors riche en calories et perd ses (fibres, vitamines, minéraux et antioxydants).
Parmi les aliments ultra-transformés, on trouve :
- Les sodas classiques et light ainsi que les boissons énergisantes ;
- Les cordons bleus, bâtonnets et nuggets à base de volaille, de poisson, ou de viande reconstituée ;
- Les nouilles instantanées, les soupes de légumes déshydratés et la purée en flocon ;
- Les pizzas industrielles et tous les autres repas préparés ;
- La plupart des pains de mie et brioches industriels, barres de céréales ou énergétiques, céréales soufflées et de nombreux gâteaux et biscuits industriels ;
- Les desserts sucrés à base de fruits additionnés de sucres, d'arômes artificiels et d'agents texturants ;
- La plupart des légumes assaisonnés avec des sauces prêtes à l'emploi ;
- Les galettes végétales (substituts de viande) contenant des additifs (texturants, exhausteurs de gout…) ;
- Les chewing-gums et bonbons avec colorants ou édulcorants ;
- Les substituts de repas et de plats en poudre ou enrichis ;
- Les aliments (yaourts, boissons, biscuits…) édulcorés.
Ces produits, en plus d'être gras, salés et sucrés, contiennent de nombreux additifs et sont le plus souvent classés sur la liste E du Nutriscore. Privilégiez les produits ayant le moins d'additifs car on n'en connaît pas l'impact sur la santé. Quand cela est possible, cuisinez des produits bruts, non préparés frais, surgelés ou en conserve.
Lire l'Étiquetage Nutritionnel
Lisez bien les informations nutritionnelles sur les étiquettes. Vous pourrez ainsi comparer la teneur en calories, protides, lipides (graisses), sucres et sodium (sel) de diverses marques ou variétés d'aliments. L’étiquetage nutritionnel informe sur la valeur énergétique et les contenus dans un produit. Lorsque la composition nutritionnelle est détaillée, il est intéressant de regarder les taux de sucre et de graisse pour 100 g ou 100 ml de produit. N’hésitez pas à comparer les produits entre eux avant de faire votre choix.
Le Nutri-Score
Le Nutri-Score se met en place progressivement, il est encore facultatif (seule la liste des ingrédients est obligatoire). Ce logo est établi en fonction du calcul d'un score prenant en compte, pour 100 grammes de produit, la teneur en à favoriser (fibres, protéines par exemple) et en à limiter (énergie, acides gras saturés, sucres par exemple).
Il informe sur la qualité nutritionnelle d’un produit, en le positionnant sur une échelle à 5 niveaux associant des lettres (A, B, C, D et E) à des couleurs :
- Les produits les mieux classés seront en A ou B (couleur verte).
- Les produits préparés du commerce gras, salés et sucrés sont classés en D ou E (couleur orange et rouge) dans le Nutri-Score.
Recommandations et Bonnes Pratiques
Le petit déjeuner est de préférence copieux et complet chaque matin, car il fournit l'énergie nécessaire pour la matinée. Ne consommez pas régulièrement des aliments grillés ou avec un fort brunissement (cuisson au barbecue par exemple). Vous manquez d'idées pour composer des menus équilibrés ? Essayez de manger avec d’autres personnes. Le repas est un temps de convivialité et d’échange en famille, entre amis ou entre collègues de travail. Le repas doit être suffisamment long pour que le cerveau se concentre sur les signaux digestifs (ex. : mastication), faisant ainsi apparaître la sensation de satiété. Prenez le temps de déguster et de bien mâcher les aliments. En outre, tout régime amaigrissant strict comporte des risques de dénutrition et a des conséquences sur la santé osseuse, cardiovasculaire et rénale. L'activité physique est de différents types et dans toutes les situations du quotidien : se déplacer à pied, prendre les escaliers, bricoler, jardiner... L’activité physique doit être régulière pour avoir un effet positif sur la santé.
Analyse des Habitudes Alimentaires des Français
Une étude de Santé publique France dresse un état des lieux détaillé pour l’année 2021 sur les habitudes alimentaires des Français comparées aux recommandations du Programme National Nutrition Santé.
Consommation de Fruits et Légumes
Seuls 1 homme sur 5 et 1 femme sur 4 consommaient au moins cinq fruits et légumes par jour. À l’inverse, 65,5 % des hommes et 57,1 % des femmes étaient des « petits consommateurs », c’est-à-dire qu’ils consommaient moins de 3,5 fruits et légumes par jour. Ces faibles niveaux de consommation sont particulièrement marqués chez les jeunes adultes, les personnes peu diplômées et les ménages avec enfants, notamment les familles monoparentales.
Consommation de Féculents Complets et Légumes Secs
Les féculents complets (pain complet, riz complet, pâtes complètes…) sont peu consommés. Seulement 28,9 % des hommes et 26,2 % des femmes en consomment quotidiennement. De leur côté, les légumes secs (lentilles, pois chiches, haricots secs, etc.), riches en fibres, sont consommés au moins deux fois par semaine par à peine un adulte sur quatre.
Consommation de Boissons Sucrées
La consommation de boissons sucrées reste quant à elle préoccupante, avec une différence marquée entre les sexes. En 2021, près d’un homme sur cinq buvait plus d’un verre par jour, contre une femme sur dix. Des chiffres alarmants car la consommation excessive de ces produits est associée à des risques accrus de surpoids, de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires.
Inégalités Sociales et Régionales
Les personnes les plus diplômées et les ménages à revenu élevé consomment davantage de fruits, légumes et féculents complets.
Évolution des Rythmes Alimentaires
Le temps consacré à l’alimentation reste très concentré au moment des trois repas traditionnels. En 24 ans, toutefois, les rythmes des repas se sont légèrement modifiés. Les horaires et surtout la durée des repas diffèrent de la métropole.
Temps Consacré à l'Alimentation
Les Français consacrent en moyenne 2 h 22 par jour en moyenne en 2010 à l'alimentation. Ce sont les repas pris chez soi qui durent plus longtemps. Les habitants sont bien moins nombreux à manger aux mêmes heures.
Grignotage
Beaucoup de gens déclarent grignoter très souvent. Les pratiques de grignotage sont une difficulté pour saisir les habitudes alimentaires.
Alimentation et Sédentarité
En 2010, 19 % du temps consacré à l’alimentation est passé devant la télévision, 3 points de plus qu’en 1986. Les personnes les plus aisées y passent moins de temps que les plus modestes. Les horaires et surtout la durée des repas diffèrent de la métropole.
Habitudes Alimentaires et Risque d'Obésité
Il existe une corrélation entre rythme alimentaire et risque d’obésité. Sauter le petit déjeuner augmente le risque d’obésité.
Consultations Diététiques
Lors des consultations diététiques, l’analyse des habitudes alimentaires constitue une étape fondamentale pour comprendre les comportements nutritionnels des patients afin de, parfois, aider au réajustement. Les consultations diététiques incluent également une analyse qualitative des choix alimentaires, en tenant compte des préférences, des aversions, des restrictions alimentaires, et des influences culturelles.
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