Quelles religions interdisent le porc ?

La consommation de viande de porc est proscrite dans plusieurs religions, notamment chez les musulmans, les juifs et les chrétiens d’Éthiopie. Mais pourquoi a-t-on à un moment de l’histoire décrété que cette viande était impure ?

L'interdiction du porc dans le judaïsme

Pour comprendre pourquoi les juifs ne mangent pas de porc, il y a donc deux aspects à analyser : le religieux et l'historique.

La raison principale pour expliquer pourquoi les juifs ne mangent pas de porc semble se trouver dans la Torah. La religion pour expliquer pourquoi les juifs ne mangent pas de porc, les Saintes Écritures sont souvent la raison avancée pour expliquer pourquoi les juifs ne mangent pas de porc.

Le Lévitique fait partie des livres de l’Ancien Testament, le livre sacré des juifs, qui interdit la consommation de viande de porc dans le judaïsme. En effet, il autorise les juifs à manger seulement des animaux qui ruminent. Le porc n’est pas un ruminant, il est donc exclu de la liste des produits alimentaires kasher.

Dans le Deutéronome, on trouve un verset qui indique que les juifs doivent considérer le porc comme un animal impur. Pour certains anthropologues, l’argument religieux selon lequel les juifs ne mangent pas de porc est apparu après une série de changements sociaux et environnementaux qui ont cessé de rendre profitable l’élevage de ces animaux.

S’il existe des preuves archéologiques que des porcs ont été élevés et mangés en Mésopotamie, les Saintes Écritures ont fini par interdire aux juifs de manger du porc. En effet, l’élevage et la consommation de porcs n'étaient plus rentables au Moyen-Orient.

La religion n’a été utilisée que pour éviter tout doute. La raison pour laquelle l’élevage et la consommation de porc n'étaient plus des pratiques intéressantes pour les communautés mésopotamiennes primitives est que la population a commencé à croître. Cette croissance a obligé les humains à consommer les produits qui étaient destinés à l’alimentation des porcs, comme le blé ou le maïs.

De plus, les porcs ne prennent pas de poids s’ils ne mangent que de l’herbe, contrairement aux moutons et aux vaches.

Pour les Juifs, cette interdiction est fondée sur deux passages de l’Ancien Testament :

  • Livre du Lévitique 11:7-8 « Vous ne mangerez pas le porc, qui a la corne fendue et le pied fourchu, mais qui ne rumine pas : vous le regarderez comme impur. Vous ne mangerez pas de leur chair, et vous ne toucherez pas leurs corps morts : vous les regarderez comme impurs. »
  • Livre du Deutéronome 14:8 : « Vous ne mangerez pas le porc, qui a la corne fendue, mais qui ne rumine pas : vous le regarderez comme impur.

Les animaux que les juifs ne peuvent pas manger

Les lois alimentaires juives, appelées kashrut, sont détaillées dans la Torah et spécifient quels animaux peuvent être consommés et comment ils doivent être préparés. Les animaux terrestres doivent avoir des sabots fendus et ruminer pour être considérés comme casher. Les exemples d'animaux casher comprennent le bœuf, le mouton et le cerf.

En ce qui concerne les animaux aquatiques, ils doivent avoir des nageoires et des écailles. Les poissons comme le saumon, la truite et le hareng sont généralement considérés comme casher. En revanche, les fruits de mer tels que les crustacés et les mollusques ne sont pas autorisés.

Il est important de noter que différentes communautés juives peuvent interpréter ces lois de manière légèrement différente, mais les principes généraux restent les mêmes. Pour des informations plus précises, il est recommandé de consulter un rabbin ou une autorité compétente en matière de kashrut.

Non, le porc n'est pas considéré comme casher selon les lois alimentaires juives (kashrut). La Torah interdit la consommation de porc, et les règles alimentaires juives stipulent que les animaux terrestres doivent avoir des sabots fendus et ruminer pour être considérés comme casher. Le porc ne répond pas à ces critères, car il a un sabot non fendu et ne rumine pas.

En conséquence, la viande de porc, ainsi que tous les produits dérivés du porc, ne sont pas autorisés dans l'alimentation casher. Les personnes qui observent les lois alimentaires juives s'abstiennent donc de consommer du porc et de ses sous-produits.

L'interdiction du porc dans l'Islam

Pour les Musulmans l’interdit de manger du porc est selon Malek Chebel le plus massif et le plus ancien. « Les animaux morts, le sang, la chair du porc, tout ce qui a été tué sous l’invocation d’un autre nom que celui d ‘Allah, les animaux suffoqués, assommés, tués par quelque chute ou d’un coup de corne ; ceux qui ont été entamés par une bête féroce, à moins que vous ne les ayez purifiés par une saignée ; ce qui a été immolé aux autels des idoles ; tout cela vous est défendu. (…)» (Sourate 5 La table servie (Al-Maidah), verset 3).

Cependant un autre verset (XVI, 115) introduit une exception à cet interdit : « Il vous a été interdit la bête morte, le sang, la chair du porc et tout ce qui a été immolé à un autre Dieu qu’Allah.

« Les musulmans ne mangent pas de porc parce que le Coran l’interdit à cinq reprises», explique Önder Günes, porte-parole de la Fédération d’organisations islamiques de Suisse (FOIS). Le verset 173 de la sourate 2 est particulièrement clair à ce sujet: « Certes, il vous est interdit la chair d’une bête morte, le sang, la viande de porc et ce sur quoi on a invoqué un autre qu’Allah ».

Les musulmans suivent les lois alimentaires islamiques, connues sous le nom de Halal. Les musulmans doivent consommer des aliments halal.

Le christianisme et la consommation de porc

Oui, les chrétiens, en général, ne sont pas soumis aux lois alimentaires spécifiques de l'Ancien Testament, y compris les restrictions alimentaires juives telles que l'interdiction de manger du porc. Les enseignements du Nouveau Testament, qui fait partie des Écritures chrétiennes, ne contiennent pas de restrictions alimentaires spécifiques comme celles trouvées dans le Lévitique de l'Ancien Testament.

Selon le Nouveau Testament, les chrétiens ont la liberté de manger tous les types d'aliments. Par exemple, dans le livre de Marc (7:19), Jésus déclare que tous les aliments sont purs.

La consommation de porc chez les chrétiens s’explique par des raisons théologiques, historiques et culturelles. En effet, Jésus a apporté une vision révolutionnaire de la pureté spirituelle, bouleversant les conceptions anciennes. Cette parole profonde a été interprétée comme une levée des restrictions alimentaires de l’Ancien Testament. En effet, Jésus nous invite à nous concentrer sur la pureté du cœur plutôt que sur des interdits alimentaires.

Le Nouveau Testament, en particulier les écrits de Saint Paul, affirme que nous, chrétiens, ne sommes plus sous la Loi mosaïque et ses prescriptions cérémonielles. Il est crucial de comprendre que l’interdiction du porc dans l’Ancien Testament faisait partie des lois cérémonielles, distinctes des lois morales comme les Dix Commandements.

Le christianisme met l’accent sur la pureté du cœur plutôt que sur les interdits alimentaires. Cette approche nous invite à une spiritualité plus intérieure, où nos actes et nos intentions priment sur des règles extérieures.

L’interdiction du porc remonte à l’Ancien Testament, notamment dans les livres du Lévitique et du Deutéronome. Cette prescription, antérieure à l’islam et au judaïsme rabbinique, avait probablement des raisons sanitaires ou visait à distinguer le peuple élu des autres nations.

Il est fondamental de noter que le porc avait une mauvaise réputation dans l’Égypte ancienne, associé à des mythes négatifs. Cette perception a pu influencer les interdits alimentaires dans la région.

En tant que spécialiste de la religion catholique, je me dois de souligner que la consommation de porc n’est pas uniforme dans toutes les branches du christianisme. Certaines branches du christianisme, notamment parmi les églises orthodoxes, peuvent toutefois avoir des pratiques et des traditions alimentaires spécifiques.

Les interdits alimentaires font partie des dispositions de l’alliance que Dieu a conclue avec Israël. Le Lévitique au ch.11, par exemple, stipule parmi toutes les règles par lesquelles le peuple hébreu se rend saint, différent des autres peuples, et se « met à part » pour servir Dieu, la liste des animaux purs ou impurs, propres ou impropres à la consommation (voir aussi Deutéronome ch.14).

Mais en Jésus-Christ, l’alliance s’étend à tous les hommes, et les règles et signes qui marquaient cette distinction entre juifs et non-juifs deviennent caduques. Jésus déclare que ce qui rend l’homme impur, c’est ce qui sort de son coeur ! (Marc 7,14-23).

Autres perspectives

Bien que l’Hindouisme n’ait pas une interdiction stricte de la consommation de porc, de nombreux hindous choisissent de ne pas en manger. Les pratiques alimentaires varient selon les différentes traditions bouddhistes. Cette interdiction est basée sur des textes religieux.

Hypothèses sur l'origine de l'interdiction

On a longtemps pensé que les religions avaient interdit la consommation du cochon pour une raison sanitaire. Sa viande se conserve mal dans la chaleur et surtout, elle peut donner des parasites et des maladies lorsqu’elle est mal cuite. Mais en réalité, on n’en savait pas grand-chose dans l’Antiquité.

Une autre hypothèse est qu’à un certain moment, un certain groupe de population décide de se distinguer des autres et adopte des lois qui vont le différencier de tous les autres. Et parmi ces règles, puisque les autres mangent du cochon, eh bien nous, on n’en mange pas.

La mauvaise réputation du cochon est en fait antérieure à l’islam et au judaïsme. Elle remonte à l’Égypte ancienne, il y a 4 000 ans. Les Égyptiens ont construit un discours mythologique autour des animaux. Et dans leur mythologie, le cochon a plutôt une mauvaise image. L’animal, réputé vorace et agressif, aurait mangé l'œil du dieu Horus, ce qui lui aurait valu une ostracisation du monde des temples et des rituels.

Les humains ont commencé à élever et à manger du porc il y a environ 9 000 ans. Pour les premières communautés sédentarisées, cette viande est une source de protéines facile d’accès. Le cochon produit beaucoup de graisse, sa viande peut se conserver et surtout, les cochons ont un cycle de croissance et de reproduction très rapide.

L’élevage de porc a aussi des inconvénients. Le cochon est moins mobile, à cause de sa morphologie et de ses petites pattes. On peut difficilement le déplacer en troupeau sur de longues distances, il est donc plus adapté en milieu urbain que rural. Et surtout, hormis sa viande et sa graisse, le cochon ne produit rien d’autre d’utile, comme la laine, et son cuir est réputé de mauvaise qualité.

Une explication économique voudrait que les sociétés de l’âge de bronze aient tout simplement privilégié d’autres animaux, comme le bœuf ou le mouton. Justement, ces deux animaux produisent du cuir ou de la laine en plus de leur viande, ce qui permet des échanges, favorise le commerce et donc l’expansion. Le cochon, lui, aurait été relégué aux catégories les plus pauvres de la population et finalement frappé d’une interdiction religieuse.

Pour la comprendre, il faut aller dans la région qui correspond aujourd’hui à Israël et aux territoires palestiniens, vers 1 200 avant J.-C. À cette époque, les Israélites, les ancêtres du peuple juif, cohabitent près d’un peuple ennemi : les Philistins. À un certain moment, des villages israélites auraient décrété qu’ils ne mangeraient plus de porc, pour se démarquer de leurs voisins philistins, mais aussi pour s’affirmer en tant que peuple, avec une identité et des habitudes alimentaires communes.

Les archéologues se basent en fait sur des fouilles très précises réalisées dans la région. Dans les sites philistins, ils ont retrouvé beaucoup d’os de porc. Au contraire, les sites israélites de la même période et distants parfois de seulement quelques kilomètres n’en comportent quasiment pas.

Tableau récapitulatif des interdits alimentaires

Religion Interdiction du porc Justification
Judaïsme Oui Textes de l'Ancien Testament (Lévitique, Deutéronome)
Islam Oui Coran (Sourate 2, verset 173)
Christianisme Non (en général) Nouveau Testament (Marc 7:19)
Hindouisme Non (mais souvent évité) Pratiques culturelles et religieuses
Bouddhisme Variable Selon les traditions bouddhistes

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