L'alimentation des porcs : un guide complet

L’objectif de la production porcine moderne est de maximiser la quantité et la qualité de la viande porcine produite par truie par an (ou au cours de sa vie) à coût réduit. L’alimentation influence directement les taux de croissance, la conversion alimentaire et la qualité de la viande. L'alimentation joue un rôle important dans la composition et les caractéristiques de la viande.

Besoins nutritionnels des porcs

Un apport adéquat en nutriments essentiels, tels que les protéines, les acides aminés, les vitamines et les minéraux, est indispensable pour une croissance optimale. Un régime équilibré favorise une meilleure synthèse des protéines musculaires, ce qui se traduit par une croissance journalière plus importante de 15 à 20% selon les études.

La conversion alimentaire représente l'efficacité avec laquelle les animaux convertissent la nourriture en gain de poids. Un régime riche en nutriments digestibles et appétissants encourage une meilleure absorption des nutriments, réduisant ainsi la quantité de nourriture gaspillée.

Énergie

Cette valeur peut être exprimée en énergie digestible (ED), en énergie métabolisable (EM) et en énergie nette (EN). L'énergie nette est le critère le plus pertinent pour évaluer la valeur réelle d'un aliment pour l'animal.

Protéines et acides aminés

Ces éléments constituent les protéines et sont cruciaux pour la croissance des porcs. Certains acides aminés, appelés essentiels, doivent être apportés par l'alimentation car le porc ne peut pas les synthétiser. La lysine est l'acide aminé limitant, et son apport conditionne l'utilisation des autres acides aminés. Les besoins en acides aminés sont déterminés en fonction de leur digestibilité par l'animal.

Minéraux et vitamines

Essentiel pour le métabolisme énergétique et la santé osseuse des porcs, le phosphore doit être présent en quantité adéquate dans l'alimentation. Un excès de phosphore peut également contribuer à la pollution environnementale. Les vitamines, comme les minéraux, y compris les oligoéléments, sont des nutriments essentiels pour les porcs. Des compléments sont ajoutés aux aliments car les matières premières ne sont pas suffisamment pourvues pour satisfaire les besoins du porc.

Les besoins en énergie et en acides aminés sont interdépendants et sont exprimés sous forme d'un rapport entre la lysine digestible et l'énergie nette.

Alimentation par phase de vie

Porcelets nouveau-nés

Dès la naissance, la qualité du lait maternel est importante pour leurs croissances. Le colostrum (premier lait produit par les mamelles de la truie peu de temps avant et immédiatement après la mise bas) qui est riche en immunoglobines et en nutriments joue un rôle déterminant pour le développement du système immunitaire des porcelets. La consommation de colostrum et de lait constitue le premier instinct initial pour les porcelets après la naissance. Il est essentiel de veiller à ce que chaque porcelet consomme environ 250 g de colostrum.

Le lait maternel fournit environ 12 MJ/kg et il doit être complété par des aliments pré-sevrage (poudre, granulés, pépinières liquides) à partir de la deuxième semaine pour permettre aux porcelets de s’adapter à une alimentation solide.

Vous avez sûrement déjà vu un porcelet qui commence à fondre comme une glace en été au bout de 2-3 jours même s’il tète. C’est mal barré pour lui : il n’a pas eu sa dose de colostrum, et vous ne pourrez rien y faire, c’est la fin assurée. En plus, il faut s’assurer qu’il ait bien chaud.

Sevrage

Le sevrage se fait généralement 3 à 4 semaines après la naissance et un poids de 7 a 8 kg. Les besoins nutritionnels des porcelets changent. Ils doivent consommer des aliments solides à haute digestibilité, avec des niveaux de protéines ajustés (18 à 20 %) pour réduire le stress post-sevrage. Des acides aminés essentiels comme la méthionine et la lysine restent vital pour une bonne croissance.

Phase de finition

La phase de finition, qui commence lorsque les porcs atteignent près de 70 kg, nécessite une alimentation qui optimise la conversion alimentaire et la prise de poids, souvent ciblée à 2,4 à 2,6 kg d'aliment pour 1 kg de gain de poids. Le niveau énergétique des rations augmente à environ 13 à 14 MJ/kg, tandis que la teneur en protéines est réduite à environ 15 à 17 % pour éviter les excès d'azote et les coûts inutiles.

Truies en gestation et lactation

Les truies en gestation et en lactation ont des besoins nutritionnels spécifiques pour soutenir leur portée et leur production de lait. Une truie en gestation nécessite environ 13 MJ d'énergie métabolisable par jour, tandis qu'une truie allaitante peut en nécessiter jusqu'à 18 MJ/jour.

Cependant, la production de colostrum est limitée et peut varier. Pour maximiser cette production, il sera important de favoriser le développement optimal de la glande mammaire et de sa synthèse en fin de gestation. Une accumulation excessive de graisse dans la glande peut entraver la mammogenèse. Par conséquent, il ne faut pas suralimenter les truies pendant la gestation.

La production laitière des truies est influencée par le nombre de porcelets, leur vitalité et l'apport alimentaire quotidien des truies.

Importance d'une alimentation équilibrée

Une alimentation équilibrée est importante pour la prévention des maladies et le bien-être général des porcs. Par exemple, une carence en zinc peut entraîner des problèmes de peau, tandis qu'un manque de vitamine E et de sélénium peut causer des troubles musculaires.

Des études montrent qu'un régime bien équilibré peut améliorer la croissance journalière de 15 à 20 % et réduire le temps nécessaire pour atteindre le poids de marché de 10 à 15 jours. Une alimentation riche en acides aminés essentiels et en énergie permet d'optimiser le rendement de viande maigre, augmentant ainsi la rentabilité.

Un régime riche en acides aminés essentiels favorise le développement des muscles maigres, ce qui se traduit par une viande plus tendre et plus savoureuse.

Pour réduire les coûts, les producteurs peuvent utiliser des ingrédients locaux ou des sous-produits de l'industrie agroalimentaire. L'incorporation de coproduits, tels que les drêches de distillerie, peut réduire les coûts sans compromettre la qualité nutritionnelle.

Types d'aliments utilisés

Une alimentation équilibrée et contrôlée : Le porc est un animal omnivore, c’est-à-dire qu’il assimile aussi bien les aliments d’origine végétale que ceux d’origine animale. Cependant, au sein des élevages français, leur alimentation est à base de produits végétaux. Un porcelet n’aura pas les mêmes besoins qu’une truie par exemple.

Dans les élevages français, l’alimentation des porcs n’est constituée que de produits végétaux sélectionnés pour leurs grandes qualités nutritives. L’alimentation des porcs répond à des exigences qualitatives et sanitaires strictes. Les éleveurs de porcs assurent à leurs animaux une alimentation adaptée à leurs besoins.

Les céréales, comme le blé ou le seigle, peuvent constituer jusqu’à 75 % de l’alimentation des porcs, ces derniers devant être engraissés pour la production de viande.

Certains éleveurs ont fait le choix de fabriquer eux-mêmes leurs aliments. C'est le cas de plus de 35% des éleveurs, qui cultivent eux-mêmes ou achètent directement les matières premières, principalement des céréales et des graines oléoprotéagineuses.

Structure de l'alimentation

La transformation des régimes alimentaires des porcs a fait l'objet d'une attention accrue ces dernières années. Dans la plupart des pays de l'UE, les régimes alimentaires des porcs ont traditionnellement été fortement transformés en broyant d'abord toutes les matières premières, généralement à l'aide d'un broyeur à marteaux, puis en les transformant en granulés ; de cette manière, l'efficacité alimentaire des porcs peut être augmentée de 2 % par rapport à l'utilisation de régimes à base de farine.

Il est donc important de créer une structure suffisante dans l'alimentation en ajoutant des particules grossières pour stimuler une fonction optimale de l'estomac et une transition/un flux progressif des particules de digesta de l'estomac vers l'intestin grêle. Cette structure de l'aliment peut être créée en broyant un seul ingrédient à faible énergie comme le son de blé ou la paille de blé.

Dans la pratique, il peut être difficile de trouver des sous-produits riches en fibres (par exemple, le son de blé ou les écales d'avoine) qui peuvent être broyés en grosses particules et fournir ainsi une structure ou qui ne contiennent pas de composés indésirables (par exemple, des mycotoxines).

Si la structure de l'aliment n'est pas obtenue en ajoutant ces sous-produits riches en fibres, il faudra trouver d'autres types d'ingrédients pour l'alimentation animale. Les sources de protéines ne doivent pas être broyées en grosses particules pour ne pas affecter la digestibilité des protéines. Par conséquent, les sources riches en amidon, par exemple les céréales, constituent la seule option restante pour incorporer une structure dans l'alimentation.

Une possibilité serait d'ajouter une proportion de céréales sous forme de grains entiers dans le mélangeur, puis de granuler l'aliment. Une autre possibilité consisterait à broyer une petite proportion de céréales (5 %) dans un moulin à rouleaux, puis à granuler l'aliment.

Dans les années à venir, des recherches supplémentaires seront menées sur la manière d'optimiser la structure de l'aliment des porcs grâce à la transformation unique de certains ingrédients.

Tableau récapitulatif des besoins nutritionnels

Phase de vie Besoins énergétiques (MJ/jour) Teneur en protéines (%) Remarques
Truie en gestation 13 - Éviter l'excès de poids
Truie en lactation 18 - Besoins accrus en énergie et protéines
Porcelet au sevrage - 18-20 Aliments à haute digestibilité
Porc en finition 13-14 MJ/kg 15-17 Optimiser la conversion alimentaire

TAG: #Porc

En savoir plus sur le sujet: