Expressio propose de faire découvrir sur ActuaLitté une expression de la langue française, pour explorer les petites perles de notre langage, et en comprendre les évolutions. Alors que tout le monde tente de s'approprier ce qu'il peut, exil fiscal, domaine public, œuvres indisponibles, pourquoi ne pas réfléchir à ce petit problème du sens de la propriété.
Origine et signification de l'expression
Cette expression s'utilise généralement lorsque quelqu'un s'approprie des choses convoitées de manière brutale ou peu élégante. Une douzaine d’années après son ode vertueuse à la probité en politique, la voici prise les doigts dans le pot de confiture. Accusant la justice comme le font en pareilles circonstances tous les autocrates, ce qu’elle n’a cessé d’être en dépit des apparences.
Exemples d'utilisation
- « Faire main basse. Manière de parler pour tuer, égorger, ne pas faire de quartier, passer tout au fil de l'épée.
- « (…) ils songèrent (…) à se faire apprêter un bon repas. L'hôte, l'hôtesse, et une jeune servante qu'ils avaient, ne s'y épargnèrent point. Ils firent main basse sur toute la volaille de leur basse-cour.
La corruption et le "pot de confiture"
Le sport n'échappe naturellement pas aux règles souterraines qui organisent véritablement ce système. La corruption, les magouilles, les arrangements, les pots de vin, les matchs truqués, les abus de position dominante, … il est possible d'allonger interminablement la liste de ce qui nourrit les anciennes gloires qui ont fait le choix de rester dans cet univers.
Il y a hélas souvent un fossé qui sépare les unes des autres même si, pour mettre la main dans le pot de confiture, ils s'y entendent tous à merveille. Sont là petits joueurs au regard de leurs camarades qui s'imaginent graviter dans l'univers feutré des instances internationales et néanmoins sportives. Il leur faut alors changer radicalement de pratique puisque le sport de haut niveau qui s'y pratique est la Corruption.
Tendre la main, non pas pour passer le témoin mais pour recevoir le prix d'un vote qui donnera une compétition à un pays qui entend y mettre le prix en dépit de toutes les réserves possibles. Nous en avons eu quelques exemples récemment sans que nulle enquête ne soit menée contre ces votants pourris jusqu'à la moelle d'autant plus que nos têtes couronnées étaient passés sous la goulotte avant eux.
Fort heureusement, il y a les fédérations sportives pour accueillir les plus gourmands. L'appétit en matière de confiture, c'est bien connu, vient en mangeant et dans certains sports on découvre des lascars qui ont un appétit d'ogre. Ainsi donc au Rugby, sport aux valeurs si souvent vantées, la confiture a été troquée pour un nombre incalculable de banquets tout aussi peu diététiques les uns que les autres.
Il est vrai que le Président de cette fédération est un parangon de vertu, un modèle indiscutable dans ce registre. Graisser la patte de ceux qui ont eu l'habitude de se mettre de la résine sur les mains pour que le ballon ne glisse pas, n'est pas pratique aisée. Il convient de mettre les formes pour éviter de se laisser prendre.
Les doux liens de l’amitié figureraient-ils donc parmi les nombreuses qualités, certes quelque peu polarisées, reconnues communément aux cochons (cf. l’incontournable « dans le cochon, tout est bon ») ? Certains n’en doutent pas une seconde et donnent à la locution le sens d’une relation sans retenue, où les copains en question font preuve entre eux d’un sans-gêne et d’une familiarité excessifs, interprétation contaminée, sans doute, par le dicton populaire « on n’a pas gardé les cochons ensemble ».
Autres expressions françaises imagées
La langue française regorge d'expressions imagées. Voici quelques exemples:
- Ne pas être dans son assiette : Elle peut aussi bien s’appliquer à quelqu’un de fatigué, patraque, qu’à quelqu’un en proie à une idée, un souci qui l’accapare et le déstabilise.
- Pour du beurre : Dire d’une chose qu’elle est « de beurre » (locution attestée depuis le XVIe siècle), reviendrait donc à dire qu’elle est inexistante.
- Avoir un boeuf sur la langue : Si encombrée est votre langue par ledit animal qu’elle s’en trouve paralysée, d’où le sens de l’expression : garder un silence obstiné, être empêché de parler.
- Bon comme la romaine : En tout cas, « bon comme la romaine » se dit d’une personne d’une grande bonté, d’une extrême gentillesse (on dit aussi, avec le même sens, « bon comme le pain »).
- Sabler le champagne : Puis l’expression s’est spécialisée dans le champagne, à l’exclusion de tout autre alcool, et a dévié peu à peu vers un sens qui a éliminé toute idée de vitesse, au profit de celle de célébration d’un événement d’importance.
- Faire bonne chère : Aujourd’hui, le syntagme « bonne chère » existe même isolément de l’expression, puisqu’on peut « aimer la bonne chère », être « amateur de bonne chère », toutes formulations qui suggèrent l’emploi d’ingrédients choisis parmi les meilleurs, en vue de l’élaboration de mets raffinés.
- Faire chou blanc : Dans « faire chou blanc », en revanche, l’existence dudit légume est fortement mise en question. En effet, l’expression qui est apparue au XVIIIe siècle, avec le sens de « subir un échec, ne pas aboutir », viendrait peut-être du jeu de quilles où l’on disait « faire coup blanc » lorsqu’on n’en abattait aucune.
- Comme un coq en pâte : Étant donné que « elle est bonne à mettre en pâte » se disait alors d’une personne grosse et grasse, ne peut-on supposer, pour expliquer notre « coq en pâte », que l’expression se soit appliquée, par ironie, à quelqu’un de gros et gras (bon à mettre en pâte) qui, tel le coq en position dominante dans la basse-cour, faisait admirer son embonpoint à tous ?
- Cordon bleu : De là, l’expression « cordon bleu » commença à s’employer pour qualifier une chose d’excellence, le nec plus ultra d’un domaine, avant de se spécialiser dans le mérite culinaire.
- Être le dindon de la farce : En effet, si le sens de « être la victime toute désignée, se faire duper » est sans conteste possible celui de l’expression à partir de la fin du XVIIIe siècle -et surgira même dans son sillage le verbe « dindonner » pour signifier duper, tromper -, la farce en question semble plutôt désigner une plaisanterie, un mauvais tour joué à quelqu’un, le dindon y tenant le rôle qu’on attribuerait plus volontiers de nos jours au pigeon !
- Être de la même farine : Déjà, en latin classique, I’expression ejusdem farinae, de la même farine, servait à désigner deux choses ou deux personnes de même nature, et le français du XVIe siècle la remit en circulation, avec l’idée péjorative que ces choses, ou personnes, ne valaient pas mieux l’une que l’autre.
- En deux coups de cuiller à pot : faire quelque chose en deux coups de cuiller à pot, ça veut bel et bien dire faire quelque chose rapidement et facilement.
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