L’allergie alimentaire est une réponse anormale du système immunitaire, spécifique et reproductible, après exposition à un aliment donné. Elle est à distinguer de l’intolérance alimentaire qui est une hypersensibilité non immunologique.
Prévalence et impact des allergies alimentaires
La prévalence des allergies alimentaires est en augmentation chez l’enfant sur la dernière décennie ; elle atteint 4 % chez les enfants de 4 ans en France. En France, le nombre de cas d’allergie chez les enfants a doublé ces cinq dernières années, atteignant désormais 6 à 8 % des enfants de moins de 12 ans. Actuellement en France, 1 personne sur 4 est allergique. Le nombre de personnes allergiques a doublé ces vingt dernières années. L’allergie concernera 50 % de la population en 2025, induisant des coûts socio-économiques importants.
L’Étude longitudinale française depuis l’enfance (ELFE) a rapporté les évictions alimentaires pour cause d’allergies déclarées par les parents de 15 798 enfants. La prévalence des AA ainsi estimée entre la naissance et l’âge de 5,5 ans était de 6,09 %, avec comme allergènes principaux : le lait (3,4 %), l’œuf (0,87 %), l’arachide (0,87 %), les fruits exotiques (0,56 %), les fruits à coque (0,50 %), le blé (0,35 %) et les poissons (0,27 %). C’est entre les âges de 6 mois et 2 ans, au moment du sevrage et des premières ingestions, lors de la diversification alimentaire, qu’un grand nombre d’AA se révèlent.
Aliments les plus souvent en cause
Chez les enfants, les trois quarts des allergies sont dus à 6 familles d’aliments : l’œuf, les arachides ou cacahuètes, le lait de vache, la moutarde, les fruits à coque et le poisson.
Symptômes des allergies alimentaires
Les symptômes des allergies alimentaires chez les enfants peuvent varier en gravité et en type. Les manifestations cutanées incluent l’eczéma, l’urticaire et des démangeaisons. Les symptômes respiratoires peuvent se présenter sous forme de rhinite allergique, de toux ou de crise d’asthme. Dans les formes les plus sévères (œdème de Quincke), l’œdème de la gorge peut bloquer la respiration et mettre la vie en danger. On observe parfois une perte de conscience et un coma (choc anaphylactique).
Généralement, les allergies alimentaires vont en s’aggravant : la réaction du système immunitaire est de plus en plus intense lors de chaque exposition à l’aliment responsable. En cas d’allergie à un aliment (œuf, lait, poisson, etc.), le système immunitaire réagit par des manifestations inflammatoires de survenue brutale. À tout âge, l’allergie alimentaire peut causer des symptômes respiratoires, cutanés ou digestifs.
L’allergie alimentaire se manifeste différemment chez l’enfant et chez l’adulte. de poussées d’eczéma atopique. L’eczéma atopique est très fréquent en cas d’allergie alimentaire. Entre la naissance et un an, 80 % des enfants allergiques à un aliment déclarent des manifestations de ce type. un . Il est beaucoup plus fréquent chez l’adulte. C’est la réaction allergique la plus forte, comportant un risque vital. Le demande un traitement d'urgence adapté, à savoir une injection intramusculaire d'adrénaline (substance augmentant le rythme cardiaque et la pression artérielle, et dilatant les bronches) et une hospitalisation.Les patients à risque ont souvent déjà subi un choc moins important.
Chez certaines personnes, des symptômes d’allergie alimentaire sont déclenchés par la pratique d’un exercice physique intense et prolongé après la prise de certains aliments (alors que ces aliments sont habituellement bien tolérés). Dans les trois-quarts des cas, l’ingestion des aliments incriminés a eu lieu avant le début de l’exercice physique (en général la course ou un entraînement de sport collectif). Quinze à trente minutes après le début de l’exercice, la personne ressent des symptômes annonciateurs : démangeaisons et picotements des mains, éternuements, toux, difficultés à respirer, rougeur du visage, maux de ventre, diarrhée, etc. L’arrêt immédiat de l’exercice dès les premiers signes suffit généralement pour soulager les symptômes. Dans les cas les plus sévères, une injection d’adrénaline peut s’avérer nécessaire.
Diagnostic des allergies alimentaires
Lorsqu’un enfant présente un terrain allergique (rhume des foins, asthme, eczéma, etc.), il est essentiel de consulter un médecin dès les premiers signes de réaction inhabituelle suite à l’ingestion d’un aliment. Le diagnostic des allergies alimentaires chez les enfants repose sur plusieurs méthodes. Un allergologue commence généralement par un interrogatoire détaillé des antécédents médicaux et des symptômes.
Le diagnostic est établi dans les services spécialisés en allergologie. Des tests cutanés, les prick-tests ou patch-tests : le médecin dépose une goutte de solution contenant l’allergène suspecté (ou parfois l’aliment lui-même) sur la peau puis il pique à travers la goutte (ou l’aliment) dans la peau, ou il pose un patch contenant l'allergène suspecté. Il observe ensuite la réaction provoquée. Les tests cutanés peuvent être effectués dès les premières semaines de la vie. Des tests sanguins peuvent également mesurer les niveaux d’IgE spécifiques. Des tests de provocation orale sont pratiqués dans certaines situations.
Traitement et gestion des allergies alimentaires
Le traitement des allergies alimentaires chez les enfants se concentre sur l’évitement des allergènes et la gestion des symptômes. Les antihistaminiques sont souvent prescrits pour soulager les réactions légères. En cas de réaction sévère, l’injection d’adrénaline via un auto-injecteur est nécessaire.
Gérer les allergies alimentaires chez les enfants au quotidien nécessite vigilance et organisation. Il est important de lire attentivement les étiquettes des aliments et de sensibiliser l’entourage de l’enfant, y compris le personnel scolaire, aux risques allergiques. Préparer des repas faits maison permet de mieux contrôler les ingrédients.
Les allergies alimentaires peuvent avoir des impacts significatifs sur la vie scolaire et sociale des enfants. Il est important de collaborer avec les enseignants et le personnel scolaire pour créer un environnement sûr. Les activités sociales et les sorties doivent être planifiées avec soin pour éviter les expositions accidentelles aux allergènes.
Immunothérapie
Elle met tout d’abord en avant le fait que toutes les allergies alimentaires ne guérissent pas naturellement. Le principe de l’immunothérapie est d’administrer de façon répétée des doses croissantes de l’allergène, à intervalle régulier, pour moduler la réponse immunitaire et augmenter le seuil de réactivité à l’ingestion de l’aliment. Les méta-analyses montrent une accélération de la guérison chez la majorité des patients grâce à l’immunothérapie, comparativement aux enfants maintenus en éviction.
Martine Morisset signale cependant que, pour les personnes présentant les taux d’IgE les plus élevés, l’immunothérapie ne supprime pas le risque de choc anaphylactique. Dans le cas de l’allergie à l’arachide, l’immunothérapie est un succès (désensibilisation réussie) dans 62 à 100 % des cas, selon les études. Une contrainte forte est l’obligation de consommer tous les jours l’allergène ; le risque de choc anaphylactique est en effet très élevé en cas d’arrêt de l’immunothérapie.
Martine Morisset met en lumière la principale difficulté pratique rencontrée sur le terrain : l’abandon de la thérapie, le plus souvent en raison du stress, du dégoût, de la lassitude ou encore de gênes abdominales.
Pour conclure, Martine Morisset insiste sur l’importance de démarrer les immunothérapies le plus précocement possible. Elle recommande une immunothérapie préventive chez les nourrissons à partir de 4-5 mois dans les groupes à risque (atopie). En cas d’allergie alimentaire confirmée, la période d’éviction devrait être la plus courte possible avant le démarrage de l’immunothérapie alimentaire.
Facteurs de risque et prévention
Dre Blandine de Lauzon-Guillain (INSERM, Paris) confirme, elle aussi, la forte augmentation des pathologies allergiques et respiratoires chez l’enfant. Parmi les facteurs de risque non modifiables de ces pathologies, elle cite l’atopie familiale au 1er degré, la préexistence d’une pathologie allergique ou encore le fait d’être de sexe masculin.
Le tabagisme passif, la domiciliation en milieu urbain et l’alimentation du nourrisson sont, quant à eux, des facteurs de risque modifiables. Les données de la cohorte ELFE (Etude Longitudinale Française depuis l’Enfance), constituée de plus de 18 000 enfants nés en 2011, ont été utilisées.
Blandine de Lauzon-Guillain explique que, pour ces résultats, le biais de causalité inverse ne peut pas être exclu. L’apparition de la pathologie peut être consécutive aux choix de pratiques de diversification, mais le raisonnement peut aussi être inversé : c’est l’apparition de la pathologie qui pourrait être à l’origine, par exemple, d’une faible diversité alimentaire à 10 mois.
En conclusion, Blandine de Lauzon-Guillain met en lumière le fait que ces résultats sont en accord avec la dernière mise à jour des recommandations françaises concernant la diversification alimentaire, à savoir qu’entre 4 et 6 mois, un enfant peut commencer à découvrir toutes les familles d’aliments, y compris ceux qui peuvent provoquer une allergie.
Recherche et perspectives d'avenir
Les recherches sur les allergies alimentaires chez les enfants progressent rapidement. Des études récentes explorent de nouvelles méthodes de désensibilisation, ainsi que des thérapies géniques potentielles. La mise au point de traitements biologiques ciblés pourrait offrir de nouvelles options pour les enfants souffrant d’allergies alimentaires sévères.
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