Identification du nez de porc champignon et gestion de la santé porcine

Cet article aborde divers aspects de la santé et du bien-être des porcs, en se concentrant sur l'identification des problèmes de santé et les pratiques d'élevage appropriées.

Diagnostic et Identification de la Maladie de Glässer

Depuis que Glässer a remarqué l'association entre un bacille et les lésions de polysérosite chez des porcelets, 32 années se sont écoulées jusqu'à ce qu'Hjärre et Wramby aient obtenu son isolement au laboratoire en 1943. Depuis ce temps-là, l'isolement d'Haemophilus parasuis à partir de lésions caractéristiques de la maladie de Glässer est la technique concluante ou "gold standard " pour le diagnostic de cette maladie.

Cependant, H. parasuis est une bactérie labile, avec des besoins complexes pour se développer en laboratoire et dont l'isolement en culture pure peut être difficile. Les échantillons doivent être prélevés sur des animaux présentant la forme aiguë de la maladie, principalement avec signes de détresse respiratoire ou d'arthrite, mais aussi sur ceux présentant des signes nerveux.

Les animaux atteints de forme chronique ne sont pas représentatifs, puisqu'on ne peut pas isoler la bactérie de leurs lésions chroniques (polysérosite fibreuse). Les prélèvements doivent être faits à partir de lésions systémiques (péricardite, arthrite, péritonite, …) à l'aide d'écouvillons ou en recueillant des échantillons de liquides accumulés dans les différentes cavités. Chez des animaux aux symptômes nerveux, on peut aussi prélever un échantillon de liquide céphalo-rachidien.

Les échantillons de poumon ne sont pas appropriés pour le diagnostic de la maladie de Glässer et doivent être utilisés quand les animaux présentent uniquement de la pneumonie, car H. parasuis est un colonisateur du tractus respiratoire supérieur des porcelets et la présence de la bactérie dans le poumon peut être due à une invasion post-mortem depuis le nez. On isolerait ainsi une souche d'H. parasuis qui ne serait pas réellement impliquée dans la maladie. Pour cette même raison on ne peut pas utiliser de prélèvements faits sur des nez ou des amygdales pour le diagnostic.

Caractéristiques de Haemophilus parasuis

H. parasuis est un bacille gram-négatif de la famille des Pasteurellaceae et a besoin de NAD pour se développer. Ainsi, au laboratoire, il se développe sur de la gélose au chocolat (fig. 2) ou sur de la gélose au sang avec une strie de Staphylococcus qui lui fournit le NAD. H. parasuis grandit lentement et a besoin de 1 à 3 jours pour produire de petites colonies. L'identification d'H. parasuis doit prendre en compte la différenciation de bactéries similaires comme Actinobacillus minor, Actinobacillus indolicus et Actinobacillus porcinus.

Cette différenciation est importante parce que ces Actinobacillus peuvent aussi être isolés du tractus respiratoire des porcs et, bien qu'on les considère peu nombreux ou non pathogènes, on les a isolés en culture pure de poumons pneumoniques ou même de lésions systémiques dans le cas d'A.

Tableau comparatif des caractéristiques bactériennes

Voici un tableau comparatif pour différencier Haemophilus parasuis et d'autres bactéries similaires :

Bactérie Caractéristiques
Haemophilus parasuis Bacille gram-négatif, nécessite NAD
Actinobacillus minor Bacille gram-négatif
Actinobacillus indolicus Bacille gram-négatif
Actinobacillus porcinus Bacille gram-négatif

Diagnostic Moléculaire : PCR

L'introduction de la PCR dans le diagnostic des maladies infectieuses a présenté un avantage dans le diagnostic des micro-organismes à culture difficile ou à croissance très lente. Dans le cas d'H. parasuis la PCR la plus utilisée est celle publiée par Oliveira et al. Cette technique peut remplacer l'identification biochimique des isolements bactériens ou être utilisée directement sur des échantillons cliniques.

Comme pour l'isolement, les échantillons nasaux ou d'amygdales ne sont pas appropriés au diagnostic. Dans les cas pour lesquels on ne peut pas réaliser l'isolement, par exemple si on a un nombre excessif d'échantillons, cette PCR spécifique peut aider au diagnostic (fig. 3).

Pour limiter encore le risque de faux négatifs (possible même sur animaux infectés expérimentalement, selon le type d'échantillon (Palzer et al., 2010) il conviendrait donc de multiplier les prélèvements (écouvillons des membranes séreuses et LCR) et, si possible, d'associer les deux méthodes.

Fig. 2: échantillon négatif ; pas de détection d'H. Fig. 3: échantillon positif, lésion produite par H.

Cas Clinique : Infection à Haemophilus parasuis

Dans un élevage de multiplication de 250 truies en Grande-Pologne, un cas d'infection à H. parasuis a été observé. L'élevage, ayant un statut sanitaire élevé, a soudainement présenté des symptômes cliniques alarmants. Au départ, les symptômes ont été observés dans un groupe de nullipares de 70 à 100 kg de poids. La morbidité a augmenté jusqu'à plus de 15 % et la mortalité est montée jusqu'à plus de 6 %.

Pendant le mois suivant, on a observé des symptômes similaires, mais avec une intensité légèrement plus faible et qui ont touché de plus jeunes animaux - en post-sevrage et des nullipares jusqu'à 70 kg.

Symptômes Observés

Pendant la première visite, on a observé une mort subite des animaux et des animaux avec un abondant œdème facial, sur les oreilles et en région pectorale, ainsi qu'une augmentation de la température corporelle jusqu'à 41,5 ºC. Sur quelques animaux, on a aussi observé des symptômes neurologiques (opisthotonos, position latérale, des mouvements de pédalage au niveau des pattes).

On a envoyé 4 animaux malades au laboratoire. Ils montraient des symptômes cliniques comme un important œdème avec signe du godet sur les parties les plus basses, une accumulation sous-cutanée de liquide dans la région du sternum sur deux porcelets sevrés et une température de 41,0 à 41,3 ºC.

L'autopsie a montré une infiltration sous-cutanée gélatineuse, spécialement dans les zones les plus basses, des péricardites séro fibrineuses. Après l'estimation pathologique, on a effectué l'examen bactériologique.

Analyses et Résultats

Les études bactériologiques ont seulement montré une croissance d’Haemophilus parasuis (H. parasuis). Les écouvillons prélevés au cours des changements pathologiques (porcelets sevrés) ont été analysés par PCR. On a confirmé la présence d'H. parasuis dans les lésions typiques de la maladie de Glässer.

Après la détection de H. parasuis sur les 4 porcelets autopsiés, on a prélevé 20 écouvillons nasaux des porcelets sevrés, des nullipares et des truies pour comparer les souches des animaux malades à ceux des animaux sains (porteurs). Tous les isolats obtenus des animaux malades avaient le même profil ERIC PCR. Curieusement, on a trouvé des souches identiques dans les échantillons nasaux de deux des six animaux sains.

Traitement et Prophylaxie

Le traitement a été de l'amoxicilline et de l'acide clavulanique sur les animaux avec des symptômes cliniques et la mise en place d'un traitement métaphylactique avec de l'amoxicilline dans l'eau de boisson (14 jours, 20 mg/kg de PV) sur le reste des animaux.

Dans les exploitations avec un statut sanitaire élevé, l'infection par H. parasuis se présente souvent sous forme aigüe, touchant des animaux de tout groupe d'âge. Les symptômes comme la fièvre, l'apathie, les problèmes respiratoires, la douleur à la pression des muscles abdominaux (défense musculaire), l'inflammation des articulations et les boiteries, sont caractéristiques de cette forme de maladie de Glässer.

Les changements pathologiques décrits dans ce cas sont caractéristiques d'une inflammation aigüe sérofibrineuse. La spécificité de la localisation de l'œdème dans les parties basses du corps ainsi que son caractère dépressible fait penser à un trouble cardiaque (œdème cardiaque), concrètement un trouble cardiaque congestif avec la stagnation de sang résultant dans la circulation systémique.

Cependant, cette conclusion ne concorde pas avec la présence confirmée d'H. parasuis dans le tissu sous-cutané de ce cas concret. Cela pourrait suggérer un gonflement inflammatoire dû directement par l'agent bactérien.

Conditions d'Élevage et Bien-Être Animal

Les porcs ont peu de moyens pour se protéger du froid ; ils n‘ont pas de pelage qui les aide à maintenir leur température, comme par exemple les moutons. Le risque de gelure est en conséquence plus important chez les porcs que chez les autres animaux. Pour autant, les porcs peuvent supporter des températures extérieures très basses dès lors qu‘ils disposent d‘un abri qui les protège des vents et de l‘humidité.

Une litière épaisse et sèche constituée de paille leur est également d‘une grande aide pour se protéger du froid. Les porcs sont beaucoup plus sensibles aux fortes chaleurs qu‘aux basses températures, car ils ne transpirent pas (ils ne disposent pas de glandes sudoripares). Plus que tout autre espèce, ils sont donc particulièrement sensibles aux coups de chaleur, et peuvent en mourir.

Pour maintenir leur température corporelle, les porcs doivent humecter leur peau. Dès lors que la température atteint 22C°, la possibilité de prendre des bains de boue devrait être offerte aux porcs. Les porcs sont susceptibles d‘être victimes de coups de soleil. Ils doivent toujours avoir à leur disposition un endroit ombragé pour s‘abriter des rayonnements.

Généralement, les porcs élevés en plein air disposent de petites cabanes qui sont placées dans la direction opposée aux vents dominants. Durant la mauvaise saison, il est important que la pluie ou la neige ne puisse pas pénétrer dans l‘abri. Il est souhaitable qu‘un dispositif soit installé à l‘entrée de la cabane, par exemple des lanières en plastique, pour garder la litière au sec.

Si les porcs ne disposent pas d‘un abri artificiel, ils doivent avoir à leur disposition un abri naturel qui les protège des intempéries, notamment du vent, et qui leur permette de rester au sec. L‘enclos où vivent les porcs ne doit pas être surchargé et le sol doit être bien drainé.

Il n‘est pas acceptable de maintenir des porcs dans un parc qui, à force d‘être foulé, est boueux en tout point. Ce type de sol favorise l‘apparition des parasites et demande aux porcs un effort supplémentaire pour se déplacer. La litière souillée doit être changée régulièrement et remplacée par de la litière propre. Le taux d‘humidité doit être maintenu à un niveau convenable, de même que les gaz nocifs tels que l‘ammoniaque et la quantité de poussière.

Les porcs doivent avoir un accès permanent à une quantité suffisante de matériaux permettant des activités de recherche et de manipulation suffisantes, tels que la paille, le foin, la sciure de bois, le compost de champignons, la tourbe ou un mélange de ces matériaux qui ne compromette pas la santé des animaux.

Réglementation et Pratiques d'Élevage

Dans les exploitations de constructions nouvelles ou reconstruites à partir du 1er janvier 2003 (et dans toutes les exploitations à partir de 2013), il est interdit de maintenir les truies en stalle durant la plus grande partie des périodes de gestation. Elles peuvent toutefois être maintenues dans une stalle durant les 4 semaines qui suivent la saillie, et une semaine avant la date prévue de la mise-bas. En dehors de ces périodes, les truies doivent être maintenues en groupe.

Une truie peut être isolée temporairement (si agressive, malade, blessée...), mais elle doit pouvoir se retourner facilement dans sa case. La superficie totale d'espace libre dont dispose chaque cochette après la saillie et chaque truie lorsque cochettes et truies cohabitent doit être respectivement d'au moins 1,64 m2 et de 2,25 m2.

Lorsque ces animaux cohabitent en groupes de moins de six individus, la superficie d'espace libre doit être accrue de 10 %. Lorsque ces animaux cohabitent en groupes de quarante individus ou davantage, la superficie d'espace libre peut être diminuée de 10 %.

Une semaine avant la mise bas, les truies doivent avoir à disposition des matériaux de nidification (paille, etc.). La réglementation précise également que dans les exploitations construites à partir du 1er janvier 2003, les caillebotis en béton doivent avoir des ouvertures d‘une largeur maximale : 11mm pour les porcelets, 14mm pour les porcs sevrés, 18mm pour les porcs de production et 20mm pour les cochettes après la saillie et les truies.

Les cases pour verrats doivent être placées et construites de manière à ce que les verrats puissent se retourner, percevoir le grognement, l'odeur et la silhouette des autres porcs. Les porcs doivent être exposés à une lumière d'une intensité au moins égale à 40 lux pendant un minimum de huit heures par jour.

Tous les porcs doivent être nourris au moins une fois par jour. Les aliments peuvent être distribués à même le sol, ou dans une auge, ce qui est préférable. Tous les porcs âgés de plus de deux semaines doivent avoir un accès permanent à de l'eau fraîche en quantité suffisante. Une truie qui n‘est pas en gestation devrait recevoir quotidiennement au moins 5 litres d‘eau, une truie en gestation au moins 5 à 8 litres et une truie en lactation 15 à 30 litres.

Les porcelets sont particulièrement sensibles aux basses températures. C‘est tout particulièrement le cas pour les porcelets nouveaux nés, âgés de moins de deux semaines, car ils ne sont pas en mesure de produire eux-mêmes de la chaleur. Les porcelets doivent toujours disposer d‘un abri avec une litière sèche et pouvoir maintenir des contacts avec leur mère.

La loi interdit le servage des porcelets avant l‘âge de 28 jours. Toute personne qui détient deux porcs ou plus à la fois ou un reproducteur, doit les faire identifier avant qu‘ils ne quittent l‘élevage. La réduction uniforme des coins des porcelets par meulage ou section partielle pendant les sept jours suivant la naissance et devant laisser une surface lisse et intacte.

La section partielle de la queue et la réduction des coins ne peuvent être réalisées sur une base de routine, mais uniquement lorsqu'il existe des preuves que des blessures causées aux mamelles des truies ou aux oreilles ou aux queues d'autres porcs ont eu lieu. Avant d'exécuter ces procédures, d'autres mesures doivent être prises afin de prévenir la caudophagie et d'autres vices, en tenant compte du milieu de vie et des taux de charge.

Les procédures décrites ci-dessus ne sont exécutées que par un vétérinaire ou une personne formée pour mettre en œuvre les techniques concernées avec les moyens appropriés et dans des conditions hygiéniques.

Surveillance de la Santé des Porcs

Le porc en bonne santé émet des sons, dont des grognements et des cris. Il a l‘œil propre et vif, la peau dépourvue de lésions évidentes ou d‘altérations, des pattes et des onglons normaux, un comportement normal lorsqu'il mange, boit, défèque et urine tète ou allaite, et un comportement exploratoire normal.

Un porc malade à l‘œil terne, s‘isole du groupe, peut-être pris de tremblements, souffre de boiteries, a le nombril, les pis ou les articulations enflés. L‘objectif est un état d‘engraissement de 3 en milieu et en fin de gestation, de 3 au moment de la mise bas et d‘au moins 2,5 à la fin de lactation, au sevrage.

Détection de l'Œstrus

La détection de chaleur (œstrus) est le processus permettant d’identifier si une femelle ovule et est réceptive au verrat. L’adoption généralisée de l’insémination artificielle dans l’industrie de la production porcine a déplacé la responsabilité de la détection de l’œstrus des verrats vers les éleveurs. Une bonne performance de reproduction dépend donc de l’identification exacte du moment où chaque femelle est en chaleur determinant celui où elle doit être inséminée.

Les verrats sont présents en élevage pour aider les éleveurs à savoir quand inséminer. Le verrat fournit des stimuli sexuels qui déclenchent les comportements sexuels chez les femelles en œstrus.

Le signe le plus fiable de l’œstrus est une réaction d’immobilité des femelles à la pression sur leur dos¹. Cette procédure est appelée “test d’immobilité”. La femelle cambre généralement son dos légèrement et immobilise ses pattes via une contraction musculaire isométrique, comme si elle se préparait à être montée. En présence du verrat, ce comportement sera observé pendant toute la durée de l’œstrus. Tous ces signes ne sont pas visibles en même temps chez une même femelle. Détecter la fin des chaleurs est également très important.

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