Le cinéma italien a offert au monde des chefs-d'œuvre qui transcendent les genres, explorant des thèmes universels avec une esthétique unique. Des westerns spaghettis aux films de mafia, des réalisateurs tels que Sergio Leone ont marqué l'histoire du cinéma par leur vision audacieuse et leur style inimitable.
Sergio Leone et la Révolution du Western Spaghetti
Sergio Leone, né le 3 janvier 1929 à Rome et décédé le 30 avril 1989 dans la même ville, est un réalisateur, producteur et scénariste italien. Il est principalement connu pour avoir popularisé le western spaghetti, un sous-genre de films western réalisés en Italie mais se déroulant dans l'Ouest américain du XIXe siècle.
Leone est né dans une famille profondément liée à l'industrie cinématographique. Son père, Vincenzo Leone, connu sous le nom de Roberto Roberti, était l'un des pionniers du cinéma italien, et sa mère, Edvige Valcarenghi, était une actrice du cinéma muet. Leone a commencé à travailler dans le cinéma italien à la fin de son adolescence, en tant qu'assistant réalisateur pour des réalisateurs italiens et américains travaillant en Italie, tels que Vittorio De Sica, Fred Zinnemann, Robert Wise et William Wyler.
Leone a fait ses débuts en tant que réalisateur en 1959 en prenant la relève de "The Last Days of Pompeii" après que le réalisateur Mario Bonnard soit tombé malade pendant le tournage. Son premier film en tant que réalisateur solo fut "The Colossus of Rhodes" (1961), un péplum classique. Cependant, c'est son deuxième film, "A Fistful of Dollars" (1964), qui a révolutionné le genre du western. Il s'agissait du premier western spaghetti, et ce film a lancé la carrière de Clint Eastwood, qui est passé de comédien de télévision à star internationale. Leone a ensuite réalisé deux suites, "For a Few Dollars More" (1965) et "The Good, the Bad and the Ugly" (1966), avec des budgets plus élevés et un succès encore plus grand.
Le chef-d'œuvre de Leone, "Once Upon a Time in the West" (1968), dans lequel il a enfin travaillé avec les acteurs Henry Fonda et Charles Bronson, a été mutilé par la Paramount Pictures et a été un échec au box-office américain. Il a ensuite réalisé "Duck, You Sucker!" (1971) et a refusé de diriger "The Godfather" (1972) pour se consacrer à son projet de rêve, "Once Upon a Time in America" (1984), un film épique sur la mafia.
Leone est connu pour son style cinématographique unique, qui inclut des gros plans extrêmes juxtaposés à de longs plans larges, ainsi que des personnages complexes et ambigus. Il a également inventé le gros plan extrême dans les films de type western. Sa trilogie "Dollars", composée de "A Fistful of Dollars", "For a Few Dollars More" et "The Good, the Bad and the Ugly", est considérée comme sa série de films la plus emblématique.
Leone a reçu de nombreuses récompenses pour son travail, dont un BAFTA Award pour la meilleure réalisation en 1972 pour "Duck, You Sucker!".
Les Caractéristiques du Western Spaghetti
- Des anti-héros, des misogynes, mal rasés, cyniques et individualistes
- La violence omniprésente et exacerbée
- La dualité entre bons et méchants n'est plus aussi claire et évidente
- L'humour est également très présent
Ennio Morricone : Le Génie Musical Derrière les Images
Le compositeur et chef d’orchestre italien Ennio Morricone est mort à l’âge de 91 ans dans la nuit de dimanche à lundi 6 juillet 2020. Ennio Morricone, fils de musicien, né le 10 novembre 1928 à Rome, avait commencé à composer dès l’âge de six ans. A dix ans, il s’était inscrit au cours de trompette de la prestigieuse Académie nationale Sainte-Cécile à Rome. Il avait étudié également la composition, l’orchestration, l’orgue et s’était initié à la musique sérielle.
Généralement, le compositeur intervient en dernier au cinéma : une fois le montage terminé, il doit composer une musique en fonction des desiderata du réalisateur ou du producteur. Sergio Leone et Ennio Morricone sont des amis d’enfance puisqu’ils fréquentèrent, avant-guerre, les bancs de la même école romaine. Leur amitié donnera naissance à l’un des couples réalisateur-compositeur qui abondent dans le cinéma (Hitchcock-Herrmann, Spielberg-Williams, Fellini-Rota, Burton-Elfman, Lynch-Badalamenti…).
Morricone : « Je dois beaucoup à Sergio Leone qui est peut-être le seul metteur en scène permettant au compositeur de s’exprimer totalement. »
El Chuncho : Un Western Zapata Engagé et Violent
Damiano Damiani, également écrivain et acteur, débute sa carrière de réalisateur en pleine période néoréaliste du cinéma italien. Ses premiers films sont plutôt psychologiques et intimistes : Jeux précoces (1959), Les Femmes des autres (1962), L'Ennui et sa diversion, l'érotisme (1963)... À partir du milieu des années soixante, il se tourne vers le film de genre, plus grand public, en manifestant toutefois un goût certain pour la polémique. Il donne à ses films une conscience sociopolitique grâce au film qui nous intéresse ici mais également à des polars et films de mafia, La Mafia fait la loi (1967) avec Claudia Cardinale et Franco Nero ou le très réussi Confession d'un commissaire de police au procureur de la république (1971) également interprété par Franco Nero.
Damiani utilise dans El Chuncho le décor historique de cette révolution pour mieux faire transparaître à l'écran le militantisme et l'activisme d'extrême gauche qui secoue l'Italie de l'époque et aboutira aux mouvements sociaux de 1968, impliquant étudiants, ouvriers et une partie de la société civile. Il invente donc sans le savoir le "western Zapata" qui utilise les codes du western spaghetti (la violence outrancière...) tout en plaçant l'action au Mexique plutôt qu'aux États-Unis, mêlant au passage des connotations sociopolitiques mais également beaucoup d'humour.
Le film témoigne également d'un grand réalisme dans la description d'un Mexique en proie à l'anarchie et à la misère. Le choix de l'utilisation de figurants issus de la population gitane rend très crédible la pauvreté du peuple mexicain ainsi que son analphabétisme. L'aridité des décors contribue au sentiment de dureté et d'indigence. Les deux personnages principaux interprétés par Volonté et Castel mettent également en évidence le cynisme de cette révolution avec d'un côté le mercenaire américain dont toutes les actions sont motivées uniquement par l'appât du gain et la cupidité, et de l'autre l'homme du peuple rustre, analphabète et trop inconscient d'être au cœur d'un projet révolutionnaire.
Il Était une Fois en Amérique : Une Fresque Mafieuse Épique
Huit ans après son dernier film, Sergio Leone met en chantier un projet vieux de quinze ans qui sonne comme une conclusion après ses deux films nommés "il était une fois dans l'ouest" et "il était une fois la révolution". Le réalisateur italien dresse une fresque impressionnante relatant le parcours d'un truand composé magnifiquement par Robert de Niro durant quarante ans de son enfance dans les ghettos à son ascension dans les trafics d'alcool dans la période de la prohibition pour conclure une vie bien remplie mais entâchée par la prison.
Le réalisateur délivre un film magistral, épique, sanglant et ne surenchère pas dans la complexité ni dans la richesse du scénario qui paraît assez simple, Sergio Leone comme à son habitude préfère se focaliser sur les sentiments et les jeux de regards que se lancent les personnages tout au long du film. Le réalisateur dut appeler à son aide une multitude de scénaristes pour aboutir à ce résultat, il ne faut pas oublier que le film trouve le moyen d'attirer l'attention du spectateur constamment sans l'ennuyer avec des dialogues inutiles.
Au menu de cette grande fresque: meurtres, torture, viols, trafics, amitié, trahisons, amour, jalousie, bref tout ce qui entoure le classique film de mafia est présent dans ce film.
Leone alterne des séqunces de dialogues ( quelquefois un peu longues, mais bien écrites ), avec des séquences violentes ( massacre et viols ). Pour finir Ennio Morricone compose ici.....une des plus belle BO jamais écrite, il faut bien le dire, qui colle parfaitement avec le film : poétique et très mélancolique ( elle arrive presque à m'arracher des larmes quand je l'écoute ).Bref Leone signe avec ce film testament un chef-d'œuvre qui traverse les âges.
Les Thèmes Principaux d'"Il Était une Fois en Amérique"
- L'amitié
- L'amour
- L'honneur
- La trahison
Django : Une Relecture Moderne du Western Spaghetti
La réalisatrice Francesca Comencini, qui nous avait plongés dans l’univers de la mafia napolitaine avec "Gomorra", réalise ici, avec "Django", un western. L'univers est baroque, sur des terres ensablées faites de chaleur, de saloons et de personnages sanglants (qui ont remisé le costume trois pièces pour des tenues plus folkloriques).
Django se déroule à la Nouvelle Babylone - une ville idyllique sur le papier - et se veut une série contemporaine aussi grâce à ses personnages féminins forts, voire violents. « Le méchant, confie la réalisatrice, est une méchante, un personnage extraordinaire de femme non conventionnelle. C'est un paradoxe extrêmement intéressant et très contemporain : comment, dans un renversement de situation, on voit de plus en plus de femmes aujourd'hui, de femmes politiques qui sont presque les plus fortes gardiennes d'un ordre patriarcal. Elizabeth est un peu ça. Elle est la gardienne de l'ordre. »
Django, une série rythmée, une plongée violente dans le far-west, qui parle aussi de diversité et de racisme, avec l’excellent Matthias Schoenaerts dans le rôle de Django.
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