Vous voulez tout savoir (ou presque) des maladies que l'on peut rencontrer chez le porc aujourd'hui, en France ? C'est le but de cet article. L'enjeu est autant sanitaire, pour les animaux comme les humains, qu'économique.
En effet, toute maladie, même non mortelle, entraîne des conséquences néfastes pour une exploitation, surtout si elle est spécialisée. Les éleveurs de porc ont donc tout intérêt à être informés des risques et des moyens de prévention à mettre en place. Nicolas Rose est directeur de l’Unité Épidémiologie, Santé et Bien-être à l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES).
Maladies Virales
Peste Porcine Africaine (PPA)
Cette maladie très contagieuse et mortelle touche les sangliers et les cochons. Elle est provoquée par un virus, à fuir comme la peste, justement, car très contagieux. Il n’y a pour l’instant aucun traitement et aucun vaccin disponible. Des cas ont été détectés sur des sangliers en Belgique et à la frontière franco-belge en 2018 et 2019.
Elle se caractérise par une poussée de fièvre et des hémorragies internes, avec une mortalité assez élevée. La France est relativement épargnée mais le risque n'est jamais loin, surtout à la frontière allemande où des sangliers porteurs du virus ont été recensés. De plus, le pathogène peut transiter par l'Homme.
Maladie d'Aujeszky
La fièvre associée à des troubles neurologiques est souvent mortelle chez les jeunes animaux et c’est une affection très contagieuse. Le virus de la Maladie d'Aujeszky (SHV-1) fait partie des Herpes virus. La France continentale est reconnue indemne de maladie d’Aujeszky chez les suidés domestiques depuis le 28 mars 2008.
Elle fait l'objet d'une éradication systématique lorsqu'il est détecté dans une exploitation. Cette maladie a tendance à disparaître mais fait malgré tout quelques réapparitions. Voici ce qui peut vous alerter, même si une fois déclarés, ces symptômes signifient généralement que le mal est fait.
Grippe Porcine
Ce virus Influenza fait partie d'une famille composée de sous-groupes comme H1N1, H1N2, et H3N2. L'actualité a eu l'occasion de mettre en lumière ce type de maladie à plusieurs reprises. La particularité de la grippe est que les suidés peuvent être infectés non seulement par des virus influenza porcins, mais aussi aviaires, et même humains.
Cette proximité lui donne un potentiel zoonotique assorti d'une surveillance étroite par l'ANSES. On retrouve les mêmes méthodes de diagnostic que précédemment évoquées, et la même problématique : la prévention est reine, car il n'y a pas de traitement pour éradiquer ce virus contagieux.
Syndrome Dysgénésique et Respiratoire Porcin (SDRP)
Le SDRP est une maladie virale contagieuse surtout par contact direct entre animaux mais également possible par voie aérienne, par les camions de transport et par la semence. Le virus induit des troubles de la reproduction et l’apparition d’un syndrome grippal notamment en engraissement, avec une altération pendant plusieurs mois des performances de l’élevage. Cette maladie est présente dans plusieurs régions françaises et un foyer en élevage a été mis en évidence en mars 2020 en Dordogne, en lien avec la Corrèze.
Circovirose Porcine
Le circovirus porcin de type 2 provoque une maladie à fort impact économique. Cliniquement, elle se manifeste par un syndrome de dépérissement ; une maladie lente et progressive avec un taux de mortalité élevé. Elle peut également se présenter sous forme de syndrome de dermatite et néphropathie porcine, avec une mortalité élevée.
Parvovirose
Le parvovirus porcin affecte principalement les truies nullipares non vaccinées, entraînant des troubles de la reproduction, en particulier la momification des fœtus. En élevage fermier, la parvovirose est responsable de troubles de la reproduction en l’absence de vaccination.
Maladies Bactériennes
Pleuronéumonie
On retrouve ici les mêmes symptômes, mais cette fois la responsable est la bactérie Actinobacillus pleuropneumoniae, transmise via des gouttelettes de salive infectées. Ces derniers sont à chercher parmi les nombreux antibiotiques existants, et ceux qui fonctionnent dans ce cas sont l'amoxicilline, ou la tilmicosine.
Maladie de Glässer
La maladie de Glässer est causée par une bactérie septicémique qui provoque une polysérosite et une arthrite sporadique, en particulier chez les porcelets et les porcs d’engraissement.
Iléite
Lawsonia intracellularis est la bactérie responsable de cette entéropathie qui prolifère dans le système digestif, et particulièrement l'iléon, une partie de l'intestin. Les lésions iléales associées sont graves, et entraînent des épisodes de diarrhée, d’indigestion, pouvant causer des retards de croissance. L’iléite affecte 90 % des élevages. La vaccination : c’est la méthode de protection adaptée pour lutter contre l’iléite.
Colibacillose
Dans le même esprit, les jeunes suidés peuvent subir les assauts de la bactérie Escherichia coli, naturellement présente dans le système digestif mais capable de prendre le dessus en cas de déséquilibre de la flore bactérienne.
Les entérites chez le porc sont fréquentes, en particulier chez les porcelets sous la mère et en début de postsevrage. Différents facteurs favorisent la survenue de diarrhées néonatales : principalement la pression d’infection (nettoyage-désinfection, conduite en bande, rotation des pâtures, etc.) et l’immunité des truies et des porcelets (adaptation des cochettes, prise colostrale en quantité suffisante, etc.). Si la correction des facteurs prédisposants ne suffit pas, la vaccination des mères adaptée au pathotype du colibacille ou du Clostridium perfringens peut être nécessaire.
La diarrhée de sevrage est très fréquente et polyfactorielle. Dans la plupart des cas, elle s’explique par une perturbation de la flore digestive, consécutive au changement alimentaire, qui conduit au développement de colibacilles entérotoxinogènes.
Rouget du Porc
Le rouget du porc est une maladie bactérienne systémique, caractérisée par des lésions cutanées en forme de losanges. Sous sa forme chronique, elle provoque de l’arthrite. Le rouget est la principale maladie systémique en élevage fermier, en raison de l’absence de vaccination.
Lors de forme aiguë cutanée, la peau des animaux atteints se recouvre de lésions caractéristiques en losange. Dans la forme chronique articulaire, une hyperplasie caractéristique de la membrane synoviale apparaît. Les formes aiguës et cutanées répondent généralement bien à la pénicilline. La forme articulaire est d’un pronostic plus réservé. La vaccination contre le rouget est efficace et se justifie entièrement sur le troupeau reproducteur.
Brucellose
La France a notifié le 16 mai 2024 à l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OMSA) deux nouveaux foyers de brucellose porcine à Brucella suis, dans les Deux-Sèvres et dans la Vienne. Cette maladie est présente sur la faune sauvage creusoise avec près de 50 % des analyses de surveillance positives. Pour rappel, la prophylaxie brucellose est obligatoire chez les diffuseurs de reproducteurs.
Parasitoses
Ascaridiose
Cette fois, c'est un parasite qu'il faut surveiller. Elle ne fait plus partie des maladies dites réglementées par la Loi de Santé Animale, depuis 2021. Le nématode Ascaris suum fait partie des vers pouvant infester un hôte, et survivre à l'état de larve dans les déjections, avant de contaminer à nouveau un autre animal.
La réalisation de coprologies, dans des selles fraîches, ou malheureusement, d'une nécropsie, sur un animal mort suspect, peut permettre de confirmer la présence de l'Ascaris. Ascaris suum est l’endoparasite le plus fréquent. Il atteint surtout le porc à l’engrais. La larve cause des dommages importants : elle passe au travers de la muqueuse digestive, du foie (laissant des traces de migration appelées “taches de lait”), des poumons et est déglutie pour s’installer, adulte, dans l’intestin grêle.
La gestion de l’helminthose repose donc sur des mesures de conduite d’élevage (nettoyage-désinfection, rotation des pâtures) associées à des stratégies de vermifugation de la truie (quelques jours avant l’entrée en maternité), des porcs en croissance et des animaux en quarantaine.
Gale Sarcoptique
La principale affection de la peau en élevage fermier est la gale sarcoptique. Elle est à l’origine de dommages économiques majeurs. Son agent, Sarcoptes scabiei var. suis, est spécifique du porc. La truie parasitée présente un prurit et un amaigrissement si l’infestation ne peut être compensée par une augmentation de la consommation alimentaire. La truie contamine ses porcelets qui demeurent asymptomatiques pendant cinq à six semaines. Puis le porcelet développe une allergie cutanée avec des papules rouges et un prurit.
Autres Affections
Syndrome MMA (Mammite-Métrite-Agalactie)
L’hypogalactie transitoire post-partum (HTPP) est une des principales causes des affections néonatales. Le syndrome mammite-métrite-agalactie (MMA) en constitue une des facettes les plus spectaculaires. La production d’endotoxines bactériennes est à l’origine de ce syndrome car elles conduisent à une diminution de la sécrétion de prolactine.
Diagnostic des Maladies Porcines
Largement popularisée à l'occasion de l'épidémie de Covid, savez-vous en quoi consiste la PCR ? C'est une technique de biologie moléculaire utilisée pour amplifier de très petites quantités d'ADN afin de les détecter et les analyser. La technologie utilisée permet d'éviter les risques de faux positif, ce qui est plutôt rassurant. Les inconvénients sont le coût de la méthode, à cause des réactifs utilisés, mais aussi le revers de la médaille : sa précision.
C'est une mise en culture de l'échantillon dans un environnement contrôlé. Elle permet d'étudier le sérum sanguin. C'est la partie liquide du sang dépourvue de cellules et de facteurs de coagulation. Certains prélèvements sont des actes médicaux. Un vétérinaire reste le mieux placé pour les réaliser. Les selles par exemple sont faciles à prélever. Il faudra alors veiller à porter des gants, pour ne pas contaminer l'échantillon. Un flacon hermétique, bien identifié, et bien emballé, devra être utilisé.
Nous n'en avons pas parlé, et pourtant, l'analyse des tissus en laboratoire peut parfois éclairer sur les causes d'une maladie. C'est donc une biopsie qui est réalisée, de la même manière qu'en médecine humaine. Ces interprétations ne peuvent être faites que par des médecins et sont conditionnées à la qualité de l'échantillon.
Traitements et Prévention
L'action réflexe est la réhydratation. Elle est particulièrement indiquée dans les cas de diarrhée pour compenser la perte de fluide. En cas de parasitisme, les traitements antiparasitaires sont les plus indiqués. Ils permettent de tuer les parasites selon leur stade, vers, ou larves notamment. Respectivement, les antibiotiques sont des molécules qui éliminent les bactéries, et les antiviraux, les virus.
On ne vous l'apprend pas, "les antibiotiques, c'est pas automatique", comme a pu le marteler l'Assurance Maladie. En effet, il est primordial d'éviter de donner l'occasion aux bactéries de développer des antibiorésistances, et devenir de plus en plus virulentes. C'est notamment le cas quand le traitement n'est pas suivi jusqu'au bout de la période conseillée par le prescripteur. De plus, lorsque des antibiotiques sont administrés à tort, ou mal ciblés, les conséquences sont les mêmes.
La réglementation évolue souvent, et il n'est pas toujours évident d'être au fait des dernières actualités en la matière. Il est malgré tout important de connaître les vaccins recommandés en France.
Mesures de Biosécurité
Les mesures de biosécurité sont largement communiquées pour maintenir un environnement sain et prévenir les infections. Il s'agit de mettre en place les conditions qui permettent de limiter les risques de maladie, mais aussi de transmission aux autres individus, quand elle est malgré tout présente. La mise en quarantaine des nouveaux arrivants est essentielle à respecter, lors du renouvellement de cheptels par exemple, ou si vous accueillez des porcelets à l'engraissement. Aussi, les visites sur l'élevage doivent être strictement encadrées.
Enfin, dans certaines régions particulièrement, comme la frontière belge, on veille particulièrement à protéger les exploitations de l'entrée de sangliers. Pour éviter l’introduction de maladies en élevage, il est indispensable de mettre en œuvre des mesures de biosécurité. Cela passe par la mise en place de clôtures pour éviter la contamination par les sangliers, du passage par un sas sanitaire pour toute intervention en zone élevage et d’une grande vigilance dans la gestion des effluents d’élevage et des cadavres.
Gestion Moderne des Troupeaux
Il n’est pas évident de gérer tous les aspects du troupeau, tant les facteurs de santé sont nombreux. Des solutions modernes existent grâce à un logiciel de gestion de troupeau de truies par exemple. Ils permettent d’anticiper les maladies, réformer les animaux à risque, et bien gérer ses traitements, ses vaccins et son carnet sanitaire.
Conduite à Tenir en Cas de Maladie
La priorité est d'identifier rapidement le problème, de préférence grâce aux techniques de diagnostic rapide. Selon l'agent pathogène, s'en suit une notification aux autorités pour obtenir des directives et du soutien. Enfin, la décontamination suite au passage d'animaux malades dans un espace de vie est essentielle.
Enjeux et Conclusion
La santé des animaux est un enjeu majeur pour toute exploitation d'élevage. N'importe quel type d'élevage de porcs est susceptible d'être concerné, intensif ou pas. La plupart des maladies connues chez le porc ne connaissent pas de traitement.
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