Maladie de Crohn : Quels Aliments Éviter et Privilégier ?

La maladie de Crohn est une des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) avec la rectocolite hémorragique. Elle est liée à une hyperactivité du système immunitaire digestif. En France, plus de 120 000 personnes en sont atteintes, selon la Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE). La maladie de Crohn alterne périodes de crise (poussée) et d’accalmie (rémission). Cette alternance a aussi son importance au niveau alimentaire.

Alimentation en Période de Rémission

Il n'y a pas de régime particulier à appliquer lorsque l'on est en phase d’accalmie. En phase de rémission, il n'est pas utile d'éliminer certains aliments. Une alimentation équilibrée adaptée à la tolérance de chaque personne, est suffisante. En revanche, il est conseillé de privilégier une alimentation riche en fibres solubles, plus douces pour les intestins.

Quelle que soit la phase de la maladie, c'est à la personne de juger si certains aliments sont moins bien tolérés que d'autres car chaque organisme réagit d'une manière différente.

Alimentation en Période de Poussée

En période de poussée, l'objectif des mesures diététiques est de limiter l'irritation du tube digestif et de maintenir un apport optimal en nutriments. En phase active de la maladie de Crohn, adopter une alimentation pauvre en fibres alimentaires et en lactose (appelée "sans résidus") est vivement recommandé. Cette diète permet d'améliorer la qualité de vie.

Comment ? En diminuant les symptômes, en limitant l’irritation du système digestif, en facilitant le travail de digestion et en gardant ou en restaurant un bon état nutritionnel. Inclure, si possible, des apports suffisants en protéines, en vitamines, en sels minéraux et oligoéléments pour éviter les carences.

Aliments à Éviter en Période de Crise

Certains aliments peuvent venir aggraver les symptômes (et non pas la maladie). Il est conseillé d'éviter les aliments difficiles à digérer et/ou qui peuvent aggraver l'irritation de l'intestin :

  • Sucres simples (bonbons, gâteaux, biscuits, pâtisseries, boissons sucrées ou édulcorées...)
  • Matières grasses (beurre, sauces, viandes grasses, charcuteries, aliments frits et panés, chips, fast-food...)
  • Gluten (blé, épeautre, avoine, seigle, orge...). Attention toutefois, il est conseillé de réaliser des tests d'éviction avant de supprimer totalement le gluten de son alimentation.

Afin d'éviter les gaz et les ballonnements, il est conseillé d'éviter les produits suivants : oignon, ail, choux, pruneaux, légumineuses, crudités, boissons gazeuses... chacun.e doit faire selon sa propre tolérance.

Récemment, des chercheurs ont également démontré que les émulsifiants alimentaires pouvaient avoir un impact délétère sur certaines bactéries spécifiques du microbiote intestinal, conduisant à une inflammation chronique. Ces additifs sont présents dans de nombreux plats transformés.

L'alcool, au même titre que les sucres ou les graisses, peut venir irriter l'intestin. Si possible, essayez de ne pas en consommer de manière trop régulière ou en excès. Le rôle du tabagisme est établi dans l'évolution de la maladie : il favorise et aggrave la maladie de Crohn.

Conseils Alimentaires en Cas de Crise

En cas de crise de la maladie de Crohn, il peut être nécessaire d'adopter de nouveaux réflexes en matière d'alimentation. Il est recommandé de prendre des repas légers bien répartis dans la journée, de privilégier de petites quantités et de manger plus régulièrement. Objectif : faciliter la digestion et ne pas trop stimuler les mouvements intestinaux. Trois petits repas et deux à trois collations représentent une bonne base.

  • Manger son plus gros repas le midi et non le soir.
  • À table, prendre le temps de bien mâcher les aliments.
  • Faire bien cuire les fruits et légumes avant de les consommer.
  • Favoriser par exemple les cuissons sans matières grasses au four, à l'eau, à la vapeur...
  • Pour donner plus de goût à vos recettes, utiliser des herbes aromatiques et du lait de coco, par exemple.
  • Privilégier les aliments pauvres en fibres : les fruits pelés et sans pépins (pomme, banane, raisins...) et les légumes pauvres en fibres (carotte, betterave, concombre...), les céréales pauvres en fibres (riz, par exemple), œuf, poisson blanc ou volaille cuit sans graisse.

Hydratation et Compléments Alimentaires

En cas de maladie de Crohn, il est primordial de s'hydrater abondamment. En effet, les MICI peuvent, quand la diarrhée est importante, causer une déshydratation. La prise de certains compléments alimentaires est parfois nécessaire pour compenser des déficits nutritionnels.

Les personnes souffrant de maladie de Crohn peuvent être carencées en vitamines (notamment en vitamine B12), en oligoéléments, ou être dénutris. En effet, les crises de la maladie (diarrhées, saignements...) entraînent des pertes en nutriments essentiels. Aussi, d'autres troubles liés à l'affection (malabsorption, résections intestinales, perte d'appétit...) aggravent ce phénomène. Prendre conseil auprès de son médecin ou diététicien.

Recommandations Officielles et Évolutions Récentes

En ce qui concerne l’alimentation des malades de MICI, il existe depuis mai 2008 des recommandations officielles. La Haute Autorité de Santé (HAS) a publié deux Guides ALD 24 « Maladie de Crohn » et « Rectocolite hémorragique évolutive » concernant l’alimentation. En voici un extrait qui reprend les points essentiels :

« {…} L’alimentation n’influe pas sur le cours de la maladie. Il n’est donc pas nécessaire d’imposer un régime particulier : l’alimentation doit rester diversifiée et équilibrée. Lors des poussées marquées, un régime d’épargne intestinale (apports restreints en fruits et légumes) peut être prescrit transitoirement. Un régime sans résidu strict n’est pas justifié. Après la poussée, le retour à l’alimentation normale doit être assuré à court terme… ».

En 2016, l’HAS ajoute à ces recommandations, la possibilité de s’inscrire dans un parcours de soin tel que l’Education Thérapeutique du Patient (ETP). En 2018, l’ESPEN (Société Européenne de Nutrition Clinique et Métabolique) ajoute de nouvelles recommandations :

  • Accompagner l’obésité, dont la prévalence est devenue supérieure à celle de la dénutrition chez les patients atteints de MICI
  • Dépister systématiquement la dénutrition avec prise en charge nutritionnelle
  • Rechercher systématiquement les carences en fer et en vitamine D avec supplémentation si nécessaire
  • Aucun régime alimentaire particulier sauf en cas de sténose
  • Nutrition thérapeutique basée sur les compléments nutritionnels oraux (CNO) et la nutrition entérale (NE)

Le Régime Sans Résidu et l'Importance du Diététicien

Le régime sans résidu a longtemps été prescrit dans le cadre des MICI, et l’est encore actuellement. Il est plus juste à présent de parler d’alimentation pauvre en fibres ou d’épargne digestive. L’indication du régime sans résidu est la préparation à la coloscopie.

L’intervention du diététicien peut être indispensable pour vous aider à réguler votre transit en fonction de vos symptômes digestifs, en poussée comme en rémission. Pour cela, il vous orientera vers les aliments à privilégier ou à éviter le temps des symptômes ainsi que des techniques culinaires améliorant la tolérance digestive de certains aliments.

Cette sélection temporaire sera personnalisée puisque reposant sur vos symptômes : volume et fréquence des diarrhées, des gaz et/ou ballonnements, des gargouillis, durée et intensité de votre constipation, siège et longueur des sténoses, présence de sang et/ou de glaires à l’émission des selles, localisation et intensité des douleurs…

Le diététicien n’a donc pas pour mission de vous proposer systématiquement un régime sans résidu ; ce dernier ne sera préconisé que dans des cas très précis.

L'Évolution de l'Alimentation et la Personnalisation

Pour finir, l’alimentation d’un malade de MICI est variable en fonction de l’évolution de l’inflammation donc les choix alimentaires doivent évoluer aussi. De nombreux malades peuvent ainsi au bout de quelques semaines de poussées, consommer des aliments appartenant à chacun des régimes ci-dessus sans augmenter les symptômes.

Cet élargissement étant personnel, il est commun de voir un malade consommer à nouveau des épices ou des légumineuses ou des matières grasses cuites et ne pas encore tolérer certains légumes peu fibreux cuits…

Attention ! Il est important de ne pas tomber dans la restriction alimentaire bien que les symptômes favorisent parfois une alimentation restreinte et monotone. La poursuite d’une large sélectivité alimentaire est à risque de carence nutritionnelle, de fatigue, de troubles alimentaires, … L’alimentation pauvre en fibres permet de soulager les symptômes digestifs, pas de passer en rémission, ni de prévenir l’apparition d’une poussée inflammatoire.

Combattre les Idées Reçues

Tout et n’importe quoi circule sur Internet. Le plus souvent, les conseils diététiques qui y sont prodigués sont strictement personnels et absolument pas valables pour une autre personne. Rien n’est validé sur le plan scientifique.

Penser qu’un aliment puisse provoquer une maladie inflammatoire ou l’aggraver est une erreur. Il ne faut donc pas suivre de régime alimentaire pensant contrôler la maladie inflammatoire, car seuls les traitements médicamenteux sont réellement efficaces.

Manger Sain et Équilibré avec un Régime Méditerranéen

En dehors des poussées inflammatoires, rien n’est interdit. Il suffit de manger simplement avec des aliments frais, ce que l’on appelle le régime méditerranéen, de prendre le temps pour manger, de ne pas faire de repas trop copieux, plutôt faire des collations si l’on a faim entre deux repas.

Il faut pouvoir reprendre le plaisir de manger, de ne pas se priver, mais en mangeant sain. Cette alimentation doit apporter suffisamment de vitamines et d’oligo éléments. Et si les prises de sang montrent qu’il y a des carences, il ne faut pas hésiter à les supplémenter par des médicaments.

La modification du mode de vie a comme grands principes d’avoir, si possible, une activité physique régulière, d’avoir une alimentation avec des produits frais cuisinés à la maison, d’éviter au possible les aliments ultra transformés. Il faut privilégier les viandes blanches, les poissons, ne pas abuser de la viande rouge, on va dire une fois par semaine, éviter l’alcool, éviter de fumer.

Que Penser des Probiotiques ?

Le microbiote intestinal représente l’ensemble des micro-organismes que l’on a dans le tube digestif. On en a des milliards et ils participent à notre équilibre physiologique. Au cours des maladies inflammatoires de l’intestin on sait qu’il existe un déséquilibre au niveau de ce microbiote. Donc, logiquement, on peut penser que c’est une cible thérapeutique intéressante.

Les probiotiques sont des micro-organismes vivants, des levures, des bactéries que l’on va ingérer et qui vont agir sur cette flore intestinale. Leur tolérance est excellente et les effets indésirables rares et peu graves. Il existe toute une gamme de produits vendus sans ordonnance, vantant des mérites souvent injustifiés. En effet, en réalité, il existe très peu de preuves scientifiques sur leur intérêt.

Concernant la maladie de Crohn, les études qui ont été faites jusqu’à présent n’ont pas montré d’intérêt à utiliser des probiotiques.

Concernant la rectocolite hémorragique, il existe un type de probiotiques qui serait l’équivalent des 5-ASA. Ce probiotique n’est pas disponible en France.

Un autre probiotique, que l’on appelle le VSL, qui est en réalité une association de probiotiques, a un intérêt dans le contrôle d’une complication qu’on appelle la pochite.

Tableau Récapitulatif des Aliments

Voici un tableau récapitulatif des aliments à privilégier et à éviter pour la maladie de Crohn :

Groupes d’aliments À privilégier À éviter
Produits laitiers Lait écrémé, Yaourt allégé en matière grasse, Fromages avec moins de 20 % de matière grasse, Sorbet Lait entier, Yaourt avec des morceaux de fruits, au citron ou avec des céréales, Crème glacée
Viandes et substituts Viande bien cuite, Morceaux tendres, Volailles sans la peau, Poissons nature, Œufs préparés sans matières grasses, Tofu Produits panés et frits, Charcuteries, Saucisses, Viandes grasses et difficiles à mâcher, Oeufs au plat, panés, frits
Produits céréaliers Pain blanc, Féculents à base de farine blanche Pain aux céréales, Pain complet, Céréales, les produits céréaliers contenant des noix ou des graines, Féculents à base de farine complète, Riz brun
Légumes Légumes bien cuits, Légumes sans pépins et sans graines, Pomme de terre sans la peau, Jus de légumes Choux (brocoli, chou-fleur, choux de Bruxelles), Oignons, ail, piments, Haricots et fèves, champignons, Courges, épinards, Crudités, Maïs
Fruits Jus de fruits sans pulpe (sauf pruneaux), Banane mûre, Melon, Pomme sans peau, Compotes sans morceaux (sauf pruneaux) Jus de pruneaux, Jus avec pulpe, Fruits en conserve, Fruits secs, Tous les fruits crus sauf pomme pelée, banane mûre et melon
Boissons Eau, café déca, tisanes Caféine : café, thé, sodas, boissons énergisantes, alcool, Boissons sucrées ou édulcorées : sirops, cocktails, etc.
Autres Sucres, alcool (sorbitol, mannitol, xylitol), Bonbons et chewing-gum sans sucre, Produits gras

Les MICI : Comprendre et Gérer la Maladie

Les MICI sont des maladies inflammatoires qui touchent les intestins. Elles provoquent des douleurs et des gênes chroniques qui peuvent affecter sérieusement la vie quotidienne des personnes concernées. Lorsqu'on vit avec une MICI, les choix alimentaires peuvent être délicats car certains aliments peuvent en exacerber les symptômes.

Qu'est-ce qu'une MICI ?

Les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin ou MICI sont deux affections inflammatoires de l'intestin : la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique (RCH). Les MICI sont des maladies auto-immunes dans lesquelles une inflammation prolongée endommage le tube digestif.

La maladie de Crohn peut provoquer une inflammation des différentes couches de la paroi de l'intestin et à n'importe quel endroit du tube digestif, qui s'étend de la bouche à l'anus. Les lésions apparaissent généralement en petites plaques proches des tissus sains. La rectocolite hémorragique (RCH), quant à elle, provoque une inflammation de la paroi interne du côlon et se manifeste généralement dans le gros intestin et le rectum. Dans ce cas, les lésions sont plus souvent continues, partant généralement du rectum pour s'étendre vers le côlon et aboutir à des zones ulcérées.

Il est difficile de déterminer la cause exacte des MICI, mais il est certain qu'elles sont liées à des dysfonctionnements du système immunitaire. Les causes probables de cette maladie comprennent une réponse incorrecte du système immunitaire à des déclencheurs environnementaux tels qu'une bactérie ou un virus envahissant, ou une prédisposition génétique due à des antécédents familiaux de MICI.

Symptômes des MICI

Les symptômes des MICI varient aussi en nature et en intensité selon les personnes mais les symptômes les plus courants de la maladie de Crohn et de la rectocolite hémorragique sont :

  • Des douleurs abdominales
  • Un saignement rectal
  • Une diarrhée, parfois accompagnée de sang
  • Une perte de poids inexpliquée
  • De la fatigue et de l'épuisement

Il est important de noter que, si les MICI ne peuvent être ni causées ni traitées par la consommation de certains types d'aliments, l'alimentation joue néanmoins un rôle important en rendant ces symptômes plus faciles ou plus difficiles à gérer.

Aliments Déclencheurs Potentiels

Voici une liste d'aliments déclencheurs potentiels qui peuvent exacerber les symptômes des MICI :

  • Les aliments riches en graisses ou frits
  • Les noix et les graines
  • Les produits laitiers
  • Les aliments épicés
  • Les aliments sucrés
  • L'alcool et la caféine
  • Le gluten et les produits à base de blé
  • Les fruits et légumes à haute teneur en fibres
  • Les boissons gazeuses

Cette liste des potentiels déclencheurs alimentaires des MICI semble longue mais il faut se rappeler que chaque patient atteint d'une MICI a sa propre sensibilité et ses propres réactions à des aliments spécifiques.

Symptômes de la Maladie de Crohn

La maladie de Crohn est une affection inflammatoire chronique du tube digestif caractérisée par une inflammation et un épaississement de la paroi intestinale pouvant évoluer vers des fistules et sténoses. Certains symptômes peuvent alerter comme des douleurs abdominales, des diarrhées persistantes, une grande fatigue, une perte d'appétit (anorexie) et une perte de poids.

Alors que les causes de la maladie de Crohn ne sont pas entièrement connues aujourd’hui, il semble qu'une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux joue un rôle. Une prédisposition familiale est souvent observée, mais les déclencheurs environnementaux spécifiques restent non identifiés. Cependant, il y a un lien étroit entre mode de vie occidental et maladie de Crohn.

Conseils Alimentaires Généraux

Une des idées reçues est que l'alimentation contribue à l'activité de la maladie ce qui conduit bien souvent les patients à des restrictions alimentaires au détriment de l'équilibre alimentaire.

Il n'existe pas à ce jour de régime miracle pour guérir la maladie de Crohn. Toutefois, une alimentation adaptée peut influencer positivement la gestion des symptômes et améliorer la qualité de vie des patients en période de crise.

Voici quelques lignes directrices :

  • Réduire les aliments riches en fibres s’ils sont mal tolérés, pour réduire l'irritation intestinale et mettre au repos le tube digestif.
  • Fractionner les repas pour réduire les volumes des prises alimentaires et ainsi réduire l'intensité de la motricité digestive.
  • Adapter les textures peut modifier la tolérance des aliments et faciliter leur digestion (ex: cuit / mixé plus digeste que cru).
  • Avoir une mastication suffisante pour amorcer la digestion.
  • Limiter les produits trop gras et les aliments transformés qui peuvent aggraver les symptômes inflammatoires.
  • Dans certains cas il est nécessaire d'enrichir son alimentation en protéines pour lutter contre la dénutrition.

Cette alimentation étant très restrictive, il existe un risque de carences nutritionnelles, elle doit donc doit être élargie dès que l’état clinique du patient le permet. Un régime sans résidu strict n'est pas justifié.

En période de rémission, réintroduire progressivement les fibres une fois les symptômes atténués, afin de retrouver une alimentation variée et équilibrée. A noter que la consommation d'alcool et le tabac sont des facteurs de risque et aggravant de la maladie de Crohn.

Des suivis réguliers auprès d’un gastro-entérologue et d'autres professionnels de santé comme une diététicienne-nutritionniste sont indispensables pour adapter les traitements et les régimes alimentaires aux besoins évolutifs du patient.

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