L'histoire de la mode est jalonnée de créations emblématiques, et la robe longue "Cocotte" de Vivienne Westwood en est un parfait exemple. Cette pièce, inspirée de l'histoire et imprégnée d'un esprit anticonformiste, incarne l'essence même de la créatrice britannique. Cet article explore l'histoire et l'inspiration derrière cette robe iconique.
Vivienne Westwood : Une Icône de la Mode Anticonformiste
Coiffure hirsute à la bétacarotène, visage blafard, lèvres pourpres, Vivienne Westwood reste à jamais l’éternelle mère des punks, la reine de la provoc’, la poupée en latex qui fait « Non ». Une image bien réductrice. « Active resistance against propaganda » - A.R - scande à répétition un badge révolutionnaire à l’effigie de Rembrandt qu’arbore désormais à chaque interview la créatrice hétérodoxe. Avec en toile de fond, un programme pro-éthique, « Manifesto A.R ». Tandis qu’elle souhaite ouvrir le débat sur la culture et les arts, pointer du doigt les déviances du consumérisme et défendre les plaisirs de l’hérésie, Vivienne Westwood s’engage depuis quelques temps déjà pour la planète en perdition.
« Je n’ai jamais voulu être styliste. Je hais ce métier depuis quinze ans, mais il m’a donné une voix pour m’exprimer. » Elles sont quelques unes, consciences de la mode comme Diane Von Furstenberg, Agnès B. ou Stella Mc Cartney, à vouloir sortir du champ étriqué de la mode pour imposer leurs convictions. Elles sont quelques unes aussi - Miuccia Prada, Isabel Marant - à déclarer ouvertement leur aversion pour une industrie de la mode conciliant difficilement les forces contradictoires de l’art et du commerce?: « Bien sûr, penseront-ils, que fait-elle?? Elle vend une collection de vêtements, alors comment peut-elle être contre la consommation?? »?Et de poursuivre?: « Je me sens mal à l’aise quand il s’agit de vendre mes vêtements. Mais si vous avez les moyens de les acheter, alors allez-y. Son but?? « Comprendre le monde dans lequel elle vit ». Son paradoxe?: « Etre en désaccord avec tout ce qu’elle a pu dire auparavant. »
Les Débuts Punk et l'Évolution du Style
Au début des années 80, tandis que la sous-culture punk, victime de son succès commercial, se vide de sa substance conceptuelle, le couple promoteur de la génération « fuck off » change une dernière fois l\’identité de sa boutique, avant de se séparer en 1984. À World\’s End, l\’aiguille de l\’horloge tourne à l\’envers et les tenues des hors-la-loi, des indiens et des pirates - dont l\’esthétisme trouve un écho immédiat dans le mouvement néo-romantique naissant - jonchent le plancher en pente. « En interrogeant le passé, nous sommes plus à même de comprendre le présent » renchérit-t-elle.
Son premier défilé londonien « Romantics of the High Sea » (1981), entré depuis dans les collections du Victoria & Albert Museum, pose les bases de son style inimitable, entre préciosité et fantaisie chamarrée. En 1984, tandis que le look conquérant des yuppies envahit les podiums, elle féminise à l\’extrême sa silhouette, attirant les regards sur les attributs rembourrés de mannequins juchés sur des chaussures à semelles compensées (la chute de Naomie Campbell n\’en est que plus vertigineuse…) En 1986, après avoir introduit les dessous en dessus, elle lance la « mini-crini », entre mini-jupe et crinoline. En 1987, elle fait du corset un vêtement du quotidien.
La Collection "Vive la Cocotte" et ses Inspirations
Lhistoire est un véritable vivier enrichissant limaginaire de la créatrice et la définition dune mode nouvelle. Le choix des étoffes donne vie aux créations. Les créations de Madame Vivienne Westwood, de l’uniforme punk à l’activisme écologiste ont revisité le costume historique, joué avec les codes de la culture britannique et emprunté nombre d’éléments aux artistes du passé.
En 1995, plusieurs modèles de la collection Vive la Cocotte sont basés sur la coupe du pourpoint de Charles de Blois, conservé au musée des Tissus à Lyon. On est admiratif devant le pourpoint médiéval de Charles de Blois aux emmanchures « à grandes assiettes ». La coupe de ce vêtement inspirera plusieurs modèles de la collection Vive la Cocotte en 1995.
L'Exposition au Musée des Tissus de Lyon
En début dannée, le musée des Tissus de Lyon nous invitait dans les coulisses de la Haute-Couture avec une exposition unique sur Yves Saint Laurent et les soyeux lyonnais. La Région Auvergne-Rhône-Alpes poursuit son projet de renaissance du musée avec une nouvelle exposition audacieuse en célébrant le génie décalé de Vivienne Westwood au travers dune collection répondant aux objets darts décoratifs du lieu. Une première en France ! On plonge dans lhistoire de la créatrice au travers de la collection unique et riche du collectionneur anglais Lee Price, ex-collaborateur de Vivienne Westwood.
Plus de 200 pièces textiles, costumes, accessoires, chaussures, objets dart, tableaux ou dessins collectionnés depuis plus de 30 ans nous font voyager sur le fil du temps. On suit lévolution de cette icone de la mode, de sa période punk à son engagement écologique. Sans oublier sa vision décalée et très personnelle de laristocratie et des traditions britanniques ainsi que sa fascination pour les costumes du XVIIIe et XIXe. Les uvres dart des collections permanentes du musée sentremêlent avec les trésors de Lee Price tout au long dun parcours chronologique et thématique en 5 parties, le tout imagé par des vidéos et des extraits musicaux qui donnent vie à lexposition.
Les Sections de l'Exposition
Développé en 5 sections, le parcours investit la totalité du rez-de-chaussée de l’hôtel de Villeroy :
- DE KING’S ROAD AUX PODIUMS DES DÉFILÉS: Cette première section propose un regard sur les débuts de la période punk - certainement la mieux connue du public français - aux premiers défilés.
- HISTORICISMES: Dépassant l’écueil de la copie servile, le regard vers le passé nourrit sa créativité.
- ANGLOMANIAC: Cette troisième section explore les multiples références à la culture britannique, en forme d’hommage ou de parodie parfois féroce.
- DANS L’ATELIER: Cet espace convie le visiteur à plonger dans les secrets de l’atelier de la créatrice.
- FASHION ACTIVIST: Au milieu des années 2000, l’engagement politique occupe une place croissante dans la vie et l’œuvre de Dame Westwood.
L'Inspiration Artistique et Historique
La créatrice anglaise a souvent puisé son inspiration dans la peinture et les arts décoratifs du XVIIIe siècle. Des références se sont glissées dans ses créations à travers des détails précis comme en 1990 et les corsets imprimés daprès un tableau de Boucher et aux motifs de marqueterie Boulle. Connue également sous le nom de marqueterie par découpe superposée, cette technique consiste à découper en même temps à la scie plusieurs couches superposées de matières variées (par exemple en laiton et en écaille ou corne naturelle) afin dobtenir 2 parties aux couleurs inter-changées.
Eternelle nostalgique, la couturière autodidacte puise son inspiration dans les courants de l\’histoire pour en extraire des collections subversives teintées d\’humour et d\’excentricité britannique. En 1997, elle s\’attaque au tartan et au costume traditionnel des Ecossais : « Dans des tweeds classiques ou tartans, Vivienne Westwood taille des vestes presque aussi provocantes qu\’une tenue sadomasochiste.
Conclusion
La robe longue "Cocotte" de Vivienne Westwood est bien plus qu'un simple vêtement. C'est un symbole de rébellion, d'innovation et d'engagement artistique. Inspirée par l'histoire et portée par une vision unique, cette robe continue d'inspirer les créateurs et les passionnés de mode à travers le monde.
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